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Politique

Mamadou Lamine DIALLO, candidat à la Présidentielle : «Déjà en campagne pour les législatives, Wade tente de déstabiliser ses adversaires»

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Mamadou Lamine DIALLO, candidat à la Présidentielle : «Déjà en campagne pour les législatives, Wade tente de déstabiliser ses adversaires»

Sous le contrôle de sa femme qui suit tout à partir du canapé faisant face à l’interviewé, Mamadou Lamine Diallo évalue sa campagne électorale. Dans ce salon, décor sommaire, ni photos de marabout ni celle de Karl Marx, le leader du mouvement Tekki explique la victoire de Wade et sa propre défaite. Il annonce, également, son entrée effective dans l’espace politique et se promet prochain président du Sénégal.

Vous êtes connu, maintenant, de tout le monde après votre participation à l’élection présidentielle…

(Il éclate de rire) Oui, en tout cas, quand je passe dans la rue on dit Tekki. C’est vrai qu’avant la campagne, je n’étais pas du tout connu. Beaucoup me disaient : «Mais vous n’êtes pas connu. Vous voulez être Président et personne ne vous connaît». Je disais : «Oui, c’est le pari que je veux faire». Il est à moitié gagné.

Comment vous appréciez, aujourd’hui, votre prestation lors de la campagne électorale ?

On est très satisfaits. D’abord, nous avons fait une campagne civilisée, citoyenne, faite de propositions qui peuvent résoudre les problèmes des Sénégalais. De ce point de vue, nous sommes satisfaits : nos propositions n’ont pas été critiquées. Il y en a beaucoup qui ont été reprises par un certain nombre de concurrents, et cela assoit la crédibilité dans notre démarche citoyenne. C’est clair que mes objectifs, au début, ce n’était pas de gagner ces élections, c’était plutôt de faire connaître aux Sénégalais qu’il y a des patriotes qui ont des idées, qui ne sont pas forcément de la classe politique et qui peuvent aspirer à diriger le pays et qui peuvent être crédibles à cette aspiration.

Alors, quel a été votre sentiment après la proclamation des résultats ?

J’ai eu le sentiment que nous avons été entendus. Maintenant, les Sénégalais n’ont pas voté pour nous.

Vous êtes déçu ?

Non, nos compatriotes sont compliqués, quand même. Je les connais. Je sais que beaucoup se demandent : «Qui est Mamadou Lamine Diallo ; c’est vrai, ce qu’il dit est intéressant, mais nous ne le connaissons pas suffisamment. Il faut qu’on apprenne à le connaître avant de lui confier nos suffrages». C’est un raisonnement très sénégalais et il faut compter avec. Il y en a d’autres qui avaient pris des engagements avec les autres concurrents. Même si je suis arrivé à les convaincre, ce n’est pas ça qui va leur faire changer d’avis. En réalité, ma cible première, c’était les indécis. Je savais qu’il y avait un fort pourcentage d’indécis. C’est là où j’étais confronté à un problème et je l’ai soulevé depuis le début de la campagne : il y avait beaucoup d’indécis qui n’avaient pas leurs cartes d’électeurs. J’ai demandé au ministre de l’Intérieur de donner les cartes au Sénégalais. Je lui ai même écrit une lettre, la veille des élections. J’ai proposé une solution en disant que si on ne peut pas leur donner leurs cartes, qu’on leur permette de voter avec les récépissés. Personne ne m’a suivi. Personne dans la classe politique ne s’est fait l’écho de cette proposition.

Mais, ne pensez-vous pas que ce travail devrait être fait en amont ?

Bien entendu, on aurait dû s’assurer six mois avant les élections que tous les électeurs ont leurs cartes. Vous savez comment cela s’est passé, je n’étais pas au Sénégal. Je suis rentré au Sénégal au mois d’août.

Etre absent du pays ne vous empêche pas de participer au processus. En fait, où étiez-vous pendant qu’il fallait poser des actes pour assurer un bon déroulement du processus ?

J’étais au service de l’Afrique, ce qui est noble. J’étais au cabinet du Président Alpha Omar Konaré, je suis son directeur de cabinet. C’est un travail à temps plein. C’est vrai que je m’occupais du Sénégal, mais dans ces aspects se rapportant à l’Union africaine : les Sénégalais qui doivent aller au Darfour, l’affaire Hissene Habré… Je dois vous dire, pour la petite histoire, que je me suis inscrit par hasard sur les listes. J’étais de passage, ici, au mois de mars, je devais aller au Nigeria et je me suis inscrit.

En ce moment, vous n’aviez pas décidé d’être candidat ?

Ah, non !

Alors qu’est-ce qui a déclenché en vous le souhait de devenir Président ?

