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Politique

Jean-Paul DIAS sur ses négociations avec le Pds : ‘Nous avons relancé, il nous a été demandé d'attendre un peu ’

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Jean-Paul DIAS sur ses négociations avec le Pds : ‘Nous avons relancé, il nous a été demandé d'attendre un peu ’
Depuis sa dernière entrevue avec le président de la République, Jean-Paul Dias ronge son frein. Et, malgré les relances, il n’y a encore aucun signal venant du Palais de la République. De quoi lui mettre des fourmis dans les souliers. Sur cette question des retrouvailles et sur celle relative à l’actualité brûlante, le Premier secrétaire du Bloc des centristes gaïndés donne son point de vue.

Wal Fadjri : Il y a des rumeurs selon lesquelles le Bcg est sur le point de se fondre dans le Pds. Qu’en est-il exactement ?

Jean-Paul Dias : Je ne commente pas des rumeurs. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a quelques mois, nous avons été approchés parce que nous n’avons jamais caché que c’est le Sénégal qui nous intéresse, et avons par la suite indiqué que nous étions prêts à travailler au niveau de l’Etat pour faire face à certaines situations. Nous avons des capacités, le sérieux nécessaire et les idées. Nous avons attendu jusqu’à récemment, rien ne s’est passé. Et pour qu’on ne nous accuse pas de rester dans notre coin à faire le beau, nous avons relancé. Il nous a été répondu d’attendre un peu. Nous avons décidé d’attendre. Mais attendre un peu ne signifie pas attendre jusqu’à la fin des temps. Pour le moment, je ne peux rien vous dire de plus.

Wal Fadjri : Concrètement, jusqu’à quand comptez-vous attendre ?

Jean-Paul Dias : Je vous ai dit un peu.

Wal Fadjri : Question d’actualité : l’Assemblée nationale serait saisie pour traduire l’ancien ministre Farba Senghor devant la Haute cour de justice, dans l’affaire du saccage des quotidiens l’As et 24 h chrono. Quelle lecture faites-vous de l’évolution de ce dossier ?

Jean-Paul Dias : D’abord, je ne me réjouis jamais du malheur des autres. Quand quelqu’un a un souci ou un ennui, je ne m’en réjouis jamais. Cette action des nervis contre les journaux l’As et 24 h chrono est inacceptable. Et les faits sont tellement clairs que personne ne peut blanchir totalement Farba Senghor. Maintenant, la question que je me pose, c’est : est-ce la Haute cour de justice qui est compétente ? Tous les juristes sérieux reconnaissent que ce n’est pas le cas. Je pense que l’affaire aurait pu être vidée devant les mêmes instances judiciaires que celles qui ont eu à connaître de l’affaire des nervis. En tout cas, c’est ce qui me paraît normal. Je dois d’ailleurs, sur cette affaire, reconnaître que la police a fait son travail. Mais, évoquer la Haute cour de justice me pose problème. A l’heure où je vous parle, la Haute cour de justice du Sénégal n’existe pas. Il n’y a pas de Haute cour de justice au Sénégal en dehors des papiers. Dans l’ancien système, c’était les députés qui constituaient les juges de la Haute Cour. Maintenant, avec la création du Sénat, la Constitution a été modifiée et la Haute cour est composée de façon paritaire de parlementaires venant de l’Assemblée nationale et du Sénat. Et cette Haute cour est organisée à travers une loi qui date de 2002. Loi qui n’a été modifiée qu’en juillet 2008. Ce qui fait qu’au moment où je vous parle, le Sénat lui, n’a pas désigné ses représentants. A partir du moment où le Sénat n’a pas désigné ses représentants, il n’y a pas de cour. Il va falloir attendre le mois d’octobre ou de décembre pour que l’Assemblée nationale désigne ses nouveaux représentants. Et que le Sénat désigne ses représentants. La question qui s’impose, est : est-ce qu’une instance juridictionnelle peut connaître de faits qui se sont produits alors qu’elle n’existait pas encore ?

