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Politique

MODOU AMAR, NUMERO 2 DE L’URD - « Pour une alliance stratégique avec Me Wade, Djibo Kâ ne se présentera pas à la prochaine présidentielle »

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MODOU AMAR, NUMERO 2 DE L’URD - « Pour une alliance stratégique avec Me Wade, Djibo Kâ ne se présentera pas à la prochaine présidentielle »

Considéré à tort ou à raison comme l’éminence grise de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), Modou Amar, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’y va pas de main morte, dans cet entretien qu’il nous a accordé, pour dire les choses comme il les perçoit. Depuis l’entrée de son parti dans le gouvernement de Wade, lui et ses camarades, anciens plus grands pourfendeurs de ce régime, en sont devenus le principal bouclier. Une attitude que l’ex-socialiste explique par le départ des « thiounés » (incapables) qui incarnaient les 3 précédents gouvernements avant celui de Macky Sall. Sur le courant initié dans son ex-parti, le Ps, le N°2 des Rénovateurs déclare suivre l’entreprise avec beaucoup de sympathie, parce que pense-t-il, c’est pour les mêmes raisons que lui et ses camarades avaient quitté le Ps. Par ailleurs, pour les prochaines élections présidentielles, il ne faudra pas compter avec le chef de l’Urd, que « l’alliance stratégique » avec le Pds et Me Wade empêche de se présenter. L’Urd va plus loin en acceptant d’accompagner Me Wade pour un 3e mandat successif au bout duquel, Djibo Ka pourra lui succéder pour développer ce pays. Entretien... Source : Le Devoir

Le Devoir : Modou Amar, votre leader a déclaré, récemment, avoir arraché le Djoloff et le Fouta au Parti socialiste. Qu’est-ce qui explique cela ?

Modou Amar : Depuis que nous sommes sortis du Ps, nous avons comme style la démarche de proximité . C’est ce qui explique notre présence permanente sur le terrain, car comme disait François Mitterand, serrer des mains, c’est toucher des cœurs. S’y ajoute que les Sénégalais aiment être considérés et consultés. Ayant conscience d’avoir de bonnes idées, et un bon programme, nous allons des quartiers aux communautés rurales pour vendre notre ligne politique portée par des hommes crédibles et compétents

Qu’est-ce qui explique alors votre plongée aux Législatives de 2001 (3 députés) qu’en 1998 vous en aviez 11 ?

Vous savez, en politique, il n’y a jamais d’acquis définitifs. Après avoir contribué efficacement à l’avénement de l’Alternance, à travers le Frte, nous avons construit une position hautement politique qui n’a pas été bien comprise par la majorité des Sénégalais. Certains de nos responsables nous avaient également quitté entre les 2 tours pour créer leurs propres partis. Mais, tout est devenu de mauvais souvenirs. Nous avons eu le temps de nous expliquer et nous sommes, aujourd’hui de plus en plus compris et acceptés par compatriotes.

D’aucuns disent que vous aviez quitté à l’époque le Cpc, parce que vous y étiez à l’étroit. Qu’en est-il exactement ?

Nous n’étions pas à l’étroit dans le Cpc que nous avons co-fondé avec d’autres partis de l’opposition, au lendemain des Législatives de 2001. Seulement, les objectifs visés que furent le renforcement des acquis démocratiques et l’élargissement de la démocratie ont été en partie atteints. Il fallait en conséquence monter d’un palier en abordant un programme commun alternatif. Un séminaire fut tenu en mars 2003 à Savana à cet effet. La commission chargée d’élaborer ce document était composée des camarades Ousmane Tanor Dieng, feu Tidiane Bâ et de moi-même. Ce travail n’a pas été fait puisqu’en avril 2004, date de notre départ du Cpc.

Qu’appelez-vous alliance stratégique avec le président Abdoulaye Wade et le Pds ?

