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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Me Abdoulaye BABOU, Ministre de la fonction publique : ‘Je suis coaché par des familles religieuses’

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Me Abdoulaye BABOU, Ministre de la fonction publique : ‘Je suis coaché par des familles religieuses’
Est-ce parce que Me Babou est encadré par des chefs religieux qu'il n'a pas eu de difficultés à se faire une place au sein du Pds ? Dans l'entretien qui suit, il laisse entendre qu'il est ‘coaché par des familles religieuses’. L'ex-porte-parole de l'Alliance des forces de progrès (Afp) explique par ailleurs la différence de gestion qu'il y a entre son ancien parti et le parti de Me Abdoulaye Wade, rappelant que les crises internes qui minent le Pds est le propre des grands partis. Il ne s'est, tout de même, pas empêché de revenir sur les raisons qui ont poussé la Cpa à se scinder en deux. Il a, par ailleurs, expliqué pourquoi les Sénégalais devraient réélire Wade, en février 2007.





Walfadjiri : Quelle lecture faites-vous de la situation politique actuelle du pays ?


Me Abdoulaye Babou : Ce que tout Sénégalais peut constater c'est le parti majoritaire qui est le Parti démocratique sénégalais, à la tête duquel se trouve le président en exercice, Me Abdoulaye Wade, est parti pour remporter, d'abord très largement les élections législatives et le candidat Abdoulaye Wade pour être réélu au premier tour. Il ne s'agit pas là de mots lancés en l'air, mais une photographie de la situation politique nationale. Nous avons, en face de nous, deux camps. Le premier est organisé et a fait ses résultats. Il s'agit du camps majoritaire et du candidat Abdoulaye Wade qui a un bilan à exposer aux Sénégalais. Le second, à savoir le camps de l'opposition est dans un émiettement total. C'est l'implosion. Seulement, cette situation ne m'a pas, personnellement, surpris. J'ai toujours dit que les principales figures de proue du Cpc (Cadre permanent de concertation de l'opposition) et de la Cpa (Coalition populaire pour l'alternative) ne s'étaient réunis qui pour des concours circonstanciels. Leur seul programme commun était des attaques crypto-personnelles contre le président Abdoulaye Wade. A part cela, rien, absolument rien, ne pouvait fonder leur union. Ce constat, je l'ai fait depuis assez longtemps et aujourd'hui, l'histoire me donne raison. La Cpa vient d'éclater en plusieurs morceaux et ce que le Sénégalais lamda peut lire est justement une lutte crypto-personnelle des gens aux ambitions démesurées qui ne peuvent pas mettre en exergue l'intérêt national. Et encore, quel intérêt national défendraient-ils ? Ce qui les motive le plus c'est, beaucoup plus leur propre ego.
On a l'impression que les deux blocs, A et B, peuvent résumer une certaine boutade : l'ennemi de mon ennemi est mon ami. C'est tout simplement une lecture. D'un côté, les plus grands leaders ne s'aiment pas et se regardent en chiens de faïence. De l'autre, les deux autres leaders, quand bien même ils camoufleraient leur différend, tout le monde a senti qu'ils ne s'entendaient pas. Donc, voilà cet aréopage hétéroclite qui pense vouloir charmer les Sénégalais et conquérir leurs suffrages alors qu'ils n'ont aucun programme, aucun idéal. Ils ne l'ont jamais déroulé. C'est la raison pour laquelle je dis que leur échec est évident et que le Sénégalais, conscient, ne peut pas donner sa voix à une personnalité qui ne peut, même pas, au sein de son parti politique faire l'unanimité. C'est malheureusement le constat auquel l'on fait face. Pendant longtemps, ils ont diverti les Sénégalais, en reculant les échéances d'un programme commun qu'en réalité aucun candidat ne défendra. Le candidat Abdoulaye Wade a bien dit qu'il n'a pas d'adversaire. Et ce mot a tout son sens. Il connaît tous les candidats, un à un, et aucun parmi ces candidats ne pèse devant le candidat Abdoulaye Wade. Il ne boxe pas dans la même catégorie.


Walfadjiri : Vous értiez l'un des plus virulents pourfendeurs de Me Wade. Aujourd'hui, vous le défendez. Comment expliquez-vous ce changement de discours à son égard ?


