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Politique

Interview : A. Latif Coulibaly, journaliste essayiste, directeur de l’ISSIC - " Pour libérer la démocratie sénégalaise prise en otage, il faut un nouveau credo citoyen"

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Interview : A. Latif Coulibaly, journaliste essayiste, directeur de l’ISSIC - " Pour libérer la démocratie sénégalaise prise en otage, il faut un nouveau credo citoyen"
Mais qu’est ce qui fait donc courir Abdou Latif Coulibaly ? Voilà qu’en mettant sur le marché son quatrième ouvrage : " Une démocratie prise en otage par ses élites : Essai politique sur la pratique de la démocratie au Sénégal " édité par les Editions Les sentinelles, il vient encore une fois se mettre dans sa posture préférée, celle du polémiste provocateur.

Réalisée par Ibrahima MANE, Le Témoin

Le journaliste de talent qui s’était d’abord essayé à la biographie avec " Wade, un opposant au pouvoir. L’Alternance piégée " -jusqu’aujourd’hui le livre le plus critique des travers de l’Alternance libérale-, puis ensuite à l’investigation avec " Sénégal - Affaire Me Sèye : un meurtre sur commande ", ouvrage boycotté par la " prudence " des librairies sénégalaises pour la distribution (ce qui l’a obligé à avoir recours aux services de l’Agence de distribution de presse, Adp), s’exerce cette fois à l’essai. Sans doute pour rappeler à ceux qui feignaient de l’oublier, Abdou Latif Coulibaly, directeur de l’Essic, l’école de journalisme qu’il a fondé avec le groupe Sud, fait remarquer qu’en dépit du fait qu’il est journaliste, il peut assumer son double statut d’intellectuel et d’universitaire. En effet ce Docteur en communication de l’Uquam (Université du Québec à Montréal) au Canada révèle ici ses talents de chercheur en Sciences politiques. En bon universitaire, il commence son livre en définissant, au plan épistémologique l’objet de son étude : c’est-à-dire ici, " l’élite ", comme concept en tentant de montrer comment cette dernière a pris en otage la démocratie sénégalaise qu’elle a plombée. L’analyse " Coulibalyenne " est ici documentée, nette, sans complaisance, sévère, parfaitement dans le style et la manière du journaliste de talent et de l’universitaire rigoureux qu’il est. A. Latif Coulibaly, que j’ai rencontré dans son bureau directorial, a fait une analyse forte, rigoureuse, sans complaisance des dérives du système démocratique sénégalais qu’on présentait pourtant, jusqu’il y a peu comme un modèle en Afrique. A. L. Coulibaly est encore plus sévère avec ses habituels " têtes de turc " d’un pouvoir libéral qu’il décrit comme " corrompu et dangereux pour nos libertés ". Dans cette démocratie sénégalaise prise en otage par ses élites, A. L. Coulibaly dénonce les travers de la société civile, les dérives de la magistrature, la pusillanimité de l’opposition, la dérive vers l’événementialisation des médiats, sans oublier l’inertie complice des chefs religieux oublieux de leur rôle de régulateurs sociaux. Un livre tonique, sérieux, critique qui fourmille d’idées ecrit par un homme courageux et prolifique - dont le premier roman, nous révèle-t-il, sort au début de 2007. A lire absolument.

Le Témoin : Abdou Latif Coulibaly, un critique parlant de votre dernier ouvrage a titré : " haro sur la corruption ! ", qu’avez-vous voulu démontrer avec : " Une démocratie prise en otage par ses élites : Essai politique sur la pratique de la démocratie au Sénégal " ?

Abdou Latif Coulibaly : En fait, au-delà de la corruption qui gangrène le pays et dont le pouvoir libéral incompétent est largement responsable, j’ai voulu montrer comment la démocratie sénégalaise marchait un peu sur la tête. Et cet état de fait, nous en sommes tous responsables -intelligentsia, classe politique (majorité et opposition confondues), société civile, médiats sans oublier la justice... C’est tout cela que j’ai voulu dénoncer très fort.

Parlons de la justice, une de vos têtes de turc ...

