Le pouvoir a beau mariner les délires des euphories crépusculaires de l’alternance, exhumer le sucre de réalisations enrobées de quinine, des taux de croissance extasiés, mais aujourd’hui évanescents, l’évidence aussi visible qu’une trompe sur le visage d’un éléphant, c’est que le pays végète, six ans après, dans un chienlit inquiétant. Six ans que la parole pleure parce que de nouveaux Messieurs Jourdain, qui ne devraient pas la dire la disent là où il ne faut pas la dire, à qui il ne faut pas la dire et avec la manière dont il ne faut pas la dire. Six ans que la parole n’arrive pas à sécher ses larmes sous les coups que lui infligent ces gens du pouvoir dont les arguments de défense se heurtent à la triste réalité. La réalité des délestages qui empoisonnent nos vécus quotidiens. La réalité d’un monde rural tourneboulé par une campagne arachidière erratique. La réalité des pénuries d’hydrocarbures qui font que rien ne carbure plus vraiment dans ce pays.
Même la parole constitutionnalisée, par voie référendaire dans les euphoriques moments de victoire de l’alternance y va maintenant de ses gémissements audibles. Trop audibles. Mais aussi trop visibles du fait des interdictions systématiques et on dirait systématisées des marches pour les libertés publiques. Malick Ndiaye du Cis en a payé le prix. Par la prison. Le lieu où l’alternance veut aujourd’hui confiner les mal-pensants. Ceux qui refusent la pensée unique, univoque et unilatérale. Son crime de lèse-majesté ? Avoir osé défendre le droit des citoyens à la lumière.
Voici donc le temps du délestage des libertés. Des esprits. Six ans après l’alternance. Qui l’eût cru ?
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