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Politique

Latif Guèye, secrétaire général national de Rassemblement démocratique sénégalais (Rds) «Je me suis effectivement entretenu au téléphone avec Idrissa Seck »

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Latif Guèye, secrétaire général national de Rassemblement démocratique sénégalais (Rds) «Je me suis effectivement entretenu au téléphone avec Idrissa Seck »

Il y a eu beaucoup de bruits sur le coup de fil qu’aurait reçu un leader de parti membre de la Cap 21, qui se trouve être un acteur de l’alternance, qui a eu des problèmes en un moment de sa carrière politique, qui a été lâché par ses alliés, mais qui continue à cheminer à côté d’eux. Comment tout cela s’est passé ? interview avec Latif Guèye.

Qu’en est-il vraiment de l’appel que vous avez reçu de Idrissa Seck ?

Il y a eu beaucoup de confusion autour de cette affaire. Je voudrais être très bref et précis sur cette question. Notre porte-parole, Moctar Guèye, a suffisamment clarifié l’opinion à mon sens. Nous n’avons jamais fait mystère du contact que nous avons eu avec l’ancien Premier ministre. Parce que nous sommes pour la transparence dans l’action. Nous assumons tout ce que nous faisons. Quand il y a eu le contact téléphonique, dès le lendemain, quand on nous a interrogé, nous avons dit oui, effectivement je me suis entretenu au téléphone avec Idrissa Seck. C’est lui qui nous a appelé, et c’était pour me remercier d’un acte, que j’avais l’habitude de faire dans les prisons. Je lui ai envoyé un Ndogou durant le mois béni de ramadan. C’était mon devoir. Et c’était aussi son devoir à sa sortie de prison de prendre son téléphone d’appeler Latif Guèye pour le remercier. Nous avons parlé. Je n’ai absolument rien à ajouter sur cette question.

Vous n’avez parlé que de Ndogou ?

Nous avons parlé : Idrissa Seck et moi, et l’objet, c’était ce dont je vous ai parlé et je m’en arrête là.

Cela veut dire que vous n’avez parlé que de ça ?

Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette question.

Et que pensez-vous des informations rendues publiques sur les négociations entre Wade et Idy ?

Je me méfie des rumeurs, parce que j’ai été victime de ça à un certain moment. Je ne voudrais me prononcer que sur ce que je sais de science certaine, comme nous le commande Dieu. «Ne témoigner que de ce que vous savez de science certaine». Je n’ai aucun élément qui me permet aujourd’hui de porter un jugement sur d’éventuelles négociations entre le président et Idrissa Seck.

Comment s’est passé votre retour dans l’échiquier politique après ce qui vous est arrivé ?

Depuis mon retour dans l’arène politique le 25 juin 2005, nous posons des actes pour massifier notre parti et pour mieux l’implanter sur le territoire. On se prononce sur chaque question d’actualité, mais nous évitons d’être un parti qui vit de communiqués de presse. Le Rds est le premier parti politique reconnu après le régime de l’alternance. Au premier tour, nous avions pris faits et causes pour les forces de l’alternance. En soutenant d’abord le professeur Iba Der Thiam au premier tour, et Abdoulaye Wade au second tour et sans condition ni négociation. Et nous avons battu campagne tant pour Iba Der Thiam que pour Abdoulaye Wade, avec nos propres moyens.

Etes-vous à l’aise dans la mouvance présidentielle avec ce qui s’est passé ?

