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Politique

INSTRUMENTALISATION DES IGE, SUCCESSION AU SOMMET DE L’ETAT, DEMOCRATIE MISE A RUDE EPREUVE…. : Alioune Tine indexe Wade et son fils

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INSTRUMENTALISATION DES IGE, SUCCESSION AU SOMMET DE L’ETAT, DEMOCRATIE MISE A RUDE EPREUVE…. : Alioune Tine indexe Wade et son fils

Aujourd’hui, lundi10 décembre est célébré la journée de la déclaration universelle des Droits de l’Homme. A la veille hier, dimanche 9 décembre de la manifestation Alioune Tine, le Secrétaire général de la rencontre Africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) s’est inquiété dans l’entretien accordé à Sud Quotidien de la situation du pays « où les droits de l’Homme font de plus en plus l’objet d’une préoccupation certaine » de la part des citoyens. Alioune Tine dénonce ainsi le fonctionnement des institutions avec leur asservissement par le président de la République. S’intéressant également à la bataille pour la succession du chef de l’Etat qui bat son plein, constate-t-il, il décrie les méthodes utilisées pour positionner le fils du président de la République, Karim Wade. 

La Rencontre Africaine pour la défense des Droits de l’Homme (Raddho) célèbre aujourd’hui lundi 10 décembre à sa manière la journée mondiale des droits de l’homme. Elle voudrait axer ses réflexions sur la situation des Droits de l’Homme de la sous région. Bien entendu, elle entend dans sa réflexion à haute voix privilégier le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et surtout revisiter la situation des ex-réfugiés en Mauritanie. Une situation sur laquelle elle a beaucoup travaillé, informe son Secrétaire général, Alioune Tine.

Comme elle a l’habitude de le faire, la Raddho va mettre l’accent sur un pays où la situation des droits humains peut faire l’objet de beaucoup de préoccupations de la part d’une organisation comme la nôtre, déclare-t-il. « Le Sénégal, par rapport à son statut, son prestige et son image et surtout à son rôle de référence en matière de démocratie, mérite aujourd’hui une espèce d’audit du fonctionnement des institutions », souligne-t-il.

On a une Constitution dont le préambule reconnaît la séparation des pouvoirs. Mieux, la Constitution en elle-même reconnaît la séparation des pouvoirs. Et aujourd’hui quand on analyse les relations entre l’Exécutif et la Justice, on a beaucoup de questions sans réponse. Le dossier des chantiers de Thiès a été très fortement dramatisée avec les déclarations du président de la République au Cices, ainsi qu’avec l’intervention intempestive des Inspecteurs généraux d’Etat (Ige) dans la sphère communicationnelle. De sorte que l’on a assisté pratiquement à une polémique entre le ministre de l’Economie et des finances et l’Inspection générale d’Etat, mais aussi la (dé)classification pour la première fois dans l’histoire du Sénégal d’un rapport des Ige, note-t-il.

Aujourd’hui à quoi assistons-nous ? A une espèce d’inversion des choses et de négociations secrètes portant sur des sommes hallucinantes, répond-il. Et d’ajouter : « Si on en est à ce point du renversement de l’éthique, des valeurs axiologiques en terme politique, il est évident qu’on peut valablement se poser des questions ».

On peut toujours se poser des questions sur l’Ige avec son incursion au défunt Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes). Des inspecteurs qui appartiennent à ce corps se sont récemment présentés au niveau du Craes pour faire le contrôle administratif et financier. Comment se fait-il que cette administration d’élite ne sache pas circonscrire son champ de compétence ? Manifestement, autant au plan constitutionnel ou autre, le Craes est en dehors du champ de compétence de l’Ige. Cela traduit toujours la dégradation de l’image de ce corps de contrôle d’élite qui faisait frémir les gens. De plus en plus, nous avons l’impression que ce corps de contrôle est transformé en instrument de règlement de comptes politiques. C’est la Cour des comptes qui est compétente pour effectuer le contrôle financier des institutions comme le Craes qui se fait d’ailleurs à postiori.

