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Politique

MAJHEMOUT DIOP, LEADER DU PARTI AFRICAIN DE L’INDÉPENDANCE (PAI) : « Je rêvais de libérer l’Afrique, Wade voyait comment il allait la gouverner... »

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MAJHEMOUT DIOP, LEADER DU PARTI AFRICAIN DE L’INDÉPENDANCE (PAI) : « Je rêvais de libérer l’Afrique, Wade voyait comment il allait la gouverner... »

Un souffle de fraîcheur dans cette demeure « élégante », mais sobre qui trône sur le virage de Yoff. De près, le bruit des vagues qui échouent sur la plage située plus bas. De plus près encore, un homme aux traits fins et à l’élégance gestuelle et langagière sans faille. Un monument de la scène politique sénégalaise qui accepte, enfin, d’ouvrir le cahier de sa trajectoire ! Majhemout Diop se soucie du moindre détail pour mettre l’équipe à l’aise. Quitte à dire, un brin taquin, que « Le Soleil s’est assagi », allusion aux années de braise. Page après page, en se souciant aussi de ne pas créer les conditions de vaines querelles de chapelle, l’une des icônes de la vie politique nationale démontre qu’elle n’a pas renié ses convictions énoncées à la création d’un parti pour l’indépendance. Le cahier de souvenirs comporte quelques chapitres consacrés à Wade, Senghor, Diouf et Cheikh Anta Diop.

Leader du Parti africain de l’indépendance (Pai), on ne vous entend pas depuis longtemps sur la vie politique nationale, contrairement à l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia. Pourquoi ce retrait ?

Ce n’est pas un retrait. Je m’excuse. C’est peut-être une pause de réflexion. C’est pour pouvoir procéder à une analyse exhaustive de la situation. Il ne faut pas se dépêcher et donner des conclusions. La vie est très complexe, et on a des devoirs, des obligations de dire ce qui est vrai. Le doyen Mamadou Dia, j’ai une haute estime pour lui. Si vous ne le savez pas, je vous l’apprends : il a été mon maître quand j’étais à l’école primaire à Saint-Louis. Il est d’un tempérament fougueux, plus que le mien, malgré son âge. Au Pai, nous faisons des réunions hebdomadaires. Nous réunissons notre bureau politique et notre comité central de temps en temps, mais nous ne faisons pas de communiqués. Maintenant, quand la situation l’exige, nous sortons. C’est le cas à l’étape actuelle. Nous ne voulons pas donner des conclusions qui égarent la jeunesse. C’est la seule raison, sinon je suis toujours dans la politique. Vous avez dû suivre l’actualité et vous savez que nous avons vu le président de la République, il y a de cela quelques jours. Nous sommes arrivés à des conclusions qu’on devait lui donner.

Comment jugez-vous l’actualité politique nationale avec les alliances qui se font qui se défont ?