Cette alliance stratégique nous a été inspirée par la mauvaise expérience de l’entrisme pratiqué par Me Abdoulaye Wade sous Abdou Diouf. Wade a joué à ce jeu 2 ou 3 reprises. Par cette manière, Abdoulaye Wade et le Pds entraient dans le gouvernement Diouf quand celui-ci était en difficulté. Ils apportaient un peu d’oxygène. Mais comme ils s’entendaient à l’époque à ce que, à l’approche des élections présidentielles et législatives le Pds et Me Wade sortent pour les affronter, ils étaient perçus comme des intrus et toutes leurs idées étaient banalisées. Souvenez-vous, quand on traitait les projets de Me Wade d’éléphants blancs. Dans une telle situation, les membres socialistes du gouvernement et les membres libéraux du même gouvernement s’épiaient, s’observaient, se marquaient et en définitive, c’était l’immobilisme. Et par conséquent, le pays n’en a tiré aucun profit. C’est pourquoi, quand nous avons rencontré Me Abdoulaye Wade et qu’il nous avait proposé la même recette, nous avons dit non, car, à nos yeux, pour que notre participation ait un impact positif pour le pays, la confiance entre partenaires doit être totale. Et nous lui avons expliqué qu’à nos yeux, Djibo Leyti Ka n’était pas son adversaire. Et qu’en venant travailler avec lui, nous voulions le faire de manière sincère et efficace. Car le credo, dans cette alliance, c’est la transparence, la loyauté, le culte du résultat. C’est dire donc que nous participons de manière loyale à étoffer le bilan de Me Wade ; et en bonifiant ce mandat, nous sommes sûrs qu’en retour, les Sénégalais vont renouveler leur confiance à Me Wade pour un 2e mandat. Donc, c’est notre candidat pour les prochaines élections présidentielles. Nous passerons ensemble le cap des élections de 2007 et nous l’accompagnerons à nouveau jusqu’en 2012. Parce que notre alliance s’inscrit dans la durée.

Vous pensez que ces raisons qui vous ont fait quitter le Cpc, existent toujours ?

Mais la preuve, jusqu’à ce jour, le Cpc devenu la Cpa, peine à pouvoir sortir un programme alternatif et n’a défini aucune stratégie de participation aux élections présidentielles et législatives. Ce sera un candidat, deux ou trois ? On ne sait pas. Liste ? S’il y aura une liste commune, qui en sera le leader ? Personne ne sait. Donc de mai 2001 à mai 2006, le Cpc d’abord, la Cpa, ensuite développent le flou. Je crois que les Sénégalais sont, tous conscients qu’un projet de programme qui comprend 580 propositions, c’est du charabia. Comme l’a dit Abdourahim Agne, pour bâtir un programme, il faut d’abord décliner une vision, annoncer l’idéal qu’on veut atteindre. À partir de cette position, on élabore un programme simple, compréhensible, accessible qui permet de montrer aux Sénégalais la direction à prendre et les objectifs à atteindre. Mais ce n’est pas de se réunir tous les jours et de vouloir faire de chaque point de l’actualité un programme. C’est lourd, laborieux et ce n’est pas crédible.

Comment expliquez-vous le fait que votre leader qui affichait des ambitions légitimes de prétendre au fauteuil présidentiel puisse se ranger derrière un autre ?

Notre ambition de diriger ce pays reste intact. Mais, nous savons que « yakamti yakoulé ». Me Wade a été le président africain le mieux élu. Et de là, il a eu la générosité et l’humilité de nous inviter à venir à ses côtés pour bâtir le Sénégal. Nous avons estimé que Me Wade est arrivé au pouvoir à 74 ans. Au moment où nous nouions cette alliance, Djibo Ka, notre responsable avait 56 ans. À la fin du 2e mandat de Me Abdoulaye Wade, avec la confiance du peuple en 2012, Djibo Ka aura 64 ans. Il pourra même gouverner pendant deux mandats et sortir à l’age où Me Abdoulaye Wade a accédé au pouvoir.

Vous êtes optimistes ? Très optimistes.

On parle de plus en plus de négociations entre Me Wade et Idrissa Seck. Si Seck revenait au Pds, quelle serait votre attitude par rapport à votre alliance stratégique ?

D’abord, notre principe est que toute nouvelle voix au profit de Abdoulaye Wade est la bienvenue pour le camp présidentiel. Sur l’affaire Idrissa Seck, j’ai eu à me prononcer deux à trois fois au moins. Je ne crois pas que les rapports entre Me Wade et Idrissa Seck puissent trouver une solution sous forme d’un arrangement privé. Car Me Wade avait déclaré en juillet 2005 que son problème avec Idy se résumait au refus de son ex-Premier ministre de respecter son devoir de rendre compte de l’utilisation des fonds publics engagés dans les chantiers de Thiès. La clarification de cette question est toujours pendante devant la justice. Leurs retrouvailles seront facilitées par un verdict favorable qui blanchirait Idy. Ce n’est pas encore le cas.

