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Politique

MAMADOU DIOP DECROIX SECRÉTAIRE GENERAL D’AJ/ PADS : « Le pays est devenu une démocratie majeure et ne peut plus être gouverné comme par le passé »

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MAMADOU DIOP DECROIX SECRÉTAIRE GENERAL D’AJ/ PADS : « Le pays est devenu une démocratie majeure et ne peut plus être gouverné comme par le passé »
Quelques jours après l’annonce des vacances gouvernementales, le secrétaire général d’And Jëf/Pads, Mamadou Diop Decroix, recentre le débat. Selon l’ancien ministre, l’intérêt de la déclaration de Karim Wade sur la dévolution monarchique, c’est de recentrer le débat en rappelant que le pays était devenu une démocratie majeure qui ne peut plus être gouvernée comme il l’a été par le passé. Il revient aussi sur différents sujets brûlants comme le mouvement d’humeur des travailleurs de la Sonatel, les événements à Gaston Berger et à l’Ucad, les mesures prises par l’Etat à propos des inondations, les délestages, l’Alliance sopi pour toujours dont il vient de passer le témoin à Aliou Dia de Convergence pour le renouveau et la citoyenneté, le fonctionnement d’Aj/Pads, etc.

Monsieur le Secrétaire général d’Aj/Pads, c’est l’heure des vacances gouvernementales alors que des dossiers aussi importants que le recasement des inondés de la banlieue, les délestages de la Senelec, l’affaire Global voice, la situation à l’Université Gaston Berger, la grève des personnels de la santé, etc., ont marqué ces dernières semaines. Quel commentaire en faites-vous ?

Dans ma conception, vacances gouvernementales ne signifient guère vacance de l’Etat. Il se trouve que la tension et le repos sont deux moments indissociables de toute existence. Même les armées en guerre - je considère un gouvernement dans nos pays comme l’état-major d’une armée en guerre contre le sous-développement et la pauvreté - trouvent le moyen d’envoyer au repos leurs hommes, selon, bien entendu, une certaine planification. Dans notre cas, je crois savoir qu’un certain nombre de ministres du gouvernement ne vont pas en vacances, du moins pour le moment.

Concernant les dossiers que vous évoquez, il me semble que des avancées notoires sont en train d’être notées sur les plus cruciaux comme les inondations et les délestages.

Concernant les inondations, les médias audiovisuels ont montré que le programme d’évacuation des eaux pour cette année a encore été plus ambitieux avec des moyens humains et matériels conséquents articulés à une vision cohérente de la résolution à long terme de cette question. Les résultats obtenus, cumulés aux acquis antérieurs, ont permis de constater que des zones très étendues ont été dégagées des eaux. A Malika, par exemple, des zones occupées par les eaux depuis quatre ans ont été totalement libérées et les populations qui y avaient leurs habitations commencent à revenir tandis que les maisons prévues pour le recasement des sinistrées commenceront à être livrées en septembre selon nos informations. Vous constatez d’ailleurs que cette question n’occupe plus le devant de l’actualité.

S’agissant des délestages, les informations obtenues par nos responsables chargés du suivi de la question dans les différents endroits de Dakar et de l’intérieur du pays montrent qu’il y a une nette amélioration dans la distribution. Ici aussi, l’information semble corroborée par le fait que la question n’occupe plus le devant de l’actualité. La remise à niveau des centrales de Bel Air et du Cap des Biches y est probablement pour quelque chose. Il faut s’en féliciter et souhaiter que cela continue. Il s’y ajoute l’annonce faite de la mise en service d’un dépôt d’hydrocarbures de grande capacité, Senstock en l’occurrence. Notre parti a toujours pensé que le gouvernement devrait, toutes affaires cessantes, résoudre ce problème. Aujourd’hui, ma conviction est faite que nos préoccupations liées à la résolution de ce problème bien avant 2012 semblent en voie d’être satisfaites. Nous nous en félicitons.

Globalement, nous sommes donc assez optimistes quant à l’avènement de solutions structurelles durables à ces deux problèmes cruciaux qui, il faut sans cesse le rappeler, ont préexisté, pendant des décennies, au régime actuel.

