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Politique

Madieyna Diouf (Numéro deux de l'Afp) : ‘ Il n'y a pas de problème Niasse- Tanor Dieng ’

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Madieyna Diouf (Numéro deux de l'Afp) : ‘ Il n'y a pas de problème Niasse- Tanor Dieng ’
Le secrétaire national chargé de la vie politique de l'Afp et maire de Kaolack a participé, avant-hier, à la célébration de l'anniversaire de l'agression de Talla Sylla à Paris. Dans son adresse aux participants et en marge de la cérémonie, le numéro 2 de l'Afp est revenu sur la question de l'impunité au Sénégal. Pour lui, si l'on ne fait pas attention à ces milices privées, ‘des sources de conflits très graves’ sont à venir au Sénégal. Madieyna Diouf a aussi abordé la candidature unique ou plurielle de Benno Siggil Senegaal en 2012. Il a livré la position de principe de son parti et la procédure engagée par cette coalition pour aboutir à un dispositif stratégique afin de gagner la prochaine élection présidentielle. Voici quelques extraits de son intervention.

‘(…) Au Sénégal, la situation est mauvaise sur tous les plans. Alors, sommes-nous dans une situation de type dit révolutionnaire où les gens sont dans la rue en train de braver les balles et manifester de manière violente ? Il faut vous dire que cela est très difficile sur le plan culturel. Le Sénégalais manifeste sa colère, mais de préférence de manière non violente. C’est sociologique, c’est socioculturel, jusqu’à une certaine limite parce qu’on a connu des situations au Sénégal où l’on n’a pas reconnu le Sénégalais tel qu’on le connaissait. Vous vous rappelez de 1989 avec l’affaire de la Mauritanie où on a vu des choses d’une telle barbarie de la part des Sénégalais. Mais, d’une manière générale, c’est ça les limites des politiques que nous sommes dans la mobilisation contre certains phénomènes.

‘Aujourd’hui, vous appelez à une manifestation à Dakar contre la vie chère, les coupures d’électricité, les inondations, vous serez surpris de n’avoir que des militants, et peut-être des syndicats et pas toute la population. C’est un trait caractéristique de notre façon de vivre, de faire. Cela ne veut pas qu’il n’y aura pas des situations où l’on aura tous les Sénégalais dans la rue. Cela s’est passé avec les marchands ambulants qui avaient été touchés dans ce qu’ils avaient de plus cher parce qu’on était à la veille de la Tabaski qui est la période de pointe de leurs activités. Il y a eu une manifestation d'une violence rare et spontanée, dont on aurait dit qu’elle était organisée. Il ne faudrait peut-être pas oublié cet aspect de notre sociologie. Est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est mal ? Je ne sais pas, mais les Sénégalais sont comme ça.

‘Abdoulaye Wade exploite l'oubli de la mémoire collective’

‘Il y a aussi un phénomène qui est un peu négatif. C’est que la mémoire collective a tendance à oublier très vite, pas à pardonner. Ça, Abdoulaye Wade le sait très bien et l’exploite. J’ai entendu dire Djibo (Kâ) que Senghor lui avait dit que le Sénégalais, au bout d’une semaine, passe à autre chose quelle que soit la gravité de la situation. Par conséquent, il suffit de faire le dos rond pendant une semaine et puis, ça passe. Ce qui fait que cette capacité de réactivité que nous avons, n’est pas celle qu’on attendrait de notre peuple dont il faut tenir compte, même quand on fait une analyse.

‘C’est très grave que nous laissions passer dans notre pays un espace d’impunité’

‘Le deuxième aspect de l’affaire Talla Sylla, c'est que cela continue. Le dernier en date, c’est le vandalisme contre Wal Fadjri. Là aussi se pointent à l’horizon des phénomènes que nous devrons analyser. Il y a au Sénégal des sources de conflits très graves à venir. Nous avons des milices organisées autour de personnes, autour de religieux. Ce que nous avons jamais connu au Sénégal. Si l’on ne condamne pas l’impunité, si l’on ne prend pas garde des effets pervers de l’impunité dans l’affaire Talla Sylla, par exemple, ces milices seront impunies aussi. Elles vont organiser des massacres, des pogroms contre des gens pour l’expression de leur simple opinion. Jusqu’à hier, je n’ai pas vu dans la presse qu’on a été très loin dans l’enquête dans l’affaire Wal Fadjri. Or tout le monde sait d’où ça vient, même si le commanditaire présumé n’est pas désigné nommément. Nous sommes au Sénégal. Il y a eu une déclaration politique qui a visé peut-être un leader religieux. Il y a eu une réaction automatique. Donc on sait d’où ça vient.

