DAKAR (AFP) - Des blessés couchés sur le trottoir, des voitures saccagées, des jeunes surexcités armés de barres de fer et de gourdins. La campagne électorale en vue de l'élection présidentielle du 25 février au Sénégal a connu mercredi soir ses heures les plus violentes.
Au moins dix personnes ont été blessées, selon une source médicale qui a requis l'anonymat, lors d'échauffourées entre des fidèles d'un chef religieux soutenant le président sortant Abdoulaye Wade et des partisans de son ancien Premier ministre Idrissa Seck.
Après avoir traversé plusieurs quartiers de la capitale, le cortège d'Idrissa Seck, considéré comme un ancien dauphin du chef de l'Etat avant de tomber en disgrâce, arrive au quartier Mermoz de Dakar. Soudain, jets de pierre, confusion, panique. "Il faut faire demi-tour", lance l'occupant d'une voiture du cortège. Le conducteur manoeuvre avec hâte devant l'arrivée d'un groupe d'hommes surexcités. Les gardes du corps protègent le candidat.
Vêtus de boubous amples aux longues manches et portant l'effigie de Cheikh Béthio Thioune, un chef de l'influente confrérie mouride qui soutient le président Wade, les jeunes armés de pierres, de barres de fer et de gourdins s'en prennent aux partisans d'"Idy", surnom d'Idrissa Seck.
Mais les "talibés", ou disciples, du chef mouride, qui habite à proximité, donnent une toute autre version. "Les talibés de Cheikh Béthio Thioune, massés devant le domicile du cheikh, ont été victimes d'une agression planifiée et ourdie par les nervis de IS (Idrissa Seck)", écrivent-ils jeudi dans un communiqué, accusant "des hommes armés de machettes, de coupe-coupe et de bombes lacrymogènes" d'avoir attaqué "des enfants" et d'avoir fait plusieurs blessés.
Sur le trottoir, des sapeurs-pompiers donnent les premiers soins à des blessés touchés au dos, au bras et à d'autres parties du corps. Certains d'entre eux se tordent de douleur. Des femmes pleurent, des hommes crient à la vengeance. Des posters déchirés de l'ex-Premier ministre jonchent le sol. Il y a également des bris de voitures dont les pièces sont démontées par des talibés qui ont "pourchassé des militants d'Idrissa Seck jusqu'à l'intérieur du restaurant" situé à côté, "en blessant deux" d'entre eux, témoigne un voisin.
Dans le restaurant, des traces de sang de partisans de M. Seck, selon un témoin, sont visibles sur le plancher et sur des miches de pain, près d'une porte défoncée. "Ils (les talibés de Béthio Thioune) pensaient que des personnes s'étaient réfugiées dans la plonge (cuisine), alors, ils ont défoncé la porte. Les clients étaient apeurés, c'était horrible", raconte un autre témoin.
"Allons attaquer le siège d'Idy (Idrissa Seck). Ce n'est pas loin d'ici. Ses militants ont blessé nos talibés", a lancé alors un jeune avec rage. Mais progressivement, le calme est revenu dans le quartier. La police et la gendarmerie se sont déployées.
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