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Politique

Me El Hadj Diouf (L'un des contempleurs d'Idrissa Seck) accuse : ‘ L'Exécutif manipule la procédure dans l'affaire des chantiers de Thiès'

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Me El Hadj Diouf (L'un des contempleurs d'Idrissa Seck) accuse : ‘ L'Exécutif manipule la procédure dans l'affaire des chantiers de Thiès'
Même s’il déclare soutenir encore Me Wade, Me El Hadj Diouf n’en tient pas moins à revendiquer son indépendance. Ce qui l’amène à dire, dans l’entretien qu’il nous a accordé, ce qu’il pense de la politisation de l’affaire des chantiers de Thiès. Avant de se prononcer sur le projet de révision de l’article 27 de la Constitution. Selon le leader du Parti des travailleurs et du peuple (Ptp), ce serait un recul démocratique que de changer cette disposition constitutionnelle dans le but d’allonger la durée du mandat présidentiel. Concernant l’affaire Hissène Habré dont il est l’un des avocats, Me Diouf s’est prêté volontiers à nos questions, sans langue de bois.

Wal Fadjri : Comment appréciez-vous les lenteurs observées dans l’affaire des chantiers de Thiès qui est toujours pendante devant la justice ?

Me El Hadj Diouf : Quelles lenteurs ? Mais il n’y a pas de lenteurs. Est-ce qu’on a parlé de lenteurs dans l’affaire Ino ? Aujourd’hui, il est mort et ses camarades croupissent encore en prison attendant d’être jugés. Est-ce qu’il n’y a pas de lenteurs par rapport à l’affaire Talla Sylla ? Il faudrait que les gens parlent plutôt de ça au lieu de l’affaire des chantiers de Thiès. Pourquoi voudrait-on en finir tout de suite avec le dossier d’Idrissa Seck ? C’est quelque chose que la presse doit dénoncer. Voilà par exemple de la matière pour Alioune Tine de la Raddho. Il doit dénoncer les lenteurs dans l’affaire Talla Sylla ou Me Sèye. Pourquoi Alioune Tine ne parle pas de la loi d’amnistie qui voudrait qu’on ne parle plus de l’affaire Me Sèye alors qu’on ne connaît toujours pas les commanditaires ? Les gens parlent trop de l’affaire des chantiers de Thiès en oubliant les autres. Le plus grave, c’est que j’entends des gens clamer que l’affaire est terminée, on ne reproche plus rien à Idrissa Seck, sachant qu’ils ne disent pas la vérité. C’est grave. Un non-lieu partiel, ce n’est pas un non-lieu total quand même. Mieux encore, la presse reprend cela en écrivant qu’Idy est blanc comme neige. Il faut arrêter. Il ne faut pas prendre les Sénégalais pour des demeurés. Il y a des commissions rogatoires envoyées à l’étranger, il y a un non-lieu partiel sur l’atteinte à la sûreté de l’Etat, etc., alors, qu’on laisse la justice faire tranquillement son travail. Ce dossier n’a même pas fait quatre ans. Pourtant, il concerne des milliards qu’on dit éparpillés dans des comptes un peu partout dans le monde. Qu’on laisse la justice faire son travail pour retrouver ces milliards et les retourner aux Sénégalais fatigués par la hausse des denrées de première nécessité.

Wal Fadjri : Reconnaissez-vous quand même la politisation de cette affaire des chantiers de Thiès ?

Me El Hadj Diouf : C’est regrettable et je la dénonce vigoureusement. Tout le monde sait que je n’ai aucune sympathie pour Idrissa Seck, mais je ne peux pas accepter en tant que juriste que l’Exécutif manipule cette procédure. Cela affaiblit la justice et la démocratie. C’est une atteinte aux libertés et au droit. Il faudrait laisser les juges juger selon leur intime conviction et leur indépendance pour dire tout le droit et rien que le droit. Il ne faut pas qu’il y ait une immixtion intempestive dans cette affaire. Regardez comment Idrissa Seck est sorti de prison. Les gens avaient déjà proclamé sa sortie. Tout comme aussi celle de Salif Bâ avant même que la justice ne se prononce. C’est comme si tout avait été programmé au palais ou dans le gouvernement. Cela décrédibilise la justice. Et Wade est un juriste, un redoutable avocat. C’est pourquoi il devrait être plus vigilant par rapport au traitement des questions politiques par la justice.

Wal Fadjri : Cela ne donne-t-il pas raison à ceux qui soutiennent que la Haute Cour de justice traîne les pieds non pas par manque d’éléments, mais parce que l’Exécutif n’a pas encore donné l’ordre de libérer ou juger Idy ?