A propos de la situation à l’Université Gaston Berger tout comme d’ailleurs celle qui a prévalu récemment à l’Université Cheikh Anta Diop avec les casses et les sanctions, j’estime que des mécanismes stables de concertation et de dialogue entre les autorités universitaires et les étudiants sont désormais nécessaires et qu’il urge d’y travailler dans le cadre plus global d’une politique de redéfinition de la vraie place de l’enseignement supérieur dans la stratégie de développement de notre pays. C’est en corrélant ces deux exigences que nous parviendrons, à terme, à une stabilisation durable du secteur. Il me semble tout aussi nécessaire de travailler avec les organisations d’étudiants à mettre de l’ordre dans le milieu estudiantin de façon à en extirper tous ceux qui n’en sont pas.

Comment jugez-vous la prise en charge, par les pouvoirs publics, de ces questions économiques et sociales ?

J’ai perçu une volonté politique très forte et une certaine franchise dans la prise en charge des difficultés des populations de la part des plus hautes autorités. Tout le monde constate que le gouvernement ne fait pas dans le colmatage et le tape-à-l’œil, mais cherche véritablement des solutions durables aux problèmes posés.

La réaction des milieux politiques et de l’homme de la rue suscite quelle réflexion chez vous, alliés du président de la République ?

Il est clair que ce type de situations est favorable aux pêcheurs en eaux troubles. Certains milieux de l’opposition tentent, de manière démagogique, d’en tirer profit. Et c’est à moindre frais, car les populations touchées sont naturellement promptes à prêter une oreille attentive à ceux qui leur désignent du doigt le responsable de tous leurs maux. C’est comme cela que çà se passe sous tous les cieux. La réponse du gouvernement n’est pas dans les discours, mais dans les actes qu’il pose pour régler les problèmes et, là-dessus, je suis bien en phase avec lui, car je constate que, sans faire trop de bruit, il est en train de prouver aux populations concernées qu’il est là pour régler les problèmes. Ce ne sont pas des questions simples. Il y a souvent, dans un tel contexte comme le recasement des populations inondées, des intérêts occultes qui sont soigneusement camouflés derrière les discours altruistes à des fins de manipulation des victimes. Il faut arriver à traiter chaque situation selon sa spécificité pour y démêler la bonne graine et l’ivraie. Ce n’est jamais donné d’avance. C’est aussi la raison pour laquelle, à mon avis, les forces politiques qui soutiennent le président se doivent de réfléchir sur une stratégie concertée d’intervention pour contrer la propagande oppositionnelle et expliquer sans cesse ce que fait le gouvernement. C’est leur rôle avant tout.

Parlons justement des télécommunications, notamment des conséquences du dernier mouvement d’humeur des travailleurs de la Sonatel qui avait isolé le pays du reste du monde. Vous aviez rencontré, au siège de votre parti Aj/Pads, des syndicalistes pour des échanges. Quel message leur avez-vous délivré et ont-ils été réceptifs ?

Pour ce qui est du conflit entre la Sonatel et l’Artp, j’avais eu l’occasion de l’évoquer dans vos colonnes récemment. Effectivement, j’avais reçu une délégation de l’intersyndicale de la Sonatel dirigée par Aïdara Diop, mais puisque je n’ai pas eu l’occasion de prendre connaissance, par voie directe, des positions de l’Artp, je ne pouvais exprimer une position dans un sens ou dans l’autre. J’avais cependant constaté que les arguments des travailleurs de Sonatel méritaient d’être écoutés et je leur avais exprimé ma conviction qu’à son retour de voyage, le président trouverait intérêt à les écouter comme l’avait fait le Premier ministre au demeurant. Ils m’ont écouté attentivement et, dans mon esprit, le registre de la concertation allait continuer à être utilisé. C’est d’ailleurs pourquoi j’avais été surpris par la tournure des événements et aussi déploré la forme de lutte qui a consisté à isoler le pays du reste du monde.

Y a-t-il eu d’autres développements entre-temps ?

