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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

«Les Casamançais ne se sont jamais réunis pour décider de l'indépendance» «Si tout le monde a peur, comment va-t-on faire pour renouer le fil du dialogue ?» Selon SALIOU SAMBOU

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«Les Casamançais ne se sont jamais réunis pour décider de l'indépendance» «Si tout le monde a peur, comment va-t-on faire pour renouer le fil du dialogue ?» Selon SALIOU SAMBOU
Violemment attaqué par Nkrumah Sané, Saliou Sambou, membre de l'Alliance pour la paix en Casamance (Apac), par ailleurs Directeur des affaires générales et de l'administration territoriale (Dagat), n'y est pas allé du dos de la cuillère pour apporter la réplique à son contempteur qualifié de «Plus grand commun diviseur du peuple casamançais et du Sénégal». Un Nkrumah qui «n'est responsable de rien parce qu'il ne dirige personne» et dont les menaces sont «des enfantillages» qui ne lui font pas peur, dit Saliou Sambou qui brocarde Jean-Marie François Biagui, Ansoumane Badji et Lansana Goudiaby, entre autres chefs rebelles également hors du territoire qui «ne veulent pas endurer les mêmes souffrances des combattants sur le terrain». Disant sa conviction que les populations de Casamance «ne se sont jamais réunies pour décider de l'indépendance» et que «le Sénégal n'a jamais colonisé la Casamance», M. Sambou indique que la paix «passera par une discussion très sérieuse avec le Mfdc». Avec le préalable «des assises inter-Mdfc» sans «écarter personne», y compris Salif Sadio.





Qu'est ce qui explique selon vous le regain de violences constaté ces derniers temps dans le Sud du pays ?

Je dois vous dire dès le départ que je dois m'excuser auprès des Sénégalais qui me connaissent et aussi aux différentes associations qui appartiennent à l'Alliance pour la paix en Casamance (Apac). Parce que nous avons décidé de mener des actions discrètes, de ne pas les médiatiser. Mais comme Nkrumah Sané m'a cité nommément, je suis obligé de lui répliquer pour que les gens comprennent. Maintenant, pour en revenir à votre question, personnellement, je ne peux pas l'expliquer. Ce qui se passe nous surprend, d'autant plus qu'il n'y a pas longtemps, nous avons été dans le maquis. Et actuellement, c'est en revenant de là-bas que nous avons appris ces accrochages. Il est vrai que nous avons eu un début d'explication en nous entretenant avec les responsables du maquis, surtout au niveau de Kassolol. Ces derniers accusent l'Armée de démultiplier ses camps. Ils reprochent à l'Armée de se préparer à les assiéger. C'est à ce niveau, peut-être, qu'il faut comprendre le regain de violence. Ils reprochent à l'Armée beaucoup de choses. Ce qui est compréhensible parce que c'est deux camps opposés et ils tirent la couverture sur eux.



Peut-on justement, au motif de satisfaire les combattants du Mfdc, faire l'impasse sur l'exigence de sécurisation de la zone qui incombe à l'Armée nationale ?

En fait, le véritable problème, c'est qu'il a manqué de communication entre beaucoup de gens. Parce que, même au niveau de la compréhension de ce qui se passe en Casamance, beaucoup de Sénégalais ne sont pas bien informés. Or, dès le début, on a presque considéré tous les Casamançais, particulièrement tout Joola, comme des indépendantistes. Et cela nous a fait perdre énormément de temps. En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que le mouvement de 1982 a été spontané. Les Casamançais ne se sont jamais réunis pour décider de l'indépendance. Il y a des gens qui ont pris des armes et qui parlent au nom des Casamançais. Et dans ce cas, la population de la région est entre deux feux : entre l'Armée - parce que tout le monde est suspecté -, et le Mfdc qui nous reproche d'être des lâches, de ne les avoir pas suivis. Parce que, selon eux, c'est la Casamance qui a décidé de l'indépendance. Et c'est là qu'il y a l'incompréhension parce que, à ce que je sache, la Casamance ne s'est jamais réunie pour prendre une décision qui devait nous mener à la prise des armes.



Les derniers événements survenus dans le Sud sont revendiqués par Nkrumah Sané. Est-il vraiment le chef des combattants ?

