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Politique

Ibrahima Sene : « Si Macky Sall met en œuvre les projets sur lesquels nous sommes en désaccord, il nous entendra comme Diouf et Wade nous avaient entendus »

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Ibrahima Sene : « Si Macky Sall met en œuvre les projets sur lesquels nous sommes en désaccord, il nous entendra comme Diouf et Wade nous avaient entendus »


Le partenariat qui lie Dansokho et ses camarades du PIT au régime de Macky Sall serait-il sur une pente descendante ? En tout cas, dans cet entretien accordé à Afrique Connection depuis Paris, après avoir assisté à la fête de l’humanité et avant d’animer une conférence publique sur le Sénégal (samedi), Ibrahima Sène a mis en garde Macky Sall contre toute entorse aux engagements pris sur les réformes institutionnels notamment. Fidèle à son franc-parler, le responsable communiste n’a pas non plus fait dans la langue de bois pour situer les responsabilités dans la crise universitaire dans son pays, mais aussi quand il apporte son jugement sur la décision du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, de soutenir Macky Sall en 2017. Tout comme il a dit pourquoi il n'applaudit pas le Plan Sénégal Émergent (PSE), pourtant perçu comme étant la rampe de lancement du développement économique du pays.

Question : Deux ans et demi après la seconde alternance politique dans le pays, beaucoup de sénégalais pensent que la rupture promise se fait toujours désirer. Votre parti étant membre de la coalition au pouvoir, que répondez-vous à ces critiques ?

Réponse : Je vous remercie de me donner l’opportunité de me prononcer dessus parce que même au Sénégal je n’en ai pas eu. Cela dit, quand on dit qu’on s’attend à une rupture durant la période de l’alternance, je pense que les gens ont une approche très réductrice de la situation, parce que les acteurs de l’alternance parlent de ruptures au pluriel : rupture au plan de la gouvernance de la chose publique, de la gouvernance économique, sociale et culturelle, rupture dans la politique extérieure.

Question Dans quels domaines estimez-vous alors qu’il y a effectivement eu rupture ?

Réponse : Dans la gouvernance de la chose publique, je pense que plusieurs actes prouvent qu’il y a des acquis en la matière. Par exemple, on avait exigé que les gens qui ont pillé ce pays soient traduits en justice pour qu’ils rendent compte. La CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite) a été activée, et elle est au travail. Mieux, on avait dit qu’il fallait prendre des mesures pour que plus jamais personne ne puisse piller les ressources du Sénégal. C’est pour cette raison que l’OFNAC (Office nationale de lutte contre la corruption et la concussion) a été créé, avec une innovation de taille. En effet, l’OFNAC a le pouvoir de s’autosaisir, de rendre public les résultats de ses travaux, et aussi de saisir les juridictions pour traduire en justice les fautifs. Avant, les résultats de ces genres d’enquête sont transmis au chef de l’Etat, qui voit l’opportunité de donner suite ou non. Or, là, c’est un organe indépendant qui a été créé.

La volonté de rupture dans la gouvernance de la chose publique a été matérialisée aussi par les compétences données à la cour des comptes. Maintenant, celle-ci a le pouvoir d’auditer la gestion des finances publiques de la présidence de la république. Avant, il n’en était pas question : la cour des comptes ne s’occupait pas de la gestion des comptes de la présidence. Désormais, cette cour a la compétence non seulement de rendre public ses résultats, mais aussi d’ester en justice.

Pour couronner le tout, il y a la promulgation récente de la loi portant déclaration de patrimoine pour tous ceux qui gèrent les deniers publics d’un montant appréciable. Donc, véritablement, dans le domaine de la gestion publique, les ruptures sont là.

Question : Ces ruptures suffisent-elles pour satisfaire les Sénégalais ? 

Réponse : A mon sens, les ruptures que je viens d’énumérer peuvent être sujet à caution tant que le pouvoir judiciaire n’est pas réellement indépendant de l’exécutif.