Il y a énormément de choses ! Il y a à boire et à manger. La situation politique est effectivement complexe. Après les élections de février 2000, il y a eu un remue-ménage politique, avec de nouvelles alliances, de nouvelles orientations. Il était au fond difficile de se retrouver. Dans ces événements, il faut faire beaucoup attention. Pour ce qui nous concerne, nous avons appuyé Abdou Diouf pour des raisons très simples. Nous avions été les premiers, sur la scène politique, à part Lamine Guèye, au temps où il était à la Sfio (Section française de l’internationale ouvrière, ndr), à dire que nous étions partenaires du socialisme. Il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites, pas toujours trop exactes, souvent très fausses sur notre adhésion au socialisme. Pourtant, nous étions très clairs. Nous avions dit que nous avions comme doctrine, avec la création du Parti africain en 1957, le socialisme scientifique. Ce n’est pas par hasard que nous avions épousé le socialisme scientifique. Évidemment, les esprits simples ou les va-vite ont tout de suite dit : « Voilà, ce sont des communistes, des communistes purs et durs, des athées, donc des bêtes à abattre ». Nous avions dit que nous allions faire du socialisme scientifique. Ce que nous entendions par là ? Nous l’avions dit et répété tant de fois que je me suis exprimé sur ça : notre doctrine, nous l’appelons « socialisme scientifique », parce qu’il est un socialisme qui colle aux réalités de l’Afrique et qui colle aux réalités de la science. Il n’était pas, pour nous, simplement question de demander l’indépendance. Le problème, c’était aussi de remplacer les colons. C’était d’appliquer le socialisme tel qu’on le connaissait, tel qu’il était. Il était question de faire une société plus juste où il fallait rendre la vie plus facile, agréable et solidaire. C’est pourquoi nous avons opté pour la voie socialiste. Mais, nous disions « scientifique » parce que ce socialisme n’existait nulle part. Aucune société, dans le monde noir, que ce soit en Afrique où ailleurs, n’avait élaboré ce socialisme dont nous parlions. Il fallait donc l’étudier, l’établir et l’élaborer. C’est pourquoi nous avons dit « scientifique ». Ce n’était pas comme le socialisme en Union soviétique, en Yougoslavie ou ailleurs. Il fallait émettre le socialisme à partir de nos propres réalités et à partir des conclusions auxquelles nous serions arrivés en abordant profondément la société dans laquelle nous vivions. Nous avons donc appuyé Abdou Diouf parce qu’en définitive, quand nous avions formé le socialisme, nous étions les seuls. De la même manière, nous étions les seuls pour l’indépendance à l’époque. Les dirigeants politiques les plus notables de l’époque disaient qu’on ne peut aller à l’indépendance parce qu’on ne peut pas construire des sous-marins ni des églises. Pourtant, deux ans plus tard, Dieu nous a donné raison. En 1957, nous avons créé le Pai et, en 1960, nous accédions à l’indépendance. L’Afrique était pratiquement indépendante. Nous étions donc venus à temps, après Bandoeng, après Dien-Bien Phu et la guerre d’Algérie. Nous avons dit que le moment était venu de poser le problème de l’indépendance. Voilà donc pour dire pourquoi nous avions appuyé Abdou Diouf en 1993. Il était déjà président de la République pendant une dizaine d’années, puisque Senghor est parti en 1981. Abdou Diouf nous a demandé de l’aider en arguant du fait qu’il y avait des liens de parenté entre nous, ce qui est vrai. Je lui ai dit : « Monsieur le Président, vous êtes l’héritier de Senghor, je crois que vous devez continuer à assumer cet héritage. Et nous continuons notre chemin, on verra ». Nous avons appuyé la candidature du président Abdou Diouf en 1993.

Qu’est-ce qui a favorisé votre rapprochement, Diouf et vous ?

Le Ps avait repris le mot d’ordre d’indépendance du Pai, mais il a aussi changé d’appellation. Il s’appelait Bds (Bloc démocratique sénégalais, Ndr) au départ, il est devenu Ps. Le Bds a donc repris le socialisme et le mot d’ordre socialiste. Dans ce cas, nous avions neuf candidats à la présidentielle de la République, mais celui qui nous paraissait plus proche du point de vue idéologique était le candidat Abdou Diouf. Et nous l’avons appuyé parce qu’il fallait bien, après avoir été éliminés d’une manière dérisoire en 1983, que nous ayons un candidat. Alors nous avons présenté le candidat Diouf.

Comment avez-vous vécu l’épisode de 1983, celle de ce que vous appelez une « élimination de manière dérisoire » ?