Me El Hadj Diouf : Je n’en sais rien, mais c’est normal que les gens aient cette idée. Il y a trop de tergiversations, trop de rencontres. On parle de retrouvailles par ci, de retour au Pds par là, de confirmation de l’indépendance du Rewmi. On ne se retrouve pas. C’est comme si on cachait la vérité aux Sénégalais. J’ai dit au président Wade : ‘Vous avez exhibé à la face du monde un document signé par Idrissa Seck qui reconnaît devoir 40 milliards. Alors, avant de vous retrouver, de grâce, montrez ces 40 milliards restitués aux Sénégalais, montrez l’existence du retour de ces 40 milliards dans les caisses du trésor public’. Nous ne pouvons pas accepter de retrouvailles comme ça sur le dos des Sénégalais. J’invite encore une fois les hommes politiques sénégalais à faire preuve de discernement. Le Sénégal n’appartient pas à Wade, il n’appartient pas à l’opposition. Il appartient à tous les fils de ce pays qui ont le devoir de le préserver.

Wal Fadjri : L’on ne vous a pas encore entendu sur la controverse autour de la révision du fameux article 27. La révision d’une telle disposition est-elle fondée en droit ?

Me El Hadj Diouf : Ce serait une erreur de Wade ou de ses conseillers. J’ai même lu quelque part l’intention du président de retirer ce projet. Je le souhaite parce que c’est un projet inacceptable. Notre pays n’a plus le droit de reculer. Et Wade le sachant parfaitement, avait réduit la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Cela ferait désordre que le président Wade revienne pour ramener ce mandat à 7 ans. Une démocratie qui n’avance pas, recule. J’ai suivi les explications de certains éléments de la présidence et même du gouvernement. Malheureusement, ce sont des explications tirées par les cheveux. Parce que le mandat présidentiel du chef d’Etat le plus puissant du monde, en l’occurrence celui des Etats-Unis d’Amérique, n’est que de quatre ans. Ainsi, le président des Usa a 4 ans pour convaincre et pour être réélu. Pourquoi le président qui gère l’économie la plus puissante au monde puisse faire ses preuves en quatre ans alors qu’il nous faudrait sept ans pour le faire. On n’élit pas un président pour lui donner tout le temps nécessaire de faire ce qu’il veut faire et de mettre un pays sous ses ordres. Pendant 7 ans, on va dire ‘baayi leen Goorgi mu liggey’, (laissez le vieux travailler). C’est inadmissible. Mais comme je connais le président Wade, je sais qu’il va reculer. Il a du mérite cet homme. Chaque fois qu’il se trompe, il retourne sur ses pas. Et ça, c’est la grandeur de l’être humain. Il l’a fait à plusieurs reprises, notamment avec la délocalisation de l’hôpital Le Dantec, du lycée Lamine Guèye, etc. Et c’est tout à l’honneur de l’homme. Parfois, son entourage, au lieu de lui dire la vérité, se contente de dire oui. Mais quand un conseiller a peur de dire ce qu’il pense à son chef, il n’a plus sa place à ses côtés. En toute franchise, je crois que Wade est trop seul ; il l’a dit lui-même. Il est attaqué et il se sent toujours obligé de répliquer parce qu’il n’y a personne. Wade ne mérite pas ça.

Wal Fadjri : Pourtant, disait-on, Wade vous avait appelé à ses côtés pour que vous le défendriez contre l’opposition. Vous n’avez donc pas fait votre travail si vous soutenez qu’il est seul…

Me El Hadj Diouf : Je suis égal à moi-même. Je le défends quand je dois le défendre et je le combats quand je sens que je dois le faire. Je suis allié à Wade, mais pas son esclave. Je veux qu’il gagne, je veux qu’il prouve quelque chose aux Sénégalais, je veux que le pays avance. Je l’accompagne et cela ne m’empêche pas de voter contre certaines lois qu’il envoie à l’Assemblée nationale. J’ai entendu Doudou Wade dire un jour que j’ai voté contre parce que j’ai été payé par Hissène Habré. Il n’a pas dit que quand on a voulu voter la loi organique sur le Conseil économique et social, j’avais voté contre. J’avais dit à l’époque que le Conseil économique et social n’existe pas encore. Parce qu’il faut réunir le Parlement (Assemblée nationale et le Sénat) pour modifier la Constitution et faire exister le Conseil économique. Cela n’avait pas été fait. Comment peut-on organiser une institution qui n’existe pas encore ? On fait voter une loi qui parle de la composition de ce Conseil économique et social. J’ai dit non. Ce n’est pas possible. (…)

Wal Fadjri : Comment analyser la récente déclaration du chef de l’Etat qui affirme avoir définitivement clos la page du dialogue avec le front Siggil Sénégal ?

