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Politique

LE PECHE ORIGINEL DE DJIBO KA : Avec Wade, le billet « aller simple » est toujours dangereux

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LE PECHE ORIGINEL DE DJIBO KA : Avec Wade, le billet « aller simple » est toujours dangereux

Au lendemain de la survenue de l’Alternance, avec l’euphorie qui a caractérisé cette période, Makhtar Diop, le tout nouveau ministre de l’économie et des finances, décide de faire venir sa femme à Dakar en lui demandant de démissionner de son travail à Washington. Un ami lui déconseille cette décision. 

Pour cet ami au flair politique développé par des années d’activités dans le mouvement estudiantin et dans les structures clandestines de la gauche, Makhtar Diop était en train de se risquer à voyager dans le territoire de Wade avec un billet d’avion « aller simple ».

Mais Makhtar Diop, idéaliste à souhait, et au début d’une carrière internationale plus que prometteuse, se dit que l’appel du devoir était tellement intense qu’il se posait en termes de patriotisme. Il déplace sa femme, réoriente toute sa vie en fonction de son engagement auprès du nouveau président.

The next thing he knew (avant qu’il ne s’en rende compte) Abdoulaye Wade, son nouveau patron l’appelle pour lui dire : « je regrette, mais tu n’es pas mon ministre des finances ». Le jeune fonctionnaire, angoissé, mais calme, demande au président de la République quelle faute il a commise. « Aucune », lui répondit ce dernier.

Le seul problème que Makhtar Diop avait avec l’ordonnateur des dépenses nationales, était qu’il pensait que son rôle de ministre était d’aider le nouvel élu à être conforme aux règles de l’orthodoxie financière. Il ignorait qu’on lui demanderait d’aider à les contourner, au besoin, sans violation flagrante de la loi.

Dans le domaine du management, Abdoulaye Wade a de très sérieux problèmes de compétences, du fait qu’il veut tout faire au lieu de savoir comment « faire faire », contrairement au champ politique, où Wade devient le seul expert sans adversaire à sa mesure.

Dans ce domaine précis, le patron du Pds a toujours été très logique, conséquent et sans état d’âme. Dès son accession au pouvoir, le nouvel élu a cherché à faire acheter des « billets aller simple » à tous ceux qui pourraient devenir un obstacle à son ambition de protéger ses arrières, une fois hors du pouvoir, avec la propulsion de son fils Karim Wade à la tête de l’Etat.

Qui ne se souvient pas de la demande faite à Moustapha Niasse de fondre son parti à l’intérieur du Pds, même si cette demande était accompagnée d’une illusion de promesse de le préparer à la succession ?

Niasse, plus prompt à répondre à son cœur qu’à sa raison avait pensé que Idrissa Seck était à la base de ces manœuvres. Me Masokhna Kane, alors membre de la direction de l’Alliance des Forces de Progrès, avait même servi à Idrissa Seck, un « Niasse du sa moroom » (Niasse n’est pas ton égal). D’une pierre deux coups, le locataire du Palais poussa Niasse à la sortie tout lui créant un ennemi irréductible, en la personne d’ Idrissa Seck.

Une fois cette tâche accomplie, le suivant a été Idrissa Seck lui-même. Ce dernier, sentant dès le jour de la passation pouvoir entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade de la volonté de ce dernier (ou de celle de Viviane Wade) de couver Karim pour devenir le prochain manager général de la société anonyme Sénégal INC, déclare la guerre au jeune prince. Dans le premier fameux compact disc (Cd) « Lui et Moi », Idrissa Seck nous informe qu’il avait déjà averti Karim que seul Wade le père était le siège du pouvoir que confère les suffrages des Sénégalais.

Et depuis, beaucoup de choses se sont passées dans la lutte pour l’élimination de Idrissa Seck en tant qu’obstacle sur la route vers le Sommet.

