Le dialogue politique plombé : Wade se passe de « Junior »

Abdoulaye Wade voulait inaugurer sa statue et présider les cérémonies marquant le cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal dans la « concorde », ainsi s’était-il résolu à dialoguer avec l’opposition. Mais celle-ci l’a bravé, devant ses nombreux hôtes de marque. Ainsi, exit la mission qu’il avait confiée au porte-parole du Khalife général des Tidjanes, d’autant que ses adversaires lui demandent l’impossible.

Serigne Abdou Aziz Sy Junior que le président Wade avait accepté d’être le facilitateur de ses pourparlers avec l’opposition, sur proposition du Khalife de Tivaouane, Serigne Mansour Sy, devra se trouver une autre mission. Car l’impossible dialogue pour lequel il était commis relève de l’ordre du passé.

Le président Wade est très remonté contre ses adversaires, parce qu’ils ont osé défier l’autorité préfectorale et l’humilier le jour de l’inauguration de la statue à laquelle il tient temps. Ils ont osé marché le 3 avril dernier et ont boycotté et l’inauguration des locaux du groupe Wal Fadjri, à laquelle il avait procédée, et la fête des cinquante ans du Sénégal. Ses hôtes, dont près de vingt de ses pairs, et les journalistes, du monde entier, sont repartis de Dakar, avec la certitude qu’il ne maîtrise plus son pays, qu’il n’y est plus populaire ; parce que ramant à contre-courant des attentes de son peuple et de ce que les populations jugent comme prioritaire.

C’est parce qu’elle a terni son image que le président Wade n’entend plus dialoguer avec l’opposition. Celle-ci également ne tient pas à leurs pourparlers. Elle l’a défié et pour la première fois, Wade a reculé. C’est ce qui fait qu’à sa revendication de l’audit du fichier électoral et d’une personnalité neutre pour servir de médiateur pour la révision du Code électoral, elle a greffé d’autres exigences. Parmi elles, le coût réel de la statue de Wade. Lui parle de 14 milliards, son ministre de la Culture avance 8 milliards, tandis que son entrepreneur estime la statue à 7 milliards de francs Cfa. L’opposition est convaincue qu’elle a coûté aux Sénégalais 75 milliards de francs Cfa.

Pour rendre le dialogue impossible les adversaires de Wade, qui pensent que le rapport de force leur est désormais favorable, critiquent également la manière « unilatérale » dont Me Wade a fait montre pour rompre les accords militaires, qui liaient le Sénégal à la France. Ce qui fait dire à des analystes que la France est de nos jours plus proche de l’opposition que du président Wade. En somme entre le président et la coalition Benno, c’est parti pour un bras de fer, qui aboutira au départ des Wade ou à la perte de ses adversaires.