L’armée attaque depuis trois jours les positions rebelles : Wade décidé à en finir avec Salif Sadio

La rébellion casamançaise, vieille de plus de vingt-quatre ans, va connaître les tout prochains jours un tournant décisif. Après avoir tacitement cautionné les tirs de l’Armée bissau-guinéenne et les attaques de Ismaïla Magne Diémé, l’Armée sénégalaise a décidé de prendre le taureau par les cornes et d’en finir avec les rebelles. À cet effet, beaucoup de troupes ont été convoyées dans la région sud et les militaires encouragés par le quintuplement de leurs primes journalières d’opération.

« Le rebelle Salif Sadio peut se rendre parce qu’avec le dispositif et les moyens dont nous disposons, il ne pourra pas cette fois-ci nous échapper ». Cette conviction de militaires « au front » que nous avons contactés, montrent le degré de détermination des hommes du général Abdoulaye Fall, décidés de mettre définitivement un terme à la crise qui sévit en Casamance depuis 1982. Selon des informations sûres, depuis la deuxième quinzaine du mois de juillet, de nombreux militaires ont été convoyés dans la zone sud pour ce qu’ils appellent « l’assaut final ». Des éléments du 2è bataillon, ceux du 24e bataillon de reconnaissance et d’appui (Bra), des parachutistes, des blindés, etc., sont allés appuyer les militaires du 5e bataillon. Deux canons 155 millimètres de l’artillerie ont été acheminés dans la région sud pour mettre fin à la « terreur de Salif Sadio et de ses hommes ». Le chef d’Etat-major général de l’armée de terre (Cemat), le général Balla Keïta s’est rendu à Ziguinchor et à Bignona pour « remobiliser les troupes ». Même si le colonel Antoine Wardini minimise en parlant d’une visite normale, « la première de Balla Keïta depuis sa nomination dans la région sud », nos sources dans l’armée affirment que Balla Keïta s’y est rendu pour tenir un discours musclé à ses hommes et les rassurer. D’ailleurs, nos sources indiquent que depuis environ deux semaines, le bataillon de transmission (Bat trans) est déployé dans tout le Bignona pour « gérer tout ce qui est lié à la communication entre les différentes bases ». Aussi, pour montrer que l’armée est prête à aller jusqu’au bout, des ambulances ont été « ventilées » dans toutes les zones pour éventuellement évacuer les blessés et leur donner les premiers soins. Les populations de Ziguinchor entendent d’ailleurs très souvent le « rallye guerrier » survoler la ville depuis quelques jours.

La prime journalière multipliée par cinq

Comme indiqué plus haut, l’Armée veut faire de cette attaque « l’assaut final ». Pour cela, la hiérarchie a pensé « motiver » davantage les soldats. À cet effet, la prime journalière est passée de 350 francs Cfa à 1 500 francs. Les militaires, gendarmes et autres qui ne percevaient que 10 500 francs par mois, palpent désormais 45 000 francs. Une augmentation certes significative, mais qui n’en est pas réellement une. En effet, au plus fort des « affrontements » (les militaires ayant horreur d’entendre parler de guerre), la prime était de 45 000 francs. Elle avait été diminuée suite à un semblant de paix décrété de part et d’autre. Antoine Wardini interrogé, indique n’avoir pas encore vu de papier qui autorise cette augmentation, mais affirme que ce serait un décret pris par les autorités pour mettre dans de bonnes conditions de vie et d’existence les militaires, tel que prôné par le général Abdoulaye Fall à sa prise de fonction. Nos sources annoncent qu’il y a même une prime spéciale proposée aux militaires qui seront au front, quand Salif Sadio sera « totalement mis hors d’état de nuire ». Un langage diplomatique qui signifie « mort ou vif ».

D’ailleurs, les affrontements sont tellement rudes que les populations commencent à fuire les zones de combat. Aux dernières nouvelles, Salif Sadio aurait complètement disparu.