Une heure à peine après la publication des résultats du scrutin du 25 février 2007, où le candidat Abdoulaye Wade caracole solitairement en tête avec 55, 86% des suffrages exprimés, suivi de son ex disciple, aujourd’hui banni, Idrissa Seck (14, 93 %), Me Abdoulaye Wade a tenu un point de presse au Palais de la République pour remercier les différents segments de la société qui ont contribué à sa réélection à la tête du pays. Une mention spéciale a été consacrée aux jeunes et aux femmes ainsi qu’aux handicapés, qui ont tenu à lui renouveler leur confiance et leur fidélité indéfectible.
Me Wade a noté avec satisfaction le fort taux de participation (près de 74%) jamais égalé au Sénégal, « au moment où l’on s’attendait à un grand pourcentage d’abstention », souligne le Président Wade. Le chef de l’ Etat est revenu longuement sur les dossiers judiciaires pendants de certains hommes politiques notamment Idrissa Seck, Moustapha Niasse, Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng et Habib Thiam. Parlant du profil de son futur successeur, Me Wade a exclu totalement qu’il puisse être Idrissa Seck !
Après les remerciements à l’endroit de ceux qui l’ont élu notamment les jeunes, les femmes et les handicapés, Me Abdoulaye Wade a tiré quelques leçons du scrutin du 25 février 2007. Il s’agit d’abord de constater en le déplorant que la presse avait induit l’opinion nationale et internationale en erreur faisant croire que le candidat Wade était minoritaire et qu’il risquait de perdre les élections devant ses concurrents, si jamais il se présentait à un deuxième tour jugé inévitable. Pour Me Wade, « les électeurs n’avaient pas à l’évidence la même lecture que les hommes de presse ». La deuxième leçon est relative au calme absolu qui a régné durant le scrutin alors que cette même presse nous présentait la veille un Sénégal assis sur des braises incandescents. Pour le Président Wade, « hormis l’incident qui a opposé les éléments du candidat Idrissa Seck aux disciples de Cheikh Béthio Thioune, il n’y a pas eu de perturbations notables », en ajoutant que : « selon les informations dont nous disposons, les éléments de Idrissa Seck ont provoqué l’incident pour avoir quitté leur itinéraire de départ en bifurquant devant le domicile de Cheikh Béthio où il y avait un rassemblement », précise-t-il. Procédant à l’interprétation des résultats, Me Wade déplore une fois de plus le fait qu’on ait présenté la situation au Sénégal de manière si fausse, induisant certains électeurs en erreur. Pour Me Wade, le scrutin du 25 février 2007 ne ressemble guère à celui de mars 2000, « où l’alternance était inévitable. L’ayant compris, Abdou Diouf m’a appelé le mardi à 11h pour me féliciter et pour couper l’herbe aux pieds à ses camarades socialistes, qui, sentant la défaite venir, cherchaient à fabriquer d’autres faux résultats qu’ils voulaient publier à la place des vrais sortis des urnes ! Pour cela, je salue son courage et son patriotisme», a révélé Me Abdoulaye Wade. En saluant la maturité de la jeunesse sénégalaise et le bon sens qui caractérise le peuple sénégalais, Me Wade a soutenu avoir tenu toutes ses promesses électorales de 2000, hormis la réalisation de l’aéroport de Diass dont « les travaux vont démarrer le 4 avril prochain », assure-t-il. Sans trop s’attarder sur le mécanisme de lutte contre la corruption qu’il a mis en place, Me Wade a tenu à préciser qu’aucun de ses enfants n’occupe une fonction où il est en rapport avec l’argent. Concernant Karim Wade, souvent ciblé par les détracteurs, Me Wade dira que « L’Anonci qu’il gère n’est pas une fonction permanente. Il s’agit d’organiser une activité ponctuelle (le sommet de l’Oci) et puis ce sera terminé ». Me Wade indiquera que « les deux projets pilotés par Karim sont : la corniche de Dakar et l’aéroport. Pour la corniche, c’est Karim qui a conçu et monté le projet, financé par le fonds koweitien sur la base de mon amitié avec l’Emir de ce pays. Une entreprise koweitienne exécute les travaux sur appel d’offres et l’argent est viré à cette entreprise. L’aéroport est aussi une autre conception de Karim qui a un diplôme d’ingénierie financière de la Sorbonne en plus d’une expérience bancaire en Grande Bretagne. Ce projet qui est piloté par la banque d’affaires marocaine, la Bmce-Bank, sera managé par l’aéroport de Frankfort et financé sur la taxe de l’aéroport collectée par l’Iata », renseigne Me Wade avant de se demander stupéfait : « mais, où sont les milliards empochés par Karim dans tout cela ? ».Me Wade n’a pas manqué de brandir, un exemplaire du journal de Madiambal Diagne « Le Quotidien » qui dans son édition du jeudi/1er/ mars a titré sur : « 172 milliards délestés du Trésor ». Le Président Wade a précisé que, « ces sommes ne vont pas d’abord au Trésor », avant de démontrer qu’il s’agit tout simplement d’un rapport de la Banque mondiale dont les conclusions de l’enquête ne sont pas encore tirées. Pour dire, combien la presse nationale passe souvent à côté de la vérité et porte ainsi préjudice à l’image du pays.