En 1983, nous avons été aux élections. Dans le bureau où nous avions voté, mon épouse, mon représentant et moi, nous avions zéro voix ! Le bureau était à la rue Kléber. Cela veut dire qu’il n’y avait même pas d’élections, il n’y avait même pas de parodie d’élections. Nous avons d’ailleurs une expérience négative des élections parce que le parti avait été dissous en 1960, à la suite d’élections. Il s’était passé que le maire de Saint-Louis est parti remplir les urnes de bulletins tôt le matin. Quand on a demandé à ouvrir les urnes, on a voulu nous chasser du bureau. Ce qui avait créé des bagarres à Saint-Louis, opposant les populations de la ville et l’Ups (Union progressiste sénégalaise). Les bagarres ont pris une certaine ampleur. Il a fallu que l’armée de la Fédération du Mali reprenne la ville parce que nous l’avions complètement occupée. Il fallait qu’on nous déloge !

À un certain moment, vous avez choisi d’exister dans la clandestinité. Comment s’est passé cet épisode ?

Nous avons été obligés de passer dans la clandestinité. Un parti comme le nôtre n’était pas fait pour naître et disparaître. Ce n’était pas un parti de rigolards, d’amateurs. C’était un parti de patriotes qui avaient mûrement réfléchi. Nous étions des intellectuels ayant un certain niveau d’engagement patriotique. Notre parti a été dissous par simple décret. Nous avons aussitôt repris le dispositif. Et j’ai été emprisonné avec la plupart des dirigeants. Une centaine de militants avaient été arrêtés après les événements de Saint-Louis, mais le parti s’est déployé dans la clandestinité. Cela a duré, nous avons continué jusqu’à mon retour d’exil, en 1976. Cette situation a duré seize ans. La première année, je l’ai passée en prison, à Saint-Louis. Le parti était prêt à se déployer au front pour faire la guerre de libération comme l’avaient fait les Vietnamiens. Comme le faisaient à l’époque les Algériens. On ne rigolait pas. On était décidé et sérieux. Cela n’a pas eu lieu. On a continué à nous déployer dans cette situation jusqu’en 1964. Il y a eu la présence de camarades dans les campagnes sénégalaises. Et les gens ont crié haut et fort que nous déclenchions la guérilla alors que ce n’était pas vrai. Nous n’avions déclenché aucune guérilla ! On avait seulement déplacé et pré-positionné des camarades en leur disant : « si jamais les paysans se révoltent, vous prendrez la tête ». Les paysans ne se sont pas révoltés. Nous avons été dénoncés. On a torturé des camarades. On a rempli les prisons et voilà ce qu’on appelait les maquis du Sénégal oriental et de la Casamance.

La prison, les tortures, l’exil : quelle est l’histoire cachée de ces formes de privation de liberté ? Comment vous l’avez vécu de l’intérieur ?

Nous étions prêts à mourir. Ce n’était pas la rigolade, la création d’un parti pour l’indépendance ! Nous savions que notre pays avait été pris, les armes à la main, par les forces occidentales, la France. Elles ne rigolaient pas. Des gens avaient été exécutés après l’occupation du Sénégal. Quelqu’un me disait qu’il y avait plus de cent marabouts qui avaient été fusillés sans compter les chefs d’État comme Lat Dior, Alboury qui ont été désarçonnés : le premier tué et le second chassé du Sénégal pour entamer le plus long exil d’un Sénégalais à travers l’Afrique. On était prêt à tout ! Il s’est trouvé qu’un tas de circonstances a fait qu’il n’y a pas eu de débordements. C’est une situation qui a été créée par un ensemble de causes. Les Français n’ont pas jugé utile d’en venir à la situation camerounaise où tous les leaders politiques de l’Upc ont été tués. Ici, on a eu cette chance. Les conditions n’étaient pas créées pour aller à l’extermination des patriotes. Il y a eu des tortures, des arrestations, des gens qui ont perdu leur carrière, mais les Français n’ont pas estimé utile d’aller plus loin, d’autant que nous étions vers la fin de l’époque coloniale. On en avait fini avec la défaite de Dien Bien Phu, on était en pleine guerre d’Algérie. Les Français avaient estimé qu’il ne fallait pas jeter de l’huile sur le feu. Ils avaient été sages. Nous aussi, nous n’avions pas poussé à l’extrême, d’autant plus que les conditions étaient ce qu’elles étaient au Sénégal. Elles n’étaient pas favorables à une lutte de libération par la guérilla. Les conditions physiques du terrain n’y étaient pas. On a estimé qu’il ne fallait pas forcer les choses. Ce n’était pas déjà mal ce que nous avions fait ! Proclamer que nous créons un parti pour l’indépendance en pleine période coloniale, c’est déjà beaucoup.