Je ne le crois pas parce que nous avons rencontré des combattants très responsables avec qui nous avons discuté très sereinement.



Pourtant il vous accuse de rester à Dakar, sans oser aller dans le maquis...

Vous savez, Nkrumah m'accuse de faire des conférences à Dakar seulement. Je dois lui dire que nous avons été à Diakaay et à Kassolol. Et cela fait moins de deux mois que je suis revenu de Ziguinchor. Je lui dirais plus : je ne me suis pas arrêté à Ziguinchor, j'ai continué jusque dans le maquis. Maintenant, s'il prétend être celui qui dirige les maquisards, comment se fait-il qu'il ne soit pas au courant que j'ai été quatre fois dans le maquis ? Donc, Nkrumah Sané n'est responsable de rien parce qu'il ne dirige personne. Il s'autoproclame chef de Atika (Ndlr : la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance).



Quid de Jean-Marie François Biagui, de Ansoumane Badji ou de Lansana Goudiaby ?

Tous ces gens-là se disent responsables du Mfdc et sont pourtant hors du territoire national et ne veulent même pas endurer les mêmes souffrances des combattants sur le terrain. Est-ce qu'ils doivent revendiquer quoi que ce soit ? Je pense qu'ils profitent de la situation pour se faire prendre pour des réfugiés et profiter des subsides qu'on leur donne ; parce qu'en Europe, c'est très facile. Ils se disent brimés dans leur pays. C'est le lieu de rappeler que le président de la République a signé une amnistie.



Qu'est-ce que vous voulez dire en rappelant cette amnistie ?

Nkrumah Sané soutient qu'il ne peut pas venir parce que le Sénégal va l'arrêter. Pourtant, il est en France avec un passeport sénégalais. C'est ce même gouvernement sénégalais qui l'a envoyé en France avec toute sa famille. Il est là-bas au chaud et il demande aux autres de se battre. Qu'il vienne !



Est-ce que vous n'êtes pas en train de l'accuser de se servir de la rébellion plus que de la servir ?

Je dis et je le répète : Nkrumah Sané n'est pas un rebelle, il n'a pas fait de rébellion, c'est la rébellion qui l'a fait. Qui connaissait Nkrumah Sané avant 1982 ? Connaissait-il avant l'Abbé Diamacoune avant 1982. Il a profité de cette situation. C'était un étudiant en langue arabe dans un pays arabe. Sa légitimité, il la tient du fait qu'il a été incarcéré un moment. S'il a été dans le maquis, il n'y a pas plus d'une semaine et c'était au tout début quand tout le monde y a été. Après son arrestation, il a été exfiltré vers la France. Et c'est de là-bas qu'il allume le feu chaque jour. Ce n'est pas responsable. Il n'a qu'à venir avec moi. Il dit que moi je n'ose pas aller à Ziguinchor. Qu'il vienne au moins à Dakar, on ira ensemble dans son Diégoune natal où j'ai été il n'y a pas longtemps pour une conférence.



Mais avez-vous un problème personnel avec Nkrumah Sané ? Le connaissez-vous ?

Vous savez, Nkrumah Sané est du village de Diégoune et moi, je suis de Thionk-Essyl. Nos deux villages sont des cousins à plaisanterie. De ce fait, je lui dis tout ce que je veux et il en fait autant avec moi. Mais en dehors de cela, on n’a aucun problème particulier. D'ailleurs, dans le cadre de l'association des ressortissants de Bignona, quand on a voulu construire le mur du département, c'était avec eux, les ressortissants casamançais de France. Et quand il venait, il descendait chez moi. Je le connais très bien et je l'ai rencontré trois fois à Paris. On a discuté de 22 heures à 4 heures matin sans arriver à se mettre d'accord. Le lendemain, il a payé un poulet et m'a encore invité pour qu'on discute. Ce qui l'a fait sortir de ses gonds, c'est ma déclaration. Mais je comprends sa sortie parce que c'est cette situation de conflit qui lui permet de rester en France et de glaner de l'argent un peu partout sous prétexte qu'il mène une lutte de libération. Je dois lui dire que l'indépendance, nous l'avons eu en 1960. Qu'il parle de sécession ou d'autre chose parce qu'il n'est plus question actuellement d'indépendance. Le Sénégal n'a jamais colonisé la Casamance. On a subi le même joug colonial par la France. Et en dehors du colonialisme, le Sénégal était une entité reconnue avec un brassage important. C'est que Nkrumah Sané, avec son niveau intellectuel, ne peut pas comprendre. S'il avait accepté en son temps de prôner la paix, il aurait pu se faire un nom. Mais maintenant, la paix va se réaliser sans lui et il sera oublié parce que meilleur cadeau que l'on pourrait faire à Nkrumah, ce serait de l'incarcérer pour qu'il se fasse un nom. Qu'on ne l'emprisonne pas, qu'on le laisse rentrer chez lui et l’on verra ce qu'il va faire.



