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Politique

MINERVE - Que saute donc le Garde des Sceaux !

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MINERVE - Que saute donc le Garde des Sceaux !

Thémis sous le sceau de l’infamie. L’honneur et le prestige du temple trempés. Dans un seau plein d’une révélation aux relents nauséeux dont se sont fait l’écho, hier, nos confrères de L’Observateur. Un ministre, qui a sous sa tutelle l’institution judiciaire et qui, dans un dossier de justice, prête 100 millions de francs Cfa à un justiciable, pour permettre à ce dernier de les reverser à titre de caution. Pour se libérer des entrailles de la Justice. C’est tout simplement gigantin, pour ne pas dire kafkaïen. Cette «mansuétude» vraiment incongrue, innommable, imbuvable, injustifiable, à la fois dans le geste et par le statut de son auteur, porte le sceau «sublime», selon nos confrères, du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Cheikh Tidiane Sy. M. Sy, sans égard pour son statut, mais pire encore pour la Justice sous sa tutelle, a volé au secours de Pape Massata Diack, agent marketing de nos footeux Lions. Nos confrères ont fourni des précisions accablantes : numéro de compte bancaire dans lequel l’imprévoyant virement a été opéré. Devant notaire, s’il vous plaît ! Cela ne se passe pas sur la planète Mars, mais bien sous notre République, dans une démocratie sénégalaise que l’on pare de toutes les vertus et dont on se glose de l’exception en Afrique. Certains laudateurs enflammés, diront, même dans le monde. Comment dans une République normale et dans une démocratie normée, un ministre de la Justice peut ainsi profaner Thémis, casser la balance entre la Justice et un justiciable, et espérer ne pas en faire les frais ? Thémis, le dieu de la Justice, souffre. Profané qu’il est par celui-là même qui devait se faire le devoir et l’exigence de veiller sur sa probité en l’éloignant des souillures de tout vice. Les faits sont graves. D’une extrême gravité pour être rangés dans le registre commode des fréquentes morsures faites aux mœurs républicaines. Des morsures banalisées. Ce serait peut-être trop demander à Monsieur le ministre de la Justice de se faire l’épigone de la célèbre expression latine, «Protius mori quam foedari», devise de ceux qui préfèrent l’honneur à la vie. Faut-il, pour autant, s’abriter derrière une vulgate «sénégalisée» qui veut que, dans ce pays, le mot démission soit banni du lexique des responsables coupables d’irresponsabilités ? Pour moins que cette entorse à l’éthique républicaine, noyée et noyautée dans des relations collatérales, sous d’autres cieux, des ministres ont la dignité de rendre le tablier. A défaut, de fournir des raisons très valables pour se blanchir. Autrement, ils sont démis pour donner l’exemple. De cette manière ou de l’autre, que saute donc le garde des Sceaux pour ne pas donner l’impression que nous sommes dans une République de sots ! Surtout encore, comme le précise L’Observateur, que dans ce tsunami judiciaire a soufflé aussi un procédé peu orthodoxe de règlement de compte dont le juge Moustapha Sèye aurait fait les frais. Pas d’ailleurs une première concernant Cheikh Tidiane Sy dont on se souvient des comptes crypto-personnels qu’il avait tenu à solder, dans un entretien accordé au Quotidien, avec Idrissa Seck, en exhumant les dessous des relations intimes tissées, à l’insu des Sénégalais, entre ce dernier et son fils. Des comptes à solder qui se sont invités ensuite dans le fameux dossier sur les chantiers de Thiès, à travers une instruction à charge contre l’ex-Premier ministre. Dites, c’est donc à cela que sert le ministère de la Justice ? Est-ce donc ainsi et toujours que l’on garde nos Sceaux ?

Bien évidemment quand la République est prise dans la carmagnole des scandales à milliards, des impunités cautionnées par des hommes trop habitués des tempêtes pour se satisfaire de brises tranquillisantes, rien ne stupéfie plus. Il ne nous reste plus qu’à mouliner des prières face à une logique libérale qui se réduit simplement à une course à l’échalote politicienne, sans souci des moyens et des formes.

C’est là le lit de toutes les permissivités qui font que, comme Paul Ricoeur, on a le sentiment d’une «incroyable fragilité des institutions démocratiques», d’une vacuité du pouvoir aux plans symbolique et éthique. Face à des actes répréhensibles à certains niveaux de responsabilités, le fautif, fût-il ministre de la République, fût-il ministre d’Etat, fait son nid au milieu de ses dégâts plutôt que de rendre le tablier. Et c’est cela qui est bien dommage.

Dommageable. Pour la République. Pour la démocratie.

 



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