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Politique

Jean-Paul Dias sur les retrouvailles de la grande famille libérale

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Jean-Paul Dias sur les retrouvailles de la grande famille libérale
LE POPULAIRE - Considéré comme un des fils spirituels du président Wade, au même titre que l’ancien Premier ministre Idrissa Seck et Modou Diagne Fada, Jean-Paul Dias, Premier secrétaire du Bloc des centristes gaïndé (Bcg), est d’accord sur le principe des retrouvailles de la grande famille libérale. Même s’il dit n’avoir pas été contacté pour retourner à la « maison du père ». N’empêche, il annonce dès à présent sa candidature à la succession de Me Wade dont il dit être le Khalife. Jean-Paul Dias ne manque pas de charger son désormais ex-allié, Idrissa Seck, et règle ses comptes avec le « Front Siggil Sénégal » et la partie de l’opposition représentée à l’Hémicycle.

Après-demain, jeudi 09 août (ndlr : l’interview a été réalisée hier), ça fera un an que la Division des investigations criminelles faisait une descente musclée chez vous pour vous interpeller. Qu’est-ce que vous en avez retenu comme leçon ? Avez-vous fait votre introspection ?

Je pense que la première chose à dire, c’est que déjà, au mois d’avril, au moment du Vendredi saint, la presse aurait dû se rappeler de ce qui s’était passé. Mais, elle ne l’a pas fait. Aujourd’hui, vous évoquez cette question que je n’aurais pas évoquée, si vous ne l’aviez pas fait. Ce qui s’est passé est passé. Mais, ce n’était pas normal et ça ne doit plus se reproduire. Il s’agissait de quoi ? Il s’agissait de la part d’un procureur de me faire traîner devant la Dic pour que celle-ci fasse une enquête sur ma nationalité. En d’autres termes, un juge demande à la Dic de mener une enquête. Ce n’est pas une vérification, ce n’est pas la même chose. Mais, une enquête pour déterminer si moi, Jean-Paul Dias, je suis Sénégalais ou pas. Je dis que c’est insultant, c’est injurieux, et c’est un acte d’incompétence. Parce que, quand on connaît le Code de la nationalité, on sait qu’il est impossible de mener une action comme ça. Même quand on est aux ordres, on rétorque : « Ça, on ne peut pas le faire ». Parce que l’article premier du Code de la nationalité dit : « Est Sénégalais celui qui est né au Sénégal d’un parent sénégalais ».

Donc, le droit n’a pas été dit…

Je peux supposer qu’un juge ignore si je suis né au Sénégal. Je peux supposer qu’un juge ignore si un de mes parents ou les deux sont nés au Sénégal. Je le lui concède. Mais, aucun juge, je dis, aucun, au Sénégal, ne peut ignorer que le Monsieur que l’on appelle Jean-Paul Dias a la possession d’état sénégalais. Et c’est l’article 2 du code. Le Code sénégalais est le seul qui pose ce problème en son article 2. La plupart des codes le pose à la fin des textes. Le Code sénégalais est le seul qui dit que « tout individu qui a toujours été perçu au Sénégal par les autorités comme sénégalais est Sénégalais. Tout individu qui a été perçu par les populations comme un Sénégalais est un Sénégalais ». Ça, c’est le droit. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire donc que cette possession d’état, elle bénéficie à quelqu’un qui a été ministre, qui a été député. Ça, les autorités sont obligées de le reconnaître. Donc, un juge ne peut pas l’ignorer. Un juge qui l’ignore est un juge incompétent. Un Monsieur qui a créé un parti politique, qui a été élu par des populations, dans le cadre du suffrage universel, député, avant de devenir vice-président de l’Assemblée nationale, ce Monsieur est perçu par les populations comme un Sénégalais. C’est pourquoi, je dénonce cela. Je ne garde pas de rancune, parce que je suis chrétien. Le Christ a vécu pire que ça. Mais, je n’oublie pas que par le fait de l’incompétence, par le fait d’un comportement godillot, par le fait de la brutalité policière inutile, une quarantaine de policiers ont assiégé ma maison et m’ont porté des préjudices que je traîne jusqu’à présent au plan matériel. Ils ont bouclé le quartier depuis deux heures du matin, agressé mes voisins et coupé mes lignes téléphoniques. Ceux qui sont rentrés dans la maison étaient tous cagoulés. J’ai dit et je le répète  : le programme, ce n’était pas ça. Le programme, c’était de m’assassiner. Comme ça a été fait à Touba vis-à-vis de quelqu’un que vous connaissez. Je dis que je dénonce cela. Que personne ne parle plus de ma nationalité au Sénégal.

