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Politique

[ Interview ] JEAN- PAUL DIAS À PROPOS DE L'INCENDIE DE « L'ÉPAVE DE VÉHICULE» À L'INTERIEUR DU SIÈGE DU PDS

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[ Interview ] JEAN- PAUL DIAS À PROPOS DE L'INCENDIE DE « L'ÉPAVE DE VÉHICULE» À L'INTERIEUR DU SIÈGE DU PDS

«C'est un auto-attentat. La police, sous la conduite de ses chefs, fait du n'importe quoi»

Le Premier secrétaire du Bloc des centristes gaïndé (Bcg), Jean-Paul Dias, est catégorique quant à l'incendie de «l'épave de véhicule»  à l'intérieur de la permanence nationale du Parti démocratique sénégalais (Pds). À l'en croire, il ne s'agit ni plus ni moins qu'«un auto-attentat», brocardant au passage la police. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, hier, M. Dias ne manque pas de tirer à boulets rouges sur Bécaye Diop, non sans exclure le fait que Me Wade ait leurré Idrissa Seck. 

Que vous inspire la montée de la violence sur la scène politique, avec notamment l'incendie qui s'est déclaré au meeting du Ps à Thiès et celui d'un véhicule au siège du Pds ?

L'incendie de l'épave de véhicule à l'intérieur du siège du Pds, c'est un auto-attentat. La police, sous la conduite de ses chefs, fait du n'importe quoi. Notamment la Dic. J'ai toujours dit que la Dic, pour le travail qu'elle fait, n'a rien à faire ici. Ce service doit être dissous. Pour le reste, je voudrais que les uns et les autres sachent raison garder. On a connu au Sénégal des moments de violences exacerbées. C'est des choses qui arrivent dans la vie politique courante. Il y a eu des situations beaucoup plus graves. Il ne faut pas faire de la mousse avec n'importe quel petit savon. Mais, je pense qu'il faut que les uns et les autres se reprennent, et qu'on laisse chacun mener son action politique normalement. L'acte de violence aussi, c'est de passer son temps à convoquer des gens pour rien du tout. De la part de l'État, ça, c'est un acte de violence.

Quel est votre sentiment à propos des sorties jugées malheureuses du ministre de l'Intérieur, Bécaye Diop ?

J'ai été  l'un des premiers à avoir fustigé cette attitude, dans une émission de télévision, lorsqu'il a confondu la proclamation des résultats et la publication des résultats. Il a dit que : «La presse ne devait pas procéder à la proclamation des résultats». Mais, la presse ne procède pas à la proclamation des résultats. Même le ministère de l'Intérieur ne proclame pas les résultats. La presse procède à la diffusion de résultats publiés. À partir du moment où il s'est mis à confondre ça, je me suis dit qu'il n'était pas à sa place. Nous déplorons les déclarations extravagantes de Bécaye Diop qui sont indignes d'un ministre de la République. Quelqu'un a dit dans un journal que, dans un pays normal, il ne serait même pas membre d'un cabinet, même au niveau le plus bas. Il a raison. C'est quelqu'un qui n'est pas à la hauteur. Le poste de ministre de l'Intérieur doit être occupé par quelqu'un qui a de la carrure. Pour moins que ça, on a vu des gens partir. Il doit partir.  

Le dialogue politique est aujourd'hui dans l'impasse la plus totale. À qui imputez-vous cet état de fait ?

C'est la faute du pouvoir. Le fautif, c'est le président de la République. On ne peut pas comprendre qu'il ne puisse pas se rendre compte qu'il dirige un pays qui s'appelle le Sénégal. C'est un pays de dialogue. Le dialogue politique ne devrait pas être une exception, ni une faveur. Il y a longtemps qu'il devait appeler les partis politiques. D'abord, il y a des partis qui ont souhaité le rencontrer. La moindre des politesses, c'est de les recevoir. Et ça date de longtemps. Le fait de ne pas les recevoir, c'est leur manquer de considération. Chacun parmi ceux qui ont demandé à le rencontrer peut être le président de la République du Sénégal. Quant aux autres, il devrait les appeler pour échanger avec eux.  

L'opposition réunie au sein de Bennoo Siggil Senegaal réclame la mise en place d’une Commission cellulaire pour arbitrer les débats concernant la revue du Code électoral...

Nous ne partageons pas cet avis de cette façon-là. Nous avons été saisis et nous avons répondu au ministre de l'Intérieur. Le Bcg n'a jamais exigé la désignation d'un modérateur. Une partie de l'opposition ne constitue pas toute l'opposition. Donc, ladite proposition ne lie pas notre parti. À la place, nous proposons que trois personnalités mènent cette opération. L'une proposée par le pouvoir et les partis qui le soutiennent. L'autre désignée par la partie de l'opposition regroupée sous la bannière de Bennoo. La troisième par les autres formations politiques ne se reconnaissant dans aucun des deux premiers groupes. Le trio devra réunir les partis politiques intéressés à la reprise et la poursuite du débat sur le Code électoral. D'ores et déjà, les propositions du pouvoir, manifestement provocatrices, seront écartées. Par exemple, la suppression du deuxième tour de la présidentielle, la caution aux Régionales, la distribution permanente des cartes électorales, la diminution de la durée de la campagne électorale pour la présidentielle. Sauf imprévu, le pays n'étant pas à la veille d'élections, la mission peut bien se dérouler sur quelque quatre mois au maximum, temps de rédaction des éventuelles modifications ou nouveaux articles compris. Les personnes retenues, retraitées ou pas, s'engageront à n'occuper aucune fonction officielle nominative sur un délai de dix ans afin d'éviter tout calcul personnel.  

