Entre les forces de l'ordre et les manifestants, difficile de dire qui a gagné la paire de manche, samedi dernier, lors de la marche initiée par le Front ‘Aar Seénégal’. Si les premiers ont réussi à annuler la marche non autorisée, les militants de l'opposition, sous la houlette de leurs différents leaders, leur ont donné du fil à retordre toute une jounée durant.
Samedi dernier, les leaders de l'opposition n'ont pas fait dans la dentelle en allant provoquer les forces de l'ordre qui avaient reçu la ferme consigne de ne faire aucun cadeau à toute personne qui montrerait sa tronche aux alentours de la Rts sous prétexte de marcher. La suite, on la devine. La répression policière fut à la hauteur de l'affront subi. A peine arrivés au rond point faisant face à la poste de la Médina, les leaders de l'opposition furent sommés de vider les lieux sans autre forme de procès. Refusant d'obtempérer, ils furent malmenés par des éléments de la police armés jusqu'aux dents et qui visiblement tenaient à solder leurs comptes avec ceux qui ont osé les défier. Moustapha Niasse, chef de file de l'Afp, dont la détermination et les propos semblaient agacer les hommes en tenue fut quasiment passé à tabac. Pris dans les mailles de ces derniers, il fut pris par le collet de la chemise, violemment bousculé avant d'être embarqué. D'un autre côté, c'est Amath Dansokho, venu de la France la veille pour uniquement participer à la marche, qui passera de sales moments avec les policiers. Le secrétaire général du Pit fut tenaillé par un groupe de policiers qui le jetèrent dans leur fourgonnette où ceux qui l'y avaient précédé l'aidèrent à se relever et à prendre place à côté d'eux. Ce qui d'ailleurs suscita l'ire d'un passant qui se demanda si les policiers n'avaient pas perdu la tête en traitant de la sorte une personne dont on connaît la fragilité de sa santé. A la suite de Niasse et Dansokho, Abdoulaye Bathily et Ousmane Tanor Dieng seront cueillis dans le panier à salade des flics. De même que certains de leurs camarades dont Ndèye Diaga Ndiaye (Ps), Ndèye Fatou Thiam (Afp), Doudou Issa Niasse, Macky Sall (Ps) et Ousmane Badiane (Ld/Mpt).
Tous seront acheminés sine die au commissariat central du plateau laissant derrière eux, leurs camarades de partis se frotter aux forces de l'ordre. A cet instant, l'avenue Blaise Diagne prit l'allure d'une bande de Gazza mise à sac par une Intifada. Face aux grenades lacrymogènes qui tonnaient de partout, des jets pierres fusaient de tous les coins de rues du fait de manifestants surexcités, faisant se joncher par terre, de la poste de Médina au marché Tilène, des débris de toutes sortes. D'ailleurs, un bus de Dakar Dem Dik immatriculé Dk-3871 AB qui avait pris le risque de passer par là en ce moment précis, en a fait les frais, puisque sa pare-brise a été endommagé. Les éléments de la police semblent pris de cours car n'ayant pas, apparemment envisagé pareil scénario. En effet, s'étant postés très tôt devant la Rts, d'où devait débuter la marche, les policiers se sont vu obliger de changer de position car les marcheurs avaient finalement opter pour le rond point de l'avenue Blaise Diagne pour démarrer leur randonnée pédestre. Mais les forces de l'ordre n'étaient pas au bout de leur surprise car une fois sur place, ils ne surent où donner de la tête puisque des fronts de lutte se formaient dans toutes les rues de la Médina donnant sur l'avenue Blaise Diagne. Ce qui fit dire à quelqu'un que l'opposition a vraiment gagné sa paire de manche en optant pour cette stratégie de lutte.
Et c'est le même spectacle qui s'est produit aux alentours du commissariat central et jusqu'à la place de l'Indépendance. Là, l'atmosphère était indescriptible. Très énervés, les policiers tirent sur tout ce qui bouge et procèdent à des interpellations tous azimuts. Les journalistes qui étaient jusque-là ménagés, commencèrent à être brutalisés. Mamadou Sy, photographe de L'Actuel, sera, d'ailleurs, arrêté, son appareil confisqué, puis relâché quelques minutes plus tard.
Vers 15 heures, les différents leaders politiques arrêtés seront éparpillés dans les commissariats de police de la place avant d'être libérés aux environs de 16 heures sous les vivats de leurs militants.
0 Commentaires
Participer à la Discussion