La magistrature sénégalaise, disons l’élite judiciaire est en totale perdition. Alors qu’elle devait réguler le jeu démocratique, en veillant sur l’harmonie et l’équilibre de la société, elle se révèle inféodée au pouvoir exécutif. Elle est par ailleurs corrompue et composée d’éléments incompétents. Il y a, pour ainsi dire, des magistrats par " effraction ". Les juges ne mesurent pas toute la portée de leur mission et de leur responsabilité dans la société. Et c’est cela la véritable tragédie. Si je suis tout à fait d’accord que les magistrats revendiquent des moyens pour leur travail, s’ils méritent avantages et salaires de la Nation pour garantir leur indépendance et assurer leur sacerdoce, ils doivent donc rendre la justice au nom du peuple et non d’un lobby ou d’un homme, fut-il le chef de l’Etat. Le pouvoir judiciaire doit s’imposer à l’exécutif. Ce qui se passe aujourd’hui est déplorable. Je cite dans mon livre un juge avec qui je me suis entretenu et qui avance ces propos gravissimes  : " J’étais fier à l’idée d’entrer dans ce corps d’élite à qui revient la lourde responsabilité de juger, c’est-à-dire de garantir l’équilibre dont notre société a besoin pour vivre dans l’harmonie et la paix afin de se distinguer ainsi de la société animale. Après cinq ans de présence en son sein, j’ai déchanté. Je suis révolté par la médiocrité qui caractérise le milieu, l’incompétence de certains de mes collègues, le carriérisme de ses chefs qui ne sont plus rien que des commis des politiques. Je suis inquiet, pour dire le moins. Je ne pense pas pouvoir comprendre que tous les chefs qui dirigent les plus hautes juridictions du pays et tous les chefs de parquets de leur rang émargent à la présidence de la République. Ils sont payés par l’Exécutif sous forme de dessous de table qui leur sont déposés en catimini par un gendarme qui fait la ronde des Cours et Tribunaux, à la fin de chaque mois. " (Ndlr : sans commentaire...)

Vous êtes amer...

On le serait à moins. Certains se demanderont au nom de quoi, ou de qui je parle ?

Oui, au nom de quoi et de qui ?

Mais, je suis tout simplement un citoyen indigné, comme des millions d’autres. En prenant toutes mes responsabilités, je revendique en tant qu’intellectuel et citoyen un vrai statut pour les magistrats de ce pays. Car c’est l’assurance de la meilleure protection du dernier rempart de ma liberté et de mes droits. C’est pourquoi j’ai plaidé également pour la mise en œuvre de la responsabilité personnelle, voire pénale du juge... dans tous les cas, où il serait avéré qu’il aurait obéi à des ordres dans sa prise de décision. Là où les trésoriers de l’Etat, les payeurs généraux et comptables publics -dans la manipulation des deniers publics- les médecins -dans l’exercice de leurs actes, et les avocats- dans les manipulations de procédure, voient leurs responsabilités engagées, les juges -lors même qu’ils jettent en prison des citoyens innocents, sur ordre- sont totalement irresponsables ! Un citoyen lésé par des décisions judiciaires scandaleuses n’a plus que ses yeux pour pleurer...

Après les juges qui en prennent pour leur grade, vous dénoncez nos braves parlementaires godillots...