Il se dit que son activisme est la résultante d'une promesse non respectée du président de la République...

C'est ce qu'on dit. Il reprocherait à Wade de lui avoir fait des promesses quand il était dans l'opposition ou quand il était président, et qu'il n'aurait pas respecté ses engagements. Si c'est la cause de son activisme, je dis alors que Nkrumah Sané fait un amalgame entre Wade citoyen et Wade président de la République. Wade président de la République est une institution et l’on ne doit pas s'attaquer à une institution comme ça. C'est un manque de respect pour le peuple sénégalais. Vraiment, je ne voudrais pas m'abaisser au niveau de cet individu car il ne mérite même pas d'égard. Et sa réponse, il l'aura par les populations casamançaises et d'une manière générale par le peuple sénégalais.





Il a aussi proféré des menaces contre vous ...

Ces menaces ne me font pas peur. Je trouve que ce sont des enfantillages. Qu'est ce qu'il peut me faire ? Il ne dirige rien, il n'est responsable de rien. Il s'autoproclame chef du Mfdc alors qu'il est bien à couvert là-bas en France. S'il dit que c'est lui qui dirige le Mfdc, qu'il vienne dans le maquis !



Est-ce que ces menaces peuvent avoir une influence sur les actions que vous menez dans le cadre de la recherche de la paix ?

Je viens de dire que ces menaces ne me font pas peur. Je continuerais à aller dans le maquis. En réalité, Nkrumah Sané me reproche une sortie au cours de laquelle j'ai dit que d'ici à l'an 3000, il n'y aura pas d'indépendance pour la Casamance.



En fait, sur quoi vous fondez-vous pour affirmer cela ?

Je le dis parce que le Sénégal n'est pas un pays sorti du néant. Nous sommes dans le monde actuel et nous sommes membres de l'Organisation des Nations-Unies (Onu). C'est cette organisation qui a dit qu'il faut respecter les frontières léguées par les puissances coloniales. Elle n'acceptera jamais qu'on remette en cause cela. Parce qu'une fois qu'on aura remis en cause ces frontières une seule fois, il faudra revoir toute la situation du monde. Est-ce que pour les beaux yeux des Casamançais, on va enfreindre la réglementation internationale ? C'est pourquoi je dis, dans ces conditions, tout ce qui reste au Mfdc, c'est de tuer, de continuer à tuer des gens et cela n'aboutira à rien. La Conférence de Berlin et celle de Brazzaville ont déjà déterminé les frontières des différents pays. On a vu des rébellions un peu partout dans des pays qui sont plus grands que le Sénégal, comme dans le Kivu en République démocratique du Congo ex-Zaïre, le Biafra au Nigeria. Alors pourquoi doit-on accorder l'indépendance à une partie du Sénégal qui, en dehors de la Gambie et de la Guinée-Bissau, est l'un des pays les plus petits de l'Afrique de l'Ouest.



Le ministre des Affaires étrangères est favorable à une extradition de Nkrumah Sané. Est-ce une initiative à même d'apporter le calme chez les maquisards ?

C'est une procédure très longue et il y a quand même des dispositions à prendre. Mais le problème pour moi, je crois que Nkrumah a la double nationalité pour se permettre de faire ce qu'il est en train de faire. S'il est Français, il sera très difficile de l'extrader. Mais dans tous les cas, je crois qu'au niveau de la France qui est un pays ami, des dispositions seront prises parce qu'il est en train de nuire à la stabilité du Sénégal.



Les combattants reconnaissent-ils à Nkrumah Sané une légitimité ?