Que vous inspirent les retrouvailles de la grande famille libérale prônées par le président Wade ?

Ce que je peux vous dire, c’est qu’au moment où nous parlons, personne, personne ne nous a contactés. Notre compagnon Youssou Fall qui est le chargé de la communication l’a déjà indiqué. Donc, nous attendons d’être saisis. Ça, c’est la première chose. La deuxième chose, c’est que tout ce que nous apprenons, nous l’apprenons à travers la presse.

Mais, Me Wade a quand même lancé un appel public…

Ça, ce n’est pas la première fois. Vous savez, moi, je suis comme Saint-Thomas. Je ne crois que ce que je vois. Pour le moment, personne ne nous a contactés. Je ne vais pas mentir pour dire que nous n’avons pas anticipé. Nous avons anticipé. Je vous révèle que la direction du Bcg s’est réunie, il y a plusieurs semaines. Elle a analysé la situation et comme l’a dit Youssou Fall, sur le principe, le Bcg est ouvert. Maintenant, le Bcg ne va pas mentir pour dire qu’il va tout accepter sans conditions. Tous ceux qui disent qu’ils font quelque chose sans conditions sont des menteurs. Il faut arrêter de mentir aux gens. On parle en adultes. Les choses se feront forcément avec des conditionnalités. Sinon, il n’y aura rien. Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes ouverts et qu’en tout état de cause, à l’heure qu’il est, apparemment, la discussion se passe entre deux personnes ou entre deux groupes. Il y a d’autres groupes de libéraux authentiques, originels, qui sont là. Nous, on en fait partie. Et comme je l’ai déjà dit, je suis l’aîné de la famille. Personne ne l’a démenti jusqu’à présent. Personne n’a encore parlé avec l’aîné de la famille. Nous sommes ouverts. Mais, il n’est pas question d’imaginer que nous allons retourner comme quelqu’un qui retourne dans sa religion. Il y aura des négociations. Ça peut ne pas être des conditions, mais il y aura des négociations. On est prêts à discuter. Si les discussions aboutissent à des conclusions acceptables pour nous, il n’y a aucun problème. Mais, s’il n’y a pas au moins des conditionnalités acceptables, je crois que ça ne sera pas fait.

À quoi voulez-vous faire allusion en parlant de conditionnalités acceptables ?

Je ne vais pas vous dire ce que nous pourrons dire à notre interlocuteur. Parce que notre interlocuteur, c’est quand même Me Wade. Ça, il faut que ça soit clair aussi. S’il nous appelle, nous l’écouterons et nous lui répondrons. Il y aura des discussions. Mais dire qu’on vient comme quelqu’un qui retourne dans sa religion ou dans sa tarikha, ça, c’est hors de question. Il faut être clair : il n’y aura jamais de réunification de la famille libérale sans le Bcg et son leader. Quiconque fait quoi que ce soit sans le Bcg et son leader a fait autre chose. Il a fait une refondation, une restructuration, n’importe quoi, mais il n’a pas rassemblé la famille libérale. Sans le Bcg, ce n’est pas possible.

Sur quoi vous vous fondez-vous pour faire une telle affirmation ?