Question :Et ce n’est pas le cas ?

Réponse : Ce n’est pas encore le cas, parce que la structure institutionnelle qu’on a héritée de Wade n’a pas encore été réformée. Voilà pourquoi nous mettons le pied sur l’accélérateur pour que les propositions de réformes de la Commission nationale de réforme soient adoptées et mises en œuvre. C’est la seule façon de rendre le pouvoir judiciaire indépendant du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif.


Question : Justement, qu’est ce qui retarde encore la prise en compte de ces propositions ?

Réponse : Le chef de l’Etat avait d’abord promis, en mettent sur place la commission, qu’il voulait procéder à la réforme institutionnelle avant les élections locales. Mais, par la suite, quand la Commission nationale des réformes a déposé ses conclusions, il y a six mois, Macky Sall a dit que c’est après les Locales (de juin 2014) qu’il va donner suite. Maintenant, les Locales sont passées. Il a récemment dit qu’il va prendre des dispositions par rapport à cela. Nous, nous restons vigilants, nous l’attendons au tournant. Nous ne l’attendons pas seulement au tournant, mais dans nos prises position, nous exigeons qu’il donne suite à cela. Parce que c’est la seule garantie que nous avons pour que les innovations en matière de bonne gouvernance de la chose publique soient des ruptures pérennes.

Question : Y a –il des démarches en interne pour mettre la pression sur Macky Sall, dans le sens d'accélérer les choses?

Réponse : Il a dit devant l’opinion publique nationale et internationale qu’il va le faire. Nous sommes-là, et nous veillons à ce qui se passe, et nous veillons en conséquence. Nous voulons que ces conclusions-là soient prises en compte dans leur globalité. Quand je dis nous, ce n’est pas seulement le PIT (Parti Indépendance du Travail). Vous avez vu le M23, qui est la cheville ouvrière de la lutte pour la seconde alternance, a sorti une déclaration pour exiger que les propositions de la Commission nationale de réforme soient prises intégralement en compte. Donc, nous sommes en veille. Il n’a plus de latitude pour ne pas donner suite à cela. C’est de la manière dont il donnera suite à ces propositions qu’on saura s’il veut vraiment une rupture dans le sens qu’on l’attend ou non. En ce moment, on réagira en conséquence.


Question : Revenons sur les réformes annoncées et promises par le candidat Macky Sall en 2012... 

Réponse : Au niveau économique et social, nous nous attendions à des ruptures en matière de pouvoir d’achat des Sénégalais. Cette rupture a eue lieu avec la baisse des impôts sur les salaires, la baisse des loyers, une politique d’administration des prix des produits de première nécessité, à la place de la liberté des prix. Le Sénégal avait opté depuis Abdou Diouf à la liberté des prix des denrées de première nécessité, qui relève de l’économie libérale. Nous, nous avions pris l’engagement de prendre en charge une politique qui moralise le système des prix au Sénégal .Voilà pourquoi c’est l’homologation des prix des denrées de première nécessité qui est en vigueur au Sénégal à la place de la liberté des prix. Voilà pourquoi les prix ne se sont pas envolés au Sénégal. D’ailleurs, le taux d’inflation est négatif.

L’autre volet du pouvoir d’achat c’est l’emploi. Malheureusement, dans ce domaine, les performances économiques des entreprises étant médiocres…