Me Abdoulaye Babou : D'abord, je crois que cela s'explique, au moins, pour une raison essentielle. Le porte-parole d'un parti ne porte pas sa propre parole. Il porte la parole d'un parti en fonction de son programme, de ses orientations, on vous demande de restituer ce que le parti pense, à travers ses instances. Quand on veut être fidèle, on porte la parole d'autrui, même si cela ne vous plaît pas. Par contre, moi, personnellement, en un moment de mon cursus, à l'intérieur de l'Alliances des forces de progrès (Afp), j'ai été le premier à faire le constat que le parti a trahi l'espoir des Sénégalais. C'est au cours d'un bureau politique que j'ai eu le courage de me lever pour dire au secrétaire général (Moustapha Niasse : Ndlr) que je ne me retrouve plus dans votre programme ni dans votre démarche personnelle encore moins dans les orientations de l'Afp. Tout ce qui était inclus dans le manifeste du 16 juin 1999 n'est que lettre morte. A partir d'un moment où, en un moment de votre évolution, vous vous arrêtez pour faire un constat, une prise de conscience est réelle. Et vous-même (la presse : Ndlr) avez été les premiers à constater que ma rupture avec l'Afp a débuté à partir de cet instant où il y a déviation. A quoi je m'attendais ? Je m'attendais à la défense du programme de l'alternance. Une alternance que nous avons faite avec le président Abdoulaye Wade. Je m'attendais à ce qu'une fois même que l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, dont on dit qu'il était le maître d'œuvre du départ de ce leader de l'Afp de ce gouvernement, rien n'empêchait à ce leader-là de revenir travailler avec Me Abdoulaye Wade. Il ne l'a pas fait. Donc, c'était une querelle beaucoup plus crypto-personnelle que pour l'intérêt des Sénégalais. Et tout un chacun en tire les conséquences. Moi, donc, je reconnais avoir porté la parole de ce parti, de l'avoir bien défendu. Je reconnais aussi, c'est une évidence, m'être arrêté, pendant un certain temps, et à l'issue d'une réflexion profonde en tirer la conclusion que c'est l'Afp qui était dans la déroute et que rien ne s'opposer à ce qu'il ait une continuité d'action avec le président Abdoulaye Wade qui, du reste aussi, avait dit qu'il voulait réunir tous les acteurs de l'alternance autour de sa personne. Il a toujours ouvert ses portes et à toujours prôner la majorité d'idées. Mais, de l'autre côté, c'était une opposition crypto-personnelle. Et ainsi, naturellement, le discours change. Ce sont les événements qui amènent les gens à évoluer dans leur comportement et compréhension des choses, mais pas l'homme. Ce sont les événements qui déterminent l'homme politique.


Walfadjiri : Ce qui semble paradoxal, c'est que vous revenez au moment où la plupart des leaders qui ont fait l'alternance avec Me Wade sont partis ...


Me Abdoulaye Babou : Ah ! Mais poser la question aux leaders et ils vous diront les raisons pour lesquelles pour ils ont quitté...


Walfadjiri : Le non-respect du programme commun de gouvernement, par exemple


Me Abdoulaye Babou : Qui vous a dit que c'est le non-respect du programme de l'alternance. Je ne pense pas que vous puissiez prendre quelqu'un comme Idrissa Seck et qu'il vous dise que j'ai quitté le président Wade à cause du non-respect du programme de l'alternance. Certainement pas.


Walfadjiri : Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily... ?


Me Abdoulaye Babou : Bathily, il sera bien placé pour répondre à la question. Mais, exemple pour exemple, Idrissa Seck était l'un des plus fidèle lieutenant de Wade, mais il l'a quitté et; aujourd'hui, il ne crache que le venin sur le président Wade qui a été son mentor et a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Mais moi, c'est une question d'ordre programmatique. J'estime que le leader de l'Afp n'a pas été à la hauteur de sa tâche. Alors, je me suis retourné vers la personne à qui les Sénégalais ont donné leur confiance, et ce ne sont pas des constatations virtuelles qui ne tiennent pas la route. Moi, je dis que tout Sénégalais objectif doit savoir qu'à partir de 2004, le régime de l'alternance est devenu visible. Avant 2004, ce que nous disions pour railler le président Abdoulaye Wade était qu'en 2007, il n'aura que la porte de Millénaire à inaugurer. Mais, regardez ce qui se passe à Dakar, maintenant. Dakar va être transformée comme Paris. C'est Senghor qui disait qu'en 2000, Dakar sera Paris, mais c'est Abdoulaye Wade qui va réaliser cela. C'est un constat réel. Les innovations du président de la République ne se limitent pas à Dakar. Au point de vue des infrastructures, partout, il y a des chantiers. Le budget de la Santé couvre, aujourd'hui, plus de 10 % du budget national. Wade est le seul président à instaurer un régime de retraite universel pour personne âgée de 60 ans, tous les projets ont été remis au goût du jour. Toute personne âgée de 60 ans peut se soigner sans bourse délier. C'est une réalité qui se manifeste également du côté de l'éducation.


