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Politique

Mauritanie : Calamités

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Mauritanie : Calamités

La Mauritanie de l’Indépendance n’est plus celle d’aujourd’hui. Je sais que c’est une grosse évidence. Pauvre Général Lapalisse dont les soldats disaient que cinq minutes avant sa mort, il vivait encore ! C’est normal que quelque chose ait changé de feu Moktar Ould Daddah à Mohamed Ould Abdel Aziz.

D’ailleurs, pour ce dernier président et ses soutiens, les bilans de tous les autres présidents civils, militaires et semi-militaires ne feraient pas le cinquième des réalisations que le promoteur en chef de la Rectification/coup d’Etat du 6 août 2008 et ses lieutenants/généraux ont accomplies.

Inutile de polémiquer. Il n’y a qu’en Afrique où les présidents se permettent de clamer leurs prouesses, en oubliant que c’est avec le reliquat de l’argent du peuple que ces présumées fondations ont été réalisées. L’autre partie du butin étant partie en je ne sais quoi. Pas meilleure illustration que l’adage qui dit de couper de sa lèvre et le lui faire avaler.

Mais, là aussi, inutile de polémiquer. Nombre de présidents se servent des peuples, au lieu de les servir. En cela, peu de pays africains font exception. Juste après le coup d’Etat de 2008, les nouvelles autorités, général Mohamed Ould Abdel Aziz en chef, déclarèrent une guerre sans merci contre une nuée de pratiques nauséeuses dont la gabegie.

Depuis, les responsables de l’Union Pour la République ne manquent pas une occasion de rappeler combien les rapports des fonctionnaires avec le bien public ont changé.

Ce n’est peut-être pas totalement faux. Même si leurs détracteurs de l’opposition estiment que la masse « gabégique » n’a pas diminué, mais que c’est le cercle des bénéficiaires qui s’est seulement rétréci. Encore une fois, inutile de soulever la polémique.

Ce qui est, par contre, certain est que la situation générale des Mauritaniens n’a pas changé, elle. Sinon en pire : les prestations des deux principaux secteurs sociaux, l’éducation et la santé, sont de plus en plus catastrophiques. Peut-être à cause des accumulations. Les indicateurs de la pauvreté n’ont pas été maîtrisés.

La précarisation des conditions de vie s’est accentuée. Les prix des denrées de première nécessité, surtout ceux des hydrocarbures, n’ont pas diminué, malgré une conjoncture internationale qui devait y contribuer.En Mauritanie, le litre de gasoil à la pompe se vend, aujourd’hui que le baril est en dessous de trente dollars, au même prix du temps où celui-ci en coûtait 146.

Les explications du gouvernement à ce sujet ne semblent pas trop convaincre. Les taux de chômage, surtout chez les jeunes, ne sont pas « encourageants ». Pourtant, selon les déclarations officielles, la grande campagne nationale contre la gabegie a permis de rendre, au Trésor public, des centaines de milliards d’ouguiyas.

Selon ces mêmes sources, beaucoup de projets nationaux ont ainsi été financés sur fonds propres. Les caisses publiques seraient même pleines. Les négociations, avec les partenaires internationaux, notamment avec les pays de l’Union Européenne, en termes d’accord de pêche, se dérouleraient avec plus de sérénité et de souveraineté.

Seulement, le paradoxe est que toute cette prétendue bonne santé diplomatique et financière n’a eu aucun impact socio-économique sur les populations. Les pratiques n’ont pas trop changé.

Les scandales répétitifs, comme les affaires du Trésor public, de la SOMELEC, de l’argent de la Garde, de l’Armée nationale et autres, démontrent que l’indélicatesse financière a encore de beaux jours devant elle, au sein de l’administration civile et militaire.

Les derniers remaniements ministériels, les récentes permutations et promotions des deux derniers conseils des ministres prouvent que les hommes partent, les systèmes restent. La politique des dosages de tous ordres : tribaux, ethniques, régionaux ; la puissance des lobbies et l’influence de certaines personnalités, civiles et militaires ; sont encore des réalités que tous les gouvernants sont encore obligés de considérer.

Il n’est pas prudent de mettre les réservoirs électoraux et les manipulateurs chevronnés des grands ensembles populaires, « derrière son dos ». Pourtant,Mohamed Ould Abdel Aziz devrait, normalement, manœuvrer en toute liberté. Si tant est qu’il en soit, comme le prévoit la Constitution, à son dernier mandat… Les rapports avec les acteurs politiques restent, comme du temps des autres systèmes, très tendus.

La crise post-coup d’Etat 2008 reste en l’état. Les multiples dialogues et tentatives de dialogue ne l’ont pas décrispée. La situation des droits de l’homme n’a pas évolué : éternel déni de l’esclavage et règlement à l’emporte-pièce du passif humanitaire.

Les réserves exprimées, par le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, il y a deux à trois semaines, constituent une preuve que, sur le plan des droits humains, tout n’est pas rose.

La détention de certains militants des droits de l’homme, comme Birame Ould Abeïd ou Brahim Ould Bilal; les nouvelles restrictions des libertés fondamentales et de liberté d’expression : tracasseries vis-à-vis des journalistes ; en disent long sur le recul que le pays est en train d’effectuer, sur le plan du Droit et des libertés. Et, pourtant, elle avance, la Mauritanie… 



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