Serait-ce le peuple sénégalais qui décidera des retrouvailles ou de la séparation ad vitam æternam entre Idrissa Seck et Me Abdoulaye Wade ? C'est en tout cas, ce que semble vouloir dire l'ancien Premier ministre dans une confidence faite à l'un de ses proches à l'hôtel Saint-James de Paris où le maire de Thiès a érigé son quartier général. ‘Je suis à l'écoute du peuple sénégalais’, aurait répondu Idrissa Seck à ce dernier qui l'a interpellé sur les rumeurs autour d'éventuelles retrouvailles avec son ex-mentor. En somme, indique ce proche collaborateur du maire de Thiès, ‘Idrissa Seck ne veut pas anticiper sur la volonté de ses compatriotes. Il prendra la direction que les Sénégalais lui indiqueront’, souligne notre interlocuteur qui ajoute : ‘Pour le moment, il travaille sur son Programme de redressement national qu'il compte présenter aux Sénégalais.
Ces propos d'Idrissa Seck rappellent ceux qu'il avait tenus, le 26 février dernier, lors d'une cérémonie organisée en son honneur par ses soutiens de l'Hexagone. Interpellé par la presse sur son avenir politique, le maire de Thiès avait paraphrasé le Premier ministre du Général De Gaulle, Georges Pompidou, qui disait qu'il n'avait pas un avenir politique, mais qu'il avait un passé politique. Faisant siens ces propos, Idrissa Seck dira : ‘Moi aussi, j'ai un passé politique, mais je ne sais pas si j'aurais un avenir politique’. Avant d'ajouter cette phrase qui avait suscité beaucoup de commentaires parce qu'empreinte d'une modestie inabituelle chez l'ancien Premier ministre qui avait inscrit, dans un anglais polissé, sur la page d'accueil de son site : ‘I'm born to be a president’ (je suis né pour être président : Ndlr). ‘Peut-être qu'avec le soutien du peuple sénégalais, j'arriverai à avoir un jour les destinées de notre nation’, avait, humblement, dit le maire de Thiès.
Des propos analysés par certains, à l'époque, comme une parade bien pensée pour esquiver la troublante question sur sa candidature. La suite leur donnera raison. Deux mois après, le 4 avril 2004, jour de la célébration de l'indépendance du Sénégal, Idrissa Seck brise le silence et annonce sa candidature dans une déclaration solennelle diffusée sur les ondes des radios privées. Pourtant, le peuple n'avait pas encore donné mandat au maire de Thiès pour qu'il annonce sa candidature. A moins que le maire de Thiès n'ait des moyens de sondage de l'opinion nationale qui échappent aux communs des Sénégalais. A la vérité, cette déférence envers le peuple n'était que pur prétexte. Pas moins que ne l'est sa décision de ‘rester à l'écoute du peuple’ sur ses supposées retrouailles avec Me Wade. Idrissa Seck attend juste le moment propice, tel un renard à l'affut.
Mais, dans l'art de s'emmurer derrière une volonté du peuple, Idrissa Seck n'est pas le seul à exceller. Le président Wade aussi. A Paris, en Suisse et en Allemagne, où il a séjourné, récemment, il a justifié sa candidature par une volonté du peuple sénégalais qui, selon lui, souhaite qu'il se présente à l'élection présidentielle de 2007. ‘Sans ambages, je suis candidat, ce sont les Sénégalais qui veulent que je sois candidat, mais je suis un démocrate’.
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