Me El Hadj Diouf : Sur cette question, je suis tout à fait d’accord avec Me Wade. Avez-vous vu par exemple Nicolas Sarkozy discuter avec Hollande ou Ségolène Royal ? L’opposition est en train de s’amuser. Voilà une opposition qui s’est lourdement trompée pour n’avoir pas participé aux élections législatives et qui est tombée finalement dans son propre piège. L’opposition a été extrémiste en refusant de reconnaître le réélection de Wade et en boycottant les législatives. Maintenant elle n’existe plus. Cette opposition veut qu’on entende parler d’elle, mais elle n’est plus à l’Assemblée nationale. Elle veut des assises nationales.

Wal Fadjri : Et que pensez-vous de ces assises nationales ?

Me El Hadj Diouf : Ces gens devraient plutôt organiser les assises nationales de l’opposition. Wade n’a pas besoin de ces assises nationales. Il a une Assemblée nationale, un Sénat, il tient chaque semaine son Conseil des ministres. Si cette opposition est vraiment sérieuse, elle n’a qu’à organiser des assises nationales pour déboulonner Wade. La meilleure logique serait de tenir des assises pour voir comment faire partir Wade et non l’inviter pour voir comment régler les problèmes de la Nation. Le rôle d’une opposition, ce n’est pas de dire comment le gouvernement doit gouverner le pays. Ces assises nationales ne signifient rien du tout. Wade peut essayer de trouver comment faire fonctionner ce pays sans passer par l’opposition. Cette opposition est composée de gens qui ont goutté aux délices du pouvoir et qui sont pressés de revenir au point de perdre la raison. Ce serait une grosse erreur de la part de Wade de participer à ces assises nationales ou d’appliquer une quelconque recommandation issue de ces assises (…) C’est de l’escroquerie politique.

Wal Fadjri : On prête à Wade l’intention de se faire succéder par son fils en modifiant l’article 27. Seriez-vous donc prêt à combattre Karim Wade ?

Me El Hadj Diouf : Ne faites pas de confusion. L’article 27 ne permet pas de succession. C’est plutôt la durée du mandat présidentiel. Vous me demandez si je suis prêt à combattre Karim Wade. Posez-lui la question. Demandez-lui s’il est prêt à combattre Me El Hadji Diouf qui est déjà candidat et qui voudrait que lui et son père Wade le soutiennent à la prochaine élection présidentielle. Parce qu’il faudrait que Wade me rende la pièce de la monnaie. Karim Wade doit me soutenir comme je l’ai déjà fait pour son père. Encore une fois, je ne fais pas de la politique fiction. Aujourd’hui, les critères pour diriger un pays, ce n’est pas être fils d’un chef d’Etat. Les critères pour diriger un Etat, c’est la compétence, le courage affirmé pour défendre ses idées, c’est l’honnêteté, la dignité. Je crois que Me El Hadji Diouf réunit ces qualités. Donc pourquoi avoir le complexe d’un fils de chef d’Etat ? Aujourd’hui, on travaille la conscience des gens comme si c’était naturel que tous les Sénégalais se mettent derrière Karim Wade. Et ça c’est le travail de la presse. Vous voulez faire entrer dans la tête des gens que tout le monde doit être derrière Karim Wade. Je peux comprendre que le Pds, faute de trouver un candidat consensuel, fasse appel à Karim pour continuer l’œuvre de Wade qui est la seule constante, comme ils disent. C’est normal pour le Pds qui est un parti déchiré par des luttes intestines. Dans ce parti, il y a des chefs de guerre. C’est un parti à problèmes.

Wal Fadjri : A propos du prochain procès d’Hissène Habré, l’Etat sénégalais qui en a la charge, serait même très avancé le dossier. Qu’en est-il ?

Me El Hadj Diouf : C’est une procédure, pas encore un procès. Est-ce qu’un procès aura lieu ? On verra. Les gens parlent d’un jugement d’Habré depuis plus de dix ans presque. Est-ce qu’il sera jugé ? J’attends de voir.

Wal Fadjri : Au regard des modifications apportées à la loi fondamentale pour rendre possible ce jugement et l’acceptation de l’Union africaine de prendre en charge les frais liés à son organisation, conformément à la demande de l’Etat sénégalais, pourquoi doutez-vous de la tenue de ce procès ?