Le secteur industriel est en forte baisse. L’année dernière, l’agriculture au eu de très mauvais résultats. Cette année, ils ne semblent pas meilleurs. C’est en tout cas mal parti. Dans ce contexte, on a enregistré de fortes baisses d’emplois au niveau du secteur industriel. Et, globalement dans le secteur moderne, l’augmentation du nombre d’ampli c’est à peine 0,5 % au premier trimestre de 2014. C’est pour vous dire que nous peinons à amorcer une politique de croissance économique qui permet de générer des emplois. La réponse que Macky a trouvé dans ce domaine c’est le Programme Sénégal Emergent (PSE). Il pense qu’avec ce plan il va booster l’économie et générer l’emploi. Nous, notre lecture est que si le PSE est financé par les partenaires traditionnels du Sénégal, qui exigent de l’Etat du Sénégal de mener une politique d’ajustement structurel sans le dire. Cela veut dire une baisse des salaires, baisse du nombre d’étudiants boursiers, précarisation du travail, bradage du foncier à l’agro- buisines, etc. Si Macky accepte ces conditions-là pour le financement du PSE, le Sénégal va exploser. Parce que les Sénégalais n’accepteront pas. Quelques soient les promesses de croissance que les gens donnent dans ce domaine, nous tous nous savons qu’on ne peut pas mener une politique de rigueur, une politique de restriction de la demande et en même temps favoriser la croissance.

Question : Et si c’était le prix à payer pour le développement du Sénégal ?

Réponse : Ce n’est pas le prix à payer parce qu’il y a des alternatives.

Réponses : Lesquelles ?

La Chine est prête à financer le PSE. Le Sénégal a besoin d’un financement de 1500 milliards CFA. Et la Chine est prête à donner 2500 milliards.

Question : Sans contrepartie aucune ?


Réponse : Sans contrepartie ! La Chine demande juste de pouvoir échanger et commercialiser avec le Sénégal, sans interférence extérieure. Donc on a une alternative. Si Macky ne la prend pas, et se maintient dans le sillage des bailleurs traditionnels, non seulement les Sénégalais ne l’accepteront pas, mais il le paiera très cher.

Donc le PSE peut être une alternative si ce n’est pas le cadre définit par les bailleurs de fonds traditionnels, qui est inacceptable. Parc e que Macky a été élu, sur la question rurale par exemple, d’abord pour restituer aux collectivités locales les 650 000 hectares qu’Abdoulaye Wade avait bradés aux 19 individus qui se disent entrepreneurs. Il s’était engagé pendant la campagne électorale à restituer ces terres. Il ne l’a pas encore fait, et il se permet encore de donner 240 000 hectares. C’est inacceptable. C’est clair. Une commission de réforme foncière a été mise en place. Nous l’attendons au virage. Dans la commission, nous avons des camarades qui y travaillent. Et il n’est pas question de permettre à Macky de faire dans ce domaine du « wadisme » sans Wade. 

Question : Du « wadisme » sans Wade : c’est pourtant une expression courante au Sénégal, quand il s’agit de railler le magistère de Macky Sall…

Réponse : Ecoutez, les gens anticipent. Il a des projets, si on le laisse faire, ce sera du « wadisme » sans Wade. Mais, ce qu’il a fait jusqu’à présent ce n’est pas du « wadisme ». Le « wadisme » ce n’est pas la traque des biens mal acquis, ni les mesures de contrôle de la gestion des finances publiques, ni la politique d’administration des prix au Sénégal….

Question : Mais le « wadisme » c’est un gouvernement en perpétuel renouvellement, des nominations aléatoires de ministres dont les compétences sont sujettes à débat, des promotions politiques…

Réponse : Non, attendez, attendez ! Vous m’avez interpellé sur les ruptures. Je vous ai parlé des domaines dans lesquels il y a rupture…


Question : Et où-est ce qu’il n’y a pas encore de rupture ?

Réponse : Il n’y pas de rupture dans la gestion des campagnes agricoles. C’est toujours ce que faisait Wade qui est encore là. Il n’y a pas non plus rupture dans le mode de nominations et de promotions dans les entreprises publiques. Or, cette rupture-là n’est possible qu’avec la réforme des institutions. Parce qu’avec cette réforme, le chef de l’Etat ne peut plus nommer comme avant. Il serait obligé de passer par des appels à concurrence, pour nommer aux postes clés. Ces ruptures-là, nous les attendons avec les réformes à venir. Mais, en attendant, Macky continue à faire ce que faisait Wade parce qu’il a hérité des institutions qui n’ont pas encore été changées. Donc, là, c’est clair, il n’y a pas rupture. Et personne ne peut dire le contraire.

