Mamadou Sané est un de ces cadres sénégalais vivant au Canada, qui a décidé de prêter main forte à maître Abdoulaye Wade pour permettre sa victoire à la dernière présidentielle. Secrétaire général de la Fédération Pds dans ce pays, il analyse la large victoire du candidat Wade à l’étranger.
Monsieur Mamadou Sané, vous avez remporté les élections au Canada, c’est quand même une surprise, non ?
Pas du tout. Cette victoire est le fruit d’un travail laborieux. Depuis plus de deux ans, nous avons travaillé, et mobilisé les sénégalais vivant au Canada, et même ceux de la diaspora. Nous avons été présents partout, parfois sans moyens, nous sommes un peu les parents pauvres du parti, mais au final, au-delà du travail d’information et de sensibilisation que nous avons mené, les réalisations du président de la République ont parlé. Nous n’avons pas eu besoin de trop de discours. Les sénégalais vivant ici, ont eu le temps d’aller voir ce qui se passe au pays, ceux qui ne sont pas partis ont eu les témoignages de leurs parents vivant au pays, et finalement, le bon sens a prévalu, contre la calomnie et le mensonge. Ce qui a été fait dans ce pays en 7 ans, n’a jamais été fait, et le premier mérite revient à notre secrétaire général national. Je suis fier d’appartenir à ce parti, et de m’identifier au Parti d’Abdoulaye Wade. L’opposition a eu du mal à trouver une prise au sein de l’opinion, parce que partout où nos adversaires sont allés, ils ont trouvé des écoles, des dispensaires, des routes. Et, il n’y a rien, malheureusement, à dire, sinon, nous pouvons faire mieux. C’est ce qu’ils ont tenté de dire. Mais il fallait choisir entre celui qui a déjà fait mieux, et celui qui promet de faire mieux. Le choix va de soi, et les sénégalais ont fait le bon choix.
Tout n’est pourtant pas rose, il y a eu beaucoup de scandales durant ce septennat ?
Quand on fait un bilan, il y a un actif, et un passif. Nous ne disons pas que tout ce qui a été fait est bon, nous avons hérité d’un pays déstructuré, et tous les sénégalais ont pu le constater. Il nous a fallu partir de rien, et nous avons évidemment eu des moments d’apprentissage, et même de doute parfois. En deux ans, la confiance est revenue, nous avons multiplié par dix le budget de l’Etat, grâce à des réformes fiscales courageuses, nous avons augmenté de façon significative la part allouée aux investissements, sans oublier le cadre social. C’est ce qui a fait qu’en trois ans, nous avons recruté plus de 15 000 fonctionnaires, sans compter le nouveau cadre créé pour les investissements, l’Apix, qui a permis, en quelques années, de résorber le chômage, grâce aussi à la mise en place du fonds de promotion de la jeunesse. Tout ceci est à poursuivre. Mais je le disais tantôt, il reste que la demande est tellement importante, que certaines réalisations peuvent paraître insignifiantes, et même dérisoires. C’est peut-être la cause d’un certain désespoir chez les jeunes dont il faut quand même limiter la portée. Ce sont souvent des raisons exogènes qui sont à l’origine de ces mouvements masse des populations. Nous cherchons à endiguer ces phénomènes, en essayant de convaincre les jeunes que quelque chose est encore possible. Ils l’ont compris d’ailleurs, puisque ce sont eux qui ont fait triompher le président de la République. Le péril jeune qu’on redoutait tant, s’est transformé en un pari des jeunes. Nous devons, durant le quinquennat qui commence, faire une fière chandelle à cette jeunesse, et tout faire pour ne pas la décevoir.
Il semble que ce soit surtout au niveau de la diaspora que le bilan du président de la République est le plus critiqué. Comment expliquez-vous cela ?