Me El Hadj Diouf : (Rires). Parce qu’en 2000, on a tout fait pour que ce procès ait lieu. N’oubliez pas qu’Habré a été inculpé par le doyen des juges Demba Kandji, que Madické Niang, Me Hélène Cissé et moi-même avions plaidé devant la chambre d’accusation pour obtenir l’annulation de cette inculpation. Les gens pensaient à l’époque qu’ils pouvaient juger Habré et la machine avait été mise en branle, mais à l’arrivée, ils ont échoué. C’est ainsi qu’on a annulé l’inculpation posée par le doyen des juges qui est un grand juriste. Ça, c’était le travail de la défense. Cette défense-là, elle n’est pas morte, elle est encore là et elle n’a pas dit son dernier mot sur la procédure. Même si procès il y a, on le gagnera. On n’est pas opposé à un procès, mais faudrait-il que toutes les étapes de la procédure soient respectées et que le droit soit dit. Et jusque-là, c’est le droit qui a été dit et qui a triomphé. Aujourd’hui, comme hier, on parle de procès d’Habré. Hier, tout a été annulé, aujourd’hui aussi, on attend et, le moment venu, on avisera. Notre stratégie, nous n’allons pas tout de suite la dévoiler, la défense s’est préparée conséquemment.

Wal Fadjri : Vous êtes donc optimiste pour votre client ?

Me El Hadj Diouf : Je suis de nature optimiste parce que j’essaie toujours d’être sur le droit chemin. Comme le bon Dieu aime la vérité, je suis optimiste. Je suis d’autant plus optimiste que j’ai gagné toutes les procédures qui concernent Habré. D’abord avec Me Madické Niang, ensuite, après lui (Me Niang a cessé d’être l’avocat de l’ex-président Tchadien sitôt nommé ministre : Ndlr). Donc, je ne me fais pas de souci, je n’ai aucune crainte et aucun doute sur l’issue heureuse de ce procès en faveur de mon client. La défense affine sa stratégie, elle est déjà bien outillée, elle est enthousiaste même. La défense n’a rien à craindre parce qu’aucune charge ne pèse sur son client, aucune preuve ne peut être apportée contre lui, son innocence est claire comme l’eau de roche, son dossier vide. On attend. On va voir entre la phase préliminaire, l’instruction, le procès, pour suivre Iba Guèye qui a été désigné par Me Madické Niang jusqu’au recours. Est-ce le fil conducteur de ce procès ? Est-ce que ça va se passer comme cela ? Hum… la défense ne sera pas à la merci des juges. La défense est composée de procéduriers et les avocats ont leurs sciences. Nous avons la science de la procédure judiciaire. Mais que des organisations des Droits de l’homme s’agitent parce que corrompues, achetées, intéressées, cela ne nous ébranle pas. Cela peut ébranler le ministre de la Justice qui va jusqu’à perdre sa sérénité en convoquant une conférence de presse, la communauté internationale. Mais cela est vraiment dommage parce que ce n’est pas le rôle d’un ministre que de céder au chantage, de donner des gages de sécurité et de diligence d’un procès.

Wal Fadjri : Aujourd’hui que Me Madické Niang avec qui vous défendiez Habré vous a quitté et est chargé de l’organisation de ce procès en tant que ministre de la Justice, ne craignez-vous pas que cela pèse contre votre client ?

Me El Hadj Diouf : Vous voulez dire qu’en voulant trop manifester sa neutralité, le ministre Madické Niang pourrait peser sur la procédure au détriment de mon client ? Rien ne peut nous impressionner ni nous faire paniquer. Quelle que soit son opiniâtreté, quel que soit son engagement à faire juger Habré, Madické Niang n’est pas au-dessus des lois. Le président Wade, lui-même, n’est pas au-dessus des lois. Et ils nous trouveront sur leur chemin puisque nous avons plus d’un tour dans notre sac. Autant avec Abdou Diouf, où on avait commencé à inquiéter Habré, ça avait échoué, autant Wade et Madické vont échouer parce que le jugement de Habré est déjà hypothétique.

