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Politique

Les trois fléaux qui rongent le Sénégal : Ethnicisme, sectarisme et régionalisme

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Les trois fléaux qui rongent le Sénégal : Ethnicisme, sectarisme et régionalisme

Si le premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, s’était employé à bâtir une nation, que consolidera son successeur Abdou Diouf, sur les bases de la laïcité, du dialogue et de la démocratie, force est de reconnaître que leur héritage est fortement malmené de nos jours. Désormais, l’ethnicisme, le sectarisme et le régionalisme sont les nouvelles épées de Damoclès qui planent sur notre pays. Hélas, ces nouveaux fléaux vont crescendo. Ils sont, paradoxalement, véhiculés par … les politiciens, les « marabouts-politiciens » ; avec notre complicité, moyennant de menus billets de banque.     
   
Tant que la philosophie de l’humanité reposera sur la supériorité d’une race sur une autre, rappelait le « roi du reggae », Bob Marley, ce sera toujours la guerre. Ramené à un niveau moindre, on déduira que tant qu’un groupe se croira supérieur aux autres, l’unité nationale sera toujours menacée. Est-ce le cas du Sénégal ? Tout porte à le croire.

Le recours à l’ethnie : la voie démagogique de bien des politiciens
L’ehnicisme est bel et bien dans nos murs. Et, hélas, on vote en son nom. On collecte des suffrages à son nom. C’est ce qui est arrivé dans le département de Linguère, où le parti de Djibo Leyty Kâ a engrangé l’essentiel des suffrages, aux élections législatives de 1998 ; parce que M. Kâ était au milieu de ses « parents peuls ». Il est natif de la zone. De même, aux dernières élections législatives de l’année dernière, l’honorable député Aliou Dia, un « djolof-djolof » de Mbeuleukhé s’est taillé la part du lion dans le quartier Abattoir Ndjolofène de Kaolack, juste après le Pds, parce qu’ayant retrouvé dans ce lieu des « parents ». Le Pds y doit son succès à un autre Djolof-djolof, plus liquide : le député Mor Maty Sarr, socialiste reconverti, pour ses affaires, au libéralisme.

Même les « marxistes » sénégalais n’échappent pas à la règle du recours à l’ethnie pour exister politiquement. Pour illustration, dans le Bakel, au « pays » des Sarakholé, les cœurs battent, en majorité, pour le Professeur Abdoulaye Bathily. Originaire de la famille « princière » de cette ethnie, il a consacré sa thèse de doctorat à l’histoire du royaume Sarakholé : le Ngalam.

Le « maoïste » reconverti au néo-libéralisme et adepte du « je reste et demeure dans la sphère du pouvoir », Landing Savané, fait ses meilleurs scores dans son Bignona d’origine ; depuis l’aube de la « légalité », survenue après les durs moments de clandestinité. Pourtant sa villa cossue ne s’y trouve pas. Elle se situe plutôt à Mermoz, en bordure de l’Atlantique.

Ailleurs aussi, les cas d’utilisation de l’ethnie par les politiciens font de plus en plus lésion. Par exemple, le député Cheikh Bamba Dièye, ne peut pas être le dernier dans son fief de Guet-Ndar, le quartier populeux des pêcheurs de Saint-Louis.

Bien sûr que les populations sont également responsables, l’Etat aussi. En campagne électorale dans la région de Ziguinchor, le président Abdoulaye Wade n’a pas pu se retenir de rappeler qu’il était « Diola » par sa mère. Blasphème pour un président de la République !

Chapeau au maire de Ziguinchor, Robert Sagna, qui doit tout aux « Diolas ». La région de Ziguinchor, la commune des Parcelles assainies, où vivent beaucoup de Diolas sont les lieux où rayonne son parti politique. N’est-ce pas Tété Diédhiou ?