Sur le plan de la politique extérieure, il n’y a pas non plus de rupture, notamment dans nos rapports avec la France, sur le plan monétaire et militaire. Nos réserves sont toujours logés dans le Trésor français, ce qui nous pose énormément de problèmes. Sur le plan militaire, c’est dans le même sillage que Senghor, Diouf, et Wade. C'est-à-dire que la France continue d’utiliser le sol sénégalais dans le cadre de ses interventions sur le plan régional (…)

Question : Parlons maintenant de l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest. Le Sénégal a fermé ses frontières dans le cadre d’une mesure préventive. N’est-ce pas là une mesure préjudiciable à l’intégration sous-régionale et aux rapports de voisinage ?

Réponse : Justement, Ebola est le défi qui nous montre qu’on doit se retrouver ensemble au niveau sous-régional, lutter ensemble. C’est vrai que notre réflexe par rapport à Ebola qui est parti de la Guinée a été : « barricadons-nous !» Eh bien, on s’est rendu compte que même en se barricadant, Ebola est venu au Sénégal. Au lieu de réunir nos ministères respectifs de Santé, regrouper nos moyens, aller ensemble et lutter contre Ebola, en se disant si l’aide internationale arrive demain tant mieux, chacun se barricade sans son pays.


Question : Pour le cas précis du Sénégal, un système de contrôle et de dépistage des voyageurs serait il solution à votre avis ?

Réponse : Il ne faut pas se leurrer : le Sénégal n’a pas les moyens de contrôler toutes ses frontières. Même par rapport à la Guinée seulement ce n’est pas possible. Nous avons ici un défi à relever, c’est celui de l’intégration sous-régionale. Ebola nous le rappelle, les djihadistes nous le rappellent. Tant que continuerons à ignorer ce défi-là, ils se rappelleront régulièrement à nos consciences. Donc, vivement une rupture amorcée par le Sénégal dans ce domaine.

Question : Comment expliquez-vous l’absence, sinon la réaction tardive de l’Union africaine sur le dossier Ebola ?

Réponse : Ce n’est pas que sur Ebola que l’Union africaine a été défaillante, c’est sur toutes les questions. Il y a le Mali, la Centrafrique, ou la Libye avant. L’Ua a montré ses limites parce que les trois quarts de son budget de la Commission de l’Ua sont financés par l’Union européenne. Donc, comment avec ça peut-on mener une politique indépendante pour l’Afrique ? Ce n’est pas possible ! On ne pas compter sur cette UA, cette union de chefs d’Etat que nous connaissons, pour faire avancer l’intégration africaine. La preuve, l’UA est même aphone sur les accords de partenariat économique. C’est les organisations sous-régionales qui avaient résisté pendant longtemps contre les APE, jusqu’à ce que la question Boko Haram ait amené le président du Nigeria à accepter de s’aligner derrière l’Union européenne. Parce que Boko Haram a tellement humilié les institutions sécuritaire set militaires du Nigeria que ce pays ne pouvait plus se présenter en rempart de l’Afrique de l’ouest sur le dossier APE.

Question : La crise universitaire au Sénégal persiste encore. Récemment, un étudiant a même trouvé la mort en marge d’une manifestation. Certains proches du président Sall n’ont pas manqué de relever une coïncidence troublante entre le retour de Wade au Sénégal et la recrudescence des grèves violentes des étudiants. Qu’en pensez-vous ?