Mais resteriez-vous dans votre position d’alliés stratégiques si Idrissa Seck qui s’est toujours opposé à vos retrouvailles avec Wade, revenait au Pds ?

Le Pds est un parti souverain. Si les conditions sont réunies pour son retour apaisé dans les rangs du Pds, ça ne fera que renforcer la force du Pds. Dans ces conditions-là, nous ne pouvons que nous réjouir et continuer à accompagner le président de la république jusqu’au terme de son 2e mandat.

En tant qu’ancien militant du Ps, quelle appréciation faites-vous du courant qui s’y est développé ?

Vous savez, les sorts du parti socialiste Sénégalais et du Ps français sont comparables jusqu’à un certain niveau. Le Ps, sous la conduite de Diouf et de Tanor, a perdu la bataille en l’an 2000. Diouf est parti. Tanor a engagé et perdu la bataille de 2001 avec les élections législatives. Il a réengagé une 3e bataille en 2002 pour les élections locales. Je crois qu’un général qui perd 3 batailles, successivement et qui s’accroche à l’appareil, n’a pas tiré la leçon des raisons pour lesquelles il a été rejeté. Dans ce parti, c’est toujours le centralisme, l’autoritarisme, disons le style solitaire. Regardez un peu la situation du Ps français après le coup de tonnerre de 2002. Jospin a pris de la hauteur et a laissé son parti avec une équipe de jeunes ; Dominique Strauss-Khan a démissionné en 1999 quand il a été accusé, à tort. Il a aussi pris de la hauteur. Dominique Strauss-Khan, 4 ans après avec la hauteur qu’il a prise, les voyages et les réflexions qu’il a faits, il a produit un livre « la flamme et la cendre » . Jospin a lui aussi réfléchi sur les raisons de son échec, il a aussi voyagé, s’est oxygéné et au bout du compte, il a produit un livre « la France telle que je la vois. Ces livres sont remplis d’idées neuves. Et pendant ce temps, aujourd’hui, surgit le phénomène Ségolène Royal qui apporte de la fraîcheur et qui s’est rapprochée des préoccupations quotidiennes des Français. Si vous faites la somme de ces sagesses, vous comprendrez, aujourd’hui pourquoi tous les politologues français prédisent la victoire de la gauche en 2007. Mais, au Ps sénégalais, rien n’a bougé, rien n’a changé. Ceux qui s’agitent, aujourd’hui, ne sont pas de nouveaux rénovateurs. Il y certains qui étaient avec nous dans notre aventure de l’époque. Donc, ils ont raison d’exiger d’abord la clarification dans la gestion du patrimoine qui est important ; Ils ont raison de demander le retour au débat démocratique ; Ils ont aussi raison de demander que les mandats et les responsabilités au sein du Ps soient déterminés par le suffrage. Et de plus en plus on parle de candidature d’un des initiateurs. Donc, en politique, il faut éviter d’être rigide, d’avoir des ambitions dont on n’a pas les moyens. Des hommes politiques comme Djibo Ka, Me Abdoulaye Wade sont des hommes qui ont déterminé leur légende personnelle et qui de manière constante s’appliquent à réaliser leur destin. C’est pourquoi, leur détermination, leur pertinence, leur efficacité sautent aux yeux de tous les Sénégalais. Au parti socialiste, c’est la nostalgie.

Vous comprenez alors les raisons de la création de ce courant au sein du Ps ?

Je ne les comprends pas, je les partage. Ce sont les problèmes auxquels ils font face aujourd’hui qui nous avaient conduit, nous, à sortir du Ps parce qu’on nous avait dit : « mout ba moot » (silence ou dehors).

Quels sont vos rapports avec les animateurs de ce courant ?

Ce sont des amis avec lesquels nous avons milité longtemps ensemble. Nous avons des relations personnelles excellentes. En ce moment, nous suivons leur entreprise avec beaucoup de sympathie

Est-il envisageable de vous voir un jour, aux côtés des initiateurs de ce courant qui se veut un cadre d’ouverture pour le retour des anciens socialistes partis ailleurs ?

Il faut que le courant se confirme et arrive à être un parti politique ; s’il décline sa vision, son programme et travaille à élargir son audience comme nous sommes en train de le faire de notre côté, en ce moment-là, rien n’interdit après les élections présidentielles qu’on se retrouve si nous avons des similitudes et des plages de convergence pour préparer l’après-Wade.

