LA CHRONIQUE DE DAME BABOU : Malgré la « perte » du pouvoir, Wade a encore le choix.

Pour gérer la situation difficile issue des élections de dimanche dernier, Abdoulaye Wade doit d’abord admettre qu’il a perdu le pouvoir politiquement et sociologiquement. Par pur calcul politicien, il a cru pouvoir déstabiliser aussi bien les responsables de son parti que ses alliés pour les pousser à l’affolement, et les « sauver » ensuite. Ce faisant il a mis sa propre crédibilité en jeu. Ce qui lui a été fatal.

Puis, en laissant Karim Wade essayer de s’affranchir de sa tutelle et imposer ses propres hommes, le président prouve à son fils, la démesure de ses prétentions et par la même occasion, il lui signifie, qu’il n’est pas prêt lui-même à aller à la retraite.

Par ailleurs, en ne s’impliquant pas dans la confection des listes des candidats de la coalition Sopi 2009, Abdoulaye Wade a voulu démontrer que sans lui, aucun autre leader de son parti n’est capable de créer le consensus autour de sa personne. C’est en tout cas ce qui est ressorti de son discours de clôture de campagne, quand il explique que les porteurs de brassards rouges ne manifestaient ni contre sa personne, ni contre sa politique, mais qu’ils exprimaient leur mécontentement aux responsables de sa coalition qui ont traficoté les listes.

Refusant d’admettre le palissement de son étoile et se croyant toujours populaire, tous les problèmes rencontrés par son camp ne relèvent donc que des erreurs et de l’incompétence de son entourage.

Mais à l’arrivée, c’est Abdoulaye Wade lui-même qui a subi une défaite cuisante. S’il admet et reconnaît que son implication personnelle l’a perdu, il ne lui restera plus qu’à gérer sa présence légale à la tête du pays.

Au lendemain de l’élection présidentielle de 2000 et face à ses engagements à mettre en place un régime parlementaire, le chef de l’Etat déclarait qu’il ne serait jamais un président qui inaugure des chrysanthèmes. Mais force est de constater que s’il tient à aller au bout de son mandat, il sera obligé de régner et laisser les vainqueurs des locales du 22 mars, gouverner.

Face à la défaite, Abdoulaye Wade se trouve en face d’un dilemme. Soit, il demande à l’opposition de nommer un premier ministre qui formerait un gouvernement en lui laissant les ministères de souveraineté, soit Maître Wade choisit un Premier ministre qui ferait autour de lui l’objet d’un parfait consensus entre son camp, la classe politique et la société civile.

La nomination de ce Premier ministre, ne devrait en tous les cas laisser au sein de l’opinion, l’impression, d’une quelconque relance de la Génération du Concret de Karim Wade.

Le Président de la République, devrait même dans ce cadre-là, signifier clairement que son fils Karim est définitivement écarté de la succession et des sphères de direction. L’Anoci serait aussi auditée et dissoute dans la foulée et le leader de la GC retournerait à ses occupations premières.

S’il s’intéresse au pouvoir, il devrait faire comme Georges W. Bush qui a laissé passé quatre ans après la présidence de son père, pour venir briguer la magistrature suprême des Etats-Unis

Maître Wade devrait reconnaître également que son parti, le Pds est défait et qu’il est maintenant dans l’opposition. S’il en est convaincu, il peut en confier la restructuration à Idrissa Seck et espérer ainsi, récupérer ce qui en reste.

D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour demander son départ de la présidence de la République