« Bataille de succession entre dauphin adulé et dauphins maudis »

En tant qu’organisation travaillant dans la prévention des conflits, dans l’observation des élections, nous devons réagir sur une situation de succession qui peut poser beaucoup de problèmes et qui pose déjà une espèce de succession de nœud, d’incompatibilité, de conflit d’intérêts dans le sens où les Américains prennent ce terme.

La convocation du président de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci), Karim Wade pour un contrôle ou une audition n’est pas le fond du problème. C’est plutôt la bataille pour la succession du président de la République, Abdoulaye Wade. On en est pas encore là, mais cela va venir, ce conflit aura lieu. Le rôle de chef de l’exécutif dans cette bataille laisse perplexe. On a l’impression que sur le champ politique, nous avons un dauphin adulé, et des dauphins maudits. Quand on regarde un peu le sort de ces derniers dans le parti et des institutions politiques, on sent nettement qu’il ne constitue pas des choix. Ce qui nous incite à analyser des déclarations d’Abdoulaye Wade. Nous avons entendu le président de la République sur France 24 nous parler de l’hypothèse, l’éventualité que Karim soit président. Nous craignons qu’il ait un conflit d’intérêts. Karim Wade peut être candidat, il est citoyen Sénégalais. Mais, qui va organiser ces élections pour la succession ? Si c’est le président de la République lui-même alors que son fils est candidat, cela va poser problème. Cela mérite une réflexion. Cela mérite également réflexion du point de vue de la succession du fait que le président du Sénat puisse en cas de vacance du pouvoir assurer l’intérim du président de la République.

Des mécanismes pour la gestion de la vacance du pouvoir

Je pense que si nous voulons vraiment éviter des incompatibilités et éviter aussi des conflits d’intérêts, il faut faire en sorte que les mécanismes qui assurent la transition politique soient les plus neutres possible, qu’ils ne soient pas concernés par les élections. Vous avez par exemple en cas de vacance du pouvoir, dans des pays comme Haïti, Madagascar, le président de la Cour suprême qui assure l’intérim et qui organise les élections et qui n’est pas candidat. Il faudrait donc réfléchir sur des mécanismes de cette nature pour voir comment est ce qu’on pourrait assurer la succession, organiser les futures élections qui arrivent.

Les mécanismes de régulation des élections méritent aussi d’être repensés. Comment renforcer leur crédibilité dans le futur ? C’est extrêmement important à examiner. Si vous prenez le Burkina Faso et le Bénin, ce n’est pas le président de la République tout seul qui choisit les membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Ce pouvoir de nomination est partagé entre le chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale et souvent l’opposition et la société civile. Donc, pour les futures élections, il faut avoir le maximum de garanties pour que les gens acceptent les résultats, que cela soit des élections non contestées. Nous venons d’élections contestées en 2007, les pires élections parce qu’elles ont été boycottées. Il faut aussi faire en sorte que les institutions de la République soient consolidées. Cela appelle vraiment à une nouvelle réflexion sur la fonction présidentielle en elle-même. Il faut repenser la fonction présidentielle en Afrique parce qu’aujourd’hui quand on regarde comment les choses se passent, on est en train de procéder à un glissement vers une monarchie républicaine de droit divin. Et cela trouve sa source dans les relations entre la famille et l’Etat.

« Karim à la Rts pour une séance d’adoubement »

Vendredi 7 décembre dernier, nous avons regardé la Radiodiffusion télévision Sénégalaise (Rts) et nous avons été vraiment surpris. Cela s’est déroulé au même moment où nous avions vu sur France 24 le président de la République évoqué ses successeurs. Presque au même moment, dès qu’on a ouvert la Rts, nous avons vu le fils du président de la République rencontrant des chefs d’Etat arabes dans le cadre de sa mission à l’Oci. De mon point de vue, c’est la première fois que les audiences avec des chefs d’Etat d’un commis de la République, même s’il en est un, sont ainsi filmées. En réalité, on aurait pu attendre à la rigueur que le ministre des affaires étrangères lui-même puisse faire ces déplacements dans le cadre des préparatifs du Sommet, mais lui c’est une sorte de rôle de Pca. De façon plus ou moins spectaculaire, on a assisté à une mise en scène d’une séance d’adoubement. Cela pose sérieusement des problèmes. Si aujourd’hui, dans le cadre du débat sur le dauphinat, la relation de consanguinité, je veux dire la préférence familiale l’emporte sur le reste, c’est qu’en réalité, nous commençons vraiment à glisser de façon subjective et structurelle de la République à la monarchie. Nous devons absolument faire attention en tant que Sénégalais.