‘Avant cela, il y a eu l’affaire du saccage des locaux de L’As et 24 h Chrono. Non seulement on sait là où ça vient, mais les présumés coupables sont connus, répertoriés, désignés et sont passés au tribunal. Dans l’affaire de Talla Sylla, il y a des enquêtes de la gendarmerie et de la police qui ont abouti à des conclusions déposées. C’est donc tout le problème général de l’impunité de ceux que le régime pense être du côté l’opposition entre guillemets. C’est très grave que nous laissions passer dans notre pays un tel espace d’impunité, de violation des droits de l’homme, de violation des droits publics, de violation de la liberté d’expression dès lors qu’on n’est pas avec le prince. C’est pour cela que des manifestations, comme celle d’aujourd’hui, même si nous sommes dans un café, sont importantes. Il ne suffit pas seulement de dire : ‘Allez dans la rue !’. A travers vous, ce sont certainement des opinions importantes qui sont en train de s’exprimer. Il ne faut pas négliger cela.

‘L'idée des Assises nationales vient d'une affaire de boulangerie’

‘Au Sénégal, vous savez qu’il y a des limites si l’on veut rester dans la légalité, si l’on veut une opposition républicaine. Ou alors, on part de l’autre côté en devenant une opposition radicale, organisée, dont les conséquences sont assumées. Tout à l’heure, j’ai entendu quelqu’un parler de la société civile. Depuis que je connais le Sénégalais, je n’ai jamais vu une situation où une opposition politique classique et une société civile soient aussi ensemble pendant deux ans. Jamais, on n’a connu ça au Sénégal.

‘En réalité, l’idée des assises est venu d’une affaire de boulangerie. Quand il y a eu la hausse du prix du pain et que les boulangers voulaient riposter, nous avons dit qu’il faut rencontrer les boulangers, les écouter. En les écoutant, nous nous sommes dit pourquoi ne pas rencontrer d’autres secteurs de la vie économique sénégalaise. (…).

‘Nous sommes allés trop loin dans l’encadrement politique pour éviter qu’il y ait un Wade nouveau’

‘Au Sénégal, nous sommes traumatisés par ce qui arrive au niveau politique. On se dit plus jamais ça. Peut-être même que nous sommes allés trop loin dans l’encadrement politique pour éviter qu’il y ait un Wade nouveau. (…). C’est la première fois depuis l’indépendance qu’on a un tel creuset de réflexion qui a abouti à des conclusions de ce genre. C’est une base. Maintenant, ce sont les politiques qu’il faut transformer. Nous allons vers des élections en 2012.

(…). Que faire tous ensemble pour aboutir à un changement ? Changement tout en gardant la sérénité qu’il faut ; changement tout en gardant les valeurs sénégalaises ; changement tout en n’aboutissant pas à la situation actuelle de la Guinée Conakry ou à des situations de convulsion que le Sénégal ne connaît pas et ne devrait pas connaître parce que la chance que nous avons, c’est ce brassage, ce melting-pot que nous avons. Tout le monde est parent ou ami, qu’on soit Diola ou Sérère.

‘Est-ce que la société civile seule peut arriver à révolutionner, au sens noble du terme, les choses ? Est-ce que seul le politique peut le faire ? Faut-il le faire ensemble ? Des élections se gagnent ou se perdent avec des appareils, avec des moyens, avec de la mobilisation. Faut-il aller au-delà et convoquer une véritable révolution comme ce qui s’est passé en Guinée Conakry le 28 septembre avec tous les risques qui peuvent en découler : aller dans la rue. Et après ? Quels sont les risques ? Est-ce que l’armée ne va pas en profiter ? Même si l’on renversait le pouvoir de façon aussi violente, qui va-t-on mettre, comment va-t-on le mettre, qui choisir ? Il y a des questions très importantes sur lesquelles, en tant que responsables politiques, nous avons la responsabilité de réfléchir afin qu’on puisse transformer les choses (…)

