L’article à substrat haineux paru en page 2 de l’édition du journal français " Le Monde " sous le titre : " Le Sénégal en trompe l’œil ", signé par M. Philippe Bernard a fini par nous convaincre du bon cap pris par le président Wade, quant à sa volonté d’installer notre pays sur la rampe de l’émergence. Aussi paradoxal que cela puisse paraître. Les sources sélectives et unidirectionnelles du journaliste ont, très certainement, beaucoup plus concouru à décrédibiliser son papier qu’à installer le doute sur les actes posés par Me Wade, qui sont de nature à répondre positivement aux attentes des populations sénégalaises. Notre confrère a, lui aussi, en travers de la gorge le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Et l’argumentaire sur lequel il s’adosse pour, en vain, entacher l’honneur fait à notre pays et son peuple - car c’est de cela qu’il s’agit in fine -, révèle une pauvreté effarante tant il épouse tous les contours des griefs dont est porteuse l’opposition sénégalaise pour expliquer sa prochaine défaite à la présidentielle qui se profile à l’horizon.
M. Bernard aurait sollicité une entrevue avec Me Wade à l’occasion de son séjour parisien qu’il l’aurait sûrement obtenue. Mais, partisan du journalisme assis et préférant pondre un " texte " pompeusement baptisé " analyse ", M. Bernard se livre à un exercice au résultat finalement ridicule parce que se circonscrivant dans un condensé puant exactement les récriminations des adversaires politiques de Me Wade. Il n’ose pas ne pas confesser " la tolérance " et l’ouverture " du Sénégal, mais l’explication qu’il en donne attriste : les bailleurs de fonds auraient encore besoin du Sénégal et " abandonner Wade reviendrait à reconnaître que tout fiche le camp en Afrique de l’Ouest. Les Européens comme les Américains ont besoin de lui. C’est pourquoi ils le couvrent d’honneurs ". On savait, depuis la parution de " La face cachée du Monde ", le livre de Pierre Péan et Philippe Cohen, que le quotidien créé par Hubert Beuve-Méry sombrait, souvent, dans la manipulation et la dénonciation grossière, mais Philippe Bernard nous en livre une nouvelle face : la désinformation. Ce que pense là M. Bernard et qu’il met lâchement dans la bouche d’une source imaginaire n’engage que lui en même temps qu’il atteste de son manque de culture notoire quant à la nouvelle politique diplomatique initiée sous Me Wade et qui rend au concept de Souveraineté toute sa dignité théorique.
Au Sénégal, M. Bernard, nous recevons désormais M. Kadhafi, conversons et échangeons avec M. Bush, respectons M. Chirac qui nous le rend bien. Bref, nous avons, sur la base d’une véritable politique de rupture initiée par notre président de la République, rompu avec la politique de la main tendue au profit de celle de partenariat bien articulée dans ce que nous appelons le Nepad. Cela vous rend personnellement triste et ce ne sont pas vos " sources " anonymes qui nous divertiront en nous faisant passer à côté de l’essentiel. Et comme vos " sources " vous traduisent quelques mots de wolof, souffrez qu’elles vous donnent la signification de " Gno tey ! ". Ce en réponse à votre " tout fiche le camp... ". Croyez-le, cher confrère, si vous en êtes vraiment un, il est révolu le temps où " Le Monde " que nous respectons tant du reste assénait des " vérités " qui pouvaient bien prospérer aussi bien au-delà des Pyrénées qu’en deçà. Surtout qu’il héberge des curiosités de votre acabit. Une consolation tout de même pour vous. Vous serez relayé par des gens qui portent le même combat que vous. Avec un résultat nul et de nul effet.
Je vous apprends que le couplage d’élections n’est pas une invention ou exclusivité sénégalaise. Fouillez dans l’histoire politique de votre pays. Cette France que nous aimons en tant que grand pays d’ouverture et de culture, qui n’est pas exempte d’affaires " au grand bonheur de titres sérieux qui font dans l’information pure et non dans des considérations aux relents racistes et xénophobes. La gauche paternaliste et nostalgique, nous n’en avons cure. Nous sommes au regret de vous informer de cette vérité que vous n’ignorez certainement pas, si tant est que ce qui se passe au Sénégal vous intéresse réellement. Nous n’avons pas connu, depuis des années, des crises sociales à la dimension de celles que vous avez vécues dans les banlieues et plus récemment avec le Cpe. Et que dire de l’affaire " Clearstream " ! Nous nous interdisons, par ailleurs, de railler votre président que nous respectons en tant qu’institution. Libre cependant à vous, la retenue sous le manteau, de vous en prendre au nôtre. Mais gare à la barrière de lucidité et d’éthique que tout professionnel sérieux doit se garder d’enjamber. Sur les bords de la Seine, au moment de griffonner ces quelques lignes, le prédécesseur de Me Wade vient de lui donner le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Ils ont fait des échanges qui ont ému plus d’un, révélant à la face du monde ce que nous représentons réellement en tant qu’État et peuple. M. Bernard, relisez bien vos notes, avec les yeux de votre conscience professionnelle, avant d’inventer une image à un pays comme le Sénégal.
D’un de nos envoyés spéciaux :
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