Nous avons peut-être une diaspora plus exigeante, parce que peut-être confrontée à des réalités démocratiques et économiques différentes dans les pays d’accueil. Cela peut les amener à être plus exigeants. A cela, s’ajoute une vision parfois déformante de la réalité au pays, puisque la seule prise qu’ils ont sur le réel se fait par la médiation des journaux et des forums sur internet. Je ne vous apprends rien, puisque vous avez vu le travail néfaste de Souleymane Jules Diop, qui nous a tympanisé pendant trois années, comme si un tsunami économico-social se préparait dans le pays. Au final, nous avons eu une déferlante, mais elle est bleue, comme le ciel. La marée a été encore plus dense, plus vivante, et elle a emporté sur son passage tous les oiseaux de mauvais augure, qui ont voulu semer la mauvaise graine partout. La raison a prévalu, et le meilleur a gagné.
Et les scandales, comme celui qui oppose actuellement le président la République à son ancien numéro, appelé le protocole de Rebeuss, n’êtes vous pas gêné par cette cascade scandales ?
Mais celui qui devrait être gêné, c’est Idrissa Seck. Qu’est-ce que le président de la République a dit ? Il a dit : j’avais des fonds politiques, et je les ai confiés à un homme en qui j’avais confiance, comme cela se fait la tradition républicaine, cet homme est allé cacher cet argent à l’étranger. Le président de la République lui a fait prendre un engagement, pour qu’il restitue ces sommes. Il a pris cet engagement, et quand il a été libéré, il s’est cru plus malin que son géniteur politique. Il faudrait qu’au final, quel que soit ce que les uns et les autres en pensent, l’exigence de vérité et de justice prévale, et que ces sommes soient restituées. C’est notre seule demande, et les sénégalais ne souhaitent que cela. Je ne vois pas quel mal il y aurait pour le président de la République de travailler à ce que de l’argent soit restitué. On peut ne pas être d’accord sur les moyens, mais je crois que tous les Sénégalais souhaitent que ces milliards reviennent au pays. Je crois qu’il faut saluer la patience et la sagesse du président de la République sur ce dossier.
Quelles sont les attentes de la diaspora, par rapport au prochain quinquennat du président Wade ?
Il faut une plus grande implication et une meilleure utilisation de la diaspora dans l’œuvre de construction nationale entamée par le président de la République. Le président a appelé toutes les compétences à venir servir. Tout le monde ne le fera pas, mais il faut qu’à une échelle inférieure, la volonté du président de la République soit traduite en actes par ceux qui sont chargés de l’application de ses directives. Abdoulaye Wade est un grand consommateur d’idées neuves, et il faut un cadre pour lui en fournir. Je suis diplômé de l’Ecole nationale d’Administration publique du Québec, diplômé de HEC Canada, de l’université de Montréal, et je ne suis pas seul. Nous pouvons constituer un grenier d’idées pour maître Wade, qui ne demande que cela. C’est aussi en cela, que nous pouvons faire entendre les demandes et les besoins des sénégalais de la diaspora. La plupart du temps, ce ne sont pas des gens qui sont dans des positions d’attente ou de besoin. La seule chose qu’ils demandent, c’est servir, ou investir. S’ils trouvent des cadres qui répondent à ce besoin, ce pays se développera très vite. Imaginez seulement les montants, en plusieurs centaines de milliards que ces sénégalais font entrer dans ce pays. C’est quand même un tiers du budget national. C’est une manne énorme pour notre pays. Je fais confiance en cela au président de la République, toutes nos rencontres avec lui ont été des moments d’espoir pour nous de la diaspora. Je voudrais quand même remercier tous ceux de cette diaspora qui ont voté pour maître Wade, ma fédération, et au-delà, dire à tous ceux qui n’ont pas voté pour nous, que la porte est ouverte, nous sommes tous de la même maison, le Sénégal. A l’interne, nous avons entamé une modernisation de nos outils de communications, pour mieux nous approcher de nos militants et de tous les sénégalais, qu’ils soient au Canada ou ailleurs. Cela permettra de redynamiser les structures et de nos rapprocher des préoccupations des militants.
0 Commentaires
Participer à la Discussion