Réponse : C’est possible que la grève soit instrumentalisée. Mais on ne peut pas dire que c’est Abdoulaye Wade qui est à l’origine de la crise universitaire. Tout le monde sait que ce qui a déclenché cette crise c’est la décision du gouvernement, à l’issue de la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur, d’augmenter les frais d’inscription. Les étudiants se sont braqués. Mieux, le motif déclencheur c’est le retard dans le paiement des bourses. Donc, Abdoulaye Wade n’y est pour rien. Il a certainement essayé de profiter de la situation, mais ce n’est pas lui qui est à l’origine de la crise. Donc, il ne faut pas transférer les responsabilités. Les responsabilités de la crise universitaire incombent exclusivement au gouvernement auquel j’appartiens. C’est de notre responsabilité totale. Maintenant si nous prêtons le flanc à l’adversaire qui nous flagelle, il ne faut pas qu’on se plaigne. Et nous avons effectivement prêté le flanc. C’est à nous donc de résoudre cette question-là. Il y a un apaisement parce que le gouvernement a pris des mesures de retrait des forces de l’ordre du campus, et des promesses de paiement des bourses. Mais, les promesses, combien de fois les étudiants en ont entendues ? Il n’y jamais eu de résultat.

Question : Aujourd’hui, quels sont les rapports entre la coalition Benno Siggil Sénégal et la coalition Macky 2012, dans le cadre du partenariat qui vous lie dans la grande coalition Benno Bokk Yaakaar (au pouvoir) ?

Réponse : On ne peut pas dire que ces rapports sont au beau fixe. Nous sommes allés dispersés aux élections locales (juin 2014) parce que le président Macky Sall, ou bien son entourage, avait pensé pouvoir conquérir les bastions que Benno Siggil Sénégal avait conquis en 2012, pour par la suite avoir l’hégémonie dans les collectivités locales. Puisqu’ils avaient gagné certains départements de Dakar en 2009, ils ont donc dû penser qu’ils avaient l’électorat de Dakar. C’est certainement ce qui les a poussés à adopter cette stratégie qui cillait la branche sur laquelle Benno Bokk Yakaar était assise. Mais, dans les résultats, Macky n’a pas réussi son pari d’avoir l’APR parti hégémonique dans les collectivités locales.

Question : Certaines voix autorisées du Président n’ont pas la même analyse que vous, sur le résultat des Locales. Elles clament haut et fort qu’elles sont sorties victorieuses.

Réponse : Non, ils disent que Benno Bokk Yakaar a gagné, mais ils ne disent jamais l’APR a gagné, parce qu’ils le savent. Donc, c’est différent. Ils savent qu’ils ont raté le coche. Et c’est pourquoi Macky a sanctionné. Sinon comment pourrait-on être sanctionné, après avoir gagné ? Sur cette question, il faut que ça soit clair. Les rapports au sein de BBY ne sont pas du tout au beau fixe. Macky a promis, après les locales de relancer la coalition BBY. C’est lui le président de BBY. S’il veut que cette coalition fonctionne, qu’il convoque les instances de BBY. S’il ne veut pas, il ne les convoque pas. Dans ce cas, il n’y a pas de concertations, de rapports. S’il a besoin de BBY, il faut qu’il le démontre. Et s’il n’en a besoin, les gens continuent de faire ce qu’ils font.

Question : Il y a quelque temps, Moustapha Niasse, qui fut votre candidat (coalition Benno Siggil Sénégal) au premier tour en 2012, déclarait qu’il ne se présentera pas à la présidentielle de 2017, et qu’il soutiendra Macky Sall. Etant donné qu’il a toujours été votre allié privilégié dans l’opposition, qu’est ce que sa décision peut-elle changer ?

Réponse : Nous avons dit chiche ! Pas seulement le PIT, mais Benno Siggil Sénégal (BSS) aussi. Il dit qu’il ne veut pas être candidat, il ne veut pas. On a un candidat de moins, tant mieux. Donc, si BSS estime demain qu’il présentera un candidat, ce ne sera pas Niasse. C’est clair. Il nous a enlevés une épine du pied. Chiche !