De tout temps, les politiciens ont joué sur les fibres sentimentales de leurs ethnies. L’enfant prodige ! Dans le Fouta, Macky Sall, directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2007, se plaisait à y commencer ses discours en langue pulaar. C’était l’occasion et le lieu pour le maire de Fatick, qu’il est depuis les dernières élections locales, de rappeler que Nguidjilogne, d’où est native sa défunte mère, est par ricochet son village d’origine. Pourtant, lui et tout comme les autres savent que la référence à l’ethnie affaiblit la République. Mais quel texte peut leur empêcher de le faire ? Il faudra au législateur beaucoup de courage. Le chemin sera long, mais incontournable. L’éradication de la rébellion et le séparatisme passeront forcément par là. Nos politiciens fourvoient aussi la nation, en étalant leur appartenance à telle ou telle secte.

Le sectarisme, un cancer pour la République
Peuls et mourides ont frôlé l’affrontement quand l’actuel président de la République, Me Wade, a voulu « donner » le ranch de Doly, aménagé pour les besoins de l’élevage en milieu sylvo-pastoral, à son "marabout ». For heureusement, la sagesse du regretté Serigne Saliou Mbacké aidera à ramener la paix. Bien avant, le premier jour de son investiture en tant que chef de l’État du Sénégal, un soir de mars 2000, Me Wade était allé passer la nuit à Touba, capitale du mouridisme ; pour recueillir les prières de son « guide ». Depuis il y va à la veille de chacune de ses grandes décisions, de ses grands combats. D’ailleurs, il compte faire pour la cité ce « qu’aucun disciple n’a jamais fait » pour Serigne Touba, fondateur du Mouridisme et de sa capitale. Me Wade aime se comparer. Son sectarisme est si revendiqué qu’il heurte les autres « tariqa » (sectes). C’est un pléonasme. Or bien avant, Tidianes, Mourides, Chrétiens et animistes vivaient en harmonie. Qui ne se plaisait pas de rappeler, parlant de dialogue inter-religieux, que le premier président du Sénégal, un pays composé majoritairement de musulmans, était un Chrétien. Léopold était chez lui dans chaque concession confrérique.

Mais, il n’y a pas que Me Wade à verser dans le « confrérisme ». Des marabouts ont créé des partis politiques au nom de la confrérie. Ils ont même osé fonder la doctrine de leur « parti » sur la confrérie. Qui ne pense d’emblée au « petit-fils de Serigne Touba, le « général » Modou Kara Mbacké Norayni, « président du Parti de la vérité pour le développement (Pvd), aujourd’hui en lambeaux ? Il avait « vu » et prédit la « victoire » du candidat Abdou Diouf aux élections présidentielles de l’an 2000. Mais, au soir du 19 mars, ce fut, complètement alors, le contraire. C’est probablement la raison pour laquelle Modou Kara est devenu l’un des « souteneurs » de Me Wade, le tombeur de Diouf. Il est marabout. Que personne donc ne se souvienne ; sous risque d’alimenter l’enfer ou de rendre l’âme sous les coups de pilon de ses « talibés ». Contrairement à ses militants, ils sont nombreux .

Il y a eu aussi un certain P.U.R, qui a été parrainé par un fils de Elhadj Malick Sy. Hélas, le rayonnement de cette « formation politique » ne dépasse toujours pas les frontières de Tivaoune, la capitale des Tidianes du Sénégal. D’ailleurs que signifie Pur ? Rares sont les Sénégalais qui donneront la dénomination de ce sigle très accrocheur. Au début des années 60, le marabout Cheikh Tidiane Sy avait créé son parti. Il sera nommé, par la suite, ambassadeur par Senghor. Mais les fonds, qu’on lui avait alloués, finiront dans sa…théière. Juste « trois normaux » !

La création d’un parti est souvent motivée par l’intention d’être « inséré » par les gouvernants. Ce n’est pas Serigne Ouseynou Fall, petit-fils du lieutenant de Serigne Touba, Mame Cheikh Ibra Fall, qui nous démentira. Candidat malheureux aux élections présidentielles de 2000, il verra les baye-fall, qu’il menaçait d’être plongés dans la Géhenne s’ils ne lui attribuaient pas leurs bulletins, lui tourner le dos !

