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Politique

MAL GOUVERNANCE / SCANDALE - La vedette présidentielle rénovée à près de 600 millions de francs Cfa : La Signare n’est pas le Joola !

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MAL GOUVERNANCE / SCANDALE - La vedette présidentielle rénovée à près de 600 millions de francs Cfa : La Signare n’est pas le Joola !

Après les travaux de rénovation de la Pointe de Sangomar, et le tollé qui a suivi la divulgation du scandale financier qui le sous-tend, le président de la République, Abdoulaye Wade, vient frapper un nouveau coup avec les travaux de réhabilitation de sa vedette, La Signare. Entreprise à l’entreprise française des constructions navales Blamengin, qui s’est occupée de sa remise à neuf avant son retour effectif depuis le 15 juin dernier, les travaux du petit navire ont coûté au contribuable sénégalais beaucoup plus qu’il n’en fallait pour l’acquisition des deux moteurs du bateau pour le Joola. En plus clair, l’Etat a décaissé plus d’un demi-milliard pour la beauté de La Signare.

A travers l’important pactole financier consacré aux travaux de rénovation de la vedette présidentielle, dénommée La Signare, les autorités du Sénégal viennent de poser un nouvel acte, de nature à navrer tout sens de la bonne gouvernance économique. Ce petit bijou, réservé aux quelques rares déplacements maritimes du chef de l’Etat, a été réceptionné dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 juin dernier (23 heures précises), après plusieurs mois de révision aux ateliers de Blamengin, une entreprise française de constructions navales, basée à Boulogne-sur-Mer. Au Port autonome de Dakar, où toutes les tractations ont été menées sous la direction de la capitainerie en vue de l’acheminement, puis de la réception du navire, les langues se délient pour relever la maladresse des autorités sur cette opération qui a englouti la rondelette somme de 579 millions 390 mille francs Cfa. Des autorités portuaires dégoûtées par ce gâchis, font le rapport avec l’impératif de 500 millions qui n’a jamais pu être satisfait par l’Etat quand il s’est agi d’acquérir deux moteurs pour le bateau Le Joola dont le naufrage a fait plus de 2 000 victimes. Elles s’étaient contentées à l’époque, de décaisser 250 millions de francs Cfa, couvrant à peine une moitié des dépenses nécessaires.

C’est dans la plus grande discrétion que les formalités ont été faites, sous la direction de hautes autorités portuaires, histoire d’éviter toute piste menant au palais présidentiel. Ce sera sans compter avec la ténacité de certains cadres qui s’indignent et expliquent les raisons d’une telle attitude : «Après le scandale de l’avion présidentiel, les autorités ont tenu à ce que les choses se fassent dans la plus grande discrétion. Il faut signaler de même que les travaux de rénovation de cette petite vedette présidentielle ont englouti plus d’argent qu’il n’en fallait pour l’acquisition des deux moteurs pour Le Joola. Ce dossier est très sensible et il n’était pas question qu’il y ait une fuite d’informations». La carte de la discrétion a été jouée à fond dans cette affaire puisque, dans tous les documents officiels qui ont été faits, le Port autonome de Dakar (Pad) est cité à la fois comme importateur, maître-d’œuvre et même bénéficiaire des travaux de réhabilitation. Mais des documents officiels, et même officieux pour certains, révèlent au détail près les différentes dépenses qui ont été faites, et les canaux trouvés pour brouiller toutes les pistes. Djibo Leyti Kâ, placé alors au cœur de l’affaire, en vertu de son statut de ministre de l’Economie maritime, était en toute complicité avec son collègue Hadjibou Soumaré, ex-ministre délégué chargé du Budget. C’était avant que ce dernier ne migre à la station primatorale comme Premier ministre.

DJIBO KA ET HADJIBOU SOUMARE, AU CŒUR DE L’AFFAIRE

Après que la vedette Signare a été soumise à l’étude du spécialiste français des réparations navales, c’est une facture très salée qui a été présentée à Djibo Kâ, alors ministre d’Etat, ministre de l’Economie maritime et des Transports maritimes internationaux. Le devis pour la réhabilitation de La Signare reste sans appel. Entre autres rubriques, il englobe les travaux de la mécanique, taxée à 166 millions 500 mille francs Cfa, les moteurs et réducteurs pour 29 millions 480 mille francs Cfa ; la climatisation du salon principal et l’insonorisation auront respectivement coûté au contribuable 19 millions 100 mille francs Cfa et 21 millions 100 mille francs Cfa. D’autres grosses dépenses, comme la réparation de la machine principale, ont valu la rondelette somme de 18 millions 760 mille francs Cfa. De même, les arbres porte-hélices et hélices se voient réparés à hauteur de 15 millions de francs Cfa. Au total, avec plus de vingt-deux autres rubriques restantes, la facture de Blamengin s’élèvera finalement à 883 274,36 euros hors taxes (soit 579 millions 390 mille francs Cfa). Transport aller et retour Dakar-Bologne y compris, la facture proforma datée du 07 juillet 2006 est doublée d’une demande d’admission en franchise de droits et taxes, et atterrit au bureau de Cheikh Hadjibou Soumaré, qui occupait le portefeuille de ministre délégué chargé du Budget, auprès du ministre de l’Economie et des Finances. Par correspondance datée du 18 juillet 2006, Djibo Kâ s’adresse à son collègue auprès de qui il fait état du pactole financier que devraient engloutir ces travaux, et requiert de lui une certaine diligence dans la gestion du dossier. La réponse ne se fera pas attendre, puisque par une lettre datée du 25 juillet 2006, l’actuel Premier ministre réagissait favorablement : «Par votre lettre citée en référence, vous sollicitez une admission en franchise des droits et taxes sur le navire La Signare qui doit être expédié en France pour des travaux (…) Pour le montant des travaux qui est assujetti à des droits et taxes, j’autorise l’exonération de ces droits et taxes. Vous voudriez bien demander à vos services de se rapprocher de l’administration des Douanes pour l’accomplissement des formalités requises».

L’actuel ministre en charge de l’Environnement garde encore quelques réminiscences de cette affaire qu’il étale avec finesse. En effet, Djibo Kâ interroge sa mémoire pour dire : «La correspondance pour l’exonération des taxes sur La Signare ? C’est possible que j’en sois signataire car, j’étais à la tutelle. Et je pense d’ailleurs que c’est une correspondance que j’ai adressée au ministre des Finances. C’est bien possible, même si je ne m’en rappelle plus avec exactitude!»



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