La deuxième chose c’est que si la mise en accusation a eu lieu, l’intéressé devra être présenté devant la commission d’instruction. Qu’est-ce que va faire la commission d’instruction ? D’abord, elle va prendre son temps. Ensuite, si jamais cette commission prononce le non-lieu, personne ne pourra dire en ce moment qu’il n’y a pas de justice. Puisque ce sont des magistrats, pour l’essentiel, qui la composent. Donc la traduction devant la Haute cour de justice, de l’avis de tous les juristes, n’est pas la bonne voie. Si ça se fait, c’est avec le risque que nous arrivions à une décision forcément critiquable.

‘Les faits sont tellement clairs que personne ne peut blanchir totalement Farba Senghor’.

Wal Fadjri : Les députés libéraux réclament la tête de Macky Sall. Une proposition de loi a été faite dans ce sens, pour réduire son mandat de cinq à un an. Quelle lecture en faites-vous ?

Jean-Paul Dias : J’ai dit tout à l’heure que je ne me réjouissais pas du malheur des autres. Même si je n’oublie pas le rôle mesquin et larbin que certains ont pu jouer dans une mise en œuvre de l’arbitraire qu’ils ont fait tomber sur ma famille et sur moi-même. Pour ce qui me concerne, cette affaire me laisse indifférent. Maintenant, je suis un homme d’Etat et je suis sur des principes. Sur ces principes, je considère qu’il est totalement inacceptable que l’on touche à la Constitution pour régler un problème ponctuel, conjoncturel, politicien. C’est totalement inacceptable. Je rappelle que c’est Macky Sall qui, lorsque l’Assemblée nationale avait prorogé le mandat des députés, s’est permis de dire que l’Assemblée pouvait tout faire puisqu’elle était une émanation du peuple. Un homme d’Etat ne peut pas se permettre de dire une énormité de cette façon-là. Parce que les députés ne font que ce que leur permettent la Constitution et la loi. Aujourd’hui que les députés sont en train de faire n’importe quoi contre lui, il voit bien qu’ils (les députés) ne devraient pas pouvoir faire ce qu’ils veulent. Voilà pourquoi, depuis des années, je prône le dialogue entre l’opposition et le pouvoir. Maintenant je l’étends à la presse parce que nous devons nous asseoir et retenir des principes : est-ce qu’il faut par exemple un Premier ministre au Sénégal ? Si oui, comment et qui ? est-ce qu’il faut un Sénat ? Il y a des choses qui doivent être pratiquement immuables au moins sur plusieurs dizaines d’années. Je pense qu’on ne doit pas toucher à la Constitution. Et quand on le fait pour faire partir quelqu’un, je trouve cela tout à fait excessif. Parce que si c’est pour amener le président de l’Assemblée nationale à quitter son poste, je pense qu’il est possible, là aussi, de trouver des formules, amenant l’intéressé à accepter de quitter le poste. Sans donner dans des démarches de cette nature. Je suis d’autant plus inquiet qu’au moment où le bureau de l’Assemblée nationale s’attachait à cette question, les députés américains étaient en train de se pencher sur la crise financière américaine et sur les voies et moyens d’en sortir. Quelques jours après, nous avons vu les leaders de l’Union européenne se réunir à Paris pour réfléchir sur cette crise. Pour le moment, je n’entends rien de notre Assemblée nationale sur cette crise qui sera bientôt mondiale.

Wal Fadjri : Le sixième anniversaire du naufrage du bateau le Joola est marqué par les mandats d’arrêt internationaux lancés par le juge français contre des autorités sénégalaises et la riposte du Sénégal. Comment analysez-vous cette riposte des autorités et quelle est selon vous la solution idoine ?