Je suis rentré au Sénégal au mois d’août, comme je vous l’ai dit. J’avais un peu de temps libre, je commençais à circuler dans le pays, à voir des amis. Beaucoup ont commencé à m’interpeller sur la situation du pays, sur le fait que j’avais sorti un livre, Le Sénégal, un lion économique. A partir de ce moment-là, j’ai prêté plus attention au pays, je commençais à chercher, à réfléchir sur ce qu’on pouvait faire. Et je me suis dit que je vais chercher quelqu’un que je peux soutenir et qui peut porter un certain nombre d’idées que j’avais. Malheureusement, je n’ai pas trouvé quelqu’un que ça intéressait. Un jour, je discutais avec ma fille, Nabou, alors que je m’occupais de ma mère qui était malade. Elle m’a dit : «Mais, est-ce que nous, un jour, on aura cette chance de s’occuper de notre maman ?» Je lui ai demandé pourquoi elle m’a posé cette question, elle me répond : «Parce que tout le monde veut quitter le Sénégal : les uns prennent des pirogues, les autres des visas. Moi-même, mes oncles, mes tantes ne sont pas ici, ils sont au Canada. Nous aussi, on risque d’être ailleurs». Et ça a fait tilt dans ma tête. Je me suis dit : Est-ce que, aujourd’hui, notre avenir est fermé ? N’y a-t-il plus d’espoir ? Je me suis dit que j’ai un certain nombre de propositions à faire aux Sénégalais. Et comme j’ai le goût du risque, j’ai pris mes responsabilités pour être candidat à l’élection présidentielle. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à construire ma candidature.

Avez-vous vraiment cru que vous aviez des chances de remporter les élections ?

Je suis sûr que je suis le prochain Président du Sénégal. J’ai commencé au mois de décembre, personne ne me connaît et il y a au moins 16 mille personnes qui ont voté pour moi. Presque tous les gens sont unanimes que ma campagne électorale est très bonne, que je suis crédible, que je propose des solutions aux problèmes des Sénégalais. Je ne vois pas pourquoi, étant Sénégalais qui parle plusieurs langues nationales, je ne peux pas diriger ce pays. Cà, c’est une indication claire que Dieu souhaite que je dirige le pays.

En tant que directeur de cabinet du président de l’Union Africaine, vous avez participé à l’organisation de la Conférence des intellectuels de la diaspora à Dakar, en octobre 2004 ?

Oui, oui.

A l’époque, la presse avait parlé de surfacturation, de détournement d’une valeur de 3 milliards de francs Cfa. Qu’en était-il ?

Je n’ai jamais vu ça. Non, ça c’est des histoires. Ça vraiment, c’est des mensonges, ce n’est pas vrai. (Il insiste) Non, c’est des gens… Non, non, c’est faux ! L’audit de la conférence a été fait et même disponible sur le Net.

Pourtant, on en a parlé. Il semble que même la salle du Méridien Président a été surfacturé à 250 millions francs Cfa et que le Sénégal serait mis en cause.

C’est archi-faux ! C’est des mensonges. Je sais que pendant la campagne, une ou deux personnes m’en ont parlé, mais c’est faux. Il n’y a pas cet argent à l’Union Africaine. Les gens ont du mal à payer leurs fonctionnaires… Ce n’est pas vrai !

Revenons alors à votre candidature, quelle suite comptez-vous donner à votre engagement ?

Je suis dans la politique, je serai candidat à la prochaine élection présidentielle.

Et pour les Législatives ?

On est en train de voir avec notre mouvement Tekki qu’on a lancé. Les Législatives, c’est un peu plus compliqué. Si vous voulez avoir des signatures, déjà le délai est très court. Ensuite, la loi ne permet qu’une liste nationale, donc pas de représentation dans les départements. C’est assez lourd. En tout cas, Tekki sera présent dans les élections législatives. Sous quelle forme ? Nous sommes en train de voir.

Est-ce à dire que vous allez soutenir la liste de la Coalition Sopi 2007 ?

Nous avons nos priorités. Tekki, c’est huit priorités pour le Sénégal : le secteur informel, l’appui au monde rural, le bon voisinage, l’électricité, le mal-vivre dans les villes…

Est-ce là des priorités que l’on ne retrouve pas dans le programme de la Coalition Sopi 2007 ?

Je faisais une campagne citoyenne. Vous ne nous entendez jamais parler des autres, nous disons ce que nous voulons faire. Le mouvement Tekki doit avancer dans cette direction. On doit voir quelle est la meilleure direction pour aller aux législatives. Si on conclut qu’on peut faire une campagne de signatures et avoir une liste nationale, on le fera. S’il faut s’entendre avec un parti politique pour être porté par ce parti, on le fera. S’il s’avère que c’est compliqué, qu’on n’y parviendra pas, on verra s’il faut soutenir quelqu’un, sinon, on va participer à la campagne à notre façon en faisant des conférences un peu partout pour expliquer aux populations quelles sont les solutions pour résoudre les problèmes des Sénégalais.

