« La candidature de Wade, à son âge, un défi à la raison et au bon sens » selon le Ps

Ousmane Tanor Dieng et ses camarades du Parti socialiste ont dans une déclaration rendue publique ce vendredi indiqué que la candidature de Abdoulaye Wade est, « à son âge, un défi à la raison et au bon sens ». Lisez le texte. Douze mois nous séparent de l’élection présidentielle prévue pour le 26 février 2012 dont dépendent beaucoup de choses qui peuvent considérablement infléchir la destinée de notre Nation.

Cette échéance majeure pour l’avenir de notre pays place Abdoulaye Wade et son régime devant une alternative tranchante. Soit ils s’astreindront à la vertu républicaine pour assurer les conditions optimales d’organisation d’un scrutin sincère, transparent et démocratique, et alors, la démocratie sénégalaise, fruit d’un long processus, passerait alors un cap majeur vers son ancrage définitif dans le concert des démocraties dignes de ce nom. Soit ils rechigneront à le faire et chercheront à répéter la mascarade électorale de 2007, et dans ce cas là, la boîte de pandore serait ouverte et pourrait se solder par toutes formes de dérives aux conséquences imprévisibles sur la stabilité et la cohésion du pays.

Malheureusement, à l’heure où l’histoire frappe à sa porte et l’invite à assurer à notre pays et à notre peuple une transition apaisée, dans le respect des dispositions de la Charte fondamentale, Abdoulaye Wade préfère fomenter les plus sombres desseins contre toute idée de dévolution démocratique du pouvoir.

En effet, il ne fait plus de doute qu’il ne veut pas se prêter aux règles vertueuses du jeu démocratique. Tout indique qu’il a choisi de tourner le dos à l’option de raison que lui dicte un patriotisme élémentaire pour s’embourber dans le choix de la déraison auquel l’incline un nombrilisme primaire. Contre toute logique, il a décidé de présenter sa candidature pour un troisième mandat pourtant juridiquement inconstitutionnelle. Et dans l’optique de commettre un énième crime contre la démocratie, il s’applique méthodiquement à mettre en place les pièces d’une vaste machine à frauder avec notamment la nomination, aux postes clés du processus électoral, d’hommes liges, sans autre foi ou loi que l’obéissance aveugle et servile au maître.

En rappelant Ousmane NGOM au Ministère de l’Intérieur et en nommant Cheikh Tidiane DIAKHATE à la tête du Conseil constitutionnel, alors que tous deux sont disqualifiés pour organiser des élections ou en proclamer les résultats en raison de leurs actes de compromissions vulgaires lors des précédentes élections, Abdoulaye Wade espère ainsi se donner les coudées franches et perpétrer son forfait sans coup férir. Peu lui importe le sort de la Nation qu’il a eu le privilège de diriger durant plus d’une décennie pourvu simplement que son funeste projet puisse aboutir.

Hormis toute considération juridique, sa candidature pour un troisième mandat à l’âge très avancé qui est le sien est un véritable défi à la raison et au bon sens, ainsi qu’aux lois de la nature ; cette candidature devient dès lors moralement indéfendable. Mais les défenseurs zélés de cette candidature n’en ont cure parce que préoccupés uniquement par leur survie politique. Lui-même n’en a cure car il se fait fort d’interpréter ensuite une victoire, pourtant impossible démocratiquement, comme la licence d’adouber son fils et de se le substituer sur le fauteuil présidentiel. C’est qu’Abdoulaye Wade est tourmenté, il sait que la postérité sera très sévère avec sa présidence. En effet, le régime d’Abdoulaye Wade s’est englué dans la prévarication et l’affairisme et a plongé notre pays dans une crise multidimensionnelle avec des effets pervers sur la vie des populations : l’effondrement du pouvoir d’achat des ménages, le rationnement de l’électricité, la faillite de l’école publique, la panne du système de santé, le désœuvrement des jeunes forcés à la mort certaine sur les routes maritimes de la désespérance, la recrudescence de la violence en Casamance, la récurrence des inondations dans les banlieues…

