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Politique

Jean Pierre Bolduc, Ambassadeur du Canada au Sénégal : “ Nous avons une politique d’immigration très ouverte ”

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Jean Pierre Bolduc, Ambassadeur du Canada au Sénégal : “ Nous avons une politique d’immigration très ouverte ”

Jean Pierre Bolduc, l’ambassadeur du Canada au Sénégal était l’invité de notre rédaction. Il a abordé, entre autres sujets l’appui de son pays dans le domaine de l’éducation au Sénégal et en Afrique, les contours du prochain Sommet de l’Organisation de la Francophonie et les axes de coopération bilatérale. Jean Pierre Bolduc explique par ailleurs que sonn pays a une politique d’émigration très ouverte à tous les continents. Depuis un bon moment en effet, l’augmentation de la population au Canada est due à l’émigration.

Depuis plusieurs années, le Canada appuie l’Enseignement supérieur. Est-ce que vous êtes toujours présent au Sénégal dans ce secteur ?

Je pense que c’est important de mentionner, comme vous l’avez fait, que le Canada a beaucoup appuyé l’éducation et continue d’appuyer le secteur éducatif. Le Canada est actuellement le plus grand bailleur de fonds au niveau de l’éducation en Afrique. Nous sommes présent au niveau de l’éducation de base, de l’alphabétisation et au niveau de la formation professionnelle et technique, donc dans les volets clés du secteur éducatif.

Pour nous, l’éducation fait partie des Objectifs de millénaire pour le développement (Omd) et nous sommes très heureux de pouvoir accompagner le Sénégal dans ce secteur en y introduisant des notions comme le développement du curriculum sur la base des compétences. Ce sont des choses qui permettent au pays de se doter et d’améliorer les capacités intellectuelles de sa jeunesse. Nous sommes présents aussi dans d’autres domaines comme l’entreprenariat féminin et la micro-finance. C’est important d’appuyer ces secteurs pour trouver des solutions aux différentes crises. Ce sont les deux grands secteurs d’intervention du Canada au Sénégal. Nous intervenons également dans des sous-secteurs comme le développement, notamment chez les femmes. Nous participons aussi à l’amélioration de l’environnement et appuyons les élus locaux.

Mais quel est l’appui fait en direction de l’enseignement supérieur ?

Dans le domaine de l’Enseignement supérieur, nous sommes en train de voir au niveau des bourses offertes aux étudiants sénégalais ; comment les améliorer et développer le deuxième et le troisième cycles. Donc, il y a une étude qui pourrait se faire dans ce domaine. Pour ce qui est du troisième cycle, je dois souligner qu’il y a un programme de partenariat interuniversitaire qui est en train de se développer entre les deux pays. Mais, comme je l’ai dit tantôt, nos interventions sont plus développées au niveau de l’éducation de base, l’alphabétisation et l’enseignement professionnel technique.

Quels seront les contours du prochain Sommet de la Francophonie ?

Le sommet de la Francophonie se tiendra au Québec, du 17 au 19 octobre, pour les chefs d’Etat. Mais, cette rencontre sera précédée, les 14 et 15, d’une réunion interministérielle. Le sommet concernera le Québec et le Canada, surtout dans les provinces où il y a plus de Francophones qui vont participer aux activités de ce sommet avec les pays membres de la Francophonie comme le Sénégal.

Quel est l’état de la coopération et des relations entre le Canada et l’Afrique ?

Les relations entre le Canada et l’Afrique datent de longtemps. Nous avons des relations privilégiées avec l’Afrique. Par exemple, cinquante pour cent (50 %) des échanges bilatéraux, c’est-à-dire des fonds du Programme sont destinés à l’Afrique. Les relations entre le Canada et l’Afrique s’expliquent par le fait que le Canada entretient des liens poussés avec les Etats africains grâce à la Francophonie et au Commonwealth. Ce sont des structures qui unissent le Canada avec les pays africains.

Le Canada est le premier pays, lors d’un sommet du G8, à inviter les leaders africains à venir participer à ce sommet, en 2001. De plus, il y a une mise en place par le Canada d’un fonds spécial pour l’Afrique qui a une dimension technologique, d’aide au développement, commerciale et d’investissement. Les relations commerciales, elles, relèvent du secteur privé.

Du côté du gouvernement du Canada, on peut aider à encourager ces relations même si elles relèvent du privé. Suite à ce sommet du G8, le gouvernement du Canada avait mis en place un fonds d’investissement, dont une partie provenait du gouvernement canadien et une autre partie du fonds privé, qui permettait de faire des investissements dans le continent africain. Plusieurs pays africains dont le Sénégal ont pu bénéficier de ce fonds. Tous ces investissements entrent dans le cadre du renforcement des relations entre le Canada et les pays africains.