Après la publication des résultats, certains ont estimé que la réalité des urnes n’a pas reflété la situation du pays. Est-ce votre avis ?

Ah oui ! Nous sommes persuadés que le Président Wade a gagné pour deux raisons principalement. La première, c’est le fait qu’on ait annulé le décret de répartition des sièges des députés, ce qui lui a permis de découpler les élections. Tactiquement, il a pu unifier son camp et aller à la présidentielle. Deuxièmement, c’est les cartes d’électeurs qui n’ont pas été distribuées. Les indécis n’ont pas reçu leurs cartes. On est persuadés que s’ils avaient reçu leurs cartes, notre score aurait été beaucoup plus important. Je suis convaincu que dans beaucoup d’endroits où nous sommes passés, les gens n’ont pas reçu leurs cartes. Si tous ces gens avaient reçu leurs cartes d’électeurs, je ne dis pas qu’on serait premier ou deuxième, mais à partir de là, tout était possible. Mais, nous avons attiré l’attention des autorités, mais malheureusement…

Comment vous avez accueilli le nouveau décret portant la répartition des sièges à l’Assemblée nationale ?

En bonne démocratie, il devait y avoir consultation entre le gouvernement et les partis politiques sur ce décret. C’est ça qui me paraît être un bon fonctionnement d’une démocratie. Cela aurait évité cette balle de pique, sauf si le gouvernement avait sa propre stratégie derrière. Maintenant, le ministre a déjà fait signer le décret. Alors, est-ce qu’il faut l’attaquer ? En ce qui nous concerne, évidemment, on peut toujours demander l’avis du Conseil d’Etat, mais de toute façon, il faut qu’on aille aux législatives.

Mais, faut-il aller aux élections si le jeu est piégé à l’avance ?

Qu’est-ce qu’il faut faire en ce moment-là ? On peut refuser d’aller aux élections, si le gouvernement refuse de distribuer les cartes, c’est une formule. Mais, en ce moment-là, vous laissez le gouvernement organiser les élections à sa guise. Nous, on va apprécier. Mais, nous continuons d’insister pour que le ministre distribue les cartes. Je lui ai écrit, il ne m’a pas répondu, j’espère qu’il le fera. De toute façon, on avisera vers la fin du mois de mars. Si nous estimons que la distribution des cartes va nous porter préjudice à tel point que tout le travail qu’on aura fait ne servira à rien, les dirigeants du mouvement Tekki prendront une décision.

Au lendemain du scrutin, le chef de l’Etat a appelé les partis politiques à travailler avec lui dans le gouvernement. Etes-vous disposé à répondre à cet appel ?

Ce qui nous intéresse, ce sont nos priorités. C’est par là que le Sénégal doit passer pour l’émergence citoyenne. D’abord, c’est une nouvelle façon de travailler. Pour nous, le fait d’entrer dans un gouvernement ou pas est secondaire.

Etes-vous prêt à entrer dans un gouvernement de Me Wade ?

Vous n’avez pas suivi ma réponse : j’ai dit que ce qui est important, pour nous, ce sont nos priorités. Dans l’hypothèse où le Président reconnaît que nos priorités sont importantes, qu’il est prêt à les mettre en œuvre et demande notre collaboration, il est clair qu’à ce moment-là nous allons chercher à discuter avec lui. On serait irresponsables de ne pas répondre au Président de la République. Mais, dans la façon de mettre en œuvre nos priorités, il y a plusieurs modalités. Ca peut être moi ou quelqu’un d’autre. On peut aussi ne pas participer au gouvernement. Mais, pour nous, rentrer dans un gouvernement n’est pas notre motivation essentielle. Sinon, on n’aurait pas choisi ce chemin. Ce qui nous importe, c’est de faire avancer le Sénégal.

Mais, est-ce que le champ politico-institutionnel du pays, actuellement, permet de mettre en œuvre vos priorités ?

Tout cela dépend des acteurs, c’est eux qui les mettent en place. Nous avons un certain nombre d’acteurs au Sénégal qui sont des acteurs émergents. Ils peuvent être au Pds, à Aj, dans la société civile… Ce sont tous ces gens-là qu’il faut fédérer, c’est le sens du mouvement Tekki. Si on arrive à les fédérer, on va créer un champ politique et institutionnel favorable. C’est notre ambition.

Comment vous comprenez la sortie du chef de l’Etat, qui, à peine réélu, promet la prison à certains acteurs de l’opposition ?

C’est une réaction très politique pour déstabiliser ses adversaires et poser ses jalons pour les législatives. Il réagit en bon tacticien, c’est tout. C’est une intervention très politicienne. D’ailleurs, il a conclu en demandant à la population de voter pour lui aux législatives. C’était des propos de campagne. C’est comme ça que je les ai analysés. Il est en campagne électorale, déjà, pour les législatives et il tente de déstabiliser ses adversaires.

 



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