Le président les a reçus et les a écoutés. Je m’en suis félicité. S’il s’agit seulement de préserver les intérêts fondamentaux du pays et du consommateur, il n’y a aucune raison qu’une entente ne puisse pas être trouvée.

Ne pensez-vous pas qu’il soit nécessaire, pour l’Etat, d’évaluer les pertes économiques enregistrées lors de ces événements et de situer les responsabilités, surtout quand on sait que le Directeur général de la Sonatel a présenté ses excuses devant une commission du Sénat ?

C’est incontournable. Mais, encore une fois, j’imagine que dans les conventions signées entre l’Etat et les opérateurs, des situations comme celle-là sont prévues et que les mécanismes adéquats seront sollicités.

Vous êtes le coordonnateur désigné par le président de la République, Secrétaire général national du Pds, Me Abdoulaye Wade, pour diriger l’Alliance sopi pour toujours (Ast) en vue des élections de 2012. On sait qu’il y a eu des divergences vite surmontées avec la Cap 21. Peut-on dire que l’Ast se porte à merveille, à moins de 18 mois de la présidentielle ?

Je profite de cette interview pour vous donner le scoop. Je vous ai toujours dit que j’attendais la désignation par le président du prochain relayeur à qui je devrais remettre le témoin. Cela vient d’être fait à l’instant. Mon ami Aliou Dia de Convergence pour le Renouveau et la Citoyenneté (Crc) vient d’être désigné par le président nouveau coordinateur de l’Alliance sopi pour toujours pour une période de six (6) mois. Le mandat était de trois (3) mois et je me suis retrouvé à ce poste pendant huit (8) mois. Je voudrais ici saisir l’occasion pour exprimer mes remerciements sincères au président Wade, président de l’Alliance dont la confiance et le soutien ne m’ont jamais fait défaut. J’exprimerai aussi toute ma gratitude à tous les leaders de l’Ast pour leur franche collaboration et le soutien qu’ils m’ont toujours prodigués. De fait, même lorsque les conditions étaient franchement difficiles entre nous, jamais on n’a divergé sur le fond, à savoir l’unité autour du président. Et pour moi, c’était l’essentiel. Enfin, je tiens à féliciter sincèrement Aliou Dia lui-même qui est un ami depuis notre séjour au Parlement, en 1998-2000. C’est quelqu’un d’engagé et de déterminé. Aj/Pads, notre parti, continuera d’apporter toute sa contribution au renforcement de l’Alliance. Globalement donc, l’Ast se porte bien. Contrairement à ceux d’en face, nous, nous avons un candidat facile à vendre, un programme et un plan d’actions pour le faire réélire.

Un programme d’installation de sections de l’Ast était prévu à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Qu’en est-il, maintenant, de cette stratégie de déploiement qui a eu l’onction de Me Wade ?

Comme vous le savez, nous avons déjà installé les directoires départementaux dans les régions de Sédhiou et de Kolda. Nous attendons la rencontre prévue entre le président et les leaders de la coalition pour repartir du bon pied après avoir procédé à quelques réglages de nature à améliorer l’efficacité du travail.

Si blocage il y a, où cela se situe-t-il ?

Il n’y a pas de blocage, car les commissions de travail, comme leur nom l’indique, continuent de travailler. Et la conférence des leaders attendait une rencontre avec le président pour faire le point et repartir. Ça ne devrait plus tarder.

Me Doudou Ndoye, un membre fondateur du Pds, vient de lancer un courant au sein de la formation libérale dénonçant ce qu’il appelle « la non implication des responsables » à la réflexion sur les activités. Trouvez-vous logique cette position de Me Ndoye et compagnie ?

