Le retour dans le giron libéral de l’ex-Premier ministre Idrissa Seck, annoncé lundi dernier par Me Abdoulaye Wade lui-même, n’a pas été suivi d’une unanimité des positions au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Les craintes de voir ceux qui sont désignés comme étant les faucons, donc opposés à tout dialogue avec Idrissa Seck, ruer dans les brancards, à défaut de torpiller l’initiative de leur chef, se sont vite estompées. Mais, quelques voix se sont élevées le même jour, parfois au moment où se produisaient ces retrouvailles, non pas pour dire catégoriquement niet à l’initiative de Me Wade, mais pour tirer sur Idrissa Seck. Certaines déclarations, comme celles de Farba Senghor, n’ont pas surpris les observateurs de cette affaire qui a retenu pendant longtemps le Sénégal en haleine. Le ministre de l’Agriculture, qui est par ailleurs le responsable de la propagande au Pds, interpellé par des radios de la place, n’a pas changé de langage à l’endroit du Thiessois.
Farba Senghor est resté constant dans ses accusations en taxant encore Idrissa Seck de « voleur ». Le ministre de l’Agriculture n’a jamais caché le ressentiment qu’il éprouve envers l’ex-Premier ministre, même lorsque ce dernier faisait office de numéro 2 de la formation libérale et chef du gouvernement. Dans une de ses sorties, il est même allé jusqu’à dénier au maire de Thiès un rôle important qu’il pourrait jouer dans la réélection de Me Wade puisque, pour Farba Senghor, avec ou sans Idrissa Seck, les Libéraux vont assurer à leur candidat la victoire à la présidentielle. L’homme n’est pas de ceux qui ferment le dossier des chantiers de Thiès qui avait valu à l’ex-Premier ministre sa disgrâce. Il refuse également de ranger aux oubliettes la sortie de Idrissa Seck sur la gestion qu’il a faite des fonds politiques.
Farba Senghor garde aussi dans le cœur la diffusion de secrets avec les célèbres Cd de l’ex-Premier ministre envoyés aux médias. Dans son analyse de la nouvelle situation, il en conclut que le maire de Thiès, en acceptant de revenir au bercail, perd au change plus qu’il ne gagne : « Idrissa Seck est neutralisé », avait dit le chargé de la propagande des libéraux. Acceptera-t-il de fumer le calumet de la paix avec M. Seck, juste pour faciliter la tâche à Me Wade qui est dans une logique de reconstitution de la grande famille libérale ? En tout cas, on voit mal ce fidèle parmi les fidèles claquer la porte à cause de ce retour.
Constance
On peut en dire autant pour Aliou Sow, ministre de la Jeunesse et patron de l’Ujtl, lui qui a été aussi l’un des plus virulents pourfendeurs de l’ex-Premier ministre depuis sa descente aux enfers. Le jeune libéral, qui n’a jamais ménagé Idrissa Seck dans ses déclarations, a dû certainement être très surpris par la tournure des choses, lui qui soutenait, au cours d’une rencontre l’année dernière, que « même si Me Wade voulait retrouver Idrissa Seck, nous retiendrons sa main ». Alors qu’il était en Italie, en compagnie du Premier ministre Macky Sall, M. Sow, en apprenant l’audience de lundi dernier, est monté sur ses grands chevaux, sans oublier que Me Wade demeure sa constante. Lui aussi, il a évoqué les mêmes griefs que Farba Senghor reproche à Idrissa Seck, mais il a semblé semer les germes de défiance : « Idrissa Seck est un homme sous l’autorité de qui je ne pourrai jamais me soumettre », avait-il déclaré. Le rassemblement de la famille libérale pourrait-il, dès lors, se faire sans heurts ?
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