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Politique

Karim Wade Ou la Stratégie de la Conquête du Pouvoir

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Karim Wade Ou la Stratégie de la Conquête du Pouvoir
L’imbroglio politico-médiatique autour de la bataille de succession qui fait rage au sommet de l’Etat sénégalais, a inspiré notre correspondant en Amérique du Nord, Dame Babou, cet exercice de politique-fiction.
En réalité, notre correspondant, très attentif au débat qui agite le landernau politique au Sénégal, comme au sein de la diaspora, restitue, ici à grand trait, les termes d’un certain débat très animé, mais pour l’instant, souterrain.
Au plus fort de la crise entre le président Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre Idrissa Seck, un commentateur du journal Sud Quotidien prédisait que cette crise conduirait à la « défenestration » du fils putatif pour ouvrir la voie au fils biologique Karim Wade.
L’expérience a fini de nous montrer que les fils putatifs comme les « numéros deux » ont toujours des remplaçants automatiques, pour ne pas dire naturels. Cela rend presque impossible de garder une place aussi précieuse en entendant que son « destinateur naturel » soit prêt pour l’occuper.
Les duos Maître Wade et ses numéros 2 ont toujours été heurtés. Avant même que la question de sa succession ne soit posée. De feu Fara Ndiaye, en passant par feu Boucar Sall, Ousmane Ngom, jusqu’aux autres personnalités de second rang telles que Marcel Basséne, Serigne Diop, Jean Paul Dias etc.
Son statut d’opposant d’alors poussait souvent l’opinion à des raccourcis bienveillants, estimant dans la plupart des cas que ces « collaborateurs » quittaient ce leader charismatique pour des raisons d’intérêts personnels, s’ils ne sont pas simplement accusés de « traître » On s’est rarement demandé si ce n’était pas Abdoulaye Wade qui était incapable de s’accommoder de fortes personnalités autour de lui.
Durant toute la période des années de braise et même durant les premières années de l’exercice du pouvoir, Abdoulaye Wade a su, avec plus ou moins de bonheur, contrôler son parti. Mais le calendrier politique comme le calendrier biologique, a sa logique implacable. Maintenant que la question de sa succession est devenue incontournable, voire urgente, le Président de la République doit léguer son plus précieux héritage, son parti, le Pds, à celui qui le managerait le mieux.
Et cet héritage revient en premier lieu à son fils biologique malgré les dénégations persistantes de l’entourage de Karim Wade. Parlez à cet entourage et il vous dira la main sur le cœur que le fils Wade ne sent pas du tout l’appel à la compétition pour la magistrature suprême.
Pour assurer cette mainmise, la première urgence est de se débarrasser des héritiers politiques les plus susceptibles de contester cette probable transmission du pouvoir à l’héritier naturel.
Un de premiers militants les plus en vue au Pds disait un jour avec ironie, que le parti pouvait changer de nom pour s’appeler RTS. Ce qui signifierait les Revenants, les Transhumants et les Survivants. C’est parmi ces survivants que l’on trouve aujourd’hui ceux qui menacent sérieusement une transition en douceur de l’héritage en question.
Ce groupe est composé de deux catégories : Les cadres de la première génération et ceux de la deuxième génération. Dans la première, on trouvait depuis l’élection de Wade, Idrissa Seck, Aminata Tall, Modou Diagne Fada, Lamine Ba, Pape Diop, Ousmane Masseck Ndiaye, Habib Sy et dans une moindre mesure, les Moussa Sy, Mbaye Ndiaye etc. C’est dans ce groupe que se trouvent ceux qui sont très peu susceptibles d’accepter un leadership de Karim Wade demain.
Le scénario qui semble être mis en œuvre est celui d’élagage graduel. Idrissa Seck étant le premier à se rendre compte de cette stratégie s’y est opposé presque immédiatement après l’élection du 19 mars 2000. Mais lui comme Modou Diagne Fada et certains autres avaient surestimé leur influence sur Maître Wade et surtout la volonté du grand chef de faire le vide autour de lui.
