Moustapha Sourang à l'éducation : Est-ce le début de la fin ?

La semaine dernière, la solidarité gouvernementale a été mise à rude épreuve par l’empiètement de Farba Senghor sur les compétences de son collègue de l’Education qui parlera de ‘récupération’. Alors que l’on s’attendait à ce qu’il fasse son mea culpa, le voilà qui justifie son comportement. De quoi laisser perplexe quant à l’avenir de Moustapha Sourang à l’éducation nationale. Parce que des exemples de ce genre ne manquent pas dans l’histoire politique récente.

Sous ses dehors loufoques et un tantinet guignolesques, Farba Senghor a de tout temps dit tout haut ce que Wade pense bas. Une hirondelle ne fait pas le printemps, certes, mais lui annonce toujours ce que son maître pense ou envisage de faire dans le secret de son cabinet. En meeting politique le week-end dernier à Ndoffane, le ministre des Transports aériens a, faisant allusion à la ‘récupération ’ dont il est accusé, fait un discours qui invite à la circonspection quant à l’avenir du ministre Sourang à son poste de l’Education voire dans l’attelage gouvernemental. ‘Je ne laisserai personne, fût-il ministre, détruire l’œuvre du Président Wade’, a-t-il déclaré, imperturbable. ‘En tant que fils de la maison, je ne laisserai personne dilapider l’héritage familial’, a-t-il ajouté au cours de cette rencontre. Une pluie de métaphores qui en dit long sur l’état d’esprit de celui qui ne s’embarrasse point de la solidarité gouvernementale pour voler au secours de son employeur. D’ailleurs, la complicité de vue avec Pape Samba Mboup laisse penser que quelque chose de pas catholique se trame quelque part contre le ministre de l’Education qui a tout intérêt à négocier un point de chute. En effet, invité de l’émission Grand Jury du dimanche dernier chez nos confrères de la Rfm, le ministre-chef de cabinet du président de la République, un autre des fantassins de Wade, a déclaré que c’est la finalité qui importe. Autrement dit, que ce soit Moustapha Sourang, Farba Senghor ou un autre qui réussit à dénouer la crise estudiantine importe peu. Dans sa logique, la fin justifie les moyens. Avec la crise qui secoue l’école sénégalaise et le spectre de l’année blanche qui se profile à l’horizon, il ne serait pas surprenant que le titulaire du portefeuille de l’Education soit dessaisi par les centurions du secrétaire général du Pds, qui pensent, innocemment, que ce sont les intérêts du Pds qui sont en jeu.

Farba Senghor a cette qualité d’être la voix de son maître. Il n’éternue que quand ce dernier est enrhumé. Les exemples foisonnent sur les effets de manche du ministre des Transports aériens qui se sont, par la suite, révélés avoir été inspirés par Me Wade. Il a été, en effet, parmi les premiers à dénoncer la réelle ou supposée ‘dualité au sommet’ et à s’ériger en boucliers de défense pour, finalement, obtenir la peau du maire de Thiès. La suite est connue de tous : attaque aux excréments contre le domicile de l’ex-Premier ministre sans suite judiciaire connue, campagne politico-médiatique de diabolisation avec des journaux édités exprès et dont la ligne éditoriale est définie depuis la Présidence de la République, etc. Jusqu’à ce que le vent de décrispation de la veille de la présidentielle de 2007 amène Farba et ses ouailles à ranger le sabre. Pour ensuite prodiguer ce petit conseil à l’ex-Premier ministre : ‘S’il Idrissa Seck) veut poursuivre sa carrière politique, il n’a qu’à se mettre derrière nous, puisque le peuple a eu à le juger par son comportement. Donc, je pense que s’il veut vraiment avoir une petite chance en politique, il doit se mettre derrière nous et recommencer à travailler, parce qu’il a beaucoup perdu.’

C’est, également, le même modus operandi qui a été utilisé et qui continue de l’être contre l’ancien Premier ministre Macky Sall. En effet, malgré une ambiance de réconciliation dictée par la médiation menée par un émissaire du nouveau khalife de Touba, le chargé de la mobilisation du Pds n’est pas près de remettre son arme dans le fourreau. Son argument-massue est qu’il faut faire payer à Macky ‘l’affront’ qu’il a fait subir à Wade pour avoir refusé de démissionner en dépit des injonctions de ce dernier. Le ministre des Transports qui pense qu’il s’agit, juste, d’une ‘trêve momentanée’ n’en conseillait pas moins aux députés de s’appuyer sur les mécanismes internes à l’Assemblée nationale ‘ou même les créer (sic) pour faire partir Macky Sall’. ‘C’est démocratique, selon lui, de modifier la Constitution pour le faire partir’, crache-t-il, sans autre forme de procès. La campagne de zapping sur l’image de Macky Sall orchestrée par la télévision nationale, à ce sujet, explique-t-elle cela ?

Alors, après Macky Sall et Idrissa Seck, est-ce le tour de Sourang ? En tout cas, pour ceux qui savent observer, ce n’est pas la première fois que Farba Senghor, en charge d’un ministère technique, se singularise par une certaine transversalité. Sans être ministre de l’Intérieur, le Monsieur mobilisation du Pds est impliqué, au plus haut point, dans le dossier ‘Casamance’.