Je me sens très à l’aise à côté de Me Wade. Mon credo c’est la constance et la loyauté à toute épreuve. Nous sommes des acteurs de l’alternance. L’alternance est notre patrimoine commun. On est membre fondateur du Fal, du Frte, de l’actuel Cap 21, l’héritière de toutes ces organisations. Si l’alternance était une société, j’y suis actionnaire. Je n’ai jamais accepté d’interventions de chef religieux. Je suis l’un des rares leaders politiques, qui n’a jamais envoyé une délégation politique à un seul khalife général, quand on a eu des problèmes. Voilà pourquoi j’étais à l’aise à ma sortie, de leur rendre visite pour leur expliquer que c’est parce que nous étions dans la vérité, que nous n’avions jamais voulu d’interventions, nous n’avons pas sollicité de clémence et je n’ai pas négocié ma sortie de prison. C’est la justice qui m’a blanchi. Je ne veux pas être métaphysicien, mais retenez que c’était mon destin. Dieu avait décidé que je devais aller à «l’université» carcérale de Reubeuss, où, je suis sorti avec un diplôme très important qui permet de maîtriser sa société et de connaître l’Homme. Je crois avoir bénéficié de ce diplôme, qui me permet d’avoir un autre regard de ma société de mieux réfléchir sur mes stratégies, pour continuer mon combat, et de ne jamais regarder dans le rétroviseur, de ne pas considérer que des hommes comme moi on était responsable de ce qui m’est arrivé. Même si des hommes l’avaient voulu. Car dieu dit dans le saint coran : «il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose, alors qu’elle vous est meilleure. Mais il se peut aussi que vous aimiez une chose, alors qu’elle vous est détestable. Je sais moi, mais vous ne savez rien du tout». Avec tout ce que nous avons enduré, je dis que c’est une grâce de Dieu, parce que cela ne nous a fait que du bien. Parce que le combat que nous menions nous sommes en train de le continuer. Ce qui importait pour moi, c’est de pouvoir lever les yeux et de regarder les Sénégalais dans les yeux. Je suis tout à fait à l’aise dans la mouvance présidentielle, car je suis partie prenante de l’avènement de ce régime.

Comment analysez-vous la rupture du dialogue politique au Sénégal ?

Je considère que ce qui s’est passé est plus grave. S’il y avait une leçon à donner à la classe politique, c’est de se parler, de se parler encore et de toujours se parler. C’est parce qu’il y a eu dialogue dans la classe politique, qu’il y a eu le code consensuel de 1992. De plus en plus la classe politique est en train de perdre certaines valeurs, je dis que toute la classe politique. La chose politique est devenue aujourd’hui une chose différente de l’art de construire la cité, qui est une œuvre d’art. Et même une œuvre d’art ne peut être confectionné que par des artistes. Alors qu’il y a un déficit d’artistes dans la classe politique. C’est-à-dire des personnes qui se projettent au-delà de leurs ambitions, et de leur vécu quotidien, pour mettre l’intérêt des Sénégalais au-dessus de tout. Jamais nous n’avons atteint un tel degré dans l’invective, la calomnie, la médisance. Le climat politique sénégalais n’a jamais été aussi vicieux. C’est très dangereux et la responsabilité nous incombe à tous les hommes politiques. Aujourd’hui, c’est ce qui justifie le fait que beaucoup de Sénégalais sont dégoûtés par la politique. Alors qu’il n’y a rien de plus sacré que de se consacrer à apporter sa pierre à l’édifice de la cité. Il y a eu beaucoup de travers. Beaucoup de Sénégalais considèrent la politique comme un métier, hors la politique n’est pas un métier. Si j’avais un quelconque pouvoir dans ce pays, j’aurais proposé qu’on légifère pour que les hommes politiques aient d’abord un métier avant de créer un parti politique. Malheureusement, aujourd’hui à cause d’ambitions personnelles, on risque de mettre le pays à feu et à sang. Alors que le Sénégal ne mérite pas ça. On a assez de problèmes. C’est un petit pays facile à construire, avec une population pas très importante, et composée de gens qui sont tous des parents. Où le moindre drame devient un drame national. Donc nous avons une classe politique qui doit subir une sorte de catharsis mentale. Les gens doivent se ressaisir pour mettre l’intérêt du Sénégal au-dessus de tout. Le dialogue politique ne serait jamais rompu si la classe politique n’était pas viciée à la base. A chaque fois, les gens ne doivent pas hésiter à pardonner, à faire table rase, à se remettre en cause et à repartir de l’avant. Même si nous échouons dans le dialogue politique, il faut toujours recommencer. S’il y a des échecs, on doit recommencer. Il y a un problème. Les hommes politiques quand ils se rencontrent dans des cérémonies, ils se tapotent, ils rigolent et ils se parlent. Mais quand on les entend sur les médias, devant les populations, on a l’impression que le pays est en guerre. Cette comédie a trop duré. Le Sénégal nous appartient à tous, il faut le construire et accepter le verdict populaire. On ne peut plus tromper les Sénégalais, c’est terminé. Il y a eu un changement chez eux, beaucoup plus important que le changement de régime. Depuis le 19 mars 2000, il y a une nouvelle citoyenneté. C’est la classe politique qui se jouait des populations et des citoyens. Aujourd’hui les citoyens ont tout compris. Il y a un mouvement inverse, que personne ne pourra arrêter. Les Sénégalais ont pris leur destin en main, en tant que citoyens. Les hommes politiques risquent d’avoir des surprises.

