Le pire est à craindre à l'issue du scrutin de dimanche, si l'on s'en tient aux propos du porte-parole du candidat socialiste. En conférence de presse hier, Me Aïssata Tall Sall a annoncé que le pays pourrait sombrer dans des soubresauts post-électoraux si Wade confisque le pouvoir en se faisant élire dès le premier tour. Car il est impossible, selon elle, qu'un candidat sorte victorieux dès le 25 février.
Entre le pouvoir et l'opposition, joue-t-on à se faire peur ? On est enclin à le croire au regard aux sorties de plus en plus musclées des responsables les plus en vue des deux camps à presque 72 heures du scrutin. Pendant que le candidat Wade prédit son plébiscite au soir du 25 février, ses adversaires déclarent de manière péremptoire qu'il ne vont jamais l'entendre de cette oreille.
Hier, en conférence de presse, le porte-parole du candidat socialiste a de nouveau battu en brèche la thèse faisant de Me Wade celui que les Sénégalais auront définitivement choisi comme président dimanche prochain. Car la conviction de Me Aïssata Tall Sall est que, dans le contexte politique actuel, ‘aucun des candidats en lice ne peut passer dès le pemier tour du scrutin’. Dès lors, soutient le porte-parole d'Ousmane Tanor Dieng, si le candidat-président se déclare déjà victorieux, c'est qu'il aura fait de l'imposture. ‘Et cela, le peuple ne l'acceptera pas !’, a martelé la responsable socialiste de Podor. Laquelle invite, au nom de son candidat, le peuple à un sursaut pour faire respecter sa volonté. ‘Le candidat Ousmane Tanor Dieng lance un appel solennel à l'ensemble de nos concitoyens, plus particulièrement à cette masse silencieuse d'indécis, des gens qui pensent que la politique leur est indifférente, afin que, dans un sursaut citoyen et patriotique, ils sécurisent le vote et fassent respecter, quoi qu'il advienne, le verdict des urnes’, confie Me Sall. Et si, malgré tout, le président sortant veut confisquer le suffrage des Sénégalais, avertit-elle, ‘il ne restera qu'à utiliser l'ultime arme, celle de faire partir Wade par tous les moyens et, en ce moment, le pays sera ingouvernable’. Mais, la socialiste ose espérer que Me Abdoulaye Wade n'en arrivera pas à cette extrême et suivra les pas de son prédécesseur en faisant une sortie honorable.
Mais qu'est-ce qui rend si sceptiques les socialistes quant à la volonté du candidat Wade de respecter le verdict des urnes ? ‘Il y a beaucoup d'indices qui justifient nos craintes’, a répondu la conférencière. Selon le chargé des élections du Ps, ‘il y a des cas concrets d'inscriptions multiples que nous avons relevés dans le fichier électoral et que nous détenons par-devers nous’. Justifiant toujours les raisons de leurs allégations, Serigne Mbaye Thiam s'offusque que les listes des électeurs par bureau de vote ne soient pas parvenues aux différents candidats à quatre jours du scrutin alors que, soutient-il, ‘en 2000, bien que la loi ne nous y obligeait pas, nous avons fait parvenir les listes par bureau de vote deux semaines avant le scrutin, d'ailleurs, c'est après que cela a été légalisé’. Mais, de l'avis de Me Aïssata Tall Sall, ce n'est pas seulement ce manquement qui pourrait être source de fraude électorale. Selon le porte-parole de Tanor Dieng, la recrudescence des coupures d'électricité à quelques jours du scrutin est pour conforter l'idée que les tenants du pouvoir veulent brouiller les cartes dimanche prochain. A cela s'ajoute, d'après elle, les velléités de brouiller le réseau téléphonique le jour du vote, ‘comme cela s'était passé au Togo pendant la dernière élection présidentielle’. Et la conférencière de mettre en garde la société France-télécom et tous les opérateurs de téléphonie mobile pour qu'ils ne prennent part au ‘hold up électoral qui se dessine’.
Faisant le deuxième bilan d'étape de son candidat, Aïssata Tall Sall se dit plus que jamais convaincue que ‘le Parti mobilise, enthousiasme, rassure et inquiète aussi’. En effet, selon elle, ‘Wade a perdu le sommeil depuis qu'il a pris conscience que le Ps qu'il avait donné pour mort, est bien vivant’. Et à l'en croire, ‘Wade est inquiet, pour preuve, il ne parle jamais sans citer notre candidat’. Même si, malheureusement, reconnaît Aïssata Tall Sall, cette référence à Ousmane Tanor Dieng dans le discours du candidat-président est orientée dans le sens des invectives. Mais, selon Me Sall, ‘il est heureux que tous les Sénégalais aient constaté que Tanor n'a jamais voulu répondre aux provocations de Wade et de son directeur de campagne parce que le défi est ailleurs’.
Après avoir rappelé les urgences auxquelles le candidat socialiste compte s'attaquer une fois élu, Me Aïssata Tall Sall a réitéré son invite à voter utile. Puisque, selon elle, l'impératif étant de trouver une alternative à l'alternance, les ambitions personnelles doivent être noyées dans l'intérêt supérieur du pays. Et pour elle, il n'y a pas plus indiqué que son candidat pour bénéficier de ce vote utile. Car, soutient-elle, ‘Tanor a un programme concret, réalisable, c'est un homme d'expérience et qui a une équipe opérationnelle sitôt mise en place’.
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