Maintenant, les passions se sont apaisées, Senghor a quitté le pouvoir depuis 1980. Comment jugez-vous son action politique ?

Senghor nous a fait beaucoup de torts ! Il a fait beaucoup de mal au Pai. Et nous ne sommes pas prêts à excuser son attitude vis-à-vis du Pai. Il (Senghor) avait mieux à faire que ce qu’il a fait ! Nous étions des patriotes et, dans la mesure où lui ne se pré-positionnait pas comme ennemi du patriotisme, il avait seulement à gérer les débuts de la décolonisation. Il n’était pas obligé d’aller si loin. Mais, n’empêche, nous avons pardonné. L’histoire, c’est l’histoire. Il a fait ce qu’il a cru devoir faire à l’époque. Nous avions cru faire ce que nous devions faire aussi. Maintenant, c’est la fin. On lui pardonne. Il n’est pas là. Que Dieu donne paix à son âme !

Quels étaient vos rapports avec Cheikh Anta Diop ?

Nos rapports étaient très complexes. Comme nos rapports avec Abdoulaye Wade d’ailleurs. Je suis allé en France après avoir obtenu le Bac, j’y ai trouvé sur le plan politique, des camps rivaux. Il y avait Cheikh Anta Diop qui dirigeait les étudiants du Rda (Rassemblement démocratique africain) et Abdoulaye Ly qui dirigeait les étudiants du Groupement africain de recherche économique et politique. Par un hasard de circonstances, aucun de ces groupements ne luttait directement pour l’indépendance. Ils avaient certainement ça en arrière-plan. Sur le plan des étudiants, le Rda, dirigé par Cheikh Anta Diop, était à gauche du Rda dirigé par Houphouët-Boigny. Mais le Rda ne s’était pas prononcé d’une manière ferme et claire pour l’indépendance nationale. Le Garep, dirigé par Abdoulaye Ly, faisait des recherches. Il n’était pas loin de partager nos idées. À l’époque, Abdoulaye Wade et moi étions étudiants à Besançon. Nous avions estimé qu’il fallait créer un mouvement d’étudiants africains pour l’indépendance. Nous avons commencé à rédiger le Manifeste. J’ai rédigé le papier sur les questions politiques. Abdoulaye Wade a rédigé le papier sur les questions économiques. C’était en 1951. Nous avons publié cela dans Présence africaine en 1953 dans le numéro : « Les étudiants africains parlent ». Cheikh Anta Diop est rentré. Il a créé son parti qui est différent du Rnd. Abdoulaye Wade est rentré et a créé le Mln (Mouvement de libération nationale). Et aucun d’entre eux n’a jamais été membre du Pai, mais tous défendaient à peu près les mêmes idées que nous. Sauf que le hasard avait fait que nous ne soyons pas dans la même organisation. Le parti de Cheikh Anta Diop a évolué. Il s’est ensuite cassé en morceaux. Maintenant, il reste la formation que dirige Madior Diouf. Le Mln avait une existence assez éphémère. Nos relations étaient excellentes. Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Wade et moi, nous étions tous des amis. Et à Paris, je marchais plus souvent avec Cheikh Anta Diop qu’avec Abdoulaye Wade, mais la vie a décidé que chacun faisait son chemin politique seul.

Vous aviez séjourné avec Abdoulaye Wade à Besançon. Est-ce que vous pouvez nous en dire quelques mots ?