Donner une réponse exacte à cette question est quand même difficile. Les combattants sont très divisés. Il y en a qui se réclament de lui, comme il y en qui ne veulent pas entendre parler de lui.



Dans ces deux camps, qui sont les majoritaires ?

Il faut d'abord savoir combien y a-t-il de combattants pour parler de majorité. Je ne peux pas parler de majorité ou de minorité. Il y a des cantonnements différents, sauf le camp de Salif Sadio, qui se dit être sous le commandement de César Atoute Badiate. C'est le cas des cantonnements de Diakaay et de Kassolol. D'ailleurs, quand nous avons été là-bas, Atoute Badiate nous a bien reçus et nous avons discuté avec lui avec beaucoup de responsabilité.



Que faut-il alors faire pour sortir de cette situation qui ressemble à bien des égards à une impasse ?

Le problème qui a été l'origine de la prise des armes, il faudrait que les gens pensent à le régler. Et cela passera par une discussion très sérieuse avec le Mfdc qui n'est pas la seule entité concernée. Tous les Casamançais civils sont aussi concernés par le conflit. Ce n'est pas parce qu'on a pris des armes qu'on va imposer votre vue à toute une population.



Le processus de paix est pourtant au point mort. Est-ce votre avis ?

C'est cela en fait qui fait que nous nous levons. On a comme l'impression qu'il n'y a pas une commission de suivi après les différentes négociations. Chaque fois, on négocie et l’on rentre et personne ne sait jusqu'où les accords ont été acceptés et réglés. Et à partir de ce moment, il y a des problèmes. Mais, nous disons, dans la mesure du possible, si les négociations devaient reprendre, qu'il y ait une commission qui puisse suivre l'application des accords pour pouvoir faire le point après un temps. Si on ne le fait pas, à chaque fois qu'il y a une accalmie, on oublie que le problème est encore entier.



Vous êtes revenu du maquis, que veut le Mfdc ?

Le problème, c'est que le Mfdc est divisé. Il y en a qui sont pour la paix, mais il y a des irréductibles qui veulent aller jusqu'au bout. Mais nous sommes en train de voir comment faire pour rallier tout le monde à l'idée de la paix. Parce toutes les guerres du monde se terminent autour d'une table de négociations et ce n'est pas en Casamance qu'il y aura une exception.



Qu'est ce qui motive encore les «irréductibles qui veulent aller jusqu'au bout» ?

Ils ont différentes récriminations, mais je ne peux pas citer ici. En fait, nous nous sommes réunis et nous allons essayer de régler ces problèmes. Mais, si on en parle, c'est comme si on les trahissait. Tout ce que je peux dire, c'est que nous allons faire un procès-verbal à qui de droit. Alors comprenez que je m'en arrête-là.



Quel est l'état d'esprit de l'État quant à sa volonté de résoudre ce conflit ?

Nous n'avons rencontré pour le moment que le Mfdc. Mais nous allons nous tourner vers l'État pour essayer de voir les possibilités de renouer le fil du dialogue.



Il se dit également que les questions d'argent reviennent régulièrement parmi les problèmes évoqués chez les combattants. Est-ce que cela fait partie des récriminations des rebelles ?

Pour le Mfdc, la division est venue de l'extérieur. En fait, c'est l'argent qui les a presque divisés parce qu'effectivement, l'entrée de l'argent a vraiment démultiplié les problèmes. Et nous pensons qu'il faut arrêter cela. C'est pourquoi nous, quand on rencontre les combattants, nous leur faisons savoir qu'on n'a pas d'argent à distribuer, nous n'avons que notre conviction, notre volonté à faire en sorte que tout le monde se retrouve autour d'une table. Nous ne sommes ni envoyés par le gouvernement, ni par le Mfdc. Nous sommes des citoyens sénégalais qui s'activent pour la recherche de la paix en Casamance.



Mais il y a quand même des préalables à régler pour aller vers la paix...

C'est cela le problème justement. Nous, nous pensons qu'il faut nécessairement des assises inter-Mdfc. Il faut qu'ils règlent leurs problèmes d'abord. Et après, on verra avec le gouvernement les dispositions qu'il faut prendre pour initier d'autres rencontres. Sans ces assises, il sera très difficile de négocier parce qu'il n'y aura pas d'interlocuteurs. Nkrumah prétend être le chef alors qu'il y a à côté Jean-Marie François Biagui, Ansoumane Badji, il y a maintenant Lansana Goudiaby. Il faut que tous ces gens-là parlent de la même voix.