‘Pour la candidature unique ou plurielle, on ne dépassera pas 2010 pour en décider’

‘Cette question de candidature unique ou plurielle est d’actualité au Sénégal, mais pour moi, elle n’est pas d’actualité en réalité. Mais au Sénégal, des gens se posent des questions. Pour nous à l’Afp, l’échéance, c’est 2012. Nous sommes en 2009. Nous avons encore 2010 et peut-être une partie de 2011 pour pouvoir nous mobiliser autour d’une idée, autour d’une candidature multiple ou pas. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas vous répondre aujourd’hui. Pour le moment, le débat est un peu prématuré. Forcément, en le pesant et en le conduisant, les récurrences négatives seront beaucoup plus nombreuses parce que l’opinion du 22 mars nous a exprimé une direction : c'est ‘unissez-vous’. Je suis persuadé que si je suis élu le 22 mars 2009 comme maire de Kaolack, ce n’est pas Madieyna Diouf de l’Afp qui a été élu. Nous avons voté pour l’unité qui est là. Quelqu’un aura été à ma place, il aurait été élu. J’en suis persuadé.

‘Si le débat (sur la candidature unique ou multiple) se pose de façon prématurée, dans chaque camp, il y a des faucons. Cela ne peut faire que le jeu de Wade. En tout cas, depuis 2002, les principes de l’Afp, c’est d’aller ensemble aux élections. Nous l’avons défendu dans le Cpc, dans la Cpa. Nous l’avons défendu aussi en 2007. Nous défendons encore cette position de principe qu’il faut adapter à chaque type d’élections.

‘Il n’y a pas de problème Moustapha Niasse-Ousmane Tanor Dieng. Il peut y avoir un problème de leadership le moment venu si l’état-major d’un parti dit que c’est son leader qui doit être le candidat unique. (…). Je sais qu’on ne dépassera pas 2010 sans que cette question ne soit résolue. C’est sûr. Nous sommes en octobre 2009, nous ne pouvons pas trancher une question qui concerne des hommes, des partis politiques, des organisations de masses, pour dans deux ou trois ans. On discute du principe actuellement. Benno a une méthode qui a été de rassembler les contributions de chaque parti sur les questions électorales générales et sur les questions économique et sociales pour un régime de transition à venir. Une fois que toutes les positions seront dégagées, en particulier les positions stratégiques politiques, la synthèse se fera et il y aura des discussions. On n’en est pas encore là.

‘C’est parce que des positions des partis ont été rendues publiques que l'opinion s'en est emparée. Certains partis ont exprimé leur position, d’autres ne l’ont pas encore fait. Par exemple, l’Afp ne l’a pas encore fait parce que nous avons des procédures, des instances autour lesquelles ces questions sont (…) en train d'être discutées depuis la base jusqu’au bureau politique. Et c’est le bureau politique - et pas Moustapha Niasse qui est très démocrate - qui va décider de la position. C’est pourquoi l’Afp n’a pas encore communiqué sa position à Benno. Je crois que même le Parti socialiste ne l’a pas encore fait. Nous sommes quelques partis à ne pas encore donner notre position. Une fois que cela sera fait, il y aura un comité de synthèse. S’il y a convergence partout, tant mieux. S’il n’y en a pas, c’est ce comité qui va faire de sorte qu’on en arrive à un meilleur dispositif pour gagner les élections et faire partir le régime.

‘Le problème de Wade, comme tous les présidents en Afrique, c’est le lendemain de leur départ du pouvoir. Il y avait quelqu’un qui avait dit qu’il faut voter une charte d’impunité à tous les anciens présidents. C’est un vrai problème. ‘Pour répondre à votre question, pour nous le débat sur la candidature unique ou multiple est prématuré. Malheureusement, il existe ; il est dans la presse. Qu’est-ce qui s’est passé ? Après les Assises nationales, il y a eu la charte de la bonne gouvernance qui pose des problèmes importants sur le plan des réformes institutionnelles. On s’entend tous sur le reste, comme les réformes économiques. Quelle a été la base de cette réforme institutionnelle aussi bien au niveau des politiques que de la société civile ? C’est faire en sorte qu’on ne soit plus jamais dans une situation comme celui-ci où quelqu’un qui est élu démocratiquement - parce qu’en 2000, Wade a été élu démocratiquement ; c’était l’aspiration des Sénégalais au changement - arrive à transformer ce sur quoi il a été élu et se muer en autocrate, faisant ce qu’il veut. Aussi, tout le monde a été d’accord pour un régime parlementaire équilibré. Tous ceux qui ont signé la charte, s’engagent à respecter cela.

