Jeudi 25 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Interview avec Mamadou Lamine Diallo : « On ne peut pas développer le Sénégal en mettant les femmes de côté »

Single Post
Interview avec Mamadou Lamine Diallo : « On ne peut pas développer le Sénégal en mettant les femmes de côté »

Il a eu moins de 1 % de suffrages exprimés par ses compatriotes, à l'occasion du scrutin présidentiel du 25 février dernier. Mais, ce score ne perturbe en rien Mamadou Lamine Diallo, le concepteur de « Tekki » ou l'espoir. Celui qui a été conseiller, tour à tour, des Premiers ministres Habib Thiam, Mamadou Lamine Loum, Moustapha Niasse et Mame Madior Boye, puis de Alpha Oumar Konaré, secrétaire exécutif de l'Union africaine, faisait juste son baptême du feu… Par le canal du quotidien des sans voix, L'Office, il affirme sa volonté de briguer le suffrage des Sénégalais en 2012. D'ici là, il se concentre sur les législatives à venir ; quitte à y aller en solo. M. Diallo, candidat indépendant jusque-là, pourrait mettre prochainement sur orbite son parti politique. Entretien à bâtons rompus avec un économiste, accessoirement rédacteur de l'ouvrage, « Le Sénégal, un Lion économique ».

L'Office  : Depuis la fin du scrutin, outre le point de presse postélectoral, on vous a perdu de vue. Est-ce dû à votre dixième place ?
Mamadou Lamine Diallo  : Effectivement, après le scrutin, nous nous sommes prononcé sur le déroulement du scrutin. D'abord, je me suis rendu à la Médina, Cambérène, en Casamance, Sédhiou, Marssasoum, Goudomp, Ziguinchor, Bignona, Kolda etc., pour remercier les populations, et surtout ceux qui nous ont apporté leurs suffrages.
Grosso modo, qu'est-ce que vous avez retenu de ce scrutin. Quels enseignements en avez vous tirés ?
Nous avons participé à ce scrutin, dans la mesure où, nous voulions, à travers cette élection, faire connaître nos positions sur les problèmes du Sénégal, faire connaître nos huit priorités, de l'émergence citoyenne ; surtout, faire comprendre qu'il existe une autre façon de faire la politique au Sénégal. Pour nous, l'objectif a été atteint, les Sénégalais nous ont écouté, et ont compris d'autant plus que je n'étais pas connu d'eux. Je pense que nous avons réalisé une performance appréciable.
Beaucoup de candidats estiment qu'il y a eu des fraudes massives lors du scrutin. Est-ce votre cas ?
Moi, je veux, quand j'avance une chose, en apporter les preuves. Ce dont je suis sûr, c'est qu'on n'a pas distribué les cartes d'électeurs, moi-même j'ai écrit au ministre de l'Intérieur, pendant la campagne électorale, et à la veille du scrutin, pour porter son attention sur la mauvaise distribution des cartes. C'était un point fondamental, et capital, mais malheureusement, nous n'avons pas été suivi. Je crois que c'est le point des disputes. Mais, nous n'avons pas pu apporter dans notre équipe des preuves de votes multiples ou de toute autre preuve. Raison pour laquelle, on ne s'est pas prononcé là-dessus. Ce dont nous sommes sûr, c'est que les cartes d'électeurs n'ont pas été bien distribuées. Conséquence de cette situation, des « indépendants » comme nous ont été pénalisés, puisque tous les autres avaient fait le plein de leur cartes d'électeur, exceptés nous.
Selon vous, la mauvaise distribution s'est faite de manière délibérée ?
Absolument, ils ont voulu par cette pratique bloquer les « indépendants », parce que je suis sûr que si la distribution avait été bonne, notre score serait beaucoup plus élevé. C'est délibéré et voulu ! Notre stratégie au départ était de convaincre les indécis. Mais à l'arrivée, tout a été saboté.
La page présidentielle est désormais tournée, maintenant comment comptez-vous continuer le combat. Autrement dit, est-ce que le mouvement « Tekki » sera de la partie pour les législatives ?
Oui ! (Il hésite) Le mouvement « Tekki » est installé dans le cœur des Sénégalais, tout le monde le connaît . Personne n'est contre le « Tekki », nous allons nous organiser pour aller aux législatives. Pour ce faire, nous avons engagé la campagne pour la collecte des 10 mille signatures, qui nous permettra de déposer une liste nationale.
En dehors de la liste nationale, est-ce que vous avez engagé l'autre démarche pour la liste départementale. Mieux, avez-vous commencé les contacts ; d'autres partis vous ont-ils contacté pour une éventuelle coalition en direction des législatives ?
Nous avons une manière particulière de faire la politique ; nous travaillons sur des priorités, nous n'avons pas de contacts particuliers avec les partis politiques. Nous sommes en train de travailler vers la « société de responsabilité partagée ». Une chose nouvelle au Sénégal, c'est ce que nous poursuivons.
Vous n'allez pas vers les partis. Cela veut dire que vous attendez d'être contacté ?
Nous allons vers les populations, pour leur expliquer notre démarche, comme lors de la campagne électorale. C'est cela l'enjeu.
Me Wade a laminé ses adversaires. Ce qui veut dire que le jeu des alliances est devenu une obligation pour vous. Apparemment, vous optez pour la carte solitaire. Est-ce raisonnable ?