Question : Cela veut-il dire qu’il n’est plus question de le suivre comme cela a été le cas systématiquement ces dix dernières années ?

Ah non ! Il l’a dit en sa qualité de chef de parti, avec toutes les connaissances que l’on connait dans son parti, mais pas en responsable de BSS. Il l’a dit, on a applaudi. Au moins, quand il s’agira pour BSS de se déterminer par rapport à la présidentielle prochaine, on n’aura pas l’obstacle de Niasse. C’est vraiment une aubaine pour BSS. C’est comme si Tanor (Dieng, leader du Parti socialiste, NDLR) disait qu’il ne serait pas candidat, Khalifa Sall (maire de Dakar, et considéré comme son rival dans le parti, NDLR) allait se frotterait les mains. Donc, nous, Niasse nous a libérés. Il ne va plus nous gêner dans notre choix.


Question : Dans ce cas, peut-on enfin voir un candidat du PIT à une présidentielle ?

Réponse : Le PIT n’a pas encore fait le choix à la présidentielle au Sénégal pour les raisons qui sont connues. Le PIT a pensé que l’agenda politique au Sénégal ce n’est pas le choix entre le communisme et le capitalisme, le choix au Sénégal ce n’est pas une alternance communiste, le choix au Sénégal c’est une alternance démocratique et républicaine. Et cette alternance démocratique et républicaine est largement partagée par d’autres forces. Et nous savons bien qu’un parti ne peut pas gagner tout seul l’élection présidentielle au Sénégal. Il nous faut donc construire un camp. Et si, dans ce cas, les gens estiment que nous pouvons être leur porte-parole, nous le serons. Mais, au PIT, nous ne disons que nous allons nous présenter en alternative. Ce serait enfantin. On a des résultats par le passé. Landing Savané (AJ/PADS) s’est présenté en alternative, tout le monde a vu ce qui s’est passé. Abdoulaye Bathily (LD/MPT) aussi, et tout le monde a vu ce qui s’est passé. A quoi bon d’aller être des témoins de Jeovah dans une élection ? Pour récolter 1 % ou 0 % ? Maintenant, si le PIT, lors du prochain congrès change d’analyse et d’orientation, on verra. Mais jusqu’à présent c’est ça notre philosophie.

Question : On n'entend plus le PIT comme avant, alors qu’il s’est toujours érigé en sentinelle du peuple.

Réponse : C'est parce qu'avant, les journalistes donnaient la parole au PIT, et ce n’est plus le cas.


Question : Mais le PIT n’attendait jamais qu’on lui donne la parole pour la prendre…

Réponse : Non, nous n’avons jamais sollicité un organe de presse pour parler. C’est les organes qui viennent nous voir. Depuis l’avènement de la seconde alternance, quand on envoie des invitations à la presse pour une conférence publique, on nous envoie des journalistes qui ne savent même pas construire une phrase. Les véritables journalistes, on ne les voit jamais. Donc, si vous nous donnez la parole, vous nous entendrez. Le cas échéant, nous continuerons à nous dire que les gens qui peuvent nous entendre nous entendront. Mais je me demande pourquoi, avant la seconde alternance, le PIT était la coqueluche des médias, et après cette alternance on nous prend avec des pincettes.

Question : Peut-être que vous vous êtes embourgeoisés avec le pouvoir, vous êtes coupés du peuple au côté duquel vous étiez…

Réponse : Donc, le fait d’être membre du gouvernement fait de vous un bourgeois ? En tout cas, si le PIT était coupé du peule, les gens du pouvoir dormiraient tranquilles. Partout où les gens luttent, le PIT est là-bas. Que ce soit dans les syndicats, les mouvements sociaux ou le milieu rural. Comme avant.

Question : Et que pensez-vous du fait que les gens disent que Macky Sall a eu la prouesse d’avoir à ses côtés toutes les « grandes gueules » qui auraient pu l’empêcher de gouverner tranquillement ?