En effet, il n’y a pas que les juges à compter parmi les preneurs d’otage de notre démocratie, il y a également ceux qui sont dans ce Parlement-croupion et qui sont censés faire la loi -soit la Volonté générale, et contrôler l’Exécutif. Savez-vous que notre Parlement est composé d’ignares, dont le mandat est extraverti à cause du vote impératif -chose totalement exclue par le droit- et consacré ici par la soi-disante " discipline de parti " qui se caractérise par l’obligation de la part des députés de voter mécaniquement, en bloc avec leur parti. Cette " discipline " partisane a pour conséquence pernicieuse d’affaiblir l’action des parlementaires, que ce soit en tant que législateurs ou en tant que contrôleurs de l’action gouvernementale. Une déclaration de Me Ousmane Ngom, faite en 1992, alors qu’il était président du groupe parlementaire du Parti démocratique sénégalais reste très actuelle. Il avait alors, lors d’une fameuse séance plénière du Parlement, fait cette déclaration retentissante : " Notre Parlement est asservi. Il est indigne de la démocratie à laquelle aspire légitimement notre peuple. Notre groupe trouve choquant et inacceptable le fait que c’est le gouvernement qui nous dicte nos conditions de délibération en ayant la haute main sur l’ordre du jour de nos travaux. Il est faux de prétendre que nous faisons la loi. C’est une fiction juridique. En fait, concluait-il, nous nous contentons de voter cette loi dans des conditions fixées de surcroît par un gouvernement totalement rejeté par le peuple ". Les données ont-elles vraiment changé ? Je vous laisse apprécier. Selon des documents publiés par le Conseil Constitutionnel, lors des législatives de mai 2001, seuls 9 % des députés siégeant au Parlement ont un niveau universitaire confirmé -soit bac + 3 années d’études- seuls 3 % des parlementaires sont allés au-delà de ce niveau. 30 % disposaient d’une formation équivalent au bac, 32 % avaient complété leurs études secondaires, là ou 18 % étaient à peine alphabétisés, tandis que 8 % étaient totalement analphabètes. Il y a plus grave, nous avons identifié un élu de la majorité suspendu par l’Office national du Baccalauréat pour une durée de cinq ans ! A côté de l’analphabétisme, il y a l’absentéisme qui concerne annuellement plus de 54 % de nos élus -selon des chiffres du secrétariat général du Parlement. Savez-vous que depuis plus de 20 ans, l’Assemblée nationale n’a pas adopté plus de 10 lois d’origine parlementaire ? Entre 1983 et 2000 les députés socialistes majoritaires au Parlement n’ont pas fait adopter plus de 10 propositions de lois. On peut ajouter que depuis six ans, le Parlement sénégalais n’a pas voté une seule loi de règlement des finances. La dernière loi votée remonte à l’année 1998 -et elle ne concernait que l’exécution du budget de l’année 1985 ! Il faut déplorer que la Cour des Comptes ne fait pas son travail en matière de contrôle budgétaire car les services du Trésor ne jouent pas encore leur rôle. Et les deux ministères concernés par la préparation des lois de règlement transmettent des dossiers selon leur bon vouloir, ou des fois les réclament, prétextant que des documents transmis comporteraient des erreurs matérielles graves. Là où la Cour des Comptes devait se comporter comme une vraie juridiction, elle agit comme une entité administrative soumise à un pouvoir hiérarchique.

Vous avez également fait un bilan sans complaisance du travail des médias.

La presse est un des piliers de la démocratie. Le Sénégal compte aujourd’hui quinze titres quotidiens avec un tirage global de 200.000 exemplaires par jour (soit pour un pays de 9 millions d’habitants, un ratio d’un journal pour 45 habitants - en prenant la précaution d’observer que moins de 40 % de la population a accès à ces titres). La presse a joué un rôle déclencheur dans le développement de la démocratie au Sénégal. Si après les élections locales de 1996 et à la suite de l’élection historique de 2000, la presse a été considérée comme un catalyseur de la démocratie, il est temps, de s’interroger sur l’état réel de notre presse. C’est-à-dire s’interroger sur sa capacité à aider les citoyens à comprendre le monde et la société dans laquelle ils vivent. Ce qui est ici en cause, c’est la capacité propre des médias à produire du savoir et de la connaissance au-delà de la banalité de l’événementiel et de la quotidienneté. Savoir insérer le fait dans le réel, afin de lui donner un sens, je doute que notre nouvelle presse ait vraiment cette capacité. A part quelques remarquables exceptions, la presse sénégalaise est médiocre, superficielle, de surface et anecdotique ! Il y a dans notre profession, ceux qu’un journaliste du " Times Magazine " et chercheur en médias américain, désignait comme des " braconniers du journalisme ". A côté des maîtres-chanteurs, il y a également le développement de journalistes " lèche-bottes ", insulteurs, stipendiés et à la solde du pouvoir et d’autres forces politiques ou financières. Ayant retenu le terrible mot d’ordre du dignitaire nazi Goebbels, rejeté dans les poubelles de l’histoire : " Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ! ". La presse doit dépasser l’anecdote, l’approximation, la tyrannie de l’événement, la logique du scoop et des révélations, le harcèlement médiatique. Elle doit dans la relation des faits, aller au-delà de la surface des faits pour les saisir dans leur quintessence, afin de les insérer dans une signification sociale précise. J’ai cité pour conclure le chapitre sur la presse, le grand sociologue allemand Max Weber qui, en parlant des journalistes, dans " le Savant et la Politique ", écrit que : " (...) la plupart des gens ignorent qu’une œuvre journalistique réellement bonne exige au moins autant d’intelligence que n’importe quelle autre œuvre d’intellectuel et trop souvent l’on oublie qu’il s’agit d’une œuvre à produire sur le champ, sur commande, à laquelle il faut donner une efficacité immédiate, dans des conditions de création qui sont totalement différentes de celles des autres intellectuels. On soupçonne très rarement que la responsabilité de journaliste est plus grande que celle du savant et que le sentiment de responsabilité du journaliste honorable n’est en rien inférieur à celui de n’importe quel autre intellectuel -on peut même dire qu’il est plus élevé- si l’on se réfère aux constatations que l’on a pu faire durant la dernière guerre ". Tout cela pour dire qu’une des dimensions fondamentales du métier de journalisme, l’analyse, manque tout à fait dans la production médiatique nationale. Le constat est le suivant : au-delà des problèmes de formation, bon nombre de médias publics et privés sont dirigés par des personnes dépourvues de toute compétence, manquant de vision et de métier tout court.