Parlant des audits, Me Wade a dit « qu’ils ne sont pas abandonnés ni classés sans suite. Maintenant que le pays s’est doté d’un nouveau président, l’Etat va reprendre son cours normal. Certains dossiers de justice suspendus parce qu’ils concernaient des leaders politiques impliqués d’une manière ou d’une autre dans le processus électoral, vont être relancés. J’ai personnellement pardonné à Idrissa Seck, mais les deniers de l’Etat et des Sénégalais c’est autre chose », a fait remarquer Me Abdoulaye Wade avant de dire : « ne soyez pas surpris si demain la justice remet sur la sellette les dossiers de Amath Dansokho, qui en tant que ministre de l’Urbanisme avait vendu des terrains situés à l’intérieur de l’aéroport ! Il y a aussi un autre dossier le concernant. Celui-ci est relatif à la mauvaise gestion de la mairie de Kédougou. 17 millions de francs Cfa, reçus d’une commune française auraient mystérieusement disparus. Amath devra expliquer devant la justice le pourquoi et le comment. Le dossier est envoyé à la Chambre de discipline financière ». C’est aussi le cas de Moustapha Niasse qui aurait acquis sa maison (alors patrimoine de l’Etat) sise à la corniche, à une somme dérisoire de 11 millions de francs Cfa, payables en 19 mois ! Selon le Président Wade, « Moustapha a également trempé dans une ténébreuse affaire de vente de passeports diplomatiques sénégalais à des Chinois pour leur faciliter l’entrée aux Etats-Unis ». Pour le Président Wade, « Niasse a reconnu les faits devant la police et a prétendu avoir versé l’argent au Trésor public ! ». La justice n’avait pas encore ficelé ce dossier... Il en est de même avec la vente des licences de pêche où Ousmane Tanor Dieng et l’ex Premier ministre Habib Thiam avaient été cités. Ces derniers auraient avoué et une partie de l’argent aurait servi à financer la Can 92 et à acheter des voitures pour le Ps ! La justice nous dira ce qu’il en est exactement...Et le cas le plus troublant est, bien sûr, celui de Idrissa Seck qui a reconnu avoir utilisé des fonds politiques que Wade lui avait confiés. Me Wade brandira à l’attention des journalistes un engagement signé par Idrissa Seck et écrit de sa propre main. « S’engageant dès sa libération de prison à rembourser la somme de 7 milliards de francs Cfa en acompte sur les fonds politiques à Me Abdoulaye Wade... ». Selon le Président Wade, « quelques 40 milliards de francs seraient découverts par la Commission rogatoire dans un compte de la Trust Bank à New York déposés par Idrissa Seck ». Des tractations étaient également faites dans ce sens auprès de la Société générale de banques au Luxembourg et en Suisse...La justice se penchera dans les prochains jours sur tous ces dossiers qui intéressent au premier degré l’ensemble des Sénégalais.
Me Wade a terminé sa conférence de presse par un appel adressé au peuple sénégalais qui lui a fait confiance le 25 février 2007 afin qu’il lui donne conséquemment une majorité confortable aux législatives de juin 2007. « Cela me permettra de gouverner à l’aise et de travailler rapidement et efficacement », a-t-il dit.
Sur une dernière question portant sur le nom de son successeur, Me Wade dira sans ambages, « je ne connais pas encore son nom, mais il devra être comme moi, intelligent, travailleur, connaissant bien l’environnement international et ayant des relations de haut niveau », mais, tient-il à préciser : « En tout cas, ce ne sera M. Idrissa Seck... » !
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