Ainsi, en termes des relations et de potentiels commerciaux, je dirai que nous avons beaucoup à développer de ce côté, mais il y a déjà le développement qui se fait. Et quand on regarde les chiffres, on a été assez surpris de constater que l’Afrique subsaharienne absorbe des montants en termes d’investissements canadiens vers le continent aussi important que ce que l’on trouve en Chine. Donc, les investissements en termes commerciaux sont au même niveau.

Mais, les investissements commerciaux sont plus développés dans les pays comme l’Inde, la Russie. Seulement, il est important de retenir qu’il y a un certain nombre de firmes canadiennes qui connaissent bien le continent africain, et on peut se baser sur ces atouts pour améliorer les relations commerciales.

Qu’est-ce que le Canada exporte au Sénégal et qu’est-ce que le Sénégal exporte au Canada ?

Nous n’exportons actuellement au Sénégal que des produits agroalimentaires. Nous aidons aussi le Sénégal à développer la production horticole pour une exportation. Il y a également la contribution du Canada dans le développement technologique pour favoriser l’exploitation minière et pétrolière qui varie d’année en année. Nous appuyons aussi le Sénégal dans les autres domaines, parce que nous n’avons pas une seule cible.

Le changement climatique est aujourd’hui une préoccupation pour toute la planète. Quelle forme de partenariat votre pays développe-t-il avec le Sénégal dans ce domaine ?

Le changement climatique, vous l’avez dit, est une préoccupation majeure pour toute l’humanité. Le Canada, dans ce côté, veut regarder le changement climatique sur le moyen et long termes. Il y a des enjeux importants auxquels nous sommes confrontés de ce côté et le Sénégal aussi.

Je sais que les enjeux du changement climatique et de l’environnement seront au centre du débat du prochain sommet de la Francophonie prévu au Québec. Ces enjeux, on en parle ici, avec les autorités sénégalaises, justement pour voir quel pourrait être les harmonisations non seulement entre le Canada et le Sénégal, mais au niveau de tous les pays de la Francophonie en général. Cette question sera discutée. Je dois rappeler que le Canada est un pays entouré de trois océans avec énormément de forêts, de lacs. Le climat est souvent sujet de discussion dans notre pays, parce qu’il varie beaucoup. Le Changement climatique va être certainement discuté au sommet de la Francophonie.

Au Canada les gens ne connaissent pas les problèmes de délestages et vous fournissez de l’électricité aux Etats-Unis. Dans ce domaine, ne pourriez-vous pas aider le Sénégal à développer de nouvelles méthodes pour créer de petites unités de productions pour assurer son indépendance énergétique ?

Le Canada est un gros producteur d’électricité par le biais des barrages hydroélectriques. Nous avons aussi quelques centrales thermiques, mais c’est surtout par le biais de l’hydroélectricité que nous assurons notre autosuffisance énergétique et même faire des exportations.

Au Canada, il y a aussi, un travail qui se fait vers les sources alternatives et les parcs éoliens se développent de plus en plus. Du côté du Sénégal, en particulier, et de l’Afrique en général, l’expertise canadienne est mise au profit de ces pays pour une mise en œuvre de grands ouvrages.

Par exemple, le Canada s’est beaucoup impliqué dans les barrages de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs) et observe avec attention ce qui se fait dans ces pays. Donc, nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt, la production énergétique dans les pays africains.

L’élément que vous avez mentionné est intéressant parce qu’il y a beaucoup de microcentrales au Canada. Cela s’explique par le fait que, le Canada étant un gros producteur de l’énergie, il devient pour le pays très difficile de construire des lignes hydroélectriques à hautes tentions pour alimenter tout le pays. En plus, il y a eu une très forte technologie au niveau de ces microcentrales, des petits barrages entre autres. Nous mettons cette expertise à la disposition de plusieurs pays et de ceux qui font appel à nous dans ce domaine. Il y a également le fait que de grandes firmes canadiennes interviennent dans des pays africains, notamment au Sénégal pour le transport de l’énergie.

Où en êtes-vous avec la question québécoise par rapport à l’autonomie ?

Cette question anime les débats depuis longtemps et, certainement, ce n’est pas encore terminé dans la mesure où il y a de grandes nations à travers leurs langues qui y existent. Maintenant, il y a une vie politique au Canada qui permet à tout le monde de s’exprimer dans un contexte démocratique. Vous comprenez que je ne veux pas entrer dans le jeu politique. Mais, retenez seulement qu’il y a des faits parmi lesquels la mise en place d’un gouvernement au Québec, qui est un gouvernement de tendance libérale et fédérale qui avait précédé un gouvernement souverain, indépendantiste dont le parti est toujours représenté à l’Assemblée nationale. Il est aussi présent au sein du parlement fédéral et cela fait partie de la démocratie canadienne.

Quel regard portez-vous sur les prochaines élections aux Etats-Unis ?