Dans l’Alliance sopi pour toujours, nous avons une règle de base que nous nous efforçons de respecter scrupuleusement. C’est la règle de non ingérence dans les affaires intérieures des partis respectifs. En conséquence, l’existence ou non de courants au Pds et la pertinence ou non des courants dans ce parti relèvent exclusivement de la souveraineté du Pds. Par contre, des situations internes au Pds ou dans n’importe quel parti de l’Ast susceptibles d’affecter la bonne santé globale de notre coalition nous intéresseraient au plus haut point. Le cas échéant, nous nous réservons le droit d’intervenir dans les formes et styles qui conviennent, mais avec clarté et netteté, car ce qui nous unit - la réélection de Wade - est plus fort que les susceptibilités éventuelles des uns ou des autres. Bien entendu, ce droit que nous nous réservons, nous le reconnaissons aux autres s’agissant de notre parti. La santé de chaque organe fait la santé de l’organisme.

Existe-t-il, au sein de ce parti allié que vous pratiquez depuis longtemps au sein de multiples cadres d’alliances, un problème de démocratie interne ?

Je ne saurai vous répondre pour la raison évoquée plus haut. Toutefois, je peux donner mon avis sur la personne du Secrétaire général national du Pds. Je le pratique depuis une vingtaine d’années sans discontinuer. Je n’ai jamais perçu chez lui une volonté d’étouffer des points de vue contraires au sien. Bien au contraire ! Et les exemples foisonnent et peuvent être vérifiés. Maintenant, la problématique du pouvoir est complexe et l’on peut facilement confondre l’autocensure et l’absence de démocratie. J’ai parlé de l’homme, je n’ai pas parlé du régime intérieur du Pds.

Et dans l’Ast comme instrument de la réélection ?

A l’Alliance, les partis sont souverains et cette souveraineté des partis fait que les décisions sont prises non pas à la majorité, mais par consensus. On n’a jamais voté à l’Ast parce que les partis ne sont pas gouvernés par la conférence des leaders de l’Ast, mais par leurs propres instances de décision. En conséquence, nous sommes obligés ici de nous écouter et de prendre en compte les opinions des uns et des autres. C’est aussi pourquoi, par moments, l’on peut penser que ça ne marche pas alors qu’il s’agit juste de moments de recherche du consensus.

Ne redoutez-vous pas que ressurgissent, à quelques foulées de la présidentielle, les querelles de préséance ?

Il n’ y a pas de querelles de préséance et il ne saurait y en avoir. Nous avons un candidat que nous soutenons tous, qui se trouve être le président de la République que nous accompagnons par ailleurs dans sa mission à la tête du pays. Ceux qui ne sont pas candidats, même s’ils sont de représentativité politique différente, c’est-à-dire en termes de poids électoral, sont d’égale dignité. Nous nous efforçons de tenir compte de ces deux aspects ce qui permet d’éviter les écueils que vous évoquez. Toutefois, l’on ne peut écarter dans l’absolu des phénomènes de ce genre ; l’essentiel est que, lorsqu’ils surviennent, des mécanismes fiables permettent de les surmonter.

Selon-vous, quel peut ou doit être le ciment de l’unité ? Me Wade ? Son bilan ? Le projet de société ? L’organisation de l’opposition pour mettre fin à l’Alternance ?

Le ciment de l’unité, c’est tout cela en même temps.

Cela fait presque un an que vous êtes à la tête d’Aj/Pads, après le congrès qui a exclu l’autre groupe. Comment se porte votre parti ?

Je rectifie. Jusqu’au moment où nous parlons, nous n’avons exclu personne du parti. Nous œuvrons et continuerons de toujours œuvrer pour l’unité et l’intégrité de notre parti. Pour répondre à votre question, je rends grâce à Dieu, le parti se porte très bien. Puisque vous avez évoqué le groupe de la dissidence, je vous dirai que la politique de porte ouverte que nous pratiquons depuis le congrès nous a permis de ramener un grand nombre de militants au bercail. En effet, ceux qui reviennent sont accueillis à bras ouverts, en frères ou sœurs et des responsabilités correspondant à leur stature leurs sont confiées. La presse a régulièrement couvert ce phénomène. Retour des sénateurs et députés, retour des conseillers municipaux, ruraux et régionaux avec leurs bases respectives. Et cela continue dans les rares endroits où il en reste encore. Ce qui est plutôt remarquable, c’est l’arrivée massive dans notre parti de militants et responsables venant de partis de l’Opposition et de personnalités et notables qui n’avaient jamais fait de la politique auparavant. Nous aurons l’occasion d’en reparler sûrement.

