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Politique

Mauritanie : Pourquoi en vouloir à la Presse ?

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Mauritanie : Pourquoi en vouloir à la Presse ?

La presse écrite privée mauritanienne vit sans doute l’un de ses moments les plus difficiles depuis l’instauration de la démocratie en 1991. Procès en diffamation de la SNIM contre quatre médias privés, suspension de programmes pour Mourabitoune Tv après Sahara Médias FM, diverses poursuites contre des journalistes de la presse en ligne, interdiction de reportage pour une équipe de journalistes dans le Hodh El Gharbi, suppression des abonnements et insertions publicitaires des entreprises de l’État.

La situation est critique. La presse privée se meurt à petit feu. Bien souvent pour évaluer l’état d’avancement de la démocratie dans un pays, la situation de la presse est un des critères essentiels d’appréciation.

En Mauritanie depuis 2005 et les avancées obtenues en matière d’évolution, la liberté de la presse a toujours été vantée par les pouvoirs successifs. La place obtenue par notre pays dans les classements de Reporter Sans Frontières est allée en renforçant ces allégations. « La Mauritanie premier pays arabe en matière de liberté de presse », « la Mauritanie devance de Sénégal dans le classement de RSF » etc.

Mais aujourd’hui à y regarder de plus près, la situation est loin d’être idyllique. Bien au contraire, la presse mauritanienne vit des moments plus que difficiles.

La SNIM, poumon économique du pays, n’a pas demandé moins que 2 milliards dédommagements dans l’affaire qui l’oppose à 4 médias privés mauritaniens dont Mauriweb et Cridem. Et curieusement la veuve du fondateur de Cridem s’est faite licenciée de la CDD le mois dernier.

Une presse qui vit de subsides et qui n’arrive pas à joindre les 2 bouts peut-elle s’acquitter de 2 milliards UM ? N’est ce pas une manière déguisée de chercher à tuer les journaux et sites électroniques incriminés ?

En outre, par le biais de la HAPA, le pouvoir a la main lourde sur de nombreuses chaines privées de radio et télévision. C’est d’abord Sahara Médias FM qui a vu une de ses émissions suspendues pour 1 mois en raison de prétendus dérapages et manquements à la déontologie.

Ensuite, c’est au tour de Mourabitoune de se voir épinglée par l’autorité de régulation. Il est reproché à cette chaine sa ligne éditoriale, « son manque d’équité dans ses émissions de débats et la vitrine qu’elle fournirait à des mouvements ou groupes hostiles au pouvoir ».

Et là également comme par hasard c’est l’émission de Ahmed Ould Wédia, journaliste qui avait tenu tête au Président Aziz lors d’une conférence de presse, qui a été visée et frappée d’une suspension d’un mois et avec avertissement à la chaine de TV.

Ould Wedia connu pour ces acerbes critiques contre le pouvoir, paye ainsi pour son « insolence ».

Et pour ne rien arranger, alors que la presse n’a même plus de larmes pour pleurer sur sa situation, ordre aurait été donné aux entreprises de l’Etat de supprimer les rares abonnements et insertions publicitaires destinés à la presse privée pour dirait-on des mesures d’austérité.

Les patrons de presse estiment alors que l’Etat cherche tout simplement à tuer par asphyxie leurs journaux. En ces périodes de vaches maigres, le pouvoir, devenu frileux, n’admet plus la critique.

Le droit à l’information du public est alors bafoué. Les médias ouverts à toutes les sensibilités politiques et sociales du pays sont regardés d’un coin de l’œil et une « attention particulière » est portée sur eux.

D’un autre côté, il faut reconnaître que certains médias privés (presse en ligne, presse écrite) souffrent encore de quelques tares qui offrent quelquefois au pouvoir de fallacieux prétextes pour… réprimer.

Des rumeurs, des ouïes dire sont transformés en articles de presse. L’investigation, le recoupement, l’analyse pertinente et objective font souvent défaut. La recherche du sensationnel prime souvent hélas sur une information sûre, vérifiée.

Il appartient ainsi à la presse de faire son introspection pour davantage se professionnaliser et respecter son code éthique. Aujourd’hui avec une opposition imprévisible et bien souvent molle, la presse privée constitue un des piliers essentiels de notre jeune démocratie. Elle demeure alors un rempart contre les abus, dérapages, manquements constatés ci et là.

En cherchant à la tuer non seulement on remet en cause les fondements de la démocratie mais également cela prouve que l’on a de nombreuses choses à se reprocher que l’on ne voudrait surtout pas voir étalées au grand jour. 



1 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Juillet, 2017 (12:39 PM)
    Ce qui me fait peine, c'est de voir le compteur "Commentaires" à zéro....

    La liberté de la presse est souvent le gage du degré démocratique (voir de la liberté d'un peuple !)

    La liberté de faire circuler une information validée et vérifiée engage la responsabilité de ses auteurs. En ce sens les journalistes montrent qu'ils ont plus de devoirs que de droits vis à vis de leurs contemporains, qu'ils soient dirigeants d'un pays, agriculteurs, pêcheurs, ouvriers, médecins, professeurs, femmes au foyer, jeunes ou vieux, ... tout ce qui fait un peuple à le droit d'être informé !!!

    Effectivement, toutes investigations ne peut plaire à tout le monde, on a vu la puissance de la presse en France lors des dernières élections présidentielles, où les "affaires" ont fait un premier tri dans les rangs des postulants. Et si le peuple n'avait pas su tout cela ? Je crois que c'est la question qu'il faut se poser .......

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