Vous avez également disséqué l’action de la société civile que vous avez épinglée...

En effet, au Sénégal, la société civile croit qu’elle doit exister en s’opposant à la société politique, en oubliant que la société civile devrait être un acteur clé de la politique. Elle devrait être un véritable contre-pouvoir tel qu’Alexis de Tocqueville l’avait vu dans son grand livre " De la Société civile en Amérique ". La société civile devrait être un levier important de la formation de la citoyenneté pour faire des citoyens des acteurs essentiels de la démocratie, plutôt que des éléments passifs qui contemplent béatement l’histoire se faire, se dérouler devant eux. Notre société civile est plutôt réactive, timidement, par rapport à des comportements déviants des acteurs politiques. Elle est le plus souvent équilibriste et elle manque d’autonomie dans l’action. Cependant, elle n’a ni une pensée, ni une théorie articulée à la réalité qui la concerne. Elle ne me semble pas disposer des capacités propres à lui permettre de déployer une théorie et à l’adapter à notre propre situation. Je le répète, la société civile sénégalaise demeure contemplative et réactive. J’ajoute que la plupart des organisations de la société civile sénégalaise sont des prolongements des organisations de la société civile occidentale qui leur procurent non seulement des subsides, mais aussi des mots d’ordre, slogans et agendas. Dans ces conditions, comment voulez-vous que la société civile joue le rôle de décantation de la citoyenneté et de démystification du pouvoir qu’on est en droit d’attendre d’elle, à juste titre. C’est tout à fait impossible, c’est cela le sens de ma réflexion.

Reprenant quelqu’un qui estimait que " les Sénégalais semblent regretter le purgatoire socialiste à cause de l’enfer libéral dans lequel les a plongés le nouveau régime ", vous dénoncez la néo-patrimonialisation de l’Etat devenue effrénée sous Me Wade...

La notion de patrimonialisation veut simplement exprimer le fait qu’un individu parvenu à occuper une charge publique, administrative ou politique, utilise sa fonction sur un poste et les attributs qui en découlent, comme s’il en avait hérité, ou si comme c’était les siens propres. La démarche néo-patrimoniale obéit à une logique particulariste. Elle est au service d’intérêts particuliers et non à la poursuite du bien public commun. Ce phénomène apparu sous les socialistes s’est aggravé sous les libéraux. Dans ce cas, tous les moyens de l’Etat sont mobilisés exclusivement au service d’un clan qui met en son centre un chef néo-patrimonial qui opère la redistribution des honneurs et des prébendes, au service donc de ses intérêts particuliers. Ce mécanisme néo-patrimonial avec ses effets clientélistes qu’avait bien vu le politologue français Jean-François Médard produit du particularisme. Le conflit actuel entre le Président Wade et son ancien Premier ministre Idrissa Seck est le symbole le plus odieux de la perversion du néo-patrimonialisme. Ce conflit a été poussé dans des dimensions plus qu’avilissantes avec la complicité des médias qui veulent réduire le débat politique à un choix manichéen " pour ou contre Idy ", " pour ou contre Wade ". Toutes les institutions sont mobilisées dans ce conflit : médias, justice, police, chefs religieux, etc... Cela permet d’oublier l’essentiel. Les 60 ministres nommés par le Président Wade, le développement de la pauvreté, la paupérisation dans nos campagnes qui explique le surpeuplement des centres urbains, l’émigration sauvage des jeunes en pirogues, les 60 milliards du déficit budgétaire du mois de juin dénoncés par Mamadou Oumar Ndiaye dans " Le Témoin ", j’allais oublier le scandale du soi-disant " don " de 6 milliards de Fcfa du chef de l’Etat dans des conditions sulfureuses au gouvernement du Sénégal. Comme vous le voyez, on est loin de la bonne gouvernance.