Malgré le vote des militants, la polémique avait continué dans les journaux. Aujourd’hui, l’ancien Secrétaire général s’est rapproché de Bennoo pour, dit-il, « faire partir le président Wade » alors que vous avez continué le compagnonnage avec le chef de l’Etat.

De manière implicite, ces deux options signifient-elles que le débat sur la légitimité est définitivement vidé ?

Le débat sur la légitimité est vidé depuis le congrès de juin par le congrès lui-même. Une quarantaine de fédérations (40) représentées sur les quarante cinq (45) que comptent le pays, dont 38 dirigées par leurs secrétaires généraux totalisant une moyenne de vingt deux (22) ans de présence dans le parti et dont plus des 2/3 étaient déjà à la tête de leur fédération au congrès de 2005.

Ce congrès a également réglé le problème de l’orientation en confirmant le compagnonnage avec le président et son parti décidé par le Secrétariat exécutif politique du 17 juin 2007 lorsque le parti n’avait pas encore éclaté du fait des choix désastreux de l’ancien leadership. C’est ce choix qui a d’ailleurs de nouveau conduit l’ancien secrétaire général dans le gouvernement qu’il avait pourtant traité de tous les noms d’oiseaux pendant la campagne, avant de déclarer plus tard que ce n’était juste que des propos de campagne. Vous le voyez bien, son ralliement à l’Opposition n’est pas un choix délibéré. En fait, c’est parce qu’il travaillait pour Wade en apparence et contre Wade dans les faits que ce dernier l’a remercié et que, de guerre lasse, il est allé à l’opposition où il se distingue par un extrémisme plutôt suspect. Le parti a tourné la page de l’ancien secrétaire général, l’Administration a tourné la page, la Justice devant laquelle il nous avait traînée l’a débouté et l’a condamné aux dépens. D’ailleurs il a interjeté appel. Voilà ce qu’il en est. Beaucoup à Bennoo qu’il a rejoint sur le tard après les avoir, à leur tour, vilipendés, savent à quoi s’en tenir.

Récemment, vous avez décidé de convoquer une conférence des jeunes et des femmes d’Aj. Est-ce un test de remobilisation des troupes ou l’annonce d’un programme en vue de la prochaine élection de 2012 ?

C’est la deuxième hypothèse qui prévaut. Vous savez, notre parti n’a pas un problème de mobilisation. Au contraire, il fonctionne tous les jours que Dieu fait sur toute l’étendue du territoire avec des programmes d’animation, de sensibilisation sur les actions du gouvernement, de formation, d’encadrement des populations autour d’activités génératrices de revenus, etc. Dans la diaspora aussi, il est actif. La réunion des jeunes et des femmes, c’était plutôt des sessions ordinaires de ces mouvements internes, car là aussi, c’est à noter, Aj/Pads tient ses instances régulièrement, en se conformant à ses statuts.

On a constaté, depuis un certain temps, que vous effectuez des déplacements à l’intérieur du pays où vous avez accueilli de nouveaux militants. Est-ce la grande offensive pour la massification d’Aj/Pads ?

Disons que nous avançons convenablement sur le double objectif de l’implantation et de la massification du parti à travers le programme un village/un drapeau Aj, une rue/un drapeau Aj. Il s’agit d’un objectif de présence dans chacun des 28.000 villages et hameaux du pays et dans chaque rue de chaque ville et aussi dans la diaspora.

Karim Wade avait fait une sortie en France pour dire que la succession se fera de façon démocratique, coupant court aux rumeurs sur « la dévolution monarchique du pouvoir », avant d’être confirmé par le président. Quelle est votre lecture de ces deux sorties ?