Réponse : Grande gueule, c’est péjoratif. C’est vrai que les gens pensent que c’est parce que certaines personnalités sont à ses côtés qu’il a la chance. Mais, dans ce cas, Macky a donc bien fait son casting. Une chose est sûre et certaine : l’histoire devrait édifier les Sénégalais sur le PIT. C’est la troisième fois que nous participons dans un gouvernement. Et ce n’est parce que nous participons dans un gouvernement que nous ne disons pas ce que nous pensons. Abdou Diouf l’a eu. Abdoulaye Wade l’a eu. Et Macky le sera à ses dépens, s’il continue à ne pas assumer les ruptures qui restent. Il y a des ruptures que nous attendons. S’il ne les met pas en œuvre, il nous entendra. Nous sommes en phase avec les ruptures déjà entreprises, mais ce n’est pas suffisant. C’est toujours bancal. Quand on a eu la conviction que ce n’est plus possible avec Abdou Diouf, on nous a entendus. Quand on s’est également rendu compte que ce qu’Abdoulaye Wade voulait faire était contraire à l’intérêt du Sénégal, il nous a entendus, puis il nous a exclus. Si Macky veut mettre en œuvre les projets sur lesquels nous sommes en désaccord, il nous entendra aussi.

Propos recueillis par Thierno DIALLO
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8 Commentaires

  1. Auteur

    Atypico

    En Septembre, 2014 (10:04 AM)
    S'il n'y a aucune rupture réelle, pourquoi le Pit bulle dans la majorité présidentielle et se contente de passer ses nerfs sur le gang wadiste dont Macky est issu ?
  2. Auteur

    Lasso

    En Septembre, 2014 (11:05 AM)
    ibrahima sene est juste dans son diagnostic et pertinent dans ses propositions

    macky devrait l'appeler à ses côtés ou l'écouter en tout cas
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    Auteur

    Maan

    En Septembre, 2014 (11:27 AM)
    On n’arrête pas de t'entendre Mr Séne. Depuis des années. Toujours dans les manœuvres et les stratégies perdantes
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    Auteur

    Catholique

    En Septembre, 2014 (11:35 AM)
    On devrait vous entendre depuis longtemps car les libertés individuelles sont bafouées et personne ne se lève pour dénoncer ça , arretez votre cinéma sous Diouf et Wade , personne n'était ml traité comme en ce moment , dès que vous pensez que vous aurez pas votre part du gateau on vous entends sinon tout est rose pour vous
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    Auteur

    Djiban

    En Septembre, 2014 (11:42 AM)
    Ibrahima séne n'a aucune personnalité
    Auteur

    Pvd

    En Septembre, 2014 (11:52 AM)
    toujour ce djiban il s attaque a tous ce qui bouge pour defendre son president on s en fou de tes pensee on s en torche le cu on sen fiche le mochin
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    Auteur

    Sambalam

    En Septembre, 2014 (12:01 PM)
    Que dire de ce qui se passe dans le milieu syndical
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    Auteur

    Séne Est Gonflé

    En Septembre, 2014 (16:54 PM)
    Mais ce Ibrahima Séne est vraiment gonflé... il fait trop de bruit pour se faire entendre...

    Qu´il parle pour lui (le communiste) et non pour les sénégalais. Son parti, le PIT (parti de l´indépendance et du travail) un parti marxiste- leniniste est représenté par seulement 3 personnes (Amath Dansokho, Ibrahima Sène et Magath Thiam) avec derrière pas plus de 100 moutons qui ne peuvent convaincre les sénégalais par/avec une idéologie qui nous est totalement inconnue. Même ta fille ne te fait pas confiance!

    Sans seneweb, pardon satanweb tu n´es rien et absolument rien macky n´a rien à gagner avec ton compagnonage.

     :down: 



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