L’homme n’est donc pas sûr de son fait. Il n’a confiance ni au PDS qui est sa créature ni au Conseil constitutionnel qu’il tente de circonvenir pour orchestrer le hold-up électoral qu’il sait être la seule possibilité de se maintenir au pouvoir. Cela explique qu’il ait ourdi le lancement de la génération du concret pour contrecarrer toute rébellion de son parti et justifie aussi que ses sbires songent à l’adoption d’une loi interprétative pour parer à toute éventualité de rejet de sa candidature pour inconstitutionnalité manifeste. Ce qui se prépare n’est ni plus ni moins qu’un coup d’Etat paré d’attributs de la légalité et le Conseil constitutionnel serait bien avisé de ne pas laisser prospérer cette candidature inconstitutionnelle et inopportune. Faute de le faire, ses membres s’exposeront définitivement à l’infamie de la trahison et probablement à la vindicte populaire demain. Même si nul ne le souhaite, si le pire devait advenir par le fait des membres du Conseil constitutionnel, la postérité et la justice des hommes leur en tiendraient sévèrement rigueur. A cet égard, le Parti socialiste adresse une sévère mise en garde à Abdoulaye Wade et à son clan. La tentation de passage en force se heurtera fatalement au refus déterminé et opiniâtre de tous les dignes fils de ce pays qui n’accepteront en aucun cas le fait accompli et s’opposeront par tous les moyens à la violation de la Constitution.

Le peuple sénégalais consentira, le cas échéant, les sacrifices nécessaires afin d’éradiquer la gangrène qui hypothèque notre République démocratique parce que convaincu, comme les peuples tunisien, égyptien et libyen, que les limites de la tyrannie sont celles que lui concède la patience des peuples qui en sont les victimes. Mais il y a lieu de ne pas se faire d’illusion, Abdoulaye Wade et son système ne voudront jamais entendre raison sauf si, d’ores et déjà, le peuple sénégalais - militants des partis politiques ou affiliés aux syndicats, membres d’organisations de la société civile ou simples citoyens soucieux du sort du Sénégal - ne se dresse pour barrer la route aux perfides qui complotent et préméditent d’instaurer une dynastie sur les cendres de notre République démocratique. Dans cet effort de mobilisation, une place importante revient aux partis politiques et singulièrement à ceux de l’opposition la plus significative regroupée au sein de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal.

Mais, chacun y a sa place, y compris les franges rares mais encore saines de l’actuelle majorité présidentielle car se débarrasser d’Abdoulaye Wade et de son régime, et préserver notre République démocratique sont une véritable entreprise de salubrité publique qui interpelle tous les démocrates, tous les républicains et tous les patriotes que comptent notre pays. Pour ce qui concerne la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, le moment approche où il faudra enfin se déterminer sur la question de la candidature unique ou plurielle et dégager les pistes vers une stratégie victorieuse en 2012 pour redonner l’espoir au peuple sénégalais. Le Parti socialiste est heureux de constater que, dans cette direction, une étape décisive à été franchie à l’occasion du Séminaire du samedi 26 février qui a abouti à l’adoption d’un Projet de Constitution de rupture et d’espoir pour notre pays.

C’est un objectif qui justifie donc tous les sacrifices mais à tout le moins, il faudra à tous prix, maintenant que le projet de nouvelle Constitution a été adopté par la Conférence des leaders de Bennoo Siggil Senegaal en attendant les discussions avec les autres composantes des Assises au sein de la Plateforme institutionnelle, à la conclusion d’un pacte éthique et politique, à un accord sur les mesures de rupture à mener, à une stratégie électorale commune, à une mutualisation des moyens de la lutte contre la fraude électorale, et à un consensus sur le profil des équipes chargées de conduire les destinées de notre pays après la victoire. En dehors des tâches courantes d’animation de ses structures de base et de mobilisation de ses militants qui n’ont jamais cessé depuis le 19 mars 2000, telle est pour le Parti socialiste la démarche à adopter et à laquelle il entend conformer toute sa conduite pour les mois à venir.