Le Gouvernement sénégalais gagnerait à ratifier la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union africaine (UA), ont estimé vendredi à Dakar des acteurs de la société civile lors de la présentation d’une étude sur l’état de la signature, la ratification, l’harmonisation et la mise en œuvre par le Sénégal de six instruments juridiques africains.
‘’Du fait de son ancrage démocratique et
de ses engagements dans le cadre de la bonne gouvernance, il est
absurde que le Sénégal traine les pieds pour ratifier la Charte
africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance’’, a
notamment estimé Me Assane Dioma Ndiaye.
Avocat sénégalais et militant des droits humains, Me Ndiaye présentait
l'étude, dont il est l'auteur, sur commande de la Rencontre africaine
pour la défense des droits de l'homme (RADDHO), ONG basée à Dakar.
Ces instruments concernent la Charte africaine des droits de l’homme et
des peuples, la Charte africaine des droits de l’homme relatifs aux
femmes, la Charte africaine pour le bien-être de l’enfant, la Convention
pour la prévention et la lutte contre la corruption, la Convention
portant statut de la Cour africaine et la Charte africaine de la
démocratie, des élections et de la gouvernance.
Le Sénégal a signé et ratifié cinq des six instruments juridiques.
‘’Mais tant que la Convention de la démocratie, des élections et de la
gouvernance n’est pas ratifié, le Sénégal va toujours marquer un retard.
Nous devons la ratifier pour replacer le Sénégal en matière des droits
humains’’, a souligné Alioune Tine, nouveau président du Comité
sénégalais des droits humains qui présidait les débats et ex-dirigeant
de la RADDHO.
Réunies en une coalition de la société civile des États membres de
l’Union africaine (SOTU, sigle en anglais), ces organisations ont
ensuite invité le Sénégal à ratifier l’article 36.4 relatif à la
déclaration de reconnaissance de la Cour de justice de l’UA.
‘’Seuls cinq États l’ont signé. Nous invitons le Sénégal à signer cette
déclaration de reconnaissance. Nous sommes arrivés à installer des
chambres africaines pour juger Hissène Habré, donc nous pouvons signer
cet article 34.6 parce que qui peut le plus peut le moins’’, a estimé M.
Tine.
Assane Dioma Ndiaye, l’auteur de l'étude sur le niveau de signature et
de ratification des instruments juridiques de l’UA, a relevé plusieurs
manquements liés au respect des droits humains au Sénégal.
‘’Le Sénégal a certes fait de grands pas, mais des insuffisances sont
perceptibles. Les libertés de marche ne sont pas respectées, les
intégrités corporelles sont menacées, la corruption est toujours
présente, la traite des enfants est là et la loi sur la mendicité n’est
pas appliquée’’, a relevé Me Ndiaye, par ailleurs président de la Ligue
sénégalaise des droits humains (LSDH).
Avec cette situation, a commenté Alioune Tine, ‘’le Sénégal traîne des
pathologies institutionnelles qu’il faut vite soigner’’, avant
d'ajouter: ‘’Il y a un déficit de culture en matière de droits de
l’homme chez nos élites politiques, elles ne s’intéressent aux droits de
l’homme que quand elles sont victimes (de violation desdits droits).’’
2 Commentaires
étudiant
En Mai, 2013 (17:36 PM)Citoyen
En Mai, 2013 (09:57 AM)Participer à la Discussion