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Politique

Mme Penda Mbow professeur et féministe :« Le troisième millénaire sera celui des femmes »

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Mme Penda Mbow professeur et féministe :« Le troisième millénaire sera celui des femmes »

Dans ce second jet, le Professeur Penda Mbow se prononce sur les collectivités locales et sur les chantiers en cours du régime de l'alternance. Certes qu'elle ne reconnaît plus Dakar, mais n'en avance pas moins que ce présent millénaire sera celui des femmes. Entretien.
L'Office  : Aux dernières élections locales, vous aviez postulé à la mairie de la commune d'arrondissement des Hlm. Maintenant vous déclinez les offres de ceux qui veulent vous aligner pour les législatives. Est-ce à dire que vous êtes plus préoccupée par les collectivités locales ?

Mme Penda Mbow  : Ma personne n'est pas très importante. Ce qui l'est, c'est de voir comment expérimenter mes idées. Et je suis convaincue que si nous voulons vaincre le sous-développement, pallier les insuffisances de l'Etat, le manque de moyens, il nous faudra nécessairement remettre les collectivités locales aux citoyens. Par leur engagement, ils feront la différence ; sans solliciter beaucoup de moyens. Il faut dépolitiser les collectivités locales. Et c'est un peu dommage. Parce que si j'avais remporté les élections aux Hlm, beaucoup de choses auraient changé. Parce que je suis d'un volontarisme tel que personne ne pourrait m'empêcher de réaliser mes idées, mes projets. Je donne un exemple : un des grands problèmes de mes préoccupations était de savoir pourquoi l'ensablement des rues. Et il y a quelque chose que je ne comprends pas : ce sont tous ces jeunes au chômage et ces ambulants. Je me demande en conséquence ce qui nous empêche de nous organiser collectivement pour améliorer qualitativement notre cadre de vie, notre vécu quotidien. ? Et si les collectivités locales étaient entre les mains des populations qui décident de rendre plus agréable leur environnement, les solutions ne seraient que nombreuses. Par exemple, on pourrait demander aux populations de cotiser une modique somme de cinq mille francs. Elles seraient alors invitées à voir l'utilisation de ces fonds. Multipliez ce chiffre par le nombre des habitants de la commune des Hlm et vous verrez aisément les possibilités. Avec cette somme, nous pourrons désintéresser les jeunes commis à l'emploi de désensablement des rues. On me demandera ce que je vais faire de ce sable ? Eh bien, je vais simplement le négocier pour combler, entre autres possibilités, les quartiers inondés comme Médina Gounass, dans le Pikine. Par ce biais, nous donnons également à faire aux transporteurs et autres chargeurs. Des idées comme celle-là ne manquent pas. Il s'agit simplement de les mettre en pratique. Telle était notre idée, enveloppée derrière le « Set setal ». Je veux dire qu'il y a énormément de possibilités pour ne plus attendre « Ama Sénégal » sur la question des ordures. Je vous assure que si j'avais gagné ces élections, la question des ordures, qui plombe le développement de la capitale sénégalaise, relèverait du passé. Le sable n'est pas fatal. Les Hlm, comme bien d'autres collectivités locales, peuvent disposer de jardins publics et autres infrastructures d'épanouissement des populations. Hélas, aujourd'hui, nous n'avons plus d'espaces pour nous promener, d'endroits agréables. Il n'y a plus de corniches pour se promener. Je suis d'ailleurs convaincue que la corniche ne nous reviendra jamais. Elle était superbe. Cela me fait vraiment mal au cœur. C'est une manière de vous dire que l'avenir appartient à l'engagement citoyen. Observez autour de vous. La grande mosquée de Dakar est l'un des rares endroits à être propre à Dakar. D'où ma question : pourquoi ne pas étendre une telle action, un tel esprit citoyen dans toute la capitale ; voire le pays ? Pour ce faire, il faudrait des assemblées citoyennes, où on ferait l'éducation citoyenne. Dans cet espace, les gens ne se battront pas pour le contrôle du pouvoir ou celui du budget.
Justement, à propos de corniches, celle dite de l'ouest est déjà parsemée par des scandales. Que pensez-vous à ce propos ?
La seule chose que je sais, c'est que je regrette beaucoup ce qui a été fait. Quand on avait aménagé la corniche, j'avais pensé que ce que je retiendrais du septennat de Me Wade, c'était cette corniche. Mais voilà : ces travaux, je n'y crois plus. Ma ville a été désorganisée et défigurée. Plus personne ne reconnaît Dakar. Il s'y ajoute une absence de rationalité. On commence l'autoroute, on ne la finit pas. On attaque la corniche : le temps d'un instant. Et, hop, on plaque le tout pour se rabattre sur la Voix de contournement nord (Vdn). D'où, nous finirons par ne plus marcher. Je vais vous dire une chose : ce que je ne pardonnerai jamais à ceux qui sont à la base de tout ça, c'est qu'avant, un étranger pouvait facilement accéder à Dakar. Il débarquait à l'aéroport pour s'en aller tranquillement par la corniche vers Dakar. Une fois rentré, le visiteur ramenait avec lui une belle image de Dakar, symbole des efforts de modernisation de l'Afrique. Maintenant, le touriste est obligé de serpenter par les ruelles de la Médina , arpenter Rebeuss. Un véritable parcours de combattant, quoi. C'est regrettable. C'est notre intimité qui a été séchée sur la place publique. Une situation qui décourage également les acheteurs de véhicules, qui se demandent où circuler désormais ? Aucune voiture ne peut plus résister. C'est à se demander l'utilité de ce travail de fourmi.
Mais, ces difficultés ne dureront que le temps d'achèvement des travaux financés par l'Agence nationale d'exécution des travaux de l'Organisation de la conférence islamique. Est-ce en conséquence si alarmant que vous le laissez penser ?
Justement. Quand donc finiront ces travaux ?
En 2007, avancent les autorités…
Je ne suis pas si optimiste.
Et pourquoi donc ?
J'ai l'impression que c'est gigantesque. Le Sénégal n'a pas de pétrole. Il n'a pas des richesses naturelles énormes. Il y a plus prioritaire que les grands travaux de l'Etat.
Professeur ! Comment expliquez-vous qu'en
dépit d'être plus nombreuses, les femmes continuent encore à faire des rois ?
J'ai une autre définition de la minorité. La minorité n'est pas ici nombre. Elle se définit par rapport à l'exercice du pouvoir. Est minoritaire celui qui ne participe pas à l'exercice du pouvoir. C'est la socialisation depuis des siècles, voire même des millénaires, qui enferme encore les femmes dans le rôle de faiseurs de rois. N'empêche, je suis très contente de relever que les nominations de femmes à la tête d'Etats, en Afrique comme en Europe, décrètent que le troisième millénaire sera féminin ou ne sera pas. Je défie qui veut : le troisième millénaire sera celui des femmes!



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