En dénonçant le concept aujourd’hui galvaudé " d’opposition républicaine ", vous citez le démographe français Alfred Sauvy qui écrit : " la démocratie ne consiste pas à s’unir, mais à savoir se diviser. L’unanimité, le plein accord, est un mauvais signe "...

En effet, j’ai le sentiment comme des millions de citoyens sénégalais que l’opposition démocratique nationale participe, comme complice de l’élite gouvernementale, à la prise d’otage dont est victime la démocratie. Les partis d’opposition existent sur l’échiquier politique plus par leur activisme débordant, par leurs réunions périodiques, que par la vigueur de leur action sur le terrain ou la critique articulée de l’action gouvernementale. C’est Ousmane Tanor Dieng, le Premier secrétaire du Ps qui a popularisé cette notion " d’opposition républicaine ". C’est un " machin " que même son créateur -en fait importateur- aurait du mal à définir dans un contexte sénégalais. Est-ce que ce concept ne cache pas la stratégie d’évitement et de fuite en avant de l’opposition ? Par exemple Wade a convoqué récemment l’opposition aux fins de constituer un gouvernement d’union nationale... à 90 jours du double scrutin législatif et présidentiel. Une partie de l’opposition est tombée dans le piège au risque de son unité. A la sortie de l’audience présidentielle, il y a eu des déclarations ambiguës, fumeuses de la part de certains... Prenez la Cpa (Coalition populaire pour l’Alternative) qui vient de présenter son programme dans lequel les leaders ont opté pour un régime parlementaire. Mais un régime politique n’est pas l’essentiel, il ne vaut que par l’engagement des hommes politiques qui le composent. J’en appelle donc au patriotisme de nos hommes politiques d’opposition qui doivent être prêts à sacrifier leurs intérêts personnels pour le bien de la collectivité.

C’est pourquoi vous avez abordé les relations nécessaires entre ethique et politique...

On ne le dit pas assez. Même si on ne fait pas de la politique avec la morale, on ne peut la faire sans morale. Si la politique est une pratique humaine, quelle est donc la pratique humaine qui ne respecterait pas l’éthique ? Autant revendiquer la société animale, et même dans cette dernière, il existe une éthique. La politique au bon sens est une activité noble. Elle dit qu’on fait des sacrifices en mobilisant des moyens et des capacités pour les citoyens d’aujourd’hui et de demain.

Etes-vous optimiste, au-delà de votre livre quant à la bonne tenue des élections de 2007 ?

Pas du tout car le pouvoir en face n’a aucune moralité. Comment peut-on faire confiance à ce type de régime qui va jusqu’à " négocier " la liberté des citoyens. S’ils ont des moyens politiques de voler les élections, ils le feront. Quant à la Cena, ce " machin ", je ne lui fais nullement confiance. Tiens, je vais vous faire une grave révélation. Selon des informations dont je dispose, il y a eu récemment une réunion secrète qui s’est tenue avec un comité restreint des partis de la mouvance présidentielle, en présence de responsables de structures officielles, pour que le jour des élections, le maximum de bulletins du candidat Wade soit distribué dans les bureaux de vote, en minorant les bulletins de ses rivaux les plus dangereux. Et même s’il y a des contestations et des blocages de bureaux de vote, le candidat Wade passerait au forceps. Ce plan de " vol des suffrages " existe bel et bien !

Le modèle sénégalais est-il donc en crise ?

En crise, il l’est bel et bien depuis l’Alternance. Ce modèle est atteint dans ses fondements. Le prochain scrutin pourrait mettre un terme à ces dérives en congédiant le régime libéral boulimique, prévaricateur, corrompu et incompétent. En fait, 2000 n’aurait eu un sens que dans la mesure où les citoyens congédient ce régime largement plus corrompu et liberticide que le régime socialiste. Ce changement que j’appelle de tous mes vœux serait un véritable nouveau départ pour notre démocratie si malmenée par Me Wade et sa clique. Ce serait salvateur.

Après ce 4e livre, voilà que vous-vous révélez prolifique, à quand le prochain ouvrage ? Et sur quoi portera-t-il ?

Ce sera un roman. Il a déjà été accepté par mon éditeur en France. Il s’agit d’un roman sur trois destins de femmes. J’y parle d’amour, de la relation et de la condition humaine. Le livre paraîtra au mois de janvier 2007 mais je plaide déjà coupable et demande l’indulgence de la corporation des romanciers de métier.



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