Walfadjiri : Malgré tout, la crise sociale est profonde actuellement ?


Me Abdoulaye Babou : La crise sociale est là. Mais, aujourd'hui, en tant que ministre, j'ai une autre lecture de la situation. Mon premier dossier a été celui de la grève des enseignants. Que voulaient les enseignants ? Sur une plate-forme de 60 points, le gouvernement a satisfait les 59 points. Seul celui du logement restait. Même là, le gouvernement était d'accord. L'indemnité d'avant était de 20 000 francs Cfa, mais le gouvernement avait proposé de leur faire une rallonge de 15 000 francs Cfa. C'est-à-dire une avance de 75 %. Seulement, la rallonge devait être étalée à raison de trois ans. Les syndicalistes ont refusé. Il faut savoir que le gouvernement a mis sur la table 8 milliards 500 millions de francs Cfa pour dire aux enseignants qu'à partir de janvier 2007, je vais payer comptant les 15 000 francs Cfa et à partir d'octobre 2007, j'ajouterai encore 20 000 francs Cfa. Dans quel pays du monde a-t-on vu des revendications satisfaites à 100 % ? Cela n'existe nulle part ! Moi, je suis spécialiste, au niveau du troisième cycle en droit du travail et relations professionnelles, mon professeur de Négociations collectives à l'Université de Nanterre nous disait que ‘pour des techniques de négociations, si nous parvenons à avoir 10 à 20 % de satisfaction, c'est la réussite’. Alors qu'ici, c'est à 100 % que le gouvernement a satisfait les syndicats. Maintenant, c'est aux Sénégalais de se demander pourquoi la grève continue...


Walfadjiri : A votre avis?


Me Abdoulaye Babou : Les élèves tout comme les parents d'élèves ont montré qu'ils en ont assez de ces grèves. Le gouvernement a fait le bond en avant pour régler la question. Donc, la balle est aujourd'hui dans le camp des enseignants.


Walfadjiri : Vous avez parlé de la crise qui a secoué la Cpa. Seulement votre parti, le Pds, vit aussi des crises et non des moindres. Qu'en dites-vous ?


Me Abdoulaye Babou : Ce n'est pas de la même veine. ni de la même envergure. Il faut comprendre d'abord, comparaison pour comparaison, j'ai été dans le Parti socialiste, un parti de masse. Un parti de pouvoir est toujours traversé par des contradictions internes. Seulement parce qu'il y a des positionnements. Et c'est tout à fait naturel qu'il y ait des querelles de positionnement parce que, le plus souvent, les responsabilités politiques correspondent à des responsabilités gouvernementales. C'est ainsi qu'il faut voir les crises à l'intérieur du Pds. Cela, d'autant plus que personne n'a remis en cause le leadership du président Abdoulaye Wade. Au contraire, l'on dit qu'il est la seule constante. Les autres sont des variables. Mieux, aucun des éléments du Pds n'a mis en cause l'orientation du libéralisme du Pds. Donc, sur les grands thèmes, tout le monde est d'accord et c'est à l'intérieur qu'il y a eu des désaccords et c'est naturel. C'est valable pour tous les grands partis. Ce sont des événements normaux dans une évolution normale d'un parti politique. Ce type de différend n'a rien à voir avec ce qui se passe dans l'opposition qui a éclaté en lambeau parce qu'à la base, c'est un plâtrage en attendant les échéances. La preuve, jamais au grand jamais, depuis le Cpc ensuite à la Cpa, ils ne se sont prononcés sur la candidature unique ou plurielle. Ce sont des difficultés qui ont toujours été remises à demain. Ce que je sais de cette opposition, je ne le dirai pas, mais j'ai toujours dit que jamais cette opposition ira en rang serré.


