La bataille est rude à Diourbel où la majorité des conseillers municipaux veulent le départ du maire Jacques Baudin. Les initiatives se multiplient et restent sans effet parce qu’au même moment, le maire reste zen et refuse de donner suite à la saisine de la majorité de convoquer la session extraordinaire où il sera question de demander sa démission.
Jacques Baudin va-t-il scier la branche sur laquelle il est assis pour convoquer une session extraordinaire où il sera question de discuter de sa gestion et éventuellement de sa démission ? Non, pensent la plupart des observateurs politiques avertis. La majorité des conseillers municipaux qui souhaitent la convocation d’une session extraordinaire du conseil municipal de Diourbel avaient initié en ce sens une pétition. Jacques Baudin a réagi à leur sortie par courrier. (Voir par ailleurs).
Les conseillers signataires de la pétition avaient fait une lettre de rappel au maire mais aussi écrit au ministre de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales avec ampliation au chef de l’Etat pour obliger l’édile de la capitale du Baol à convoquer cette session extraordinaire, comme l’y oblige l’article 151 du Code des collectivités locales. Mieux, la majorité avait saisi le préfet du département -chargé du contrôle de la légalité- pour amener le maire à se conformer aux textes et ensuite le gouverneur.
Baudin reconnaît s’être trompé sur certaines décisions
Mais à ce jour, rien n’a été fait alors que les faits reprochés à Jacques Baudin sont graves. Il s’agit de la violation du Code des marchés publics avec l’attribution d’un marché à un fournisseur sans même un avis d’appel d’offres. Il y a aussi une lettre de confirmation d’un marché public à un fournisseur sans au préalable avoir requis l’avis de la commission des marchés. A cela, il faut ajouter l’accord signé entre le maire et des représentants d’un quartier pour le versement des frais de bornage en lieu et place des services compétents.
Outre ces manquements, le maire est victime de la cantinisation de la ville. D’ailleurs, des plaintes ont été déposées au niveau du Parquet de Diourbel contre Jacques Baudin par Mamadou Dioum, conseiller municipal. Lesquelles plaintes sont restées sans suite. Les faits reprochés à M. Baudin ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà au lendemain de son élection en 2009, il avait lors de la 2ème session ordinaire du conseil municipal, qui s’était déroulée le 8 octobre, reconnu des manquements dans sa gestion. Face au feu roulant de questions de ses collègues conseillers municipaux, l’édile de Diourbel avait reconnu s’être trompé dans la prise de certaines décisions.
Interpellé sur l’attribution du domaine foncier qui jouxte le centre horticole de Diourbel et son morcellement en parcelles à usage commercial, le maire disait à l’époque : «Je reconnais avoir signé des arrêtés vierges. Effectivement, j’ai signé, je faisais du social. J’ai toujours donné des parcelles mais je n’ai jamais demandé de vendre. Le maire, encore moins ses adjoints ne peuvent vendre des parcelles.»
Remise en cause d’un contrat de gardiennage
Jacques Baudin avait aussi reconnu que l’entrepreneur chargé de réfectionner le mur du centre horticole, détruit lors de l’opération «Diourbel, ville propre», avait eu droit à deux parcelles. Aliou Sarr, l’adjoint au maire chargé des halles et marchés, avait promis à ses collègues de faire «toute la lumière sur cette affaire». A ce jour, rien n’a été fait. D’ailleurs sur cette affaire, une pétition a été élaborée par un groupe de conseillers pour dénoncer la gestion nébuleuse et opaque du maire. Lors de cette session, les conseillers étaient revenus sur le contrat de gardiennage que le maire, en violation flagrante du code des collectivités locales et des marchés publics, avait souscrit avec d’anciens soldats membres de l’Anamra (Amicale des anciens militaires et retraités de l’Armée).
