Jeudi 25 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Idrissa SECK face à la presse à Ziguinchor : ‘Je veux éviter un naufrage à Wade’

Single Post
Idrissa SECK face à la presse à Ziguinchor : ‘Je veux éviter un naufrage à Wade’
Devant le constat d'échec massif du régime de Wade, c’est son devoir de ‘fils, même d’emprunt’, de lui éviter le naufrage. Ainsi, a expliqué Idrissa Seck la nature de ses rapports avec son ancien mentor, au cours de la rencontre hier, dimanche, avec la presse à Ziguinchor à l'issue de la fin de la première étape de sa tournée dans le sud du pays. Auparavant, il avait été pris à parti par les dirigeants de l’Association des familles des victimes du Joola (Afvj) à qui il avait rendu visite. Accueilli par le bureau, il a eu droit aux critiques du président de l’association, Moussa Cissokho, qui a demandé de présenter ses excuses aux familles des victimes pour les propos tenus quand il était Premier ministre. Le président de l’Afvj a rappelé qu’Idrissa Seck avait non seulement fixé le montant des indemnités à 5 millions de francs, mais aussi, il avait soutenu que le renflouement du Joola était impossible. Le maire de Thiès présentera ses excuses et a expliqué le pourquoi face à la presse.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant votre séjour ziguinchorois ?

Idrissa Seck : Un mot que j’ai beaucoup entendu depuis le bateau le Willis jusqu’au moment de mon départ et qui m’a frappé parce qu’il a surgi avec énormément de sincérité, c’est le mot frustration. Le mot qui a suivi, c’est : délaissé. Les autres mots, vous les connaissez, ils me sont venus des clandestins qui ont préféré phonétiquement scinder le mot clandestin en deux mots, en disant qu’ils ont choisi le clan Idy pour la prise en charge de leur destin. Je convoite de Dieu toute la puissance de son assistance pour une mission aussi lourde que j’entends assumer avec toute l’énergie dont je dispose

Wal Fadjri : Quelle a été la place de la paix durant votre séjour ?

Idrissa Seck : La paix en Casamance est naturellement au cœur de cette mission. Je ne peux pas l’évoquer complètement, mais, il est au cœur de la mission. Il est essentiel que cette paix revienne. Et pour cela, il faut que nous entendions avec toute la puissance d’écoute nécessaire, les mots que j’ai évoqués précédemment : frustration, délaissé, enclavé, destins non pris en charge.

Wal Fadjri : On vous a entendu présenter vos excuses aux familles des victimes du naufrage du Joola. Vous sentez-vous coupable ?

Idrissa Seck : A chaque fois qu’un homme de bonne fois me dit souffrir d’une parole ou d’un acte que j’aurai prononcé ou posé, c’est mon devoir de croyant de lui présenter humblement mes excuses. Que ce soit fondé ou pas n’est pas essentiel, car, toute peine, fut-elle du poids d’un atome, mérite réparation. Souvenez-vous de l’état psychologique des familles de victimes à l’issue de ce drame du Joola. Toute discussion avec elle méritait une précaution spéciale. Et en conséquence, j’ai naturellement profité du mois de ramadan, qui est un mois propice au pardon et au repentir, pour présenter aux membres de l'Association de familles des victimes, des excuses, en convoitant là aussi de Dieu qu’il installe dans leur cœur, la quiétude, et qu’il fasse d’elles, de toutes les personnes concernées, des gens accueillants au repentir aussi. Je ne veux pas polémiquer et revenir sur cette question. Je ne posais qu’un acte de responsabilité, en m’interdisant de promettre ce que je ne peux pas livrer. Et j’avais dit sur la question de l’indemnisation des familles des victimes, qu'il y avait deux voies possibles. Une voie judiciaire qui était longue et une voie à l’amiable. Et dans le cas de cette voie à l’amiable, j’avais dit que je ne souhaitais pas, par décence morale, marchander, puisque le prix d’une vie n’existe pas à mes yeux. La vie n’a pas de prix. J’avais annoncé 5 millions de francs Cfa pour ceux et celles qui auraient choisi la voie à l’amiable, au lieu de la voie judiciaire. Et le président de la République a très généreusement doublé ce montant. Mais il a dû se soumettre à la contrainte que j’avais annoncée et attendre le budget de l’année suivante, pour pouvoir compléter l’enveloppe. Concernant le renflouement du bateau Le Joola, j’avais mis en place, sous la direction du ministre Eva Marie Colle Seck, une commission pluridisciplinaire composée de religieux, de psychologues, pour examiner tous les aspects. Et naturellement, le dernier mot sur cette question revient aux familles des victimes. Mais, c’était un devoir de vérité de ma part de leur dire à l’époque que je n’ai pas les moyens de renflouer le bateau. Puisqu’une volonté peut s’exprimer, mais je souhaite ne m’engager que quand j’ai les moyens disponibles de faire ce que je dis. On leur avait promis le contraire, ce n’est pas encore fait. Mais, ce que je tiens à dire avec force, c’est que je serai derrière les familles des victimes pour que leur volonté sur cette question, quelle qu’elle soit, se matérialise. Mais si je venais à revenir aux affaires, mon comportement ne changera pas. Je n’annonce que ce que je peux faire. Je ne dis que ce que je peux livrer. Je ne promets pas pour collecter des mercis indus à l’avance, avant livraison.