Vous parlez alors de la question du leadership ?

Tout à fait ! Avant, on avait un interlocuteur en la personne de l'Abbé Diamacoune. Et depuis qu'il est mort, c'est maintenant la débandade. Chacun y va de son langage, de ses propos. C'est à qui veut se montrer plus irréductible que l'autre.



Dans la question du leadership rebelle, incluez-vous le chef de guerre Salif Sadio ?

Nous n'écartons personne. Nous n'excluons personne, même pas Salif Sadio. Même au niveau du Mfdc, ils pensent pouvoir discuter avec lui. La perspective même de ces assises inter-Mfdc, c'est pour régler tous ces problèmes. Parce qu'une fois que vous laissez quelqu'un en rade, il a sa capacité de nuisance. En vérité, les gens ne sont pas à craindre en tant que tels. C'est leur capacité de nuisance qui est dangereuse. C'est le cas de Nkrumah Sané. Il n'est rien. Mais regardez ce qu'il fait. Il déstabilise le Sénégal à partir de la France. Si je devais qualifier ce garçon, je dirais que c'est le Pgcd, le Plus grand commun diviseur du peuple casamançais et du Sénégal d'une manière générale. D'ailleurs, il y a même des étudiants qui nous ont interpellés parce qu'ils veulent nous aider au niveau de la base en rencontrant les parents qui sont dans le maquis.



Dans les démarches que vous faites, vous arrive-t-il d'avoir peur ?

Peur de qui ?



Des combattants, par exemple ?

Mais le problème, il est celui-là : Si tout le monde a peur, comment va-t-on faire pour renouer le fil du dialogue ? J'ai posé la même question aux combattants parce qu'il y a des gens qui me disent de ne pas y aller. Vous savez ce qu'ils m'ont dit : «Vous êtes notre seul relais parce que nous, nous voulons la paix. On ne peut pas vivre tout le temps avec un fusil. On en a assez». Mon rôle est de faire en sorte que la paix revienne. Il y a des jeunes qui sont nés après 1982 et ils veulent vivre. Ils n'ont aucune vie, ils ne connaissent rien d'autre que le fusil. Pour ces combattants, c'est le peuple casamançais qui les a mis dans cette guerre et les a abandonnés. Mais quand moi je vais les voir, ils se disent : «Au moins, il y a des gens qui se préoccupent de nos sorts».



N'avez-vous pas peur de rencontrer une balle rebelle aussi ?

D'une manière ou d'une autre, chacun mourra à son heure. Mais si ce n'est pas encore pour vous l'heure de votre mort, personne ne peut vous tuer. Ce n'est pas du déterminisme. Mais je dis, en croyant, qu'il me faut faire quelque chose puis que nous sommes de la zone. Il nous faut toujours y aller. Et s'il n'y a pas la paix, que vaut la vie ? Vous pensez que moi, je vais rester trois sans aller voir mes parents à Thionk ? Sans aller à Ziguinchor ? Même si je dois rencontrer un jour la mort, ce sera mon destin. Et je me suis préparé à cela et je l'ai dit à ma famille, à tout le monde. Mais moi, je ne m'arrêterais pas tant qu'il n'y aura pas la paix. C'est ma conviction. Je suis musulman croyant et je crois que la vie dans l'au-delà vaut mieux que celle-là qui est passagère. Donc je préfère faire du bien en prenant tous les risques et le jour où Dieu voudra de ma vie, que cela me trouve en train de faire une bonne action.



Qualifiez-vous votre démarche de Jihad (Ndlr : Guerre sainte) ?

Parler de Jihad, c'est trop fort. J'ai juste le sentiment de faire de bonnes actions. Je suis «talibé Cheikh», un Tidiane. Nous croyons en Dieu et nous n'avons pas peur quand nous avons la conviction. Vous savez, la mort, c'est de là-haut qu'elle se décide. Le jour qu'elle devra arriver, couché, dans l'eau ou atteint d'une balle, elle arrivera, parce que Dieu l'aura voulu.


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