Au Sénégal, si on veut aller vers des conflits d’intérêts ou des situations de cette nature, cela va être inédit dans notre pays. Et cela pourrait entraîner une instabilité politique dans la longue durée. Donc, autant aujourd’hui engager la réflexion et voir comment il faut crever l’abcès que d’attendre d’être surpris par les événements. Notre mise en garde est d’examiner de la façon la plus sérieuse la situation de la dégradation et de la banalisation continue de nos institutions et de l’asservissement de toutes les autres institutions par la présidence de la République qui si on y prend garde risque de créer une véritable déstabilisation de la situation politique à long terme.

« Les fondamentaux de la démocratie qui volent en éclats »

La première proposition concrète qu’on peut faire c’est d’aller vers un dialogue politique. Mais, il faut élaborer un agenda qui peut correspondre aux préoccupations les plus cruciales des citoyens Sénégalais. Je pense qu’il ne faut pas perdre de vue que le Sénégal s’est distingué par sa stabilité dans la longue durée, par la stabilité de ses institutions, son administration qui sont des références en Afrique et qui ont été construites dans la durée. Cela fait plus de 200 ans que les Sénégalais participent à des élections, dans les quatre communes d’abord à partir de 1948 sur toute l’étendue du territoire nationale. Entre 1991 et 1998, on avait construit des fondamentaux pour la démocratie Sénégalaise difficilement et souvent dans la tension. A partir de 1998, on avait commencé à atteindre une sorte de point d’équilibre, mais ces fondamentaux sont aujourd’hui volés en éclats. D’où la nécessité de s’asseoir et de discuter des institutions et de faire en sorte que le Sénégal puisse organiser des élections qui dès le lendemain seront acceptées par tous.

Il faut repenser la fonction présidentielle parce que nous avons un essoufflement démocratique qui est réel et le président de la République est aujourd’hui une espèce de monarque constitutionnelle. On a l’impression qu’il peut tout faire, qu’il peut tout défaire et qu’il peut tout refaire. Il me semble que ce n’est pas bon dans une démocratie s’il n’y a pas un pouvoir qui peut arrêter un autre pouvoir. D’ailleurs, on sort de l’Etat de droit à partir du moment où il n’y a plus de contre-pouvoir susceptible d’arrêter le pouvoir. Je pense que le président de la République doit y réfléchir.

On doit aussi réfléchir sur la perte d’autorité dans le sens administratif, dans le sens même de légitimité d’une administration d’élite qu’est l’Ige. Elle a perdu de ce qui restait de son autorité avec ce qui s’est passé ces derniers temps. Je me demande comment peut-on être un directeur de cabinet technique et faire une faute de cette nature parce qu’en réalité c’est une forfaiture à laquelle on a assisté.

La pauvreté est plus que jamais présente au Sénégal. On met un certain nombre de programmes en place avec la banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds pour la réduction de la pauvreté or, on ne réduit rien. Aujourd’hui, les gens ont tous les problèmes du monde à vivre et la famine s’est installée dans le milieu rural. Ce ne sont pas seulement les opposants qui le disent. Des membres ou autorités du Pds l’ont confirmés. Le milieu rural connaît une crise inédite.

Il faut faire en sorte que le débat ne réunisse pas seulement les politiciens. Les intellectuels et les universitaires ont leurs mots à dire et il est temps qu’ils s’organisent pour voir comment ils peuvent entrer dans le débat et donner leur contribution.



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