Votre parti, à travers, votre leader, a été l’un des plus grands détracteurs du régime de Me Wade. Aujourd’hui, vous êtes l’un des irréductibles défenseurs. Qu’est-ce qui a changé entre le temps où vous le critiquiez et la période où vous êtes entré ?

A l’époque où nous étions dans l’opposition, nous avions toujours dit que le gouvernement de l’alternance était dangereux parce que incompétent.

Le gouvernement de Niasse ?

Les gouvernements de Niasse, de Mame Madior Boye et de Idrissa Seck. Vous avez même entendu un responsable du Parti démocratique sénégalais, en l’occurrence Moustapha Diakhaté déclarer, il n’y a pas longtemps que Idrissa Seck a fait perdre à Me Wade 4 ans. Parce que pendant ces pérodes, personne n’a travaillé. Niasse est arrivé en tant que Premier ministre, 15 jours après, Idrissa Seck lui a déclaré la guerre en disant qu’il constituait sa cible et qu’il allait l’abattre. Et dans ces conditions, où étaient la solidarité gouvernementale, la cohésion et la sérénité pour travailler ? Onze mois après, il l’a abattu. Et Me Wade a fait appel à Mame Madior Boye que j’aime bien, comme Premier ministre. Après s’être installée, Idrissa Seck s’est arrangé pour vider la Primature de toutes ses prérogatives. Qui a conduit les audits ? C’est Idrissa Seck, à partir de la Présidence. Finalement la dame a craqué et elle est partie. Idy s’est installé et pendant 18 mois qu’est-ce qu’il a fait ? Il a cherché à construire son propre gouvernement dans le gouvernement de Me Abdoulaye Wade et son propre parti dans le Pds. Ainsi, c’est à partir de la formation du gouvernement de Macky Sall que les chantiers ont commencé à être ouverts.

Pourtant les difficultés persistent alors que Idrissa Seck est parti. On parle toujours de scandales dans ce régime. Comment expliquez-vous cela ?

Quels scandales ?

Les scandales de l’Anoci, de la Magistrature entre autres.

Pour l’Anoci, je crois que la Justice et la commission de lutte contre la corruption et la concussion ont été saisies et ont reconnu l’innocence de Abdoulaye Baldé et de Karim Wade. À cela s’ajoute le fait que le journal et le corbeau comme on le dit ont qui ont été à l’origine de cette bulle ont été condamnés. Donc, c’est clair. Pour la magistrature, ce qui s’est passé est déplorable. Mais, l’enquête a été ouverte, traitée et au niveau du conseil de discipline des mesures administratives ont été prises. Donc, aujourd’hui, les Sénégalais doivent savoir que la transparence et l’efficience même dans les dépenses publiques sont devenues le credo du gouvernement de Macky Sall.

Aujourd’hui, il y a une crise énergétique très grave dans notre pays. Comment expliquez-vous qu’on puisse arriver à ce niveau ? Est-ce que cela ne donne pas raison à votre leader qui disait que les gouvernements de l’alternance étaient dirigé par des « thiouné » ?

(Sourire)... Je vous ai expliqué tout à l’heure que les « thiounés » sont tous hors du gouvernement.

Comment donc en est-on arrivé là ?

La crise énergétique s’explique aisément. En fait, le prix du pétrole a augmenté de plus de 135 % entre 2000 et maintenant. Ensuite, c’est un parc vétuste de centrales et de fils conducteurs du transport du courant qui ont été légués à Me Abdoulaye Wade. Qui a entrepris de construire deux nouvelles centrales (kounoun 1 et kounoun 2). Toutes les deux centrales sont en chantier et seront livrés en fin 2007 pour une valeur de 150 milliards. Un autre volet a été, également, réhabilité : ce sont les fils de haute tension pour le transport de l’énergie. La centrale de Cap des biches est en train d’être réhabilitée. Mais cela demande du temps. Vous y ajoutez maintenant les difficultés de la Senelec à qui les mairies ou l’Etat doivent 3 milliards, à qui les Ics doivent 2 fois plus. Vous ajoutez à cela la nature des sources d’approvisionnement de la Senelec, la Sar et les pétroliers qui ne réagissent pas toujours en patriotes. Ce sont des hommes d’affaires. Ce sont des sociétés. Donc l’action sociale, la régulation sont difficiles avec de tels partenaires. C’est pourquoi, d’ailleurs la réquisition a été faite. D’où la Senelec dispose, aujourd’hui de moyens d’importation directe. Cela, c’est des solutions ponctuelles qui vont permettre de régler momentanément la situation en attendant l’opérationnalité des nouvelles centrales.