Wal Fadjri : Vous semblez dire que tout ce qui est fait, l’a été sous la pression des Ong, mais des organisations des familles des victimes disent détenir des preuves des crimes commis par Habré, alors…

Me El Hadj Diouf : (Il coupe). Mais quelles victimes ? De pseudo victimes, oui ? C’est facile de s’auto-proclamer victime, d’être utilisé comme victimes. Même si crime il y a eu, il y a en droit ce qu’on appelle imputabilité (il tire le mot) ? C’est comme si on devrait arrêter l’ex-président, Abdou Diouf, parce que Mody Sy et Samuel Sarr auraient été torturés à la gendarmerie de Thiong, dans l’affaire Me Babacar Sèye, ou qu’on devrait juger Jacques Chirac parce que la Sénégalaise qui a été brûlée à Marseille, l’a été sous son magistère. Quelle est la responsabilité d’un chef d’Etat dans des tortures exercées dans des commissariats sur d’illustres inconnus (il insiste sur le mot). Hissène Habré n’a tué personne parmi les opposants à son régime, que ce soit Ahmed Assine, Abdel Kader Kamougué ou Goukouni Ouedey qui l’a débarqué pour le remplacer, Par contre, il s’est évertué à libérer son pays, le Tchad, de la domination et de l’impérialisme libyen. En libérant la bande d’Aouzou, en gagnant la bataille des batailles, effectivement l’armée d’Habré a écrasé quarante mille Libyens. Ce sont ces quarante mille Libyens, qui sont considérés comme des victimes d’Habré. En réalité, c’est Khaddafi qui veut la tête d’Habré. Chaque fois que les rebelles avancent pour prendre le pouvoir à Ndjaména, Khaddafi tremble, la France tremble parce qu’Habré risque de revenir et il est le chouchou des Tchadiens. C’est grâce à lui que le pétrole coule actuellement au Tchad pour avoir libéré ce territoire qui contient du pétrole. Hissène Habré est un héros national.

Wal Fadjri : Et le cas de ce Sénégalais qui vivait au Tchad à l’époque et qui dit avoir perdu son frère qui a subi les atrocités du régime d’Habré. N’est-ce pas un crime ?

Me El Hadj Diouf : Ce Sénégalais a dit qu’il était avec son frère, il vendait de l’or, on les a arrêtés, torturés dans des commissariats jusqu’à ce que mort s’ensuive pour son frère. Quel est rôle d’un chef d’Etat dans ces excès d’une police zélée. Est-ce que Habré connaissait ces Sénégalais ? Non ! Peut-être que c’étaient des policiers qui étaient dans un régime en déconfiture, un régime qui n’a jamais été une nation et qui avait cessé d’être un Etat parce qu’il n’y avait que des chefs de guerre. Ces derniers géraient chacun une portion du territoire. Alors, si des Sénégalais passent avec leur or, s’ils sont capturés par des policiers voyous qui les dépossèdent de tous leurs biens, cela n’est pas l’affaire d’Habré. Par ce seul exemple du Sénégalais, on voit qu’Habré ne peut pas être inquiété par un juge (…)

Wal Fadjri : En tant que dirigeant d’un club (il est vice-président du Jaraaf de Dakar, Ndlr) que pensez-vous du Comité de normalisation du football ?

Me El Hadj Diouf : C’est pertinent et nous nous sommes battus pour ça. Le Cadre de concertation des présidents de clubs (Ccpc) auquel j’appartiens s’est battu au moment où tout le monde dormait. Ce que nous reprochions à la fédération, c’est de ne pas payer les subventions dues aux clubs comme le Jaraaf, Gorée, le Port. Le Jaraaf était champion du Sénégal, puis vice-champion. On lui devait des dizaines de millions et il a fallu l’intervention de Pape Diop à l’époque pour demander aux clubs de jouer et à la fédération de faire un geste. La fédération n’ayant pas respecté ses engagements, les clubs ont suspendu leur participation au championnat. C’est alors que la fédération a décidé de rétrograder le Jaraaf, la Ja, le Port, etc. C’est pourquoi on n’a pas participé à la coupe du Sénégal qui a été remportée par la Linguère. Mais cette équipe n’a battu personne. Au terme de forfaits, tapis verts, on lui attribue la coupe, puis on dit qu’Amara Traoré (l’entraîneur de la Linguère, Ndlr) a un grand club. C’est faux. Les gens ont fait de la masturbation sportive. Quand on élimine du championnat tous les grands clubs, il ne reste plus rien. Pour revenir à la question, je dirai que je souhaite tout le bonheur du monde à Diagna Ndiaye, le président du comité et son équipe. Tout ce que je trouve regrettable, c’est sa première sortie disant qu’il était entouré de gens qui n’ont ni faim ni soif. Je veux leur dire que le football, ce n’est pas cela.

Georges Nesta DIOP et Aguibou KANE



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