A quelques jours des élections de 2007, plus précisément des investitures dans les différents partis politiques, ça gronde au Pds. Les contestations viennent de «barons» libéraux, prêts à lâcher la «pirogue bleue» au cas où la gestion du Pds continue à se faire de manière aussi lamentable.
Trois faits. Apparemment sans lien. Apparemment seulement. Cependant, des faits quand même fort instructifs, rapportés au contexte politique actuel où se font de plus en plus suffocantes, prégnantes, les vapeurs électorales qui larmoient de plus en plus les yeux des libéraux, constamment sous les effets de secousses telluriques récurrentes du Pds. La tonitruante rebuffade de Modou Diagne Fada, soufflant le chaud et le froid sur la chaumière libérale. L’épée d’amazone indomptable, sortie de son fourreau par Mme Aminata Tall, après une parenthèse silencieusement bavarde, pour faire gicler ses quatre vérités.
Et les cavalcades meurtrières de El Hadj Ndiaye de Wacco ak Alternance sur les ondes de Walf Fm contre les pourfendeurs hier de Me Wade, devenus spectaculairement et honteusement ses épigones enflammés aujourd’hui. Trois faits adossés à un seul discours aux relents d’une ré-appropriation d’une légitimité confisquée par les fameux nomades politiques qui ont envahi l’oasis libérale. Contre les couleurs de caméléons venus d’ailleurs pour ternir le bleu d’antan, le bleu des années de braise, des sacrifices consentis qui servent maintenant à engraisser les anti-Wade viscéraux dans l’opposition, maintenant miraculeusement pro-Wadistes sans vergogne. Pour les lambris enchanteurs du pouvoir. Pour les néons aveuglants des sinécures. Ces petits riens existentiels et donc éphémères pour des dignités vulgairement bradées sur les loumas électoraux. Les sauts de cabris des amphitryons, prêts à subir toutes les conditions, pourvu qu’ils aient de longues cuillères pour les plonger dans les dîners gargantuesques du Palais.
A trois mois des élections, ces trois sorties géométriquement centrées sur la dénonciation du holp-up politique de la part de militants de la cinquième colonne sur l’appareil de l’Etat et du Pds, sonnent comme un avertissement à l’endroit du principal distributeur des attributs de pouvoir, le Président Wade. Ici, se dessine ce qui ressemble fort bien à une ligne de fracture sur laquelle évoluent des légitimistes qui ne veulent plus continuer à supporter la lourde facture de leur mise à l’écart au profit de nomades venus jouir d’un long combat de plus de deux décennies, auquel ils n’ont pas participé vraiment. Les responsables actuels du Pds feraient une grave méprise, pour ne pas dire une monumentale erreur politico-électorale en considérant que les propos de Modou Diagne Fada, Aminata Tall et El Hadj Ndiaye ne sont que des cris d’orfraie de frustrés isolés. En vérité, ces anciens compagnons de Me Wade ne font, pour dévaliser Maryse Condé, que «dire tout haut, ce que tout le monde pense tout bas».
Le son du cor de leur rébellion subite sourde en réalité dans les rangs des libéraux authentiques, et ce n’est pas innocent que ces décibels soient si agressifs, suite à l’entrée récente dans le gouvernement, des rescapés de l’appel manqué de Me Wade, que sont Abdoulaye Babou, Abdourahim Agne, El Hadj Diouf et Serigne Mamoune Niasse. Les cuivres contestataires ont aussi résonné en direction des prochaines confections de listes électorales. A ce titre, l’avertissement de Modou Diagne Fada est symptomatique, lui qui a fait entendre à bien audible voix qu’il n’acceptera pas de figurer, d’aller sur n’importe quelle liste électorale. Comme est symptomatique la main que lui a tendu pour une alliance «fraternelle», El Hadj Ndiaye de Wacco ak Alternance.
Tout comme l’est encore la dose de némali politique de Aminata Tall qui encense «son fils», Modou Fada Diagne. Ce dernier, Aminata Tall et autres anciens compagnons du Pape du Sopi semblent avoir compris que le Vatican libéral leur sera définitivement fermé s’ils n’occupent pas de bonnes places sur le train électoral. Tout cela se déroule alors que le feu de Rewmi de Idrissa Seck brûle sur les flancs d’un Pds qui «ne se porte pas bien», ainsi que le reconnaît Mme Aminata Tall. Dans ces conditions, le chemin des «rebelles» risque de croiser celui du président de Rewmi qui continue toujours à clamer que le Pds est sa «famille naturelle», ou du moins une «réserve» pour y puiser ses militants.
C’est pourquoi la récente sortie de Aminata Tall, une des icônes du Pds, sur la possibilité de travailler à des retrouvailles entre Idrissa Seck et Me Wade, peut aussi offrir comme modalité d’une lecture souterraine, une sorte d’avertissement ou de mise en garde. Alors, retenez-les avant qu’ils ne fassent un malheur ! <16>[email protected]
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