MANOEUVRES POLITIQUES - Djibo-Kâ et Me Abdoulaye Wade : séparation programmée ?

De toutes les personnalités qui ont eu à cohabiter avec le régime de Wade, Djibo Kâ est sans nul doute de ceux qui connaissent le mieux le Président Wade. Les deux hommes se ressemblent beaucoup qu’ils ne se focalisent pas trop sur les moyens pour atteindre leur but. Pour cette raison certainement, le leader de l’Union de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) a toujours eu une oreille attentive auprès du Président Wade. Se gardant de fondre son parti dans le Pda, c’est qui l’a conseillé quant il s’est agi de coupler puis de découpler les élections présidentielle et législatives. Et lorsqu’il a fallu justifier la mesure, Djibo Kâ est monté au créneau pour donner des explications à la fois politiques et juridiques. Bref, il a "mouillé" le maillot, dans les salons du Président, en peaufinant dans le plus secret, des stratégies pour la réelection du Président. Et c’est sans surprise qu’il réclamera sa part dans la victoire de Wade au lendemain de sa réélection à la tête de l’Etat. Djibo Kâ pouvait se retrouver dans le premier gouvernement d’après élections dans les mêmes habits que dans le précédent. Confiance renouvelée, dirait-on.

Qu’est ce qui s’est passé entre temps pour que d’un coup, le chef de l’Etat décide de le dégrader en le privant de l’importante manne financière qu’est le Port autonome de Dakar (Pad) ? On ne peut certes manquer de constater que depuis quelques temps, le département de l’Economie maritime focalise toutes les attentions. Il y a eu deux grosses affaires. D’abord la crise de cession du terminal à containers du Port autonome de Dakar (Pad) à la société Dubaï World Ports. Une affaire qui n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets avec les déballages organisés par l’industriel Vincent Bolloré qui indexe des pots-de-vins versés par les arabes pour s’emparer du Port de Dakar. Dans le contexte actuel marqué par la montée en puissance de Nicolas Sarkozy sur la scène internationale, il reste évident que le bras de fer est loin d’être terminé dans cette affaire. Quel rôle a joué le désormais ex-ministre de l’Economie maritime dans les négocations ayant précédé le "choix" de la commission qui a, comme on le sait, jeté son dévolu sur le Dpw ? On a en tout cas vu le ministre de l’Economie maritime monter au créneau pour défendre les intérêts de la famille présidentielle en expliquant, comme il sait si bien le faire que « des soumissions ont été opérées, une commission technique comme le prévoit la réglementation a été mise en place. Elle a examiné le dossier, elle a délibéré en toute souveraineté, en toute compétence, a tranché sur la base des cahiers de charges et de termes de références. Ceux qui ont été adjudicataires, certainement ont répondu à tous les critères ». C’est dire en tout cas que Djibo Kâ a joué sa partition dans cette affaire du moins en ce qui concerne la face visible de l’iceberg, bien vrai qu’on ignore son rôle réel dans les négociations de coulisses ayant précédé le choix de Dpw.

L’autre affaire qui a secoué le ministère de Djibo Leyti Kâ, c’est la saisie record de drogue. Sans doute cette affaire a servi de prétexte au chef de l’Etat pour mettre en pratique son plan d’affaiblissement du leader de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd). Cette saisie qui n’a pas encore livré tous ses secrets révèle de façon évidente que les trafiquants se sont beaucoup adossé sur le ministère de Djibo Kâ pour se livrer à leur trafic. Mais, comme on le sait bien, Me Wade a toujours su couvrir ses amis même dans les affaires les plus scandaleuses.

C’est pourquoi il est difficile de croire de c’est à cause de ces affaires que Me Wade a décidé de "dégrader" Djibo Ka. Ce d’autant plus que même s’il a été reconduit dans le dernier gouvernement, il reste que des signes avant-coureurs n’ont pas manqué d’être lancés par le chef de l’Etat. Comment en effet occulter le départ d’une des têtes de file de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), Diégane Sène précisément, même si par ailleurs il a été remplacé par un membre de ce même parti. Comment en effet ne pas s’interroger sur les desseins cachés du chef de l’Etat dans le contexte actuel. Pour sûr les choses ne seront plus comme avant entre le leader de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) qui devrait bien lire les signaux dans un contexte marqué par le débat sur la succession de Me Wade. Des signaux bien faciles à décripter pour le fin politique qu’est Djibo Kâ, absent du territoire national au moment où il se faisait justement remplacer par un fidèle de la famille présidentielle : Souleymane Ndéné Ndiaye.