Pensez-vous que les élections se tiendront à la date annoncée ?

Je ne peux me prononcer que sur ce que je sais. J’ai choisi depuis très longtemps de ne pas faire de politique spectacle. Ce qui importe pour un parti, c’est sa présence dans les masses, c’est aussi de se situer au cœur de toutes les problématiques, qui permettent de mobiliser les masses au moment où il faut. quelle que soit la situation, je considère que le régime auquel nous appartenons a réalisé beaucoup de choses, mais il reste beaucoup de choses à faire. Mais en tant que parti politique, nous sommes prêts à prendre nos responsabilités, quand il y aura un scrutin à quelque moment que ce soit.

Irez-vous seul aux prochaines élections ?

Tout dépend des négociations que nous aurons avec le Pds, qui est notre principal allié dans la Cap 21.

Avez- vous négocié avec d’autres personnes ?

Pour le moment nous n’avons pas de négociations avec d’autres parti.

Est-il possible de vous retrouver aux côtés de Idy aux prochaines élections ?

Rien n’est exclu en politique. Mais nous appartenons à une coalition. Et une rencontre est prévue avec le secrétaire général adjoint du Pds. Et notre séminaire du 23 septembre, va permettre d’élaborer une stratégie de la coalition par rapport à ces élections. Nous demeurerons fidèles à cette coalition tant que nos préoccupations seront prises en compte. Nous attendons beaucoup du séminaire du 23 septembre. On va se pencher sur le thème de la préparation des prochaines élections. Cette rencontre nous permettra d’aplanir toutes les difficultés au sein de la coalition, d’harmonier les positions et de dissiper les malentendus. Nous avons plein d’espoir sur cette rencontre car Iba Der Thiam est un homme d’ouverture, un rassembleur, un homme qui travaille sans cesse pour la cohésion des composants de la Cap 21 et c’est important.

C’est après l’éclatement de l’histoire du coup de fil, que les choses commencent à bouger, êtes-vous de cet avis ?

Je considère que la classe politique devrait bannir le machiavélisme et le chantage. Cela n’a rien à voir avec les calculs politiques que développent les formations. Parce que chaque organisation a sa stratégie. Nous sommes dans une coalition, il y a eu des problèmes. Les réunions que nous aurons permettront de les vider. On ne peut pas empêcher à d’autres forces politiques extérieures à cette coalition d’avoir des visés sur une coalition, un parti, ou un groupe. Mais encore une fois, il faut en parler franchement. Pas en dehors de la coalition mais à l’intérieur de la Cap 21. Ce sera l’objet d’un débat interne. En ce qui nous concerne, voilà pourquoi nous avons voulu être clair. Parce que le bruit avait couru qu’il y a des partis qui nuitamment avaient tenté de négocier secrètement. Je fais tout en plein jour, ouvertement et je l’assume. Jusqu’à l’heure où je vous parle, nous sommes membres de la Cap 21, nous soutenons le président de la République, et nous avons donné des raisons objectives. Le jour où nous décidons autre chose, nous le dirons publiquement et clairement. Voilà pourquoi à cause de cette histoire de coup de fil, nous avons voulu être clair pas pour nous démarquer, pas pour nous justifier parce que nous n’avons de compte à rendre qu’à notre parti, mais nous voulons qu’on nous distingue de certaines formations politiques, qui ont des positions pour le moins ambiguës.

Quels sont vos rapports avec Macky Sall ?

je n’ai pas l’habitude de faire des jugements de valeur sur des personnes. Mais je trouve que sur le plan humain c’est quelqu’un de bien. C’est d’ailleurs un ami depuis longtemps. Sur le plan politique, je trouve qu’il est bien et il peut jouer le rôle important de directeur de campagne que Me Wade lui a confié.



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