Jean-Paul Dias : J’ai été très secoué par les mandats d’arrêt internationaux mais je pense que c’est une façon pour le juge français de réveiller tout le monde sur une affaire dramatique. Laquelle, ne l’oublions pas, est la plus grande catastrophe maritime mondiale. Ceci dit, je suis d’avis que le juge est allé trop loin même s’il a fait cela pour secouer les gens. Il est allé loin parce que cette affaire n’est pas purement judiciaire. Et n’est pas simple non plus. C’est pourquoi je propose, tout en menant l’action à travers le pool des avocats, que le Sénégal essaie d’agir d’un point de vue diplomatique. La France et le Sénégal sont des pays frères. Nous devons pouvoir trouver des moyens d’arranger cette affaire. Et que personne ne vienne me parler de séparation des pouvoirs ou encore d’indépendance de la Justice, ni en France ni au Sénégal. Simplement parce que, récemment, nous avons vu ici, au Sénégal une affaire opposant la Société Générale à la famille Niang (Contentieux Sgbs/époux Niang, Ndlr) et malgré des décisions de justice multiples, c’est finalement au plan diplomatique, à un très haut niveau que cette affaire s’est réglée. En France, dans l’affaire Bernard Tapie, après qu’il y a eu plusieurs décisions de justice, les pouvoirs publics ont mis en place un tribunal arbitral, et ce sont finalement ces arbitres qui ont réglé l’affaire. Autre exemple, c’est le cas de la Suisse. Personne ne peut soupçonner la Suisse d’être un pays sans justice indépendante. Mais lorsqu’en Suisse, le fils du président Kadhafi a été emprisonné, suite à une plainte de ses domestiques, c’est finalement, par la diplomatie, qu’il a été libéré, que les domestiques ont retiré leurs plaintes et l’affaire a été classée. Encore une fois, le conseil que je donne dans cette affaire du Joola, c’est que la diplomatie secrète - et nous avons assez de gens capables d’agir dans ce sens, nous avons des amis en France, pour pouvoir arriver à un arrangement - se mettre en oeuvre. Dans un premier temps, pour permettre de lever les mandants d’arrêt ou au moins de les suspendre, d’arriver à une indemnisation plus ou moins acceptable pour les victimes françaises. Puis, il faudra que le gouvernement sénégalais trouve un moment dans cet intervalle-là pour amener sa justice à reprendre le dossier en main. Parce que c’est cette carence qui a amené cette réaction. Je suis étonné par l’attitude du juge français qui s’obstine dans cette affaire. Je me demande s’il ne sait pas des choses que le commun des Sénégalais ignorent ? Est-ce que les services spéciaux français ne lui ont pas donné des éléments que nous ignorons ? En tout état de cause, j’en appelle à la diplomatie parce que je ne veux pas que ce qui peut apparaître comme un fait nouveau, devienne un retour de flamme. Evitons un retour de flamme et allons à la diplomatie pour régler cette affaire.

‘Je rappelle que c’est Macky Sall qui, lorsque l’Assemblée nationale avait prorogé le mandat des députés, s’est permis de dire que l’Assemblée pouvait tout faire puisqu’elle était une émanation du peuple’

Wal Fadjri : N’est-il pas trop tard de parler de règlement diplomatique au moment où les mandats d’arrêt sont déjà lancés ?

Jean-Paul Dias : C’est possible de régler cette question, même au plan judiciaire. C’est le parquet qui confie un dossier à un juge d’instruction. Donc, le parquet et les autorités judiciaires (c’est-à-dire le ministère français de la Justice) peuvent trouver des formules pour retirer le dossier à ce juge d’instruction et le donner à un autre. Il y a par exemple la formule de l’affectation-promotion. C’est-à-dire, on affecte ce juge quelque part avec une promotion d’une façon telle qu’il ne peut pas refuser. Et comme le parquet semble conciliant, on profite de l’occasion pour régler le problème. C’est pourquoi je pense que diplomatiquement c’est faisable. Parce qu’en vérité, il n’y a pas de cloisonnement des pouvoirs, il y a une interdépendance des pouvoirs. Chaque pouvoir à besoin de l’autre. Mieux, il y a ce qu’on appelle la raison d’Etat qui, à mon avis, est d’un niveau tel qu’on doit pouvoir, si la volonté politique existe, en France comme au Sénégal, arriver à un arrangement.

Wal Fadjri : Vous parlez de la nécessité de dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Quelle appréciation faites-vous des Assises nationales initiées par le Front Siggil Sénégal ?

Jean-Paul Dias : Le Bcg et son leader n’ont jamais été associés aux assises. Personne ne nous a invités. Si les gens croient qu’ils peuvent réfléchir et trouver des solutions pour le Sénégal sans le Bcg, tant mieux. Nous n’avons pas de commentaire à faire sur ce quoi nous n’avons pas été associé. Nous respectons ce que font les gens du Front Siggil Sénégal à travers les Assises même si, j’observe qu’au bout du compte, c’est comme s’ils (les partis membres du Fss, Ndlr) avaient fui leur responsabilité pour laisser la société civile devant.



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