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Politique

MANŒUVRES POUR LE CONTROLE DE L’ELECTORAT DE DAKAR : Me Wade cannibalise Khalifa

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MANŒUVRES POUR LE CONTROLE DE L’ELECTORAT DE DAKAR : Me Wade cannibalise Khalifa

C’est une véritable bataille des tranchées qui s’est engagée entre l’Etat du Sénégal et la mairie de Dakar. Et ce n’est pas seulement l’espace ouvert sur 10 hectares au niveau du terrain du Cerf Volant de Colobane qui est concerné. L’onde de la confrontation va jusqu’au recasement des mécaniciens que Me Wade a reçus la semaine dernière au Palais de la République.

Les apparences sont bien trompeuses. Derrière le calme apparent, se cache une véritable guerre des tranchées entre le Président de la République, Me Abdoulaye Wade et le maire de Dakar, Khalifa Sall. L’Observateur a déjà fait état, dans son édition N° 1902 du 25 janvier 2010, des blocages créés par le pouvoir central, dans le dossier du recasement des ambulants au quartier Cerf Volant. Depuis, Khalifa Sall, qui joue là une partition importante de son magistère, avait décidé d’engager un bras de fer, pour rentrer…dans ses terres. 4,5 hectares au total, qui lui sont nécessaires pour recaser les ambulants, en droite ligne des négociations qu’il a initiées, pour désencombrer les rues de Dakar. 6 000 ambulants sont concernés, mais ils ne pourront bénéficier que de 2,2 hectares. C’est-à-dire moins de la moitié de la superficie nécessaire au recasement des ambulants. «On veut les faire quitter le centre-ville, pour les caser au Cerf Volant. Mais nous savons que moins de la moitié de ces ambulants, pourra être recasée», explique une source de la mairie de Dakar, proche du dossier. En fait, ce n’est pas que le site, étendu sur 10 hectares, manque d’espace. Mais l’Etat, du moins ses «excroissances affairistes», compte se tailler plus de 7 hectares sur les 10. Une partie de ces terres est réservée à l’érection de la mosquée de Massilikoul Jinaan, chère au Khalife général des mourides, Serigne Bara Mbacké. Ce dernier, sans doute en méconnaissance de cause, a même été utilisé dans ce dossier, comme bouclier. Et si les langues n’osent pas encore se délier dans cette affaire, c’est surtout parce qu’on a quelque part peur du retour de bâton. Et pourtant, tous savent qu’il y a un surplus d’hectares, qui va sans doute servir à l’érection d’un complexe commercial. «2,5 hectares vont être vendus. Et nous savons que c’est pour bientôt. C’est une affaire de gros sous», nous souffle-t-on. Mais qui tire donc les ficelles dans cette affaire ? Mbackiyou Faye qui joue un rôle central dans ce dossier n’est que la face visible de l’iceberg. «Me Wade est le véritable maître du jeu», indique-t-on du côté de la mairie de Dakar. «On a peur des dividendes politiques que pourrait rapporter le règlement de l’épineux problème des ambulants», ajoute-t-on. Pour contourner ce problème, «nous allons être obligés d’acheter des terrains pour y recaser le lot des ambulants restants. Ce projet est en train d’être ficelé, car nous n’avons pas d’autre choix», indique une source proche du dossier.  

La bataille se prolonge au cimetière de Yoff
Mais là n’est pas la seule épine dans les pieds du maire Khalifa Sall. L’on ne manque, en effet, pas de relever le lobbying tous azimuts enclenché à l’endroit des mécaniciens de rue. Une audience a eu lieu le mardi 2 mars dernier, avec ces derniers, au Palais de la République. Audience lors de laquelle, le Président Wade a promis aux  ambulants de les aider à bénéficier des marchés de réparation des véhicules de l’Etat. Les services du maire de Dakar estiment que c’est parce qu’ils ont un programme de recasement et de formation des ambulants que le Président Wade enfourche la même trompette. «C’est une façon de nous couper l’herbe sous les pieds. Le Président veut même s’occuper des épaves alors que nous avons déjà lancé un programme dans ce sens», ajoutent-ils. Les proches de Khalifa Sall savent donc qu’aucune concession ne leur sera faite. Et cette guerre des tranchées se prolonge jusqu’au cimetière de Yoff. Qui a presque épuisé toutes ses réserves, car selon les estimations de la mairie de Dakar, le cimetière musulman de Yoff est sur le point de refuser des corps, faute d’espace. «On n’a plus d’espace où mettre les morts. Nous avons déjà écrit au Président de la République, au Premier ministre et au ministre de l’Urbanisme, mais sans réponse», indique-t-on. Le maire de Dakar a ainsi mis le veto sur plusieurs actes posés par l’Etat, en refusant de signer les autorisations de construire délivrées dernièrement par l’Etat, sur les terrains contigus au cimetière. Ceux qui ont passé outre cette décision ont vu leurs maisons détruites. D’où les procédures judiciaires initiées contre le maire de Dakar. Autant dire que le bras de fer est loin d’être terminé.
L’Etat, de son côté, ne veut point claquer la langue dans cette affaire. Une source officielle, jointe par nos soins, a promis d’y revenir pour éclairer notre lanterne. Wait and see !



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