Pour ne pas prendre de risques, il est demandé à tous ceux qui pouvaient faire ombrage, de fondre leurs partis respectifs dans le Pds : Iba Der Thiam, Mbaye Jacques Diop, Samba Diouldé Thiam ancien numéro trois du PIT, Bamba Ndiaye du MSU, très vite perçu comme le successeur, à l’époque, du Grand Maodo Mamadou Dia…En échange, des postes et prébendes ont été distribués. Ainsi, une fois refondé, le Pds deviendrait l’héritage légitime du seul héritier digne de ce nom.

La Gauche, elle, est « irrécupérable ». La Ld/Mpt reste radicale, malgré une force de frappe syndicale moins grande. Le Pit de Amath Dansokho joue un rôle de dénonciateur sans compromission. Mais à force d’en faire tous les jours, le discours devient banal.

Quand il « lâche du lest » en autorisant des marches organisées par l’opposition, le pouvoir organise au même moment, et sur le même itinéraire, une contre-marche et les militants du Pds sèment le désordre.

And Jëf de Landing Savané englué dans ses propres difficultés qui relèvent de la volonté de certains de ses dirigeants de ne plus jamais quitter les lambris dorés du pouvoir devient une force marginale.

Qui reste-t-il ? Tanor Dieng ? Ha, lui, il représente « l’opposition républicaine ». Et celui qui est à la tête de la République considère que la valeur suprême c’est son maintien à la tête de cette République, Tanor Dieng pourrait toujours se consoler d’être perçu à l’étranger comme un homme responsable, digne de l’héritage de Senghor. En attendant, sa photo sera placée à côté de celle de Senghor et Abdou Diouf dans l’une des salles de la Maison Léopold Sédar Senghor de Colobane

Macky Sall, cet ancien présumé successeur par défaut n’est pas dégradé. Il est écarté du simple fait qu’il n’a jamais disposé de forces politiques qui lui soient propres. On parlait de lui parce que la seule constante l’avait mis en avant. « Tubay nag bu dee benn, bu borrom sangoo sol ko”. (Quand il n’y a qu’un seul pantalon, le propriétaire le porte si une cérémonie est organisée sur la place publique)

Donc, tous ceux qui pouvaient compter pour faire face à une succession bien planifiée ont pris des billets allers-simples en opérant un désarmement unilatéral. Sauf un qui, comme un serpent qui fait semblant dormir, peut devenir à tout moment dangereux : Djibo Laïty Ka.

Dans le livre de Cheikh Diallo, porte-voix de cette génération ouvertement décidée à forcer le passage qui mène vers le Sommet, on révèle un appel/avertissement de Abdoulaye Wade au patron de l’Union pour le renouveau démocratique. Tous ceux qui savent lire entre les mots se sont aperçus que l’auteur « suggère » à Djibo Kâ, de se ranger sinon, il pourrait un jour, faire face à ses foudres. Celles-ci sont maintenant déclenchées contre ce péché mignon de Djibo Ka qui refuse encore de fondre son parti dans celui du futur roi.

Un avertissement quand même aux Wade : en 1966, Senghor, après avoir dompté Cheikh Anta Diop avec le démantèlement de ce qui restait de son parti, le Fns, récupéré les forces du Pra Sénégal (Parti du Rassemblement africain) en intégrant Abdoulaye Ly et Assane Seck et leurs amis dans son parti, exilé Majhmout Diop, Tidiane Baïdy Ly, Seyni Niang et autres militants du PAI originel etc., Senghor donc, avait pensé pacifier toute opposition à son pouvoir présidentiel consacré par le référendum constitutionnel de 1963 et consolidé par le résultat des élections municipales sanglantes (surtout à Saint Louis) du 1964.

Tant qu’il y aura des raisons de mécontentements, les canaux pour les exprimer seront trouvés. En 1968, Senghor ne s’attendait certainement pas de Iba Der Thiam, Babacar Sané, Mbaba Guissé et autres du côté des syndicats des travailleurs ; Abdoulaye Bathily, Mbaye Diack et tous ceux qui étaient inspirés par Daniel Conbendy, l’embrasement du front social qui a failli emporter son pouvoir, n’eussent été les bons offices de Doudou Ngom et Serigne Fallou Mbacké.



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