Pensez-vous que cette réquisition était la solution pour régler ce problème ?

C’est une solution ponctuelle dans un très court terme parce que quand l’Etat est en difficulté, quand la sécurité est posée, quand le vécu quotidien des Sénégalais et menacé l’Etat a le devoir et le droit d’user de tous les moyens réglementaires et législatifs. C’est une loi qui a été appliquée et par conséquent il n’y a rien d’anormal. L’essentiel, c’est de chercher à dépasser immédiatement après cette solution ponctuelle, la crise.

À ces problèmes s’ajoute celui de l’émigration clandestine. N’est-ce pas là l’échec d’une politique de jeunesse ?

C’est trop facile de dire les choses de cette façon. J’écoutais tout à l’heure une émission où un journaliste a rappelé, à juste raison qu’entre le XVIe et le XVIIIe siècle 26 millions d’Africain ont émigré de force. J’ai été à Paris au mois de mai, à l’occasion de la remise du prix Houphouët-Boigny pour la paix à Me Wade, j’ai rencontré des Français dont les parents et les grands parents étaient arrivés en France en 1914 pendant la guerre (14-18). D’autres sont arrivés en 1939. Après la libération, il y en a qui sont restés. Certains que j’ai rencontrés ont encore leurs pères à Paris, qui ont travaillé pendant presque 30 ans à Peugeot et à Renault. Fadiga (Khalilou) dont on parle, la star, son père était un émigré en France dans les années 60. Ce n’est pas un phénomène nouveau et je reste convaincu qu’il va se poursuivre.

Mais l’ampleur est quand même inquiétante, non ?

L’ampleur est inquiétante parce que simplement, aujourd’hui... (Il observe un long silence)...La plupart des enfants qui vont à l’aventure ne sont pas des enfants pauvres. Il en a qui ont laissé leur travail, ils ont vendu ou ont réalisé leur capital pour partir. Parmi ceux qu’on a arrêté, récemment, il y avait qui portaient 6 millions, 10 millions par devers eux. Il y en a aussi qui ont subi la pression familiale. Au Sénégal, vous savez, il y a beaucoup de jeunes qui sont partis vers les années 70-80 et qui ont fait de très belles réalisations à travers le pays : allez à Touba, Diourbel, au Fouta... Dans la famille sénégalaise où il y a la polygamie, quand un enfant sort, réussit, construit des dispensaires, des immeubles, les mères des enfants de même père que cet émigré qui a réussi sont prêtes à vendre leurs bijoux, à réaliser tout leur capital pour dire à leur fils « ya niak diom, kholal sa nawleyi. démal ngadef kom mom ».

Vous pensez que c’est un effet de mode alors ?

Ce n’est pas un effet de mode. C’est un fait social. Dans les familles polygames, il y a une rivalité entre les enfants issus de mères différentes. Chacun louche sur l’autre en disant « bou amé warna am ». Vous y ajoutez que c’est une situation générale en Afrique. Ce n’est pas un problème du gouvernement sénégalais. C’est un problème d’un système de relations. Et aussi longtemps qu’il y aura ce déséquilibre entre le nord et le sud, aussi longtemps demeurera ce phénomène d’émigration. Donc, il faut que de manière concertée, d’abord sur le plan africain, ensuite les Européens et enfin le face-à-face Européens-Africains pour trouver de nouvelles formules qui permettent à l’Afrique de pouvoir exporter une partie de la main d’œuvre dont l’Europe a besoin. Le président de la république l’a dit, les Européens l’ont dit : ils ont besoin de maçons, de mécaniciens, de chauffeurs et d’informaticiens. Mais, il faudrait que l’arrivée de cette main d’œuvre soit organisée. Parce qu’aussi, comme le disait Rocard (Michel, ancien Premier ministre français), on ne peut pas exiger de la France ou de l’Europe qu’elle devienne le dépotoir de la misère du monde. Donc il y a un minimum de compréhension, de générosité et de solidarité.

Votre dernier mot ?

Mon dernier mot, c’est de demander à la classe politique en particulier et aux Sénégalais en général de s’approprier la haute pensée de feu Abdou Lahad Mbacké qui disait « Sénégal gno ko bok, té moungno ko sedoo. Kone nagno andoo défar ko » (le pays nous appartient à tous et nous ne pouvons pas nous le partager. Donc, mettons en synergie nos forces, nos compétences pour le construire).



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