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Politique

LES DESSOUS DE DOSSIER ; Aïm, Wade, Idy et les affaires

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LES DESSOUS DE DOSSIER ; Aïm, Wade, Idy et les affaires

Malin. Mystérieux. Réseauté. C’est le triptyque qui sied le mieux pour caricaturer Pierre Aïm, Directeur général de Ais Brasseries, mouillé dans une affaire de fraude sur le sucre qui l’oppose à la Douane sénégalaise. Mais derrière les accusations qui accablent gravement «l’ami», dit-on, du Président Wade, se cachent des dessous au parfum de règlement de compte. Nombre d’observateurs n’ont pas manqué de relever des coïncidences troublantes entre le déclenchement de cette affaire qui ne date pas d’aujourd’hui à la difficulté des relations entre M. Aïm et Me Wade. Les rapports entre ces derniers, «associés», sont traversés par une crise profonde aux contours assez sombres. Les deux hommes ne sont pas revus ensemble depuis la veille de la dernière présidentielle. L’issue de leur entrevue n’avait pas été heureuse. A cause de l’affaire Taïwan et des autres relations d’affaires qui unissent les deux hommes ? L’on se rappelle, en tout cas, qu’aux premières heures de l’Alternance, Me Abdoulaye Wade avait dépêché en République de Chine son conseiller spécial, M. Aïm, auprès de son homologue chinois, M. Chen Shui-Bian, pour négocier un financement de 15 millions de dollars devant servir à la réalisation de «divers projets de développement dans notre pays».

L’option de lancer l’opération contre Aïm au moment où le Président est parti en vacances n’est pas fortuite. Car, il s’agit de le mettre à l’aise par rapport à toute intervention ou intercession en faveur de Aïm, la «Pierre» qu’il a taillée, polie et façonnée à la sénégalaise. Une façon pour le Président de rendre la politesse, après avoir été bien soutenu par Aïm, même au moment où il était incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Mais l’homme d’affaires a réellement intégré le pays grâce au Président Wade qui l’a couvé et protégé au départ. Mieux, c’est Me Wade qui l’a aidé à acquérir la brasserie et à rentrer dans le capital de beaucoup d’entreprises. Il avait fait cette révélation dans un entretien alors accordé à nos confrères du journal «Le Quotidien» : «Quand Cheikh Tall Dioum a déposé le bilan, le Président Wade venait d’arriver et il m’a dit : ‘’Il y a une affaire, et toi, tu as connu ça dans le passé.’’ Je suis venu tout de suite. Cela a été comme un rappel de mes origines. J’avais commencé par la boisson. J’ai dit Ok. On a mis beaucoup d’argent, mais maintenant, cela marche très bien (Ndlr : Ais Brasseries)». Cet appui du chef de l’Etat à son ami n’est qu’un signe de reconnaissance. Pierre a rendu maints services à la famille Wade avant que Me Wade n’accède à la Magistrature suprême. «Il (Wade) n’a pas oublié sa traversée du désert, comment je l’ai assisté», confiait-il.

De ses propres affaires, l’on retient la création de la société de manutention, Saga, qu’il finira par perdre après que Vincent Bolloré l’a fait couler pour l’acheter à vil prix. C’est d’ailleurs par le biais de cette entreprise de manutention portuaire qu’il fit la connaissance de beaucoup de dirigeants africains.

La reconversion de Pierre Aïm au Sénégal est sans doute justifiée par ses antécédents avec la justice un peu partout en Europe où «il y est interdit de compte bancaire et d’exercice d’un métier de gestion». Il a été inculpé en Italie pour «détournement de biens sociaux», ce qui l’avait valu un séjour carcéral en Italie et en France. Une autre affaire de détournement de plus de 50 millions d’euros à la trésorerie de la Société parisienne alimentation distribution (Spad) se greffe au palmarès de l’homme d’affaires. Ce dernier a, du reste, toujours nié le bien fondé des accusations portées à son endroit.

Mais cet aspect de sa personnalité cache bien une autre facette de l’homme. Ouvert sur le temps du monde, il est capable d’élans de générosité débordante. Il a été très utile aux actuels maîtres du jeu, sans en piper mot. Pierre Aïm sait aussi prendre son temps avec ses interlocuteurs, à discuter avec eux de tout et de rien. Juste pour tisser des liens solides et…utiles. Il connaît bien l’Afrique et le Sénégalais, plus que tout. Dans ses conversations privées, il ne se gêne pas de tisser des lauriers à Me Wade, qu’il trouve intelligent. Il a pratiqué l’homme. Aussi s’est-il imprégné de la réalité du pouvoir durant les premières heures de l’alternance. C’est à lui qu’Idrissa Seck fait allusion dans son premier Cd, alors qu’il était incarcéré à la Maison centrale d’arrêt et de correction de Rebeuss, lorsqu’il évoque cet ami qui l’a contacté pour lui annoncer la fin de son idylle avec Wade. Un scénario bien assaisonné avec la métaphore du «fils biologique» et du «fils d’emprunt». Après la lune de miel, le fiel. Mais Pierre Aïm a plus d’un tour dans son sac. Très rusé, loin d’être un enfant de cœur, il sait rendre les coups au moment opportun. Loin du bruit et des projecteurs de la presse.



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