Walfadjiri : Parmi les nouveaux venus au Pds, certains dénoncent leur mauvaise adaptation. Ce n'est pas votre cas ?


Me Abdoulaye Babou : Moi, en tout cas, je suis bien accueilli et l'on m'a, d'ailleurs, déroulé le tapis rouge. Au contraire, on m'avait même fait la ‘cour’. Quand j'étais en froid avec l'Afp, j'ai gardé le silence pendant plus de six mois et c'est la coordination de Mbacké qui m'a dit : ‘s'ils ne veulent pas de vous, venez, nous vous ouvrirons les portes’. Je remercie, profondément le président de la République. Il a fait de moi un ministre alors que je n'étais pas membre de son parti. C'est par la suite que j'ai adhéré dans le Pds pour lui rendre la monnaie. Et je me bats au niveau de la base. L'opposition n'existe plus à Mbacké, eux tous sont venus me rejoindre. Je viens d'une communauté rurale que l'on appelle Ngaye, avant il y avait 24 conseillers dont les 17 étaient du Ps, et le Pds n'avait que 5 conseillers. Mais, aujourd'hui, il y a eu un basculement, tous les conseillers sont maintenant au Pds, à l'exception du président. Aujourd'hui, j'ai un bilan glorieux dans la mesure où, je suis ‘coaché’ par des familles religieuses, des fils et petits de Cheikh Ahmadou Bamba... Je suis parvenu, aussi, à mon niveau à fédérer toutes les énergies, à réunir ceux qui étaient frustrés et à me situer à un niveau beaucoup plus élevé. Je ne me situe pas au niveau des tendances. Mon seul objectif est de faire réélire le président Abdoulaye Wade au premier tour et, pour seule ambition, faire du département de Touba-Mbacké le meilleur département au niveau des scores.
Je me battrais bec et ongles pour la réélection du président Abdoulaye Wade. D'abord, il faut qu'il puisse parachever son œuvre. Les chantiers sont visibles et c'est lui qui a eu cette vision. Il faut que Dieu lui donne la santé et que les Sénégalais le soutiennent pour qu'il puisse terminer ses œuvres. Ce serait hasardeux de penser à autre chose. Il a une vision et a entamé les chantiers. Laissons-le terminer. C'est dans l'intérêt de tous les Sénégalais. Qu'on le veuille également ou non, Wade est parvenu, dans la sous-région, à se tailler une place de première personnalité.


Walfadjiri : La période des investitures est considérée comme l'étape de tous les dangers. Ne pensez-vous pas que le Pds est assis sur une poudrière ?


Me Abdoulaye Babou : Mais, on l'a déjà fait et il n'y a eu aucun danger. Hier, à pareille heure, nous étions au Méridien Président...


Walfadjiri : Et il y a eu des empoignades ?


Me Abdoulaye Babou : En tout cas, pour le département de Touba-Mbacké, tout s'est bien déroulé. Les délégations ont fait des propositions et ont donné carte blanche au parti. Il faut dire que les éléments d'appréciations que détient la direction du parti ne sont pas à la portée de tout le monde. L'avantage avec le Pds, c'est la clarté.
Après avoir milité dans l'Afp et maintenant dans le Pds, je vois une très grande différence. Au niveau du parti où j'étais, rien était dans la transparence. On mentais même aux gens. On leur donnait un vernis démocratique - je le jure devant Dieu, c'est la réalité - on disait aux gens que cela va se dérouler de manière démocratique avec des circulaires, désignations des commissaires alors qu'en définitif, le chef se retrouvait avec deux ou trois personnes pour faire sa liste. Au niveau du Pds, c'est totalement différend. L'on réunit tout le monde et on leur dit débrouillez-vous, mais sachez que le dernier mot revient à la direction du parti. Cela a, au moins, l'avantage d'être clair. Même au niveau du fonctionnement, je crois qu'il y a beaucoup plus de visibilité et de clarté au Pds que dans les autres partis.


Walfadjiri : Quelle appréciation faites-vous alors de la démission d'Aminata Tall ?


Me Abdoulaye Babou : Aucune. La démission est un acte personnel. Partant de là, je n'ai aucune appréciation à faire et cela, d'autant que je ne connais ni les tenants ni les aboutissants de cette affaire. Mais, en tout cas, je sais que renforcer, c'est mieux que partir.



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