‘On ne peut pas parler de candidature en 2012 sans la relier à la réforme institutionnelle. En tout cas, à l’Afp, nous la relions à la réforme institutionnelle et peut-être à un régime de transition. Mais celui qui sera élu en 2012, le sera sur la base de la constitution actuelle. Etant élu, il peut dire : ‘Je nomme Yoro Bâ Premier ministre et au bout deux mois, je le renvoie et je nomme Ousmane Ndiaye. Je fais ce que je veux.’ C’est pourquoi, s’il y a candidature unique ou multiple concertée, chacun doit s’engager à mettre en place les réformes institutionnelles et les réformes économiques d’urgence. En combien de temps ? Il y en a qui disent 12 mois, d’autres 24 mois, à condition de ne pas être comme Dadis en disant : ‘Je m’engage à partir, mais après je reste’. C’est pourquoi votre question est tellement importante qu'il faut la remettre dans l’analyse globale que nous avons faite. ‘Nous ne voulons pas rentrer dans le jeu de leadership Afp/Ps comme on le dit tout le temps. Nous avons les meilleures relations avec le Parti socialiste. Mais il n’y a pas que ces deux leaders-là. Il y en a d’autres. Il y a la société civile. Il y a beaucoup de Sénégalais présidentiables qui viennent de partout. Ceux-là (Moustapha Niasse et Tanor Dieng) sont connus à cause de leurs appareils politiques. On sait que les élections, c’est des appareils parce qu’ils ont des gens qui vont les représenter dans les bureaux de vote, ils ont des réflexes de mobilisation pour les élections (…). Si l’on arrive à un consensus sur une transition, ce serait l’idéal. Le reste, ça se construit.

‘L'assainissement de Kaolack coûte 21 milliards’

‘L’assainissement à Kaolack est une question lancinante. Effectivement, c’est la priorité des populations, de l’équipe municipale que j’ai l’honneur de diriger. La résolution de ce problème ne pourra pas se faire en un ou deux ans. Il faudra au moins un délai de trois à cinq ans, à condition qu’on rassemble les moyens pour cela. La deuxième condition, c’est que les populations nous accompagnent. Troisième condition, qu’il y ait de la formation, de la communication avec les populations pour ne pas revenir à une situation antérieure une fois que ce problème sera réglé. Nous avons vu avec les inondations une aggravation de cette situation d’assainissement et les conséquences sur la santé.

‘Vous savez que les inondations ont touché cette année tout le Sénégal. Et l’une des causes, c’est l’occupation des terrains qui sont d’anciens lits de marigots, comme à Kaolack, pendant une période de sécheresse d'une quinzaine d'années sans qu’il y ait eu à la place des aménagements et la restructuration de ces quartiers. L’autre cause, c'est le manque de réseau de canalisations, de drainage des eaux. Et tout cela coûte extrêmement cher. Le conseil interministériel s'était réuni, il y a deux ans à Kaolack. Il avait évalué à 21 milliards le coût pour venir à bout de l'assainissement à Kaolack. Moi, j'ai un budget d'à peine 1 milliard 800 millions à 2 milliards. Vous voyez que je ne peux pas, à moi seul, régler cette question. Les inondations exigent un programme spécial d'aménagement, de restructuration des quartiers, d'installation des équipements de drainage des eaux de pluie, des eaux usées qui sont sous-dimensionnés, mal entretenus, bouchés toute l'année. Et cela dépasse nos moyens. C'est la raison pour laquelle, j'ai saisi le président de la République de cette question-là pour demander un programme spécial pour Kaolack à l'instar de ce qui a été fait à Dakar et sur la Corniche, à l'instar de qui a été fait à Thiès et ailleurs (…)’



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