M. OMAR FAYE DE LEERAL ASKANWI « Wade cherche pour son fils ce que Gbagbo avait réussi en 2000 »

Malgré les assurances du président de la République écartant toute possibilité d'une succession monarchique à la tête de l'Etat du Sénégal, M. Omar Faye de Leeral Askanwi croit dur comme fer que « Wade cherche à ce que son fils soit président de la République du Sénégal ». À l'en croire, la présence de toutes ces sociétés françaises dans notre pays en est la preuve. Sur l'actualité politique, Omar Faye invite Idrissa Seck à se démarquer du camp du pouvoir parce que, soutient-il, on ne peut pas hériter de la gestion Wade et vouloir être président.   

Le Matin : Que pensez-vous de la reprise du jeu Wade-Idy, prenant à nouveau le pays en otage ?

M. Omar Faye : Ce qui nous dérange dans la démarche de Idrissa Seck, c'est son jeu avec Wade. C'est ce que la majeure partie des Sénégalais ne peut pas comprendre. Le peuple ne peut pas accepter ses entrées et ses sorties. Si Idy était constant dans sa démarche, en s'écartant de Wade et en étant aux côtés du peuple, aujourd'hui il allait être le 4ème président du Sénégalais sans passer par Wade. C'est une minorité qui comprend la démarche de Idrissa mais pas la majorité de ceux qui votent. Il doit se démarquer totalement et du Pds et de Wade, même s'il est actionnaire majoritaire dans le Pds. C'est ce qui lui reste.

À votre avis, Wade cherche-t-il à neutraliser Idrissa Seck ?

C'est clair que Wade veut le détruire dans ce jeu. Il n'a qu'à essayer de voir avec les leaders qui sont là et les mouvements citoyens comment faire une jonction pour débarquer Wade et sa famille. Dans son jeu, les gens ne peuvent pas lui faire confiance. Mais nous saluons son courage politique. Il a été le premier à oser défier Wade en plein comité directeur. Niasse ne l'avait pas fait en son temps, ni Djibo Ka. Tous les deux ont préféré quitté le Ps pour créer chacun son parti. Ça, c'est un mérite. On ne peut pas hériter de la gestion Wade et vouloir être président. Il n'a qu'à faire son propre chemin. Il ne faut écarter aucune hypothèse parce que le Sénégal a besoin d'un leader qui peut faire partir Wade. Parce qu'aujourd'hui, il y a quelque chose qui est là patent. C'est qu'à chaque fois que nous sommes à l'approche des élections, Wade cherche à détruire Idrissa Seck. Cela veut dire qu'on ne peut pas écarter Idy du schéma qui doit faire partir Wade et son pouvoir. En 2007, il a tenté de le détruire. Et en 2012, nous risquerons d'assister au même scénario. Cela veut dire que M. Idrissa Seck connaît et représente quelque chose. C'est pourquoi, Idy doit gérer tout ce qu'il représente et le mettre à la disposition du peuple. Mais son jeu peut lui faire fatal. Idy a d'énormes atouts, il faut qu'il cesse son jeu avec Wade.

Que vous inspire la gestion actuelle du pays, marquée par le retour des coupures d'électricité et la hausse des denrées de première nécessité ?

D'ici peu de temps, des déclarations beaucoup plus fracassantes que celle de Mame Marie Faye seront faites dans ce pays, et concernant la gestion du pays, la justice, le port, l'avion de Karim Wade qui est là, la faillite de Africamer, l'audit de la Senelec et tant d'autres sociétés. Il est temps que le peuple prenne ses responsabilités parce qu'on ne peut plus laisser une famille faire ce qu'elle veut avec les deniers publics. Je ne vois pas en quoi Wade va être réélu en 2012. Et c'est là qu'on veut lancer un appel à Idy. Wade cherche à ce que son fils soit président de la République du Sénégal. C'est ce qui est à l'origine de la présence de toutes ces sociétés françaises dans notre pays. Bolloré va revenir au port. Déjà, il aura une nouvelle société d'électricité avec EDF. Déjà, il y a Eiffage qui est là. Ce que Gbabgo avait réussi en 2000 en ayant les Français à ses côtés, c'est ce que Wade cherche pour son fils.  

 Propos recueillis par Boubacar Demba SADIO