Oui. On était ensemble. On est parti ensemble à Besançon. J’ai quitté en septembre 1950 pour Bucarest et Abdoulaye Wade est resté à Besançon. À Besançon, nous étions dans la même chambre. Il y a eu deux autres Sénégalais qui sont décédés depuis quelque temps, Assane Ndiaye et Assane Ndoye. Il y avait un autre qui s’appelle Abou Bâ. On marchait ensemble. On était de très bons copains jusqu’au moment où j’ai quitté.

Vous étiez dans la même chambre que l’étudiant Wade. Quelles sont les qualités que vous lui reconnaissiez à l’époque ?

Wade est quelqu’un qui savait déjà où il allait. À l’époque, moi je rêvais de libérer l’Afrique. Lui, il était beaucoup plus concret. Il voyait comment il allait gouverner plus tard l’Afrique. C’est un homme très concret. Ce n’est pas la peine de dire qu’il est intelligent. Il était brillant et patriote. Il a ces qualités-là. C’est pourquoi les gens qui le combattent et qui ne le connaissent pas doivent être plus posés et réfléchir en se demandant pourquoi cet homme d’un certain âge prône certaines idées. Est-ce que ce ne sont pas des idées qu’il a eues depuis son enfance et qu’il veut mettre en pratique ? On discutait. On discutait même des détails : comment nous allions habiller notre armée plus tard, etc. Alors que nous n’étions que des étudiants et le pays était occupé ! Dans nos générations, à part Cheikh Anta Diop, c’est l’un des hommes les plus prestigieux. On peut vouloir le remplacer - parce qu’au Sénégal, nous avons cette manie de chercher du neuf -, mais il faut qu’on mette à la place un homme qui vaille mieux, parce que le Sénégal a besoin de se développer. Il faut qu’on soit très sérieux et qu’on ne fasse pas des bêtises. Nous avons un atout entre les mains. Je voudrais bien qu’on l’enlève, mais il faut me dire qui on va mettre à sa place !

Aujourd’hui, il est assez violemment attaqué par une partie de l’opposition, notamment son ancien “ fils ” Idrissa Seck. Comment jugez-vous cet épisode ?

Je juge ça malheureux, parce que Idrissa Seck a dit publiquement que Abdoulaye Wade était son père. Abdoulaye Wade a dit publiquement qu’Idrissa Seck était son fils. Je trouve malheureux qu’ils se séparent. Nous sommes des panafricanistes. Abdoulaye Wade est un panafricaniste et le panafricanisme ne se construit pas dans la division. Il ne se fait pas dans des contradictions permanentes. Il faut toujours être premier et se serrer les coudes. C’est regrettable. Si j’étais à la place d’Idrissa Seck - je ne le connais pas, on n’est jamais assis ensemble -, je me serais réconcilié avec mon père. D’abord ne serait-ce que sur notre tradition wolof que tout le monde sait : « Dom du Teuku baye » (un fils ne défie pas son père). On trouve ça regrettable. Mais que faire ? Ainsi va la vie politique.

Que pensez-vous de l’affaire des chantiers de Thiès ?

Je ne suis pas au pouvoir. Je ne suis pas dans les arcanes du pouvoir. Je ne suis pas dans le secret du dossier. Je n’ai même pas lu le rapport de l’Ige (Inspection générale d’État, ndr) d’une manière intégrale. Mais je pense que c’est une affaire qui devait être clarifiée. Je crois que ni Idrissa Seck, ni Abdoulaye Wade, ni aucun Sénégalais ne souhaitent le contraire. Si nous voyions plus clair sur ce qui s’est passé, je crois que cela nous rendrait service à tous.

À la présidentielle, les candidatures de Niasse, Tanor et Bathily sont annoncés. Un commentaire sur les uns et les autres par rapport à leur profil ?

