NAFI NGIOM KEÏTA PATRONNE DE L'IGE : ”Le président de la République ne peut pas nous manipuler ”

L'Inspection générale d'État (Ige) a rendu une visite, hier dans la matinée, à la Rencontre africaine des droits de l'homme (Raddho). Mais, ce n'est pas pour une mission de contrôle, d'audit ou autre investigation. C'est simplement une visite de courtoisie a indiqué Mme Nafi Ngom Keïta . Son hôte, Alioune Tine et ses collaborateurs ont mieux compris cette institution dans ses prérogatives mais aussi ses limites.l'État les plus significatifs en matière de contrôle de dire ce qui, pour lui, constitue la solution du phénomène récurrent de corruption qui gangrène notre société et aliène nos efforts de développement.

La patronne de l’Ige s’est dite hier consciente des "clichés" collés sur son institution. Elle sait aussi qu'en partie, ce préjugé est dû au devoir de réserve dont les Inspecteurs généraux sont assignés. Intervenant lors de sa visite de courtoisie à la Raddho, Mme Keita a fait les précisions suivantes : "Certains individus s'en prennent à l'Ige par le biais d'une campagne de communication sachant que nous sommes seulement tenus à ne pas aller au-delà de nos prérogatives". Cependant, à en croire son patron, l'Ige qui est sous l'autorité du président de la République est tout à fait autonome dans son travail. "Nous sommes jaloux de notre indépendance. C'est mal nous connaître. Le président ne peut même pas nous manipuler". Cette phrase est ressortie comme un leitmotiv de la bouche de Nafi Ngom Keita. C'est ensuite qu'elle a juré que "si l'Ige tient bon, ce pays marchera tout à fait".
La patronne de l'Ige se souvient encore de sa prise de fonction et de son premier entretien avec Wade. Elle dira :"J'ai demandé au président si au-delà de la mission de l'institution, il avait des préoccupations singulières à suggérer". Ce à quoi le chef de l'État lui a répondu : "Aidez-moi surtout à prévenir la corruption". Et depuis, L'Ige fait son travail, a fait observer madame Keita. Elle a indiqué: "Nous faisons notre devoir. Les archives seront là tôt ou tard, pour nous en porter témoin". Elle a ajouté : "Nous ne pouvons qu’auditer, contrôler, superviser... Mais, la suite est entre les mains des politiques". Et c'est justement là où réside la préoccupation de la Raddho: "L'exploitation politicienne, des conclusions de l'Ige" dira Alioune Tine. L'Ige poursuivra ses visites de courtoisie qui procède de sa volonté de communiquer davantage. Nafi Ngom Keita dira :"Nous sommes sur le net, bientôt sur infra net. L'Ige n'est pas un service secret. Il est du droit de tous de savoir ce qu'il peut en savoir". Pourtant l'Ige Sénégal est d'une crédibilité qui fait notoriété sur le continent. Considérée comme aînée, elle préside aux destinées de la fédération des Ige de l'Afrique dont elle abritera bientôt une rencontre. La plupart des pays du continent viennent faire école en la matière au Sénégal. Par exemple, à la tête de l'Ige de Djibouti, il y a un Sénégalais et que le Bénin, le Mali le Burkina ont pris leur inspiration ici.

Audit et inspection

Alioune Tine et ses collaborateurs de la Raddho ont hier eu une claire compréhension des deux notions d’inspection et d’audit. Leur hôte dira à propos de l'inspection qu'elle procède d'une démarche de recherche poussée en vue d'avoir les preuves d'un objet défini. Tandis que l'audit relève d'une consultance . Il aidera à terme, l'administrateur à minimiser les risques. C'est à partir de ces définitions substantielles que Mme Keita a amené ses hôtes à comprendre pourquoi lesdits "audits" lancés en débuts de l'alternance, ont été mal appréhendés.
Et de dire : "Ce n'est pas dans l'objet d'une mission d'audit d'incriminer et de conduire à la police par exemple". Dans son exposé général sur les missions de l'Ige, l'on apprend beaucoup sur cette institution. Par exemple dans "sa mission à valeur ajoutée", l'Ige peut aider à comprendre où passent les "40%" dits éjecter dans l'éducation nationale. De la même façon, elle peut aider à "l’évaluation de la politique énergétique, celle des infrastructures"... Autre chose qui préoccupe l'Ige est, "la restitution des comptes". Madame Keita aussi bien que son collaborateur sont d'avis qu' "au Sénégal, l'on aime bien être promu. Mais qu'au terme de sa gestion, personne ne s'occupe à rendre compte". Et Ousmane Ndiaye (Ige et ancien secrétaire de la Présidence) de dire : "Procéder au contrôle est mal accepté chez nous". Et pourtant les Inspecteurs généraux sont convaincus qu'une culture de la restitution des comptes aidera à la bonne gouvernance. C'est pourquoi l'Ige travaille à améliorer son système informatique. À terme, c'est pour avoir une connexion générale sur l'administration. Ce qui va permettre à l'institution de voir un peu plus clair dans la gestion des choses.
Mais l'Ige, c'est toute une histoire. Prenant la parole, Alioune Tine a dit voilà 190 ans c'est-à-dire depuis 1906 que le gouverneur général a institué les emplois d'inspecteur général. Depuis, de Mamadou Dia, Président du Conseil aux présidents Senghor et Diouf, l'institution a été formatée. Mais l'alternance a apporté une réforme qui a marqué Mme Keita. Aussi, l'Ige a-t-elle sous cette période connu des améliorations (dotation de véhicules, d'ordinateur, renforcement du budget, et hausse des indemnités, etc.)