Me Wade au grand rendez-vous de TV5 : « Blanchi, Idrissa Seck pourra faire une demande de réintégration au Pds»

Invité de l’émission "Le Grand Rendez-Vous" de TV5 Monde, le président Abdoulaye Wade a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2007. Par ailleurs, il s’est prononcé sur différentes questions d’actualité .

"Je serai candidat en 2007. C’est évident que je vais gagner, car vous savez bien que les élections se gagnent avant. Je n’ai pas d’alter ego". C’est en ces termes que le chef de l’État a annoncé sa candidature. Parlant de la situation intérieure au Sénégal, notamment ce qui est convenu d’appeler l’affaire Idrissa Seck, le président Abdoulaye Wade a précisé que l’ex-Premier ministre n’a été blanchi que sur deux chefs d’inculpation. Il reste deux autres. Pour son retour au Parti démocratique sénégalais, le chef de l’État s’est prononcé en ces termes : « Je ne pense pas qu’il rêve de cela. De toutes les façons, il y a le gouvernement dont je suis le patron. Je l’ai mis à la porte. Mais il y a le parti avec un Comité directeur qui décide. Je ne décide pas tout seul. Le moment venu, quand il sera lavé de toutes ces affaires, on verra. Il est évident que s’il est condamné, nous ne prendrons pas de condamné chez nous. Mais s’il est lavé de tout soupçon, je ne vois pas pourquoi on ne le reprendrait pas », a souligné Me Abdoulaye Wade. Il a déclaré que sans être « blasphématoire », c’est lui qui a créé Idrissa Seck depuis le baccalauréat. « Toute sa formation, c’est moi », a précisé le chef de l’État.

Le président de la République a aussi mis l’accent sur la bonne gouvernance. « Je donne l’exemple de la bonne gouvernance. J’ai mis en place une commission pour traquer la corruption, mis en prison onze inspecteurs du Trésor, poursuivi un Premier ministre pour détournement, j’ai lancé l’idée de la création d’un institut pour la bonne gouvernance, le Pnud l’a fait et localisé à Dakar. Je crois donc à la bonne gouvernance ».

Thèmes d’actualité

Grippe aviaire, Sida, immigration, montée du fondamentalisme musulman, développement de l’Afrique. Ce sont, entre autres, autant de thèmes ayant été abordés par Me Abdoulaye Wade. Concernant la grippe aviaire, le président est d’avis que « l’Afrique ne peut s’en sortir seule ». La maladie ayant « un impact économique énorme », il faut prendre des « mesures de prévention en protégeant certaines aires comme le parc de Djoudj au Sénégal, patrimoine mondial ». D’autant que les fortes sommes promises par l’Union européenne ne sont pas encore disponibles. Le chef de l’État de regretter les lenteurs dans l’aide. « Le drame avec l’aide, c’est la lenteur des décaissements. Avec des amis, je prépare un colloque international pour raccourcir les délais de l’aide », a affirmé Me Abdoulaye Wade. Plus que la grippe aviaire, le Sida fait des ravages en Afrique. Le président, après avoir souligné que certains pays d’Afrique de l’Est sont gravement atteints « 40 % de leur population », s’est félicité du travail accompli par le Sénégal dans la lutte contre la pandémie. « Le Sénégal, grâce à Dieu, n’est pas tellement touché. De 1,4%, on est passé au-dessous de 1 %. Le mérite revient à mon prédécesseur, à moi-même et aux populations totalement impliquées dans la lutte », a déclaré le président Wade. Par ailleurs, il a insisté sur le travail d’information et de sensibilisation, tout en rappelant la cherté des antirétroviraux (Arv) et le travail abattu par Mme Viviane Wade, notamment la distribution de la spiruline pour renforcer les sidéens. Quant à l’émigration, Me Wade est convaincu qu’il appartient à l’Afrique de créer les conditions pour que les gens restent chez eux. Il a rappelé l’initiative qu’il a lancée, afin de retenir les jeunes qui affrontent les affres du désert : le programme Retour des émigrés vers la terre (Reva) qui doit être appuyé par l’Europe, car, autrement, aucune loi ne peut empêcher l’émigration. S’agissant de la montée de l’Islam fondamental en Afrique, le chef de l’État s’est réjoui que le Sénégal échappe à un tel phénomène. « Les Sénégalais ont d’autres repères que la religion. L’Islam sénégalais est confrérique et aucun khalife n’est fondamentaliste », a déclaré le président qui n’a pas caché sa position sur l’affaire des caricatures. « Je suis contre de tels actes. Il y a des symboles, des valeurs, des références auxquels il ne faut pas toucher. Les musulmans ne caricaturent pas Jésus parce qu’ils le considèrent comme prophète. Quand on touche quelqu’un dans son plus profond, sa réaction peut être dure », a expliqué Me Abdoulaye Wade. Pour lui, « tout cela justifie la pertinence du sommet sur le dialogue islamo-chrétien que nous organiserons », a-t-il dit. Pour le développement de l’Afrique, le président Abdoulaye Wade a proposé des solutions libérales, c’est-à-dire les investissements privés, et appelle l’Europe à se tourner vers l’Afrique. « L’Europe commet une erreur en allant vers l’Asie, un continent très compétitif. La voie de l’Europe serait de s’allier à l’Afrique de façon très sincère », a pensé le chef de l’État.