Nous, nous sommes pur jus. Et quelque part ça me choque et ça me blesse de voir le régime actuellement, qui est un régime Pds, limoger un ministre Pds ou un haut responsable Pds au profit de quelqu’un qui n’a souhaité que du mal à Wade et au Pds. Ça, ce sont des choses que je ne supporte pas. J’ai déjà dit une fois à Me Wade que même n’étant pas au Pds, il m’arrive de suivre de loin des situations qui touchent ce parti et d’être blessé. C’est comme le cas d’une femme que vous avez aimée, que vous n’avez pu épouser, soit pour des raisons familiales, soit pour des raisons d’appartenance religieuse, ou des raisons sociales, mais pour qui vous éprouvez toujours un sentiment. Si un jour, vous la voyez dans une situation qui n’est pas convenable, forcément ça vous fait mal. Il m’est arrivé et il m’arrive parfois d’avoir ce type de réaction. Je ne tolère pas, je ne supporte pas de voir un Pds pur jus être limogé au profit d’un opportuniste. Je dis que ça, c’est scandaleux. Les Pds authentiques, les Pds « cosaan » (originels) doivent se renforcer, se souder les coudes. S’ils ne le font pas, dans la refondation ou dans la restructuration, ils perdront leur parti. Ça, il faut qu’ils le sachent. Donc, pour le moment, nous sommes dans un état d’esprit positif.

Vous étiez alliés à Idrissa Seck. Quel est aujourd’hui l’état de vos relations ?

Ce Monsieur-là, à sa demande, plusieurs fois, quand il a été incarcéré, il nous a envoyés deux délégations en nous tendant la main. Finalement, on a saisi sa main, lui étant dans les geôles. C’est à cause de lui d’ailleurs que j’ai séjourné deux fois en prison. Il le sait. Je le lui ai dit. Et il en convient. Nous avions signé un protocole d’accord, par le biais de nos plénipotentiaires. Nous avons fait notre part de travail, il n’a pas fait sa part de travail. Aujourd’hui, tout ce que j’avais à dire sur cette question, nous l’avons dit. Nous avons décidé au Bcg de ne plus parler de ça. C’est une page qui est tournée, c’est terminé. Moi, je m’appelle Jean-Paul Dias, je suis dans ce pays un homme de parole, et je respecte ma signature, ainsi que celle de mes plénipotentiaires. Personne ne peut me prendre à défaut sur ça. Donc, quand je suis avec quelqu’un qui, lui, n’a pas cet état d’esprit, je crois que nous n’avons plus rien à faire ensemble. Il a lui-même gelé les relations. Nous avions dit que dans un délai raisonnable, si ça continuait, nous allions considérer qu’il les a rompues. Aujourd’hui, nous considérons qu’il a rompu les relations. Donc, nous n’avons plus rien à faire ensemble.

Comment entrevoyez-vous son retour au Pds ?

Ça ne nous concerne pas. Ça concerne les Pds. Ce n’est pas mon sujet, ce n’est pas mon affaire. Je profite de l’occasion pour dire que je demande à toute la presse quotidienne d’arrêter tous les matins de nous mettre à la Une les mêmes photos de trois ou quatre personnes. Ça suffit. Il y a d’autres gens ici qui s’activent, qui travaillent. De grâce, quand les choses seront terminées, qu’ils mettent leurs photos. Mais qu’on arrête de dire tous les matins, qu’un tel ou tel a fait ceci ou cela. C’est un appel amical que je lance à toute la presse quotidienne. Qu’elle arrête de nous bassiner avec les mêmes individus. Il y en a d’autres qui sont là, qui font beaucoup de choses dans tous les domaines. Je pense qu’on devrait quand même parler d’eux et arrêter de nous pomper l’air avec les mêmes personnes.

Mais, vous avez été le premier à dire que Wade et Idy étaient en train de négocier, au moment où personne n’en parlait et que le patron de Rewmi était en prison…

Lorsqu’il était en prison et que j’avais dit qu’il y avait des négociations entre Wade et lui, mais tout le monde avait cassé du sucre sur mon dos. Notamment des collaborateurs du chef de l’Etat. Ceux qui l’avaient fait, je les ai remis à leur place à cette époque. Je leur ai rabattu le caquet, parce qu’ils disaient ce qu’ils ne connaissaient pas. Mais, les faits m’ont donné raison par la suite. Aujourd’hui, c’est clair que les négociations ne datent pas d’hier ou d’avant-hier. Je vous renvoie à la sortie du chef de l’Etat, quand il a reçu la délégation du parti en question. Il a dit à l’un d’entre eux : « Il y a des choses que toi tu ignores ». Les négociations sont en cours et sont très avancées. C’est pourquoi nous, quand on nous contactera, on prendra le temps de négocier aussi. Parce que nous ne serons pas la dernière roue de la charrue. Sauf si par extraordinaire, on s’entend sur tout. De toute façon, avec nous, c’est plus facile. Il n’y a pas de contentieux de détournement ou de supposé argent qui a disparu de gauche à droite. Il n’y a pas également de contentieux en termes de danger pour le pouvoir. Je crois que pour nous ce sera plus facile. C’est peut-être même ce qui explique que jusqu’à présent, on n’a pas été contactés. C’est possible.

