MODOU DIAGNE FADA : "Il fut un temps où j’étais prêt à donner ma vie pour Wade"

Modou Diagne Fada est amer et il ne le cache pas. Sa déception procède de sa marginalisation politique. "Prendre quelqu’un (Thierno Lô) qui n’a pas fait trois mois au Pds et l’installer à ma place, cela signifie quelque chose". Mais avertit-il, ils (les dirigeants du Pds) ne peuvent pas me tuer politiquement". Prenant la métaphore du "chat" enfermé dans une chambre et qu’on veut tuer à l’aide d’un bâton, il met en garde contre sa réaction qui, explique-t-il ne serait que légitime vu qu’on cherche à le rayer de son parti. Pointant un doigt accusateur sur Macky Sall et la nouvelle direction du Pds, Modou Diagne Fada rappelle qu’il a vécu dans le passé des moments si difficiles alors que le Pds était dans l’opposition. "Quand je faisais la prison, je n’avais pas 25 ans", a-t-il dit avant d’ajouter qu’il n y a pas un seul commissariat de Dakar où il n’a pas passé une nuit" alors qu’il se battait pour que Me Wade accède au pouvoir. Selon l’ancien ministre de l’Environnement, relevé après le départ d’Idrissa Seck de la Primature, "c’est par conviction que je suis allé aussi loin avec le Président Wade alors qu’on était dans l’opposition. Et je peux vous dire qu’il fut un temps où j’étais prêt à donner ma vie pour Me Wade. C’est que j’étais convaincu de la justesse de la cause", confie-t-il.

Aujourd’hui encore, il déclare se réclamer toujours du Président Abdoulaye Wade. Mieux, il estime que son bilan est "globalement positif". Mais regrette-t-il, "nous avons des carences communicationnelles" et il y a "comme une couche de poussière" du fait que l’équipe actuelle ne fait rien pour rendre visible ces chantiers, préoccupée qu’elle serait à combattre des responsables libéraux. "Au lieu de voir comment pousser les sénégalais à parler de l’autoroute à péage, de l’Université de futur etc". Qu’il se réclame du Président Wade ne veut cependant pas dire qu’il est prêt "à tout supporter". "Je considère que j’ai signé un contrat moral avec lui... mais si j’avais la conviction qu’il m’a définitivement lâché, j’aurais une autre attitude". Pour Modou Diagne Fada l’horizon ne semble guère dépasser février 2007. "Je ne voterais pas pour n’importe quelle liste du Pds", menace-t-il car, "le contraire, c’est accepter que vos adversaires prennent le dessus sur vous".

Quid de ses relations avec Idrissa Seck ? Modou Diagne Fada déclare : "si j’étais pro-Idy, je serais allé prendre ma carte comme Oumar Sarr, Awa Guèye Kébé etc l’ont fait. Je l’aurais assumé", clame-t-il. Pour l’ancien ministre de l’Environnement, "Idrissa Seck est dans son chemin politique, j’ai le mien". Modou Diagne Fada dénonce dans la même mouvance la culture de la force (jaay doole) qui caractérise aujourd’hui la nouvelle équipe installée au Parti démocratique sénégalais (Pds). A l’en croire, c’est une équipe d’incompétents qui cache ses carences en taxant tout ce dont ils veulent se débarrasser de pro-Idy. Pour lui, "ce sont des gens qui n’ont pas de base qui le font". Il estime néanmoins que Macky Sall avait bien le profil pour prendre la place d’Idrissa Seck mais qu’il n’a pas joué son rôle de rassembleur. Mais que malheureusement pour lui, "je suis un potentiel adversaire de ceux qui se battent pour la succession" (celle de Me Wade)... L’histoire nous jurera", prophétise-t-il.

Le ministre de l’Environnement qu’il a été s’est aussi prononcé sur la plainte dernièrement déposé par son successeur dans le gouvernement, sur le projet de construction du centre d’enfouissement de Thiès. Fada, qui s’étonne du moment choisi pour soulever cette affaire, révèle que son successeur qui se trouve être son adversaire politique à Darou Mousty, a continué à décaisser sur ce projet quand il a pris les rennes du Ministère de l’Environnement. Dans tous les cas, il estime "que quand on dépose une plainte, on porte plainte contre l’entrepreneur (qui a, révèle-t-il, eu quelques problèmes pour réaliser l’ouvrage, et non contre Modou Diagne Fada. Interpellé dans la veine sur les dessous de la signature du contrat d’Alcyon, l’ancien ministre de l’Environnement déclare être "nickel". "Dans ce dossier, c’est Mame Madior Boye qui est juriste de renommée internationale qui a tout négocié. Et quand elle a fini, elle m’a donné l’autorisation de signer. C’est dans les archives du Ministère de l’Environnement..." Pour lui, "toutes les procédures techniques ont été respectées". Et s’étonne qu’on puisse soulever un "faux problème", aujourd’hui que le ramassage d’ordures pose beaucoup de problèmes alors qu’au début de l’alternance, la capitale était propre.