Idrissa Seck est parti, Fada, contrairement à ce qu’il pense, a très peu de chances d’être récupéré. Aminata Tall est temporairement sauvée de justesse par la rébellion de dernière minute orchestrée par Fada. Wade sachant qu’il y avait trop de feux à éteindre en même temps, a préféré différer la défenestration de Aminata Tall. Son cas étant certainement le plus facile à régler. Puisqu’elle est considérée comme une boule de nerfs, il suffirait, pensent-ils, de chercher à l’humilier pour qu’elle claque la porte.
Pape Diop continue de poser un sérieux problème du fait de son enracinement à Dakar, bassin électoral le plus fertile du pays. Même si le camp présidentiel se pose des questions sur sa loyauté, il pour le moment forcé de composer avec lui. A cela s’ajoutent les relations d’affaires qui le lient à la famille Wade. Le maire de Dakar devrait tout de même se préparer à perdre son poste de président de l’Assemblée nationale si ce qui transparaît comme la stratégie d’élagage est mené à bien. Nous y reviendrons plus tard.
Lamine Bâ, en plus de son affection à Wade, a fait l’objet d’une fragilisation continue depuis sa liquidation de la mairie des Parcelles assainies. Il représente très peu de menaces pour l’autorité de celui qui héritera du poste de « parton des « libéraux-travaillistes ». Habib Sy, Ousmane Masseck Ndiaye et autres, même s’ils sont surveillés comme du lait sur le feu, n’ont pas encore manifesté des signes évidents de rébellion.
Nous parlions plus haut des deux groupes survivants. Après l’analyse de la catégorie des Pds de lait, voyons comment comprendre la position des Pds de deuxième génération. Cette catégorie est peuplée de cadres qui ont fait leur apprentissage politique dans d’autres familles. Ces responsables « rebelles »ont en commun deux handicaps : ils sont très peu populaires auprès de la famille du président Wade et n’ont jamais été acceptés comme légitimes dans leur parti.
Les plus en vue dans cette catégorie sont Abdou Fall ancien Rnd, Cheikh Tidiane Touré ancien militant du Rnd lui aussi, et Macky Sall précédemment cadre de And Jëf et leurs semblables. A la lumière des dernières investitures et des querelles de positionnement, on se rend compte qu’ils sont vraiment des espèces menacées de disparition. Dans les coulisses du palais, on fait de plus en plus état des signaux de fragilisation du Premier ministre Macky Sall. Ces signaux se manifestent parfois sous des formes de « yobanté » (messages codés) du genre inviter quelqu’un susceptible de transmettre le message en lui demandant « que pensez-vous de mon premier ministre ; ne pensez-vous pas que je devrais le changer. Que pensez-vous d’untel pour le remplacer ? ». Ou plus directement, un changement de direction qui mettrait Ousmane Ngom en selle et envoyer Macky au rang de membre simple.
Abdou Fall, selon toutes les informations reçues à la veille de la composition des listes électorale l’a échappé belle. Lui aussi devrait se féliciter de la rébellion de Modou Diagne Fada. En homme politique très averti, il a senti la position délicate du Président pour s’imposer à Thiès. Et même là, ce qui apparaît comme une victoire de l’ancien cadre syndical du RND de Cheikh Anta Diop, peut constituer un couteau à double tranchant. Une défaite du Pds à Thiès n’est pas dans le domaine de l’impossible. Et étant la tête de liste dans le département où il fera face à Idrissa Seck, une défaite lui enlèverait toute légitimité pour contester le leadership qu’Abdoulaye Wade voudrait imposer au Pds.
Certains se demanderaient où se situent les Abdoulaye Faye, Farba Senghor, Pape Samba Mbpoup et autres Souleymane Ndéné Ndiaye dans ces positionnements. Leur rôle sera défini dans la stratégie de gestion de la période de pré-intronisation de l’héritier naturel.
Il y aura aussi à définir des rôles possibles de personnalités moins politiquement marquées au sens partisan du terme, tels Cheikh Tidiane Gadio, Abdoulaye Baldé et autres.
Mais imaginons d’abord quelle sera la démarche à mener par Wade pour préparer cette période pré-intronisation. Des sources proches du palais de la République prévoient déjà la manoeuvre : une fois que le combat politique pour assurer le découplage des élections présidentielles et législatives gagné face à l’opposition, le Président aura déjà vaincu l’ennemi le plus dangereux pour sa réélection : son propre parti qui risquait d’imploser avant le scrutin. Une fois cette victoire réalisée, Wade va procéder à un autre couplage : celui des élections législatives et locales. Selon ces mêmes sources, le Président va, dans les jours à venir, dissoudre l’Assemblée nationale et gouverner par ordonnance durant la période transitoire.