Votre retour dans le giron libéral a été maintes fois annoncé. Mais, jusqu'à  présent, rien de concret. Qu'en est-il exactement ?

(Il s'énerve) Ecoutez, je ne répondrai plus à cette question. Parce que, depuis lors, il n'y a que moi qui ai parlé. Il faut aller poser la question à Abdoulaye Wade. Parce que c'est lui qui avait lancé l'appel. Allez lui poser la question. Moi, je n'ai plus rien à dire sur cette question. Tout ce que j'avais à dire, je l'ai dit. Je ne continue pas à parler comme quelqu'un qui anime lui tout seul un débat. Non. Allez poser la question à Abdoulaye Wade. Mais, à lui. Pas à quelqu'un d'autre.  

Dans la perspective de la présidentielle de 2012, Me Wade a lancé une nouvelle coalition dénommée «Sopi pour toujours»...

Mais, ça, c'est son affaire. «Sopi pour toujours», c'est prétentieux. Ça ne nous intéresse pas. Nous ne sommes pas là-dans.  

Quid du lancement de la vente des cartes du Pdsl ?

Mais, comment on peut vendre des cartes d'un parti qui n'est pas créé ? Il faut d'abord un congrès pour dissoudre le Pds. Ensuite, il faut un autre congrès pour créer un nouveau parti. Ou alors c'est un changement de nom. Et là aussi, il faut tenir un congrès. Il faut qu'on sache ce qu'ils font. C'est après avoir tenu un congrès qu'on vend des cartes d'un parti. C'est quand même élémentaire. Le Pdsl n'existe pas. Et d'ailleurs, c'est un pléonasme de dire Pdsl. Et du point de vue marketing, ça ne porte pas.  

Et Rewmi qui s'est fondu dans le Pds ?

Je ne sais pas ce qui s'est passé dans la tête de Idrissa Seck. J'ai le sentiment que c'est une erreur. Dans une discussion politique, si vous êtes arrivés à un accord, mais l'accord s'applique. Cette affaire date de je ne sais quand. Il y a quelque part un problème.  

Est-ce à  dire que Idrissa Seck a été leurré par Me Wade ?

Ce n'est pas exclu.

Croyez-vous réellement au projet de succession monarchique prêté au président Wade ?

Bien sûr que j'y crois. J'ai été parmi les premiers à l'avoir dit. Je suis convaincu que c'est dans la tête de Abdoulaye Wade. Lorsque que Abdoulaye Wade a quelque chose dans sa tête, il ne l'abandonne pas jusqu'à ce qu'il échoue. Quand il se met en tête de débarquer quelqu'un, tôt ou tard, il le débarquera. Et quand il se met en tête de nommer quelqu'un, tôt ou tard, il le nommera. Tout dépend du peuple sénégalais. Ce n'est pas l'affaire des partis politiques. Je veux bien que les Sénégalais le comprennent. Le seul passage que peut emprunter Abdoulaye Wade pour ça, c'est le tripatouillage de la Constitution. À ce moment-là, il appartiendra au peuple de prendre position. Maintenant, si les gens le laissent faire, il le fera. Wade est têtu, il le fera.  

Quelles sont les ambitions du Bcg par rapport à la présidentielle de 2012 ?

Pour 2012, ce qui est sûr et certain, c'est que nous sommes en train de nous organiser. On va vers un placement de cartes. Dans le pire des cas, on tiendra un congrès en 2011. Nous participerons aux Législatives. Ça, c'est sûr. Pour la présidentielle, s'il y a un candidat, ça risque d'être moi-même. Et personnellement, je refuse de faire de la figuration. Donc, ce sera en fonction de ce que nous sentirons. Parce que ça ne sert à rien d'aller à une élection pour aller à une élection. Mais, ça peut avoir un sens, si c'est pour aller à la présidentielle en insistant sur un message. Donc, nous n'excluons pas ça. Le maintien du deuxième tour de l'élection présidentielle est une exigence démocratique.    

Quel commentaire faites-vous des résultats des audits initiés par l'Autorité de régulation des marchés publics ?

Je ne fais aucun commentaire particulier. Il n'y a aucune nouveauté. Parce que, depuis l'an 2000, nous sommes habitués à ce genre de situation. C'est-à-dire la mauvaise gestion. Nous baignons dans une sauce de mal-gouvernance, de détournements directs ou indirects, de la surfacturation, des marchés de gré à gré qui portent sur des milliards. Donc, ce rapport-là n'apporte rien de nouveau par rapport à ce qui a été écrit depuis l'an 2000 concernant d'autres responsables. C'est la continuité dans la dilapidation des deniers publics, dans la fraude.  

Ne pensez-vous pas que les coupables doivent être sanctionnés ?

C'est évident qu'il faut des sanctions. Si des choses aussi graves ne sont pas sanctionnées, mais on ne sanctionnera jamais rien. À partir du moment où la mal-gouvernance est révélée de façon aussi flagrante, il faut des sanctions. S'il n'y a pas des sanctions, ceux qui gèrent bien, ils auront quoi ? Il faudra sanctionner impérativement tous les coupables.



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