Ne pensez-vous pas que la lumière doit être faite sur le contentieux financier qui opposerait Me Wade à Idrissa Seck ?

Tout à fait. Mais, moi, je n’ai pas de preuves. On dit que l’argent du Sénégal a disparu. Il (ndlr : Idrissa Seck) a été accusé publiquement. Mais, parfois aussi, il a été disculpé. Il faut qu’on sache ce qu’il en est. Visiblement, ce n’est pas sûr que ce soit l’argent du Budget. C’est peut-être des sommes d’argent d’une autre nature. Le président Wade a déclaré n’avoir pas tout dit et que l’intéressé n’a pas également tout dit. Je suis d’avis qu’il vaudrait mieux que cette affaire soit éclairée.

Comment vous voyez-vous dans la bataille pour la succession de Me Wade ?

Moi, Jean-Paul Dias, je suis candidat à la succession de Abdoulaye Wade. Et je veux que Wade le sache. Je veux diriger le Sénégal.

Mais, vous risquez d’avoir en face de vous le fils du président, Karim Wade… (Il sort de ses gonds) « Topotoowuma loolu » (c’est le cadet de mes soucis). Moi, je suis candidat à la succession de Abdoulaye Wade. Je ne suis pas un tricheur. J’en ai le droit. Je suis l’aîné de la famille. « Man maay xalifa Ablaay Wad ».

Quid de l’intention prêtée à Me Wade de vouloir se faire succéder par son fils ?

Ça, ça ne me concerne pas. J’en avais parlé, il y a longtemps. Je vous renvoie ce que j’avais dit dans le journal « Le Quotidien », il y a de cela quelques années. À l’époque, personne ne parlait de ça. C’est clair qu’on ne peut pas exclure et peut-être que c’est légitime, que le président de la République souhaite assurer sa succession par son fils. Je pense que c’est légitime. Tout dépendra des Sénégalais. J’ai entendu Me Wade dire que ce sera de manière démocratique et que tout le monde aura les mêmes chances, je lui demande de me mettre parmi les candidats qui compétissent, en tant que son Khalife.

Comment appréciez-vous, de façon objective, les chances des uns et des autres dans cette bataille de succession ?

Je pense qu’aujourd’hui, tous ceux qui postulent, qui constituent à peu près un quatuor, plus ma candidature, ont tous des chances. Mais certains ont évidemment plus de chances que les autres. Parce qu’il faut compter le niveau intellectuel. Donc, ça élimine quelques-uns. Je ne pense pas que les Sénégalais vont élire n’importe qui. Il y a la fortune. Ils sont tous à des niveaux variables des milliardaires. Ils sont tous capables de mettre au minimum 1 milliard sur la table. Y en a qui ont plus ou moins du charisme. Ça compte. Y en a qui ont une base politique, d’autres pas. Y en a qui ont bénéficié d’une adhésion politique populaire, d’autres pas. Donc, les chances sont variées. Mais, je crois qu’il ne faut pas sous-estimer le peuple sénégalais. C’est lui le décideur final. Mais, si la succession s’organise à l’intérieur du Pds, je crois qu’elle ne pourra pas s’organiser sans la volonté de Abdoulaye Wade. Et c’est pourquoi je lui dis que je suis candidat.

Donc, le président Wade sera déterminant…

Il est déterminant, si la succession se fait à l’intérieur du Pds. Par exemple, s’il y a un travail constitutionnel qui se fait. S’il y a un aménagement constitutionnel qui se fait, c’est Wade qui décide. Wade a un charisme qu’il peut mettre au bénéfice de tel ou de tel. Il a des relations qu’il peut mettre au bénéfice de tel ou de tel. Et il a des moyens matériels et financiers qu’il peut mettre au service de tel ou de tel. Il a également des postes qu’il peut donner au profit de tel ou de tel. Moi, je suis candidat à sa succession sous cette forme-là. Il restera l’examen final, à savoir se présenter devant le peuple sénégalais.