Pca, il sera par la suite. Il s’est casé dans la Cap 21. Heureusement, même si d’aucuns s’y méprennent, les Sénégalais ont su distinguer la politique de la religion. Cet autre Mbacké-Mbacké, qui a récemment formé un parti politique, « pour barrer la route à Me Wade », pourrait l’apprendre à ses dépens. Il est vrai qu’entre guides religieux et responsables politiques, dans le passé comme de nos jours, c’est un rapport d’utilisation. « Tu me soutiens politiquement, je t’aide financièrement et matériellement », pourrait-on résumer. L’un et l’autre comprennent le jeu de … dupes. Mais, Allah est Le Clément !
Les marabouts qui ne peuvent pas créer de partis pilonnent les politiciens dans leurs serments ; jusqu’à ce que les autorités réagissent positivement. Imam un tel de Thiès. Imam un tel de Médina. À propos, pourquoi le petit-fils de Baye Niasse, Serigne Mamoune Niasse, chef de parti, ou son « frère » Ahmeth Khalifa Niasse, qui était si allergique à Me Wade qu’il créa sa formation politique, ne sont pas encore à la tête de la mairie de Kaolack ? En tout cas, d’opposants de Me Wade, ils sont rapidement devenus les piliers de son régime, dont ils profitent largement. Mais, n’est-ce pas que « seuls les imbéciles ne changent pas » ?

Le régionalisme, un mal nécessaire pour accéder aux affaires
Le Professeur Balla Moussa Daffé, député-maire de Sedhiou doit sa nomination ministérielle, dans le gouvernement socialiste de Diouf, à son fief. C’est « l’attachement » à ce même département, devenu région, qui lui vaut sa reconversion dans la chapelle libérale. Ainsi, grâce, encore, au Balanta Counda, Balla Moussa est devenu député-maire.

L’ex-Premier ministre Idrissa Seck, en « révolutionnant » le visage de sa ville natale de Thiès, savait bien que l’investissement allait rapporter. Thiès s’est rebellée contre Me Wade, quand ce dernier l’emprisonna, et bien après. Si son parti « Rewmi » est fort, c’est certainement dans les limites de la commune de Thiès ; dont il a été le maire. Ses meilleurs scores sont confinés dans son espace communal. Ailleurs, M. Seck boxe dans la même catégorie que les autres.

La région, découpage administratif par essence et stratégie économique, est devenue l’abri pour les politiciens qui veulent devenir ministres, maires, présidents de conseil ou, au moins, conseillers. La région, la commune, ce sont la base. Chaque politicien doit en avoir. Et puis, c’est là l’expression de la proximité d’avec les militants. Le prétexte est trouvé, pour que Moustapha Fall, dit Che, puisse « fusiller » Me Wade depuis son Kaolack natal. Il se fait médiatiser depuis cette ville, qui lui assure son existence politique. Mais qu’il en devienne le maire, ce sera la mer à boire.

Du temps du régime socialiste, le tout-puissant Directeur des affaires présidentielles d’Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng, avait profité de sa « station » pour délocaliser et embellir son petit village natal de Nguéniène. Depuis, les populations de la localité ne jurent que par lui. Par contre, son patron de l’époque, Abdou Diouf, ne fera rien d’exceptionnel pour son Louga natal. Diouf avait opté de servir l’État. Tout le contraire de son successeur, Me Wade, qui tient à faire de Lompoul, située à quelques jets de pierres de son Kébémer natal, la « future » capitale du Sénégal. Kébémer est devenu, sous Wade, un joyau. Les populations se souviendront de leur illustre fils

Ethnicisme, sectarisme et régionalisme sont les nouveaux fléaux que véhiculent politiciens et « marabouts-politiciens ». Leur propagation est facilitée par la pauvreté et l’ignorance de la plupart des populations. Probablement que le régionalisme est le fléau qui ravage moins l’ossature de la République. Les analyses au laboratoire restent quand même à faire !

 



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