Pour nous, l'enjeu n'est pas immédiat. Pour l'heure, il faudra faire comprendre aux Sénégalais notre démarche qu'il y a une nouvelle façon de travailler, de faire la politique, et surtout l'urgence d'une éthique politique s'impose. En plus il y a des solutions à leurs problèmes. Ce sont ces idées que nous voulons inculquer à la population sénégalaise. Donc, on n'est pas dans la logique des appareils.
Ne pensez vous pas, que l'heure des contacts est venue et qu'il faut s'y mettre ?
Ecoutez, nous sommes allés seuls à l'élection présidentielle, seul. Maintenant, si nous avons les 10 mille signatures, nous allons nous battre. Par contre, s'il y a quelqu'un qui est convaincu de notre projet, et capable de prendre en compte nos priorités et notre démarche citoyenne, nous pouvons travailler avec elle. Pour le moment, nous travaillons seul.
Pour une convergence des idées, est-ce que allez faire appel aux autres candidats « indépendants » ?
Moi, je ne vais pas faire des appels, parce que nous considérons que chacun est responsable. Nous savons ce que nous voulons, mais s'il y des candidats qui veulent nous soutenir, tant mieux…
Vous êtes prêt à aller seul ?
Il faut changer le système ! Sinon, on ne va jamais s'en sortir. Ce sont les populations qui nous intéressent. Une alliance n'est pas prioritaire pour nous !
Pour revenir à l'actualité. L'autre semaine, le président Me Wade a fait deux sorties musclées contre une partie de l'opposition. Quelle lecture en faites-vous ?
Le président (rires) est en campagne pour les législatives. Il cherche à les déstabiliser. Mais en tant que gardien de la Constitution, est-ce que cette communication s'impose ? Je pense qu'il faut modifier la Constitution sénégalaise, interdire par exemple au président de la république d'être chef de parti. C'est une simple campagne pour les législatives.
Ses pouvoirs sont-ils exorbitants ?
Oui, il a trop de pouvoirs. J'opte pour un président qui est au-dessus de la mêlée, et neutre vis-à-vis de tous les partis politiques, afin de jouer pleinement son rôle de président de tous les Sénégalais.
Est-ce que l'on peut s'attendre à ce que le mouvement « Tekki » se transforme en parti politique ?
Ce n'est pas impossible, il y a dans le mouvement beaucoup de gens qui militent pour cette option, d'autres par contre rejettent l'idée.
Un congrès ?
Il y aura après les législatives, un regroupent, une assemblée générale, ou congrès si vous voulez… Regrouper tous ceux qui avaient répondu à mon appel. Parce que c'était d'une manière brusque. Il faudra en ce moment s'organiser, restructurer le mouvement. On verra…
Est-ce à dire que Mamadou Lamine Diallo s'est lancé pour de bon dans la conquête politique ?
Mamadou Lamine Diallo sera candidat à la prochaine élection présidentielle de 2012 ! Donc, vous allez mettre sur pied un parti politique ?
Pas nécessairement, je peux toujours y aller sous la bannière d'un « indépendant », la prochaine fois.
Pour les législatives, quel slogan nouveau comptez-vous apporter ?
Psychologiquement, nous sommes prêts. Pour le slogan ou communication, nous allons nous baser sur notre expérience pour rectifier certains tirs ou erreurs. Il y a quant même un aspect local pour les législatives.
Est-ce possible que le grand économiste que vous êtes, signe son entrée dans le prochain gouvernement ?
Oh ! Ça vraiment (rires et hésitations) je ne…je ne m'y vois pas du tout. Je n'y pense pas. Nous, on est tellement concentrés sur ce que nous faisons. C'est vrai, je suis de retour au pays, en abandonnant mon poste au niveau de l'Union Africaine, mais pour le moment, nous sommes en phase d'organisation. Pour nous, le président a gagné, il a la majorité ; par conséquent, il faut le laisser travailler.
Mamadou Lamine Diallo, candidat à la mairie de Dakar. Scénario possible ?
Ce n'est pas impossible, d'autant plus que certains de mes amis le pensent. D'autres par contre me demandent de me positionner pour la mairie de Sédhiou, d'où est originaire mon père. J''hésite… Pour l'instant, je ne sais pas comment cela va s'organiser. En 2012, je serai inchallah candidat à l'élection présidentielle.
Un projet de loi visant à supprimer ou à réduire le nombre de parti, est dans le circuit… Etes-vous pour une limitation des formations politiques ?
Je pense que les partis qui ne sont pas présents à l'élection, devraient démissionner. Sauf, qu'il faudra revoir la caution... Il faut une caution raisonnable. Mieux, je ne vois pas l'intérêt de maintenir les partis qui n'ont pas une vie. C'est facile, il suffit de déposer un dossier pour récépissé, et avoir droit aux ressources publiques, à la radio, à la télévision etc. Là, il faudra revoir la démarche.
Quelle place occupe les femmes dans votre mouvement ?
Moi, je suis avec les femmes. Ce sont elles qui portent nos valeurs, nos familles, de plus en plus elles sont dans le circuit économique. Elles jouent un rôle important. C'est par les femmes que l'on va réaliser l'émergence citoyenne. Ma porte- parole était une femme
Des fleurs, ou une réalité ?
C'est une conviction. C'est évident, car on ne peut pas développer le Sénégal en mettant de côté les femmes. Elles sont plus déterminées.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email