Le Canada est un grand ami des Etats-Unis. Les deux pays entretiennent de bonnes relations et cela dans divers domaines. Nous allons continuer la même collaboration avec les futures autorités que le peuple américain choisira aux prochaines élections présidentielles.

Les Noirs occupent aujourd’hui une place importante aux Etats-Unis. Est-ce qu’au Canada, il y a une percée des Noirs et dans quel domaine ?

Par rapport à cette question, il y a deux choses que je vais mentionner, l’une est très récente et l’autre très vieille.

La première s’est déroulée à la fin de l’esclavage américain où on avait noté une forte émigration de Noirs américains vers le Canada qui était considéré comme une terre d’accueil parce qu’il n’y avait pas d’esclavage au Canada. Donc l’émigration vers le Canada remonte à une époque très lointaine.

L’autre exemple est très récent. Présentement, la nouvelle gouverneur générale ou chef d’Etat d’une fédération est d’origine haïtienne. Donc au plus haut niveau du pays, on retrouve des Noirs. Ils sont présents dans le Parlement canadien et québécois. Il y a de plus en plus de Noirs dans la Fonction publique, parce que le gouvernement du Canada a mis en place, depuis plusieurs années, une politique de représentativité au niveau de la Fonction publique en faisant en sorte que la minorité visible soit bien représentée. En dehors de cela, il y a un bon nombre de Noirs africains au Canada, notamment Sénégalais qui sont dans plusieurs secteurs, en particulier dans la médecine et dans les autres secteurs clés du Canada. Cela s’explique par le fait que quand les gens viennent au Canada, ils y vont avec la volonté de contribuer au développement du pays.

Qu’en est-il des relations avec les autres minorités, notamment les Amérindiens ?

Il y a eu beaucoup d’avancées qui ont été faites pour améliorer ces relations, notamment avec l’ancien ministre des Affaires indiennes qui, à l’époque, avait mis l’accent sur la place des Amérindiens, mais aussi sur la négociation d’un traité et sur le fait de pouvoir s’entendre sur certaines choses comme la reconnaissance de la nationalité amérindienne reconnue aujourd’hui. Mieux, il y a un statut particulier pour les Amérindiens, ceci pour s’assurer que tout le monde au Canada peut avoir les mêmes opportunités quelles que soient ses origines.

Ces dernières années, on parle beaucoup d’émigration choisie. Quelle est la position du Canada sur cette question par rapport à l’Afrique ?

Le Canada a une politique d’immigration très ouverte à tous les continents du fait que le Canada est un pays d’émigration. Depuis un bon moment, l’augmentation de la population au Canada est due à l’émigration. Une émigration très vaste, parce qu’elle inclut les migrants qui viennent de l’Afrique, de l’Europe en générale centrale, de l’Asie. Cette immigration a une valeur très importante chez nous et que nous continuons de la développer en raison de la réalité du pays. Cette réalité fait qu’on accueille de plus en plus d’émigrants venant de toutes les parties du monde. Nous avons eu des émigrants venant du Viêtnam.

Nous avons développé des programmes de coopération avec ces différents pays en provenance de l’Afrique, du Maghreb, de l’Asie et de l’Europe, en dehors des voyages pour une visite ou pour des études. Ces gens ne sont pas des migrants. L’émigration concerne des gens qui viennent travailler ou investir dans les domaines où il y a des besoins particuliers.

A côté, il y a aussi l’immigration de réunification familiale consistant à aider les familles à se rassembler. Cette immigration existe depuis de longues dates et fonctionne très bien au Canada, parce que les familles n’éprouvent pas de difficultés pour s’intégrer. Les gens, dès qu’ils arrivent, peuvent trouver du travail, donc ne chôment pas.

Le Canada est aussi une terre d’accueil pour les réfugiés et nous continuons d’accueillir des centaines de milliers de réfugiés chaque année.

Est-ce que vous avez participé aux assises nationales ou dites de l’opposition ?

Nous n’avons pas participé aux assises de l’opposition. Mais, si vous me demandez, est-ce que le Canada était représenté à la cérémonie d’ouverture ? La réponse est oui. Nous étions représentés parce que nous étions invités.

Quelle lecture faite-vous du contexte politique sénégalais ?

Le contexte politique au Sénégal actuellement n’est pas bon. Mais, je préfère parler des questions de la bonne gouvernance, de la démocratie. Sur les questions politiques, je préfère ne rien dire parce que ne voulant pas faire des déclarations publiques sur cette question, parce que je ne dois pas entrer dans ce jeu politique. Le climat n’est pas favorable pour un diplomate, car nous avons nos responsabilités et un devoir de réserve, de suivre la situation et de rapporter à nos autorités ce qui se passe. C’est cela notre rôle de diplomate, et c’est ce que nous faisons.

Mamadou GUEYE et Eugène KALY avec la Rédaction



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