C’est difficile de parler, en tant que dirigeant politique, des autres hommes politiques. C’est gênant. On ne peut pas dire long sur les collègues. Ce que je peux dire, c’est que nous avons déjà fait notre choix, comme nous l’avions fait avec Abdou Diouf, pour des raisons idéologiques. Le choix du Pai, c’est Abdoulaye Wade. Nous avons fait notre choix depuis longtemps et nous savons de toute manière qu’il se dit libéral. Nous connaissons Abdoulaye Wade. Il est nuancé, l’homme est plus complexe qu’on ne le pense. N’oubliez pas que le Pds est né en se disant parti travailliste. C’est de la gauche ! C’est Senghor qui l’a bousculé de la gauche en prenant la social-démocratie comme doctrine et en disant : Abdoulaye Wade, si tu veux, débrouille-toi à droite. Senghor a aussi poussé le Pai vers l’extrême gauche et s’est mis au milieu. C’est une politique de Senghor. En 1993, nous avions choisi Abdou Diouf. Abdou Diouf n’est plus là. Le Sénégal continue. Il faut qu’on choisisse et parmi les différents présidentiables, c’est Wade qui défend le mieux les intérêts du Sénégal à l’étape actuelle. Nous l’avons choisi. Ce n’est pas la peine de casser du sucre sur les autres.

Vous l’avez choisi. Nous présumons donc que vous jugez que le bilan de l’alternance est assez positif pour mériter votre soutien ?

Oui. Premièrement, nous connaissons l’homme depuis longtemps. Deuxièmement, le bilan me semble positif. Si le pays avait été mis en mouvement depuis l’indépendance de la même manière qu’Abdoulaye Wade l’a mis en mouvement, je crois que nous ne serions pas là. Le bilan, même si nous ne sommes pas à la fin des travaux, est positif. On dit que ce sont les Socialistes qui avaient imaginé tout cela. On leur rétorque que c’est Abdoulaye Wade qui a mis ça en mouvement. De ce point de vue, c’est un bilan qui me semble positif. Je donne un exemple : le Plan Sésame. Vous direz que c’est parce que je suis un homme du troisième âge ou du quatrième âge, mais ce plan est une révolution. C’est pour les vieux agriculteurs, les pasteurs, les gens qui n’ont pas de pension. Au Sénégal, ceux qui exercent une profession libérale n’ont pas de pension. Mais, moi, je pourrai faire appel un jour au Plan Sésame parce qu’après tout, il faut bien continuer à se soigner ! Avec le Plan Sésame, nous avons là un bilan hyper-positif. Ça mériterait que tous les vieux de 60 ans votent pour Abdoulaye Wade.

Le triptyque « Mom sa rew, bok sa rew, défar sa rew », par rapport à ce que vous venez de décliner, trouve-t-il son prolongement naturel dans le soutien apporté au président Wade ?

Parmi les mille raisons qui poussent à appuyer le président Wade, à l’investir, il y a le fait qu’il soit un panafricaniste. Le panafricanisme est la valeur que nous considérons comme étant la valeur principale. En 1960, quand les États africains sont indépendants, Senghor disait à l’époque que la loi-cadre était du suicide. Les Républiques issues de la loi-cadre étaient ingouvernables. Nous le proclamions partout. Les échecs de Senghor, les échecs d’Abdou Diouf, les échecs éventuels de Abdoulaye Wade ne pouvaient pas seulement être imputés à ces différents présidents. Mais imputables au fait qu’on nous ait rendu une situation ingouvernable en balkanisant l’Afrique. Les Français avaient la possibilité de fédérer les États pour faire de grands ensembles. Ce que nous estimons le plus important à l’heure actuelle, ce que Abdoulaye Wade doit mettre en avant, à mon avis, c’est le panafricanisme. Il faudrait qu’on arrive à faire une doctrine qui regroupe toutes les forces patriotiques. On ne voit pas autre chose, à l’heure actuelle, qui soit plus fort que le panafricanisme !



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