Si des conseillers comme Mamadou Dioum, Déthié Faye et Sogui Tine avaient rué dans les brancards pour dénoncer le non-respect des procédures, c’est-à-dire une demande de renseignements de prix, un appel d’offres et le recueil de l’avis du conseil municipal, Jacques Baudin, lui, avait préféré se réfugier derrière le concept juridique : «La nécessité fait loi.» Il poursuit, tout en faisant son mea-culpa : «Si j’avais bien lu, je n’aurais pas fait un contrat-test.» Pour ce qui est du sucre qui avait été remis aux 122 agents de l’institution en guise de Soukarou Koor, Jacques Baudin avouera que «c’est quand je m’apprêtais à regagner mon véhicule qu’un entrepreneur du nom de Niakour Sagne m’a dit : «Monsieur le maire, il faut signer le bon vert.» J’ai signé. Et à ma grande surprise, depuis l’étranger où je me trouvais après, j’ai entendu dire que la mairie avait remis à chaque employé 5 kilos de sucre. J’avoue que je n’étais pas au courant, comme du reste le bureau municipal.»
Bamboula à l’Urbanisme, au Cadastre et aux Impôts
La commune de Diourbel souffre de la spéculation foncière en cours avec la complicité de certains chefs de service. D’ailleurs, une plainte a été déposée contre l’actuel chef du centre des services fiscaux de Kaolack, alors chef du bureau des domaines de Diourbel par Mamadou Dioum, conseiller municipal, pour avoir attribué des parcelles à des chefs de service et même à des journalistes en violation flagrante des textes en vigueur.
A Diourbel, c’est la bamboula au niveau de certains services comme l’urbanisme, le cadastre et les impôts. En atteste le procès-verbal de la commission d’attribution des parcelles du lotissement administratif en date du 14 novembre 2012. Dans ce procès-verbal dont Le Quotidien détient copie, c’est le partage de Bouki (l’hyène). On note sur la liste des 121 personnes attributaires des chefs de service et leurs proches.
Pléthore d’employés
Diourbel, c’est aussi la pléthore du personnel municipal. A ce jour, on recense plus de 200 employés. D’ailleurs parmi ces employés, il y a un personnel affecté chez Aminata Tall, alors que celle-ci n’en a pas droit. Certains parmi ces «employés» ne connaissent même pas le chemin de l’institution municipale alors que d’autres sont absents du territoire national et continuent à percevoir leur salaire. Sur ce sujet, Jacques Baudin avait fait un aveu de taille. Non seulement il l’avait reconnu mais déclarait : «On me dit qu’il y a 200 travailleurs dans cette mairie, mais je n’ai jamais vu 10 travailleurs ensemble. Le percepteur m’a écrit deux lettres qui ne sont pas des lettres de caresse pour me dire : «Il faut arrêter. En plus, ce qui est dangereux, vous prenez des gens qui sont plus nombreux que de besoin. Et ce qui est plus grave, ils sont inutiles. Embauchez des gens qui sont utiles, qui apportent quelque chose à la mairie.» Je lui ai donné raison et j’ai envoyé une lettre au chef de la division des ressources humaines pour lui dire : «Je t’envoie des copies que le percepteur m’a envoyées en lui disant que je te donne tort. Il faut me faire la liste et tous ceux qui ne sont pas utiles, je les remercie.» Il m’a envoyé une liste et finalement, (…) il a mis : ‘’Avéré’’. La vérité, c’est que les gens ne veulent pas travailler ; et parce qu’ils ne veulent pas travailler, ils reçoivent n’importe qui dans leur bureau et leur donne du travail.»
Pour la majorité des conseillers comme la plupart des Diourbellois, la coupe est pleine et il faut se débarrasser du maire. Chose qui ne sera pas facile parce que les textes en vigueur ne donnent aucun délai au maire pour convoquer la session extraordinaire. La seule possibilité, c’est que l’autorité l’oblige à le faire. Ce qui fait dire à certains que le feuilleton de Diourbel est loin de connaître son épilogue.
3 Commentaires
Deug
En Novembre, 2013 (14:28 PM)C´est grave donc vous signez sans savoir ce que vous signez. Non je rêve c´est grave en tant que maire.
From Zion
En Novembre, 2013 (15:19 PM)Titen
En Novembre, 2013 (21:22 PM)Participer à la Discussion