Wal Fadjri : Quel est le bénéfice politique que vous avez tiré de votre séjour dans la région de Ziguinchor ?

Idrissa Seck : Au plan politique, la seule chose que je retiens, c’est que j’ai pu mesurer en me promenant dans les rues de Ziguinchor et de Bignona, l’attachement des populations. Et ce signe, j’y suis très attentif. Il est prometteur. D’autres événements politiques qui se sont passés, tels que la déclaration du député Mama Dabo et l’adhésion de Cheikhou Diémé qui a d’ailleurs pris un grand risque puisque Rewmi n’a pas encore de récépissé, tandis que le Pds en a un même s’il pourrait le perdre, d’ailleurs. Il y a aussi la rencontre avec celles et ceux, très nombreux, qui n’ont jamais fait de politique, qui ont adhéré à des mouvements de soutien, au parti Fidel, pour m’accompagner pendant l’épreuve que j’ai vécue.

Wal Fadjri : Votre présence a provoqué une certaine réaction de la part de vos anciens frères. Qu’est-ce que cela vous a fait ?

Idrissa Seck : Ce ne sont pas mes anciens frères. Le Pds demeure ma famille naturelle. Je suis persuadé que la plupart même des responsables qui donnent des gages au secrétaire général actuel du Pds, parce que soucieux de bénéficier d’avantages ou ont peur de subir ses représailles, à son départ, ils reviendront retrouver leur grand frère. Ensuite, je ne ressens pas la présence des responsables libéraux à Ziguinchor comme une volonté, qui aurait été vaine de toute façon, de nuire à la qualité de la mission d’écoute et de proximité que je suis venu effectuer à Ziguinchor. De toute façon, je m’en tiens à ce qu’ils ont déclaré eux-mêmes, que c’était une suite normale de leurs activités d’aller de quartier en quartier. Le spectacle que j’ai vu, des cars ndiaga ndiaye faisant des marches dans les quartiers, révèle que ce n’était pas Ziguinchor. Puisque si Ziguinchor et sa population peuvent tenir dans deux cars ndiaga ndiaye, il faut désespérer de la situation. Ziguinchor et ses populations sont restés, m’ont accueilli à travers les artères de la ville et à travers de nombreuses audiences partout où je me suis rendu. Et c’est cela l’essentiel.

Wal Fadjri : Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le président Wade ?

Idrissa Seck : Mes rapports avec Wade, c’est respect, affection, volonté très claire en mars 2000 d’obtenir dans son comportement et dans ses réalisations, qu’à l’échéance 2007, il puisse, comme nous l’avions fait en 2000, être à côté de moi, cette fois-ci sans bretelles, pour faire le tour du Sénégal, et regarder les visages remplis de reconnaissance, parce qu’il aura eu le temps de faire ce qu’il a promis. Mais, en 2007, si on pose la question aux jeunes à qui on demandait de lever le bras pour voir s’ils avaient des emplois, ils vont nous indiquer les pirogues qui vont les conduire soit à Barça, soit à ‘Barsaq’. C’est ça que je voulais éviter. Il y a aujourd’hui constat de l’échec par rapport à ce rêve. Et, devant le constat de cet échec massif, c’est mon devoir de fils, même d’emprunt, de lui éviter le naufrage. S’il s’ajuste, je le lui souhaite, c’est une très bonne chose. S’il ne le fait pas, je sais que ce sera dans son intérêt de lui éviter le naufrage par un mandat de trop.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email