J’avais indiqué, à ce sujet, à un de vos confrères, que l’opposition avait commis deux erreurs majeures qui pourraient lui coûter cher le moment venu : la première était de faire croire à son électorat qu’elle pouvait avoir un candidat unique en son sein pour la présidentielle de 2012. A l’arrivée, elle se disloque plutôt que de se retrouver autour d’un candidat unique. Quelque part, cela l’a discréditée. Deuxième erreur majeure, celle de faire croire à l’opinion que Wade travaillait sur un schéma de dévolution monarchique du pouvoir. L’opposition fonctionne comme les quatre saisons. En hiver, c’est le thème des élections anticipées, en été c’est le thème de la suppression du deuxième tour, en automne, c’est le fichier électoral non fiable parce que doté d’une boîte noire (mais qui leur permet quand même de gagner de grandes villes aux locales) et au printemps, c’est la « dévolution monarchique » du pouvoir.

Concernant la dévolution monarchique, en fait, ils n’y croient même pas ; mais, pensaient-ils, c’était un thème qui peut rapporter gros sans aucun frais, sinon de la salive et de l’encre. Aucun d’eux n’a oublié que Wade a été à la tête du combat contre l’article 35 de la Constitution de Senghor qui avait permis à Diouf de diriger le pays de 1981 à 1983 sans être élu. Beaucoup de ceux qui parlent de dévolution monarchique étaient là, mais personne ne les avait entendus se plaindre. Bien au contraire ! C’est encore comme cette histoire de Wade qui ne pourrait pas être candidat en 2012, parce qu’il a fait deux mandats. Ceux qui en parlent sont précisément ceux-là qui, à l’approche de la présidentielle de 2000, avaient fait sauter allègrement le consensus majeur de la classe politique sénégalaise de l’époque, à savoir la limitation des mandats du président de la République. Il a fallu l’Alternance pour non seulement la rétablir dans la Constitution, mais disposer que ceci ne pouvait désormais être changé que par référendum (le Ps l’avait fait faire à « son » Assemblée nationale).

L’intérêt de la déclaration de Karim Wade, c’est de recentrer le débat en rappelant que le pays était devenu une démocratie majeure qui ne peut plus être gouvernée comme il l’a été par le passé. Mais, au-delà de ce recentrage, il convient d’interroger les non dits de l’opposition, en somme d’écouter ses silences. L’on est étonné de voir le tonus avec lequel nos amis de l’opposition s’échinent à récuser la candidature de Wade en 2012, d’une part, et de l’autre, à agiter le spectre de la dévolution monarchique. En réalité, tout cela exprime une seule et unique chose : la peur bleue qu’ils ont de Wade. C’est un véritable cauchemar pour l’opposition de savoir qu’elle va faire face à Wade prochainement. Si tel n’était pas le cas ; si, comme ils le prétendent, Wade était devenu si minoritaire dans le pays et que les électeurs n’attendaient que le moment propice pour lui régler son compte, pourquoi alors ne pas se délecter à l’avance d’avoir en face de soi une proie aussi facile ?

Que ceux qui doutent de la pertinence de cette approche écoutent attentivement les discours relayés en direct par les médias : « Wade ne peut pas se présenter » ; « nous sommes contre la dévolution monarchique du pouvoir » ; « d’ailleurs nous exigeons le départ immédiat de Wade », autrement dit pour la subversion de l’ordre constitutionnel du pays. Si un tel discours n’est pas un discours de la peur, alors que l’on nous dise ce que c’est !

Quel est votre message aux populations en ces vacances et, plus particulièrement, aux militants d’Aj ?

Pour les militants, c’est de se consacrer principalement au programme agricole du parti. Nous avons emblavé plusieurs centaines d’hectares à l’échelle de tout le pays pour accompagner la Goana. C’est la première fois que nous menons cette expérience ; donc il nous faut une grande concentration là-dessus. Ensuite, il y a le programme des étudiants et des enseignants pour occuper le terrain du débat politique pendant l’hivernage à travers un cycle de conférences dans les départements du pays.

Pour les populations, c’est de prier, à l’orée de ce mois béni de ramadan, pour qu’Allah Le Tout-Puissant, étende sur nous son pardon, la paix et la prospérité à travers un bon hivernage qui nous préserve des inondations.



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