Le chef du Pds est convaincu qu’avec l’argent et les postes, il peut obtenir tout ce qu’il veut. Fidèle à cette conviction, il a déjà fait croire à tous les prétendants aux sinécures qu’avec le Sénat, les postes de députés, les mairies, les présidences de conseils régionaux, départementaux et communautés rurales, il y’aura de la place pour le monde. Ce n’est pas pour rien que Wade annonce déjà la revalorisation des postes de président de conseil et de communauté rurale.
Selon ce schéma, Wade aura éliminé toute la menace que représentait le vote sanction des responsables de son parti. Une fois élu, il aura les mains libres pour achever la liquidation des restes des « Pds de lait et des Pds de deuxième génération. Une fois faite, cette liquidation va ouvrir la voie à la période pré-intronisation.
Elle pourrait se traduire par le schéma suivant : Farba Senghor est nommé Premier ministre, Abdoulaye Faye est au perchoir de l’Assemblée nationale, et Karim Wade directeur exécutif du Pds et successeur virtuel de son père.
Les historiquement légitimes sont effacés, les transhumants sont malvenus pour réclamer quoi que ce soit, les « intelligents » comme Djibo Ka, Abdou Rahim Agne et Landing Savane qui comptaient sur une prise en otage du président par son parti pour lui « venir en aide » et ravire le jackpot auront été contournes.
Certains disent que des personnalités très loyales à Wade comme Cheikh Tidiane Gadio, Ousmane Ngom ou Cheikh Tidiane Sy feraient mieux l’affaire que Farba Senghor à la primature. Mais ce que cette analyse rate entièrement est qu’aucune des ces personnalités citées ne donne des garantie que la loyauté vis-à-vis de Wade père sera transférée à Wade fils ; surtout s’il y avait une transition forcée en l’absence du père.
Tous ceux qui trouvent ce schéma trop tiré par les cheveux, voire impossible, ne donnent que deux arguments : Wade ne peut nommer Farba Senghor Premier ministre et Karim Wade ne peut devenir Président de la République. Ces deux arguments sont défendus aussi bien par des analystes politiques indépendants que ceux qui sont les plus proches de Karim Wade. Ces derniers le font-ils pour maintenir leur camouflage ou croient-ils réellement ? Difficile à dire.
Ceux qui défendent la non « Premier ministrabilité » de Farba Senghor oublient que le jour où ce dernier a été aperçu à la Primature pour la constitution d’un nouveau gouvernement, toute la presse se demandait ce que « l’élément hors du commun » était venu y faire. « The next thing we knew (avant qu’on ne s’en rende compte) Farba Senghor est nommé ministre délégué. Il a vite gravi les échelons pour occuper le poste ministériel le plus stratégique dans le gouvernent, celui du ministre de l’Agriculture dans pays agricole comme le Sénégal.
Quant à l’argument qui veut que le Sénégalais n’acceptent pas Karim Wade comme président, c’est une erreur commise depuis Lamine Gueye qui pensait que Senghor ne pourrait pas être élu parce que qu’il ne serait jamais accepté par les citoyens des quatre communes. Abdoulaye Wade disait un jour au Cinéma El Mensour à Grand Dakar que Senghor lui-même sait que lui Wade, qui est à deux doigts pouvoir, pas plus que le peuple sénégalais, ne le laisseraient passer ce pouvoir à Abdou Diouf qui n’a aucune légitimé. Il aura fallut 20 ans à Wade pour prouver la véracité cette déclaration.
Le même Abdoulaye Wade a failli commettre ce même type d’erreur encore une fois en se disant (et en disant) que Idrissa Seck ne pourra jamais se présenter contre lui, n’ayant rien à dire aux Sénégalais pour justifier sa candidature.
Iba Der Thiam, Aida Diongue, Aida Mbodj, Djibo Kâ, Abdourahim Agne etc. avaient juré sur la tête de ce qu’ils ont de plus cher que les Sénégalais n’éliraient jamais Abdoulaye Wade à la présidence de la République.

Dame Babou
Correspondant


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