Votre formation politique ne fait pas partie du « Front Siggil Sénégal ». Où est-ce qu’on peut vous situer ?

Si nous sommes centristes, c’est parce que dans nos statuts, nous considérons que dans la doctrine libérale, il y a de très bonnes choses, dont la liberté, la démocratie, le sens de l’entreprise etc. Voilà pourquoi nous sommes des libéraux. C’est notre souche. Mais, si vous prenez nos statuts, vous verrez que nous reconnaissons que dans la social-démocratie, il y a des valeurs comme la solidarité, la démocratie. Je vous rappelle que lorsque Senghor a voulu entrer à l’Internationale socialiste, on lui a imposé d’ouvrir le paysage politique. C’est ainsi qu’il a autorisé Wade à avoir un parti politique. Donc, il y a des valeurs aussi qui cadrent parfois avec des valeurs négro-africaines. Nous, nous disons que nous sommes des centristes. C’est-à-dire, nous reconnaissons des valeurs du libéralisme, mais également de la social-démocratie. Et c’est pourquoi Abdou Diouf nous désignait sous le vocable de libéraux de gauche. Ce qui fait que nous aurions pu être avec le « Front Siggil Sénégal ». Nous n’avons aucun problème pour être avec des socialistes. Mais, il se trouve qu’ils ne nous ont jamais contactés, ils ne nous ont jamais invités. Et si nous y avions été, nous aurions défendu notre thèse qui consiste à dire qu’il ne fallait pas boycotter. Nous restons convaincus que le boycott a été une erreur, est une erreur.

Pourquoi dites-vous que le boycott est une erreur ?

Parce que la vocation d’un parti politique, c’est d’aller aux élections. Si vous avez un journal et vous vous dites quotidien, vous ne paraissez pas ne serait-ce que deux jours ou trois jours, mais vous n’êtes pas un quotidien. Un parti politique qui ne va pas aux élections, c’est une Ong, c’est une association. Nous avions dit que ce qu’il fallait boycotter, c’était la présidentielle. Mais, personne ne l’a boycottée. Je voudrais vous dire que si le fichier a été remodelé, quelque part, ce n’est même pas la faute du pouvoir. Nous, dans toutes les réunions, nous avons toujours été contre la refonte totale du fichier électoral. Parce que nous savions, politiquement, ce que ça pouvait coûter. Le Pds a toujours été contre, par ses représentants qui sont aujourd’hui ministres. Le Bcg a toujours été contre. Mais Wade a accepté et ça a donné ce fichier qui n’est pas bon, avec tous les étrangers qui y sont inscrits et les doubles inscriptions. Donc, ils ont eu tort, de ce point de vue-là. On a été aux élections, certaines choses ne se sont pas passées correctement. Mais, quand même, il y a eu plus de quarante et quelque pour cent totalisés par l’opposition. Je dis que ce pourcentage-là, il fallait les conserver, les utiliser, et participer aux élections législatives. Si les deux grands blocs, Bcg-Rewmi et Ps-Ld, et le bloc de Moustapha Niasse avaient fusionné, on aurait eu plus de trente députés. Et peut-être même qu’on aurait gagné des départements. Je dis donc qu’il fallait y aller. Parce que Abdoulaye Wade, il a souvent perdu des élections, mais par la fraude que les gens exerçaient contre lui. Il lui est arrivé de se retrouver dans une Assemblée nationale où il y avait cent députés et lui il n’en avait que huit. Mais il a été quand même aux élections. Il n’a jamais boycotté une seule élection législative. Jamais. Il a boycotté des élections secondaires comme les sénatoriales et les locales, mais jamais des législatives. Donc, on n’aurait pas dû le faire, on aurait dû aller ensemble, tous regroupés.

Mais le boycott a quand même eu un impact sur le plan national et international, avec le fort taux d’abstention enregistré lors des législatives…

C’est vrai que ça a créé un malaise. Mais, concrètement, du point de vue impact, qu’est-ce que cela a produit ? Rien du tout. Le pays continue de fonctionner tant bien que mal. Donc, je ne suis pas convaincu qu’il fallait boycotter. Et lorsqu’on a voulu réagir, c’était trop tard. C’est pourquoi nous nous présentons aux élections sénatoriales pour tenter notre chance dans les départements où nous pensons pouvoir faire quelque chose.

En participant aux sénatoriales, est-ce que vous n’êtes pas seulement motivés par des intérêts purement pécuniaires ?

Je demande à la majorité des conseillers de voter pour les listes du Bcg. Parce qu’il n’est pas bon qu’il y ait un Sénat unicolore. Ce n’est pas bon pour l’image du Sénégal et pour la démocratie. Nous savons que nous n’avons pas le maximum de conseillers. Malheureusement, au moment où je vous parle, les listes sont fermées. Donc, ceux qui n’étaient pas inscrits pour voter ne peuvent plus s’inscrire. Mais, ceux qui se sont inscrits, qu’ils soient Pds ou autre, je leur demande de voter pour nous. Il faut donner la chance à l’opposition d’être au Sénat. Ceux qui disent que le Sénat ne sert à rien, que de toutes les façons c’est Wade qui va nommer des sénateurs, je vais vous dire que treize partis politiques soi-disant d’opposition se sont présentés lors des élections législatives, douze sont entrés à l’Assemblée nationale. Ça fait plus de 90%. Il n’y a aucune élection législative qui s’est passée au Sénégal où 90% des compétiteurs sont entrés à l’Assemblée nationale. Jamais. Je parle d’élections pluralistes. Je ne parle pas d’élections où il y a eu deux personnes. Tous les partis politiques prétendus d’opposition, qui sont rentrés à l’Assemblée nationale, sont là-bas par la volonté de Wade. Et nous savons comment ça fonctionne. Nous, nous ne sommes pas des débutants en politique. Ils sont tous là-bas par le bon vouloir de Wade. Donc, ils n’ont pas de leçon à nous donner. Quant à ceux qui boycottent, on leur avait demandé, dans l’ancienne Assemblée illégitime qui a été prorogée deux fois, de sortir. Ils ne sont pas sortis. Tel ou tel leader est sorti, mais il y a laissé ses hommes pour des raisons alimentaires. Alors, eux, ils ne peuvent rien nous reprocher. Ils ont gardé les voitures, alors qu’il fallait les rendre. Ils ont pris les salaires jusqu’au bout. Personne ne va donner au Bcg des leçons. Je souhaite que le Bcg rentre au Sénat. Je veux que mes hommes aient des positions officielles. Un homme politique ne compte que par les positions officielles qu’il occupe. Chef de parti, ce n’est pas une position officielle. N’importe qui peut l’être. Il faut être ministre, député, sénateur, maire ou conseiller. C’est ça. On ne peut pas être politique et dire que je ne veux rien être. Je veux que mes hommes soient situés dans des positions officielles. Après les sénatoriales, nous participerons aux locales.

Vous voulez positionner vos hommes. Mais, vous, en tant que leader du Bcg, qu’est-ce que vous espérez ?

En dehors de Cheikh Anta Diop et de Talla Sylla à qui je souhaite un prompt rétablissement, Jean-Paul Dias est l’homme politique le plus désintéressé du Sénégal. Je vous rappelle que j’ai été nommé ici ministre de la Ville, mais j’ai refusé d’assumer cette fonction. Parce qu’elle ne servait à rien du tout. Je vous mets au défi de trouver un cas similaire au Sénégal. Ça n’existe pas. On m’a consulté en 2004 pour être ministre chargé des Relations avec les Assemblées, j’ai refusé parce que ce n’est pas ma place. Souleymane Jules Diop l’avait d’ailleurs écrit. Donc, je suis un homme désintéressé. Peut-être que dans un futur très proche, dans quelques mois, je me positionnerai pour des postes électifs. Parce que c’est ma vocation. Tant que je serai en politique, j’essaierai. Évidemment, en calculant